Dopage . Raid nocturne de la police italienne hier. L’équipe autrichienne de ski nordique est dans le collimateur de l’Agence mondiale antidopage.
Frédéric Sugnot
Ciel de coton et jambes de laine pour les fondeurs autrichiens, à Pragelato, hier matin. Face aux caméras, Juergen Pinter, le second relayeur du relais 4 fois 10 kilomètres a les traits tirés. Pas tellement parce que son équipe va finir seizième et dernière de l’épreuve, mais plutôt parce qu’il a très mal dormi. Au soleil couchant, samedi, alors qu’ils allaient rejoindre leurs couettes après avoir assisté au doublé de leurs compatriotes Thomas Morgestern et Andreas Kofler dans l’épreuve du saut à ski, fondeurs et biathlètes autrichiens sont priés d’ouvrir leur porte à la police italienne dans les maisons qu’ils louent sur les sites olympiques de Pragelato et San Sicario. Juergen Pinter raconte l’épisode, un brin énervé : « La police a surgi brusquement, nous étions dans nos chambres. Ils nous ont retenus la veille d’une compétition alors qu’aucun membre de l’équipe n’a jamais connu de contrôle positif. C’est incroyable de nous faire subir ça. »
Si les carabiniers débarquent en pleine nuit, ce n’est pas pour une visite de courtoisie. Ils tiennent un « tuyau » fourni par l’Agence mondiale antidopage (AMA) leur indiquant la présence dans la résidence des Autrichiens de Walter Mayer, ancien entraîneur de l’équipe. Ce dernier est interdit de JO jusqu’en 2010. La raison ? Son implication dans une affaire de transfusion sanguine lors des derniers Jeux d’hiver. À l’époque, deux athlètes autrichiens, dont le fils de Walter Mayer, avaient été convaincus de dopage après la découverte de matériel de transfusion sanguine dans une maison occupée par les fondeurs autrichiens à Salt Lake City, site des Jeux en 2002. Du matériel similaire a été saisie à son domicile fin janvier.
Mandaté par le procureur général du parquet de Turin, Marcello Maddalena, les enquêteurs italiens vont perquisitionner les affaires de l’équipe autrichienne et procéder à des tests urinaires sur six fondeurs et quatre biathlètes. Cette fois, c’est Martin Tauber, le premier relayeur autrichien, qui raconte. Il a la mine aussi chiffonnée que son collègue : « Ce fut une longue nuit sans sommeil. J’ai été testé à 1 h 30 du matin. Je n’ai pu me recoucher que vers 4 heures. Les policiers ont ruiné notre course. »
Officiellement, l’enquête policière a été ouverte pour violation de la loi italienne 236 sur le dopage qui punit non seulement l’utilisateur de substances prohibées mais aussi celui « qui, à quel que titre que ce soit, favorise l’utilisation de produits pharmaceutiques ou de substances biologiquement actives interdites ».
En attendant les résultats des tests dans deux jours, reste à savoir si l’apprenti sorcier Mayer a bien été en contact avec l’équipe autrichienne. Le directeur technique de l’équipe autrichienne, Markus Gandler, prétend que non : « Nous n’avons rien à voir avec Walter Mayer. Je n’ai pas la moindre idée de ce que la police italienne recherche. »
Selon un porte-parole des carabiniers de Turin, « rien de signifiant n’est sorti des perquisitions ». Alors, un coup d’épée dans l’eau, ce « blitz » policier semblable à ceux qu’a connus ces dernières années le Tour d’Italie cycliste ? Membre du relais français, Christophe Périllat, pense le contraire : « On est sous surveillance depuis quelques années, c’est bien ! Il y en a qui ont peur maintenant. Au moins, les courses sont plus serrées, tout le monde souffre dans les montées. »
Plus de 400 tests antidopage ont déjà été pratiqués lors de ces Jeux de Turin. Un seul cas positif a été détecté. La biathlète russe Olga Pyleva a été exclue de la compétition, vendredi dernier, et déchue de sa médaille d’argent du 15 kilomètres.
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