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17 février 2006

Le chant du cygne

Carl Tardif

Cesana San Sicario- Martine Albert souriait, malgré tout. En dépit de sa 73e position au sprint de 7,5 km, hier midi, au site de biathlon situé dans les Alpes italiennes, à 95 km de Turin, elle savourait ce qui venait d’être la dernière course individuelle de sa carrière sur la scène internationale.

Jeudi prochain, elle sera au départ du relais 4 X 6 km. Si les astres sont alignés de la bonne façon, l’athlète de Rimouski pourrait bien décider de remiser sa carabine dans l’armoire de la retraite. « Je ne sais pas encore si je vais prendre part aux courses des Championnats canadiens, en mars, à Valcartier. Mon plus grand souhait, c’est de finir en beauté. Si mes plus beaux souvenirs sont aux Jeux olympiques, ça va se terminer dans une semaine », confiait-elle au SOLEIL sous le chaud soleil qui venait de percer les nuages.

L’expérimentée biathlète a vécu un enfer de 27 : 04,4, particulièrement dans la dernière montée tout juste avant de se présenter devant la foule, qui n’en avait que pour les Françaises, Italiennes et Norvégiennes de cette classe de 2006. Ça n’a pas empêché la Québécoise d’entendre un retentissant « Let’s go Martine » à l’accent bien de chez nous...

« J’ai trouvé ça vraiment difficile, mais je me suis battue jusqu’à la fin. Dans mon dernier passage au champ de tir, j’ai fait éjecter une balle par mégarde et ça m’a déconcentrée. J’ai donc raté ma dernière cible. Malgré tout, je suis contente de ma course, beaucoup plus que ma première. »

Afin d’oublier son calvaire de samedi, elle avait demandé à Jean-Philippe Le Guellec de l’aider avec ses skis, d’autant plus qu’il avait neigé toute la soirée dans le village des montagnes italiennes. « J’avais un goût amer du 15 km, il fallait que je me reprenne. Je ne savais pas quelles seraient les conditions car je partais dans le premier groupe. »

Martine Albert accrochera donc bientôt ses skis de compétition, mais les espoirs qui s’entraînent à Valcartier pour accéder aux différents parcours de la Coupe du monde la reverront à l’occasion. Elle ne veut pas faire de coaching, trop excitée à l’idée d’avoir un champ d’intérêt beaucoup plus vaste que les petites cibles qu’elle visait à chaque course... « Il y a plein de jeunes qui s’en viennent et je veux seulement être leur meilleur supporteur. Si je peux aider, je me rendrai peut-être disponible, mais il y a déjà de bons entraîneurs et j’ai trop d’intérêt dans d’autres sphères de la vie pour rester dans le sport. »

Avenir prometteur
Selon elle, l’avenir du biathlon s’annonce prometteur. Le Guellec, Zina Kochner, Marc-André Bédard, Maxime Leboeuf, voilà autant de noms qui lui viennent à l’esprit. Il semble que le futur ne sera pas l’affaire d’une seule personne comme l’a été le passé.

« L’effet de masse va beaucoup plus se faire sentir que juste un individu. Il n’y a rien eu après Myriam (Bédard) et moi, j’ai subi la dépression de sa fin de carrière. Je me souviens de coupes du monde où nous n’étions que deux Canadiennes en Europe, sans technicien ou entraîneur. Il s’agit d’une partie de ma carrière que je veux oublier. Quand je suis revenue, tout était tellement différent. »

Lorsqu’on lui demande si la double médaillée d’or des Jeux de Lillehammer devrait s’impliquer dans le développement des espoirs, sa réponse est teintée de respect. « Oui, ça pourrait être bon. Elle a quand même gagné trois médailles olympiques, ce n’est pas rien. Et ça, c’est un super bel exemple pour les jeunes. En même temps, la décision doit venir d’elle. Personne ne peut la forcer à faire quelque chose.

« À mes débuts, elle m’a aidée, mais je sais que cette période n’était pas évidente parce qu’elle cherchait d’abord à rester au sommet, et je peux comprendre toute la pression qu’elle devait avoir. Lorsqu’on s’implique ou que l’on revient à la compétition, comme moi, il faut s’assurer qu’on le fait pour la bonne raison. Depuis mon retour, j’ai toujours eu beaucoup de plaisir, même si je me donnais à 200 %. »


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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