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13 février 2006

« Difficile à avaler »

Déçue de sa 6e place, Beckie Scott voit son rêve de médaille d'or s'envoler en fumée

PRAGELATO, Italie - On se doutait bien que ce large sourire feint ne pouvait pas rester longtemps sur le visage de Beckie Scott.

Après ses entrevues télé, elle s'est retournée pour se retrouver face à face avec son chum, l'ancien skieur américain Justin Wadsworth. C'est là qu'elle a éclaté en sanglots, dans le creux de son épaule où elle est restée blottie un long moment.

C'était là toute la douleur de quatre ans d'efforts et d'espoir.

« Celle-là, elle aura de la difficulté à l'avaler », a dit un peu plus tard Wadsworth, les lèvres tremblantes et la voix chevrotante.

Elle n'avait pas caché qu'elle visait l'or, mais en bout de ligne, Beckie Scott a terminé sixième de la poursuite 15 kilomètres en ski de fond hier, au coeur du paysage à couper le souffle du Pragelato Pran, à environ 80 kilomètres de Turin.

Gagnante du bronze lors de la même épreuve il y a quatre ans à Soldier Hollow, aux Jeux de Salt Lake City, Scott a finalement reçu la médaille d'or deux ans plus tard après que ses deux prédécesseurs au fil d'arrivée eurent été trouvées coupables de dopage.

Mais hier, c'est l'Estonienne Kristina Smigun qui lui a succédé comme championne olympique grâce à un chrono de 42 minutes 48,7 secondes, à l'issue d'une finale corsée avec la Tchèque Katerina Neumannova (+1,9 s). La Russe Evgenia Medvedeva-Abruzova (+14,4 s) a remporté le bronze.

Un résultat que Scott, cette fois, ne s'attend pas à voir changer, jugeant faire partie d'un peloton « plus propre qu'avant ».

Scott, auteure de cinq podiums cette saison en Coupe du monde, a conclu l'épreuve 31,9 secondes derrière la gagnante.

Sara Renner, 16e (+1 min 42,2 s), Milaine Thériault, 54e (+5 min 50,2 s), et Chandra Crawford, 60e (+7 min 46,7 s) étaient les autres Canadiennes de la compétition.

« Je pense que même une deuxième place aujourd'hui aurait été difficile à prendre pour elle, pour nous deux en fait, a expliqué Wadsworth. Elle a tellement travaillé fort pour ça. Bien sûr, elle a d'autres épreuves à venir - dont le relais et le 10 kilomètres classique, où elle entretient aussi de grands espoirs -, mais même si on ne voulait pas penser qu'une médaille était garantie, nos espoirs étaient élevés. Beckie va trouver ça dur, a-t-il ajouté, mais elle est forte et elle s'en remettra. »

Pas assez
Scott, de Vermilion en Alberta, avait pourtant l'air partie pour la gloire, menant le groupe dès les premiers instants de la portion (7,5 kilomètres) classique de l'épreuve.

« Elle était quatrième et toujours parmi les meneuses à mi-parcours, lors du transfert au style libre. Puis vint la longue et éreintante pente où elle n'a pu suivre la cadence des plus fortes.

« J'ai fait ce que j'ai pu, j'ai tout donné, mais ce n'était pas assez, a dit l'athlète de 31 ans peu après son émotive étreinte.

« À certains moments de la course, j'ai cru qu'elle était à ma portée, mais à partir d'un certain point, et avec cette pente qu'il fallait gravir trois fois, j'ai dû me rendre à l'évidence que le rythme des autres était trop vite pour moi.

« C'est une dure journée », a-t-elle ajouté en soupirant. Décider de revenir pour quatre autres années a été une grande décision pour elle, a rappelé Wadsworth. Quand vous prenez un tel engagement, et que vous élevez vos performances à un autre niveau comme elle l'a fait cette saison, quelque chose comme ce qui lui arrive aujourd'hui fait mal. Elle s'attendait à plus. »

À la voir sangloter dans les bras de son amoureux, on n'en doutait pas un instant.

« Il est bon d'avoir des attentes élevées »

Sara Renner espère qu'elle et Beckie Scott seront encore plus affamées lors du sprint par équipe

François Foisy

PRAGELATO, Italie - Certains athlètes sont complètement désarçonnés quand les attentes placées en eux leur semblent élevées. Pas Sara Renner.

Skieuse de fond canadienne la plus en vue derrière Beckie Scott, Renner, 16e hier, était déçue de sa journée et ne l'a pas caché.

« La dernière portion de la poursuite, les 7,5 kilomètres style libre, m'a carrément tuée, a-t-elle admis. Je sais que je suis capable de mieux. »

Questionnée sur les attentes élevées des Canadiens à son endroit et celui de Scott, Renner n'a pas tenté de se cacher.

Nous savons que nous pouvons skier avec les meilleures, que nous pouvons être au sommet, a-t-elle dit calmement. À mon avis, il est bon d'avoir de grandes attentes, mais en même temps, on doit vite digérer les résultats qui nous plaisent moins et passer à la course suivante. »

Cette course, elle aura lieu mardi. II s'agit du sprint par équipe, où Renner s'attend à une bonne performance de la part des Canadiennes.

« Nous sommes confiantes pour deux raisons, a-t-elle expliqué.

« D'abord, nous avons remporté l'argent lors de la Coupe du monde de Canmore plus tôt cette année.

« Ensuite, Beckie et moi sommes toutes les deux fortes au sprint et en style classique, alors cette épreuve réunit nos deux forces.

« Aussi, a-t-elle ajouté, je pense que le résultat d'aujourd'hui nous aura affamées. »


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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