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10 février 2006

« J'étais la plus forte sur le plan psychologique » - Myriam Bédard

Myriam Bédard ne s'est jamais considérée comme la meilleure biathlonienne du monde, même après avoir remporté deux médailles d'or aux Jeux olympiques de Lillehammer, en 1994.

Cependant, elle possédait un atout dévastateur dans sa manche... ou plutôt dans sa tête.

« Je ne me voyais pas comme la favorite parce que je n'étais pas si forte que ça en ski, raconte celle qui a remporté le 7,5 km et le 15 km en 1994, après avoir décroché le bronze au 15 km à Albertville, deux ans plus tôt. Toutefois, après ma première participation aux Jeux, j'ai remarqué que j'étais meilleure que les autres dans les moments de stress extrême. »

Elle a compris tout ce que pouvait faire la simple prononciation des mots Jeux olympiques sur la psyché des athlètes lorsque les favorites ont craqué au 7,5 km en 1992.

« Je n'ai pas eu une course extra, affirme-t-elle. J'ai eu 18 sur 20 au tir et un temps dans les cinq premières en ski, mais j'ai eu le bronze quand même parce que toutes les meilleures en ski se sont effondrées. Elles ont commencé à rater plusieurs cibles au tir. »

Pas pareil...
C'est à ce moment qu'elle a cessé de faire des comparaisons entre le championnat du monde, la Coupe du monde et les Olympiques.

« Ceux qui disent que c'est la même chose n'ont jamais remporté de médaille olympique, tranche l'ancienne championne. Ce sont les mêmes pays, les mêmes compétitrices, mais la complexité est tout autre.

« J'ai vu des gens tomber malades en mettant les pieds au Village olympique, poursuit-elle. Le côté psychologique flanche... J'ai changé ma stratégie, mon approche, parce que, sur le plan psychologique, c'était moi la plus forte. »

Comme les Jeux n'étaient qu'à deux ans d'intervalle, Myriam Bédard a décidé de tout donner. Elle a beaucoup travaillé sur son ski, mais puisque ses moyens étaient limités et que l'équipe de Biathlon Canada était pauvre comme Job, il lui était impossible de participer à toutes les courses de la Coupe du monde. Quand elle y parvenait, elle arrivait quelques heures avant le départ, incapable d'étudier le parcours et concédant un énorme avantage à ses adversaires.

« J'ai donc décidé de concentrer mes efforts sur le championnat du monde (qu'elle a gagné en 1993) et les Jeux, rappelle-t-elle. Tout ce que je voulais, c'était remporter une autre médaille. C'est ce qui est arrivé. J'ai eu mes résultats habituels en tir (18/20), mais je suis arrivée au sommet de ma forme et j'étais meilleure en ski. »

Controverse
Après sa première médaille, une controverse a éclaté.

L'analyste de CTV et ancien membre de l'équipe canadienne de biathlon, Ken Karpoff, estimait que le mécanisme des cibles était défectueux et que deux autres skieuses avaient été injustement pénalisées, les empêchant de devancer Bédard.

Le tout s'est révélé un pétard mouillé.

« Ça ne m'a pas dérangée, affirme Myriam Bédard. Il y a 30 entraîneurs qui vérifient avec des jumelles où nous tirons. Je peux vous garantir que, si quelque chose avait été défectueux, ils auraient vite déposé un protêt.

« Après ma première médaille, je flottais sur un nuage. J'avais atteint l'objectif de ma vie. J'étais tellement heureuse que j'avais oublié que j'avais une autre course cinq jours plus tard. C'est mon entraîneur qui m'a envoyé un mot par télécopieur pour me réveiller...

« Lillehammer aura été supérieur à tout ce que j'aurais pu m'imaginer », estime-t-elle.

Retour à la réalité
Le retour au pays en a été tout un pour Myriam Bédard, aujourd'hui vice-présidente de l'Association internationale de biathlon (IBU).

« Je n'avais plus de place pour mettre toutes les fleurs que je recevais, explique-telle. J'avais des tonnes de boîtes de lettres d'enfants. Ç'a duré plus d'un an. »

Même ses professeurs à l'université figeaient lorsqu'ils la voyaient en classe. Certains ne pouvaient donner leur cours...

« J'ai vite compris que je ne pouvais y échapper, affirme-t-elle. Même à Cuba, les Cubains me reconnaissaient. Alors, j'ai tout simplement accepté que ma vie ne serait plus la même. »


page mise en ligne par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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