Sortie du dernier pas de tir avec 13 secondes de retard sur la Belarusse Olena Zubrilova, Sandrine Bailly s'est arrachée à skis pour aller offrir à la France la médaille de bronze du relais 4x6 km jeudi à Cesena San Sicario, un quatrième podium record pour le biathlon français aux JO de Turin.
"Je lui ai mis un "vent" dans la dernière bosse, je me suis dit: 'ça va la pulvériser moralement'", a expliqué la dernière relayeuse d'un relais tricolore mal parti mais revenu au courage finir sur la troisième marche du podium, derrière la Russie, qui a fait cavalier seul, et l'Allemagne.
Sans Olga Pyleva, attrapée en Italie dans les filets du contrôle antidopage et remplacée par Anna Bogaliy, la Russie a profité d'un tir très propre -deux erreurs en tout- pour devancer de 50.7 secondes l'Allemagne double tenante du titre, alors que la France a pris la troisième place à 2:26.2 minutes.
"Quatre médailles, c'est le record absolu pour le biathlon français et je reste confiant pour la suite", a souligné Christian Dumont, le directeur sportif du biathlon. "C'est magnifique, à Turin on est presque chez nous et tous les athlètes sélectionnés rentrent avec une médaille."
Le relais masculin a en effet lui aussi obtenu une médaille de bronze, toujours au bout du suspense, quand Raphaël Poirée a coiffé à la photo finish son adversaire suédois.
Florence Baverel-Robert, déjà sacrée championne olympique de sprint, a obtenu une deuxième médaille personnelle jeudi. Vincent Defrasne est lui aussi double médaillé, ayant ajouté à son titre en poursuite la médaille du relais.
"Les deux relais ont une médaille, c'est vraiment super", souligne le "bronzé" Julien Robert, le mari de Florence, deuxième relayeuse jeudi et la meilleure au tir où la France a commis huit fautes, donc trois d'entrée par Delphyne Peretto, néophyte aux Jeux olympiques.
"Je m'étais dit que si le relais ne décrochait pas la médaille, je continuais jusqu'aux JO de Vancouver de 2010. Maintenant, je suis tranquille", a souligné Baverel-Robert, qui a manqué une seule de ses dix cibles, au tir couché.
Alors que Delphyne Peretto avait fini 14e seulement de la première boucle de 6 km, Florence Baverel-Robert a remis l'équipe sur les rails en sortant troisième de son relais. Sylvie Becaert, une faute aux deux tirs, a fini quatrième du troisième relais, avant le dernier sprint de Sandrine Bailly, qui après avoir commis deux fautes au tir couché a réussi un sans-faute salvateur au tir debout.
La Française, victorieuse du classement général de la Coupe du monde 2005, a bouclé le parcours un drapeau tricolore entre les dents. La Belarusse a fini quatrième 31 secondes derrière.
"J'avais mal partout, j'ai tout donné", a expliqué Sandrine Bailly. "Avant mon relais, j'avais croisé Delphyne, elle était désespérée. Avant l'épreuve, elle était tendue. Je lui ai dit rien n'est perdu".
La veille de la course, les quatre Françaises avaient passé un pacte des louves.
"On s'est réunies pour se dire qu'on était capable d'avoir une médaille. On avait dit "pas de stress et pas de regrets". On s'était dit aussi qu'on devait chacune tout donner dans la dernière bosse du dernier tour", a révélé Sylvie Becaert, championne du monde de sprint en 2003 et donc très à l'aise sur la distance.
"Quand j'ai vu Sandrine partir avec seulement 13 secondes de retard après le dernier tir, je me suis dit que c'était bon pour la médaille", a-t-elle ajouté.
Cette médaille ramenée par les filles du groupe de Pascal Etienne est la troisième des relayeuses bleues aux JO. En 1992, le premier relais olympique de l'histoire avait été remporté par Corinne Niogret, Véronique Claudel et Anne Briand. Puis à Lillehammer en 1994, Claudel, Delphine Heymann-Burlet, Briand-Bouthiaux et Niogret avaient obtenu le bronze.
"Sandrine est une immense championne. Elle a peiné au tir mais fait le boulot dans la dernière boucle. Sur la dernière bosse, elle a laissé la Biélorusse sur place", a souligné Dumont, satisfait mais pas rassasié.
"Il reste encore deux courses à quatre tirs, qui sont notre point fort. Raphaël, Vincent et Sandrine peuvent encore signer des médailles", a-t-il dit. Les hommes et les femmes s'aligneront effectivement samedi dans la nouvelle épreuve du "mass start", de 15 km pour les hommes, de 12,5 km pour les femmes.
Poirée, quadruple champion du monde de la discipline, essaiera de décrocher l'or olympique individuel qui manque encore à son palmarès.
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