Robert Lagacé
CALGARY - Être maman, ça ne change pas le monde sauf que... Milaine Thériault est bien placée pour le savoir, l'arrivée du petit Xavier en a fait une meilleure athlète.
« Xavier a fait de moi une athlète plus équilibrée. Je suis mieux dans ma peau. Il m'a appris à me mettre moins de pression sur le dos. Aujourd'hui, je sais que ce n'est pas la fin du monde s'il m'arrive d'avoir une mauvaise performance. Ça n'a pas toujours été comme ça. Avant Xavier, il n'y avait que le ski qui comptait vraiment. La naissance de Xavier a complètement changé ma perception de la vie. Si ça ne fonctionne pas dans une course, ce n'est pas grave. Quoi qu'il arrive, il y a un beau petit garçon qui m'attend à la maison », raconte Milaine, plus sereine que jamais.
C'est qu'elle en a fait du chemin notre fondeuse sur le plan mental et physique depuis la naissance de Xavier en août 2003. Elle avoue que les premiers mois de la grossesse n'ont pas été faciles.
« Ç'a été une grande surprise pour moi de tomber enceinte. Ça changeait bien des plans. J'avoue que j'ai même pensé que ma carrière était terminée », révèle-t-elle sur un ton sérieux.
Ils étaient d'ailleurs peu nombreux à croire le contraire. Jamais dans toute l'histoire du pays, une fondeuse canadienne n'avait vécu une grossesse pendant sa carrière d'athlète. Dans l'esprit d'un peu tout le monde associé au ski, être maman et athlète de niveau international ne vont pas de pair.
Milaine, elle, a eu le temps d'évaluer toutes les options qui se présentaient à elle. Après un certain temps, il est devenu évident qu'elle n'avait nullement le goût d'abandonner le ski. Elle adore encore l'entraînement et elle se voit très bien aux Jeux de Turin. Puis, elle s'est souvenue qu'en Europe, certaines fondeuses avaient réussi l'exploit de revenir à la compétition après une grossesse.
« En Europe, j'ai des amies qui l'ont fait. Toutefois, il faut dire que c'est plus facile pour elles parce que les compétitions ont surtout lieu là-bas. Nous, les Canadiens, nous sommes régulièrement à l'étranger en hiver. Bref, il n'y avait pas beaucoup de gens qui croyaient que j'étais capable de revenir. Parmi eux, il y avait mon entraîneur (Dave Wood) et mon copain (Robin McKeever). Moi-même, j'ignorais si j'allais être capable de me qualifier pour les Olympiques », se souvient-elle.
Un mois après la naissance de Xavier, elle reprend courageusement l'entraînement dans son nouveau corps de maman. Son retour à la compétition se fera en novembre de la même année et, à la grande surprise de plusieurs, elle réussit rapidement à retrouver sa place au sein de l'équipe canadienne.
« Il y a quand même eu des moments difficiles, surtout quand Xavier tombait malade. Comme j'étais la mère, c'était clair dans ma tête que c'était à moi de m'en occuper. Sinon, tout a été une question d'organisation. Il faut toujours être un pas en avant. Heureusement, j'ai eu beaucoup d'aide de Robin (le papa de Xavier) et d'une amie qui vit avec nous et qui joue pour l'instant le rôle de gardienne. »
Malheureusement, une autre surprise de taille attend l'Acadienne à l'été 2005. Son dos, des suites de sa grossesse, l'a fait souffrir. Plus précisément, c'est le nerf sciatique qui lui occasionne des problèmes. Elle doit même cesser l'entraînement et Turin semble encore une fois bien loin.
« Ça m'a pris deux ans avant de vraiment retrouver la forme, signale-t-elle. L'été passé, j'ai été obligée d'arrêter de m'entraîner parce que j'avais des problèmes avec mon dos, mon bassin et mes abdominaux. Jusqu'au mois de novembre, j'ai fait surtout de la bicyclette et de la course en piscine. »
Miracle, la recette fonctionne et en décembre, lors des deux compétitions présentées dans l'Ouest canadien, Milaine se permet même une 25e place au sprint et une 30e position en poursuite sur le circuit de la Coupe du Monde.
C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme qu'elle se présentera sur la ligne de départ du 10 km classique, le 16 février prochain. En tout et partout, elle participera aux quatre courses au programme. Deux jours plus tard, soit le 18, Milaine effectuera le 4 x 5 km en relais avec ses coéquipières Becky Scott, Sara Renner et Chandra Crawford. Le 22, elle participera au sprint et ses troisièmes Olympiques se termineront le 24 avec la présentation du 30 km.
Qu'est-ce qui attend Milaine après Turin ? Elle l'ignore encore, même s'il y a déjà deux choses qui sont coulées dans le béton. C'est sa dernière saison de compétition au sein du programme national et il y a un beau petit bonhomme qui, n'en déplaise à tous, aura sa maman à lui tout seul avec l'arrivée du printemps.
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