KISS et la Scène musicale |
«[...] the Dolls were the hottest thing around and we always wished we could be the Dolls, because we were nobody at the time. But we weren't physically like the Dolls, who were small, skinny guys, so we decided to come on in black and silver instead.» - Ace Frehley D'essayer de comprendre ce qui fait qu'un groupe puisse réussir à une époque donné, par rapport à plusieurs autres qui ne font que disparaître, est parfois source de débats à n'en plus finir. Mais d'évaluer l'impact réel à long terme sur le courant musical en question est encore plus délicat. Plusieurs vous diront qu' Elvis est le créateur du Rock and Roll, quand d'autres diront qu'il en est seulement le premier porte parole. Certains préféreront les Yardbirds au Rollings Stones et d'autres Led Zeppelin pour le titre d'inventeur du hard rock... etc. Bref, tout dépend de celui qui se prononce mais aussi, des moyens dont dispose cette même personne pour répandre ses idées. Et mélangé à tout ça, les termes de style populaire, commercial, avant-gardiste, alternatif... viendront se coller comme des mouches et ce, toujours au gré du partis pris. En 1972, on est en train d'assister à la naissance de plusieurs nouveaux styles et ce, sur les fondements laissés par les groupes précédents. Herbie Hancock, se basant sur James Brown et cie, amène l'album Headhunters qui élabore les bases du Rap/Hip Hop, Black Sabbath crée depuis déjà trois ans la source de ce qui deviendra le métal et les New York Dolls amène de leur côté la genèse de tout ce qui est punk, Hair metal, glam... Dans tout ça, d'essayer de comprendre un miracle de création, KISS (rire), qui explose au même moment, exige la prise en considération de pleins d'éléments se juxtaposant; chacun des quatre membres ont leurs propres conceptions de ce que le groupe doit être et ainsi que la maison de disque, le gérant, les radios, les critiques et sans oublier, le peuple (comme dirait Simmons). On voit donc comment il peut être difficile de comprendre le phénomène dans son entier. Too Much Too Soon Si certains préfèrent donner aux Stooges le titre d'inventeur du punk, c'est les New York Dolls qui pousseront l'enveloppe. Écoutez seulement les solos fuzzy se retrouvant sur l'album The Stooges, enregistré fin 68. C'est comme s'il y avait compromis de la part du groupe pour ne pas trop s'éloigner de la mode en cours. Et même aujourd'hui, n'importe qui est capable de dater le son comme appartenant aux années 67-69. Le rythme et la voix d'Iggy étant les seuls à sonner punk. Or, avec ce qu'enregistre les Dolls (les 22 démos de mars 1973 s.v.p), c'est l'ensemble et non pas un élément quelconque qui contraste avec la norme rock de 1966-74. Frankestein, Looking for a Kiss, Who's the mystery girl... tous révolutionnent par leur genre, et laissent entrevoir ce qui suivra dans les prochaines années. Venant de New York, style drag queen et puisant dans la simplicité du rock and roll, pas étonnant que les membres de KISS avouent avoir tenté à l'époque de les calquer. Le glam rock paraissait être la voie à suivre, le courant Hipi semblait s'essouffler et une nouvelle génération de jeunes commençait à se faire sentir chez les disquaires. Seul problème, la vague Glam/proto-punk n'a jamais su décoller auprès du grand publique. Leur fan base était trop concis, il y avait manque de cohésions au sein des groupes et l'ensemble projeté (image de flambloyance totalement à l'opposé du pseudo-sérieuisme ambiant fin 60) contrastait un peu trop avec ce que le publique était familier... Bref, comme le dit Dale Sherman dans son livre, «[...] Such bands became famous in New York and with the New York critics. Outside of them and the people who read the rock magazines, no one heard of them. No one wanted to hear about them. Not even the New York Dolls.» Or, de l'échec de percer en dehors des terrains battus et du temps qui passa, suit un délaissement progressif de tout ce qui est maquillage, costumes, glam et plat-form boots. Mais ce, jusqu'à ce que KISS se fasse tranquillement connaître à l'été 1973. Cependant, pour la critique, la vague était depuis longtemps passé et plus rien de nouveau pouvait sortir de ce courant. Toutefois, il faut se rappeler d'une chose. Le marché n'avait toujours pas goûté à ce que le glam rock avait à offrir et avant même qu'il en ait le temps, les Dolls avait disparu de la mappe. C'est donc ici qu'entre en jeu KISS. You wanted the best, You got the best Tirant des New York Dolls les costumes, l'attitude et le style des textes, KISS ira chercher une pincé de Black Sabbath au niveau du son, un côté fantastique provenant tout droit des Comics books et une frivole simplicité plus qu'élémentaire des bands rock and roll des années 54-65. Et avec tout ça, comme le dit Simmons, l'idée d'afficher le logo du groupe à l'arrière du stage, aux lumières lumineuse, donnera un côté Las Vegas, chose qu'aucun groupe n'avait fait avant. Et que pense la critique de tout ça ? En voici des extraits *; «The concept is fantastic. A key part of rock and roll is matching the image to the music and that image is incredible, the Kiss of Death. But the band can't live up to it; they can't play well enough to match the music to the image so they end up sounding like a joke» - Swenson's book, 1973 «[...]very loud and ultimately monotonous rock in the Black Sabbath tradition, [...]for crowds of kiddies, that is...» - Rolling Stone, january 1974. «Yet another New York's theatrical band scene... [...] They dress like Walt Disney out-takes (one of them looks like a mutated Mickey Mouse), they out-glitter the glitter-rockers and they're from the same town that spawned the Dolls on us. Phew! They play rock. They play loud. Surprisingly enough, they are not that bad. Only non-existant» - CIRCUS, 1974 Et à quelques exceptions près, ce type d'accueil de la part de la presse écrite perdurera pendant les quelques 25 prochaines années... Mais revenons au début (le côté martyr du groupe sera pour plus tard). Tout au long de 1974-75, leurs albums se vendront peu, le style catchy/pas sérieux restera et c'est seulement qu'avec la sortie d'Alive ! et de ses ventes pharamineuses que les projecteurs se tourneront enfin vers eux. Plusieurs dans l'industrie resteront surpris de ce soudain succès, chose qui n'était jamais arrivée avec un disque live, mais jamais le groupe acquerra une quelconque notoriété. Voyez seulement ce qu'avait à dire Bob Ezrin, leur propre producteur sur Destroyer, dans un article de Circus magazine, daté de juin 1976; «[...]these guys wants to know how much money they're gonna have in the bank when they retire, and I've got to respect that. They're not John McLaughlin and they're not going to be able to do what they're doing when they're 50''» On s'en reparlera pour la dernière remarque... Bref, allant chercher de plus en plus vers 1976-77 un publique tournant autour de 6 à 11 ans, KISS n'évoluera pas dans le même crénaux des autres grand groupes de l'époque. Et une simple étude démographique arrive à l'expliquer; KISS N'EST PAS UN GROUPE POUR BABY BOOMER. Ceux-ci, ayant tranquillement délaissé Hendrix pour les Carpenters, c'est les tout jeunes gamins de l'époque, nés autour de 1966-73, qui succombent sous le charme des fantastics four. Il y a généralisation de ma part ici, mais en gros, c'est bel et bien ça. Et lorsque cette génération entre de pleins pieds dans les années 80, le cap des 12 ans arrive; Maman fait le ménage et jette les figurines de Peter Criss et d'Han Solo, et c'est les AC/DC et autres groupe nettement plus sérieux qui prenne la place. KISS, s'en rendant vite compte, essayera avec des résultats mitigés de suivre le courant et délaissera le maquillage. Juste pour voir à quel point la génération n'est pas la même de celle des Baby Boomers, prenons juste le retour, plus que surprenant, qu'on eu les groupes tel que Led Zeppelin, Pink Floyd, The Doors et autres bands des années 67-72 auprès des adolescent vers 1993-94. En Amérique, c'est en un coup d'éclair que les jeunes ont ressorti les anciens disques de papa/maman qui accumulaient poussières. Et tant qu'a y être, on se retapait un nouveau Woodstock... Or, le point qui nous intéresse ici, c'est que KISS ne se retrouve pas dans ce mouvement. À part pour un regain d'intérêt de la part de plusieurs groupe métal (sous plusieurs tribute albums), KISS n'intéressait personne dans ce pseudo-remake des années 68. Dans cette nouvelle ère de branlage, on en avait que pour le grunge et Pink Floyd. Retour en 1976. Autre chose qui différencie KISS; contrairement à la norme qui disait que tout groupe devait se taper plusieurs Top 5 pour vendre des disques et single (étroitement lié au fait d'être capable de jouer à la radio), KISS contrecarre cette logique en misant toute ses ressources sur les spectacles. Le groupe ira donc chercher ses revenus grâce à la vente des billets... et d'une panoplie de gagets. Du coup, il condamne ses disques studios à n'être que de simples produits dérivés. On a juste à chercher les quelques rares hit que le groupe ont eu; Beth en #7 et I was made en #11. C'est tout. Rien de plus. Et à où ça nous amène ? Seul chose, les critères traditionnels pour juger de la réussite d'un artistes ne pourront pas s'appliquer. Il faudra prendre en compte leurs shows, et quel shows! Ils ont balayés les records d'Elvis, des Beatles... Ils ont a eux seuls révolutionner la façon d'entreprendre et de penser les tournées. Bref, il y a avant et après. Or, prenez n'importe quel bouquin de l'histoire du rock. Le dictionnaire paru chez Robert Laffont par exemple. Vous n'allez trouver qu'une demie page sur KISS et 6 ou 7 pour Johnny Thunder... C'mon. C'est quoi le problème. Bref, sans vouloir en faire une histoire, ça me fait chier (avec tout le respect que j'ai pour Johnny). Enfin, pour résumer, en misant des millions et des millions pour la seule Dynasty Tour en 79 (infrastructure et effets spéciaux) et ce, même si la tournée allait être déficitaire économiquement, l'audience âgée de 8 ans en moyenne allait être néanmoin témoin d'un spectacle qui aurait normalement dû être produit trois décennies plus tard. Là était donc, sans le vouloir, un capital pour l'avenir; ces enfants allaient un jour posséder leurs propres portefeuilles. Mais avant que ça soit le cas, KISS vivra ses heures les plus sombres. De 1981 à 1995, ils réussiront bel et bien à vendre leurs albums, mais au niveau du grand publique, c'est comme s'ils n'existent plus. Se confondant dans la masse des autres groupes Hair Metal, KISS passe inaperçu pour la plupart des gens et tentent plutôt de cultiver un certains mythe d'auto-survivance auprès de ses fidèles, les restes du KISS Army. Commence aussi au même moment une petite carrière au cinéma pour Simmons et une tournée solo pour Stanley en 1989. Ce n'est que tardivement, vers 1995, que se dessine la possibilité d'un retour du tandem Frehley/Criss. Peter participe et joue à une convention officiel à l'été 95 et ainsi en glisse un mot à Ace. KISS, the icons of rock Or, le retour de KISS en 1996 avec membres originaux et maquillage arrive à point; Le disco redevient à la mode, on annonce le retour de Star Wars au grand écran et les jeunes de 6-11 ans de 1977 prennent tranquillement leur place (arrivé de la trentaine...). Bref, avec les Boys Band qui apleuvent de partout, les platform boots qui renaissent et les chewing gommes à l'éfigie des Spice Girls qu'on retrouve vite dans tout bons supermarchés, on entre de nouveau dans une passe pop kitsch. Et tout d'un coup le discours change; plusieurs reconnaissent enfin l'apport de KISS... Souvent sous un côté nostalgique et avec un certains sourire sur le bord des lèvres, les Garth Brooks, Lenny Kravitz, Trent Reznor, Marylin Manson et j'en passe donneront à KISS le mérite de les avoir initiés à la musique. S'en suivent le retour des figurines chez Toys'R' us, la meilleure tournée en 1996-97 au niveau des ventes, leur étoile sur le Hoolywood Blvd. Walk of fame, la prestation au Super Bowls et en toute fin, la cerise sur le sundae, la clotûre des jeux Olympiques de 2002... « Don Mischer, executive producer of the closing ceremony, said the event will be presented thematically as An American Musical, in wich each genre of American music that has reached worldwide acclaim will be showcased. «American music is the most popular music around the world» Mischer said. [...] KISS as the icon of rock will be joining and already stellar lineup that includes... [...].» - Hoolywood Reporter, 2002. Voilà donc l'état de KISS en ce début de 21e siècle. Et le plus réconfortant dans tout ça, c'est que plus le temps avance et que la retraite approche, KISS demeure actif et visible. Les différents membres ont plus de temps à consacrer à leurs propres projets et chacun de ceux-ci augmente la «portée» du groupe dans les médias (Bien que celle-ci soit toujours minime). Bref, la situation est meilleure qu'elle l'était en 1982. La revue Tongue n'est pas si mal, Gene a sa tête fourré dans mille et un projet, les livres sur KISS semblent connaître une nouvelle lancée... Dans l'ensemble le futur reste vague, mais on peut dormir tranquille; des tonnes d'archives inédites restent à être publiés et découverte. Et consolons nous, d'année en année, un membre quelconque de la génération X (voire fan de KISS) remplacera un baby boomer vieillisant dans tel ou tel revue, dans tel poste de rédaction de journaux, comme réalisateurs de film... et ainsi, les idées face au groupe (et leurs moyens de diffusion) continueront à changer au gré des ans. Conclusion Bref, tout cet énoncé que je viens de faire vient bel et bien d'un fan et il ne faut pas trop se leurrer. Croyez le ou non, il m'arrive encore de tomber sur des gens qui ne connaissent pas KISS. Ils ont évidemment déjà entendu Rock and Roll all nite et I was made, mais ils n'ont aucune idée du groupe qui les font. Toutefois, sans vouloir trop généraliser, cette ignorance vient surtout d'en dehors des États-Unis. Les Elvis Presley, Marilyn Monroe, Columbo et autres Donald Ducks ont su envahir la conscience de tous, indépendemment du pays, mais quant à KISS, le phénomène demeure encore trop local. Et s'il y a la moindre connaissance, c'est toujours l'image devenu cliché du «groupe de malades maquillés avec celui qui a la grande langue» qui sort. Qui est à blâmer dans tout ça ? C'est une question qui en déchire plusieurs (rire), mais en gros on peut dire que la ridiculité du groupe est le principal obstacle. Il en résulte donc un quasi-abandon de la part des radios, des compilations rock et plus important encore, des livres d'histoire... Triste n'est-ce pas. Il nous reste donc à voir si avec le temps nos fantastic four, groupe le plus franchisé commercialement parlant après Elvis et les Beatles, réussiront enfin un jours à être reconnu et respecté pour ce qu'ils auront apporté. Sincèrement, l'héritage culturel de l'humanité n'en sortira que grandit... Morale de l'histoire, et dans un tout autre ordre, dois-je vous dire que j'ai assisté l'an passé à un concert où figurait les reste des New York Dolls... Eh oui, dans un petit club de Montréal, en une nuit froide de janvier, Sylvain Sylvain, dernier membre faisant toujours dans le rock, accompagné de deux guitariste trouvé dans la région, offrait à une audience de plus de 200 personnes quelques pièces d'un de ses plus récent album. Deux semaines plus tard, je me rendais au Marché au puce du coin pour chercher quelques vinyls. Après avoir fait tout les boites et voyant que mes fouilles étaient resté vaines, la femme du kiosque m'interromp et me dit; « Tu ne trouvera pas les Grands dans ces boites; Elvis Presley et KISS, on les tient à part. Tu veux les voire ? ...» Cette journée là, je suis sorti de la place fier comme je ne l'avais jamais été et, propriétaire de 6 nouveaux album (que j'avais déjà en double ou en triple, évidemment.) - Dom, février 2002 * Ces citations sont tirés du livre de Dale Sherman. Voir section Sources pour détails. |