La Manufacture Royale de Cuxac-Cabardès



Les manufactures royales

L'histoire de La Bonde en real audio

Colbert, ministre de Louis XIV fonde au XVIIe siècle les manufactures royales. Elles seules sont autorisées à produire certains objets d'art dont elles doivent garder les secrets de fabrication.
Ainsi la manufacture des Gobelins fabrique des tapisseries, celle de Sèvres de la porcelaine et celle de Saint-Gobain des miroirs, comme ceux qui ornent la galerie des Glaces au Palais de Versailles.

Les manufactures royales de textile

Parallèlement à cette industrie de luxe, Colbert encourage le développement de l'industrie drapière. Plusieurs Manufactures royales de textiles sont alors créées, dont cinq au nord de Carcassonne dans la Montagne Noire.
Ces bâtiments regroupent toutes les opérations qui permettent de transformer la laine en drap.
Pour améliorer leur qualité Colbert instaure une réglementation étroite qui fixe avec précision les conditions de fabrication : provenance et qualité de la laine, nombre de fils de la chaîne, dimensions avant et après foulage

La Manufacture Royale de la Bonde

La Manufacture de la Bonde, créée en 1694 par Guillaume III Castanier, riche propriétaire de la région, est au départ une simple succursale de la Manufacture Royale de Carcassonne (la Trivalle), dont la production ne suffit pas à satisfaire les commandes de draps à destination du Levant.
Mais dès le début du XVIIIe siècle la Bonde connaît des difficultés et doit fermer ses portes.
En 1715 le fils de Castanier, Guillaume IV, reprend l'affaire en main. Il fait agrandir la manufacture et la remet sur pied. Homme influent à la cour il obtient en 1718 des lettres patentes par lesquelles le Roi accorde le titre de Manufacture Royale privilégiée à la Bonde, qui bénificie dès lors d'avantages à la fois honorifiques et financiers :

Malheureusement, le commerce de draps à destination du Levant doit faire face à une situation de plus en plus difficile. La Manufacture Royale de la Bonde voit alors alterner les périodes de crises et d'acalmies.
L'appât du profit pousse certains entrepreneurs, chargés de faire tourner la Manufacture, à ne plus respecter les règlements institués par Colbert concernant la qualité des draps. Ils fournissent des produits de qualité inférieure en mélangeant notamment la laine vierge, à des laines provenant de vieux draps et de vieux tricots. Les offres d'achat sont de moins en moins nombreuses. Pour compenser le déficit les industriels diminuent le salaire des ouvriers. Cette mesure, loin de résoudre la situation délicate de la Manufacure, entraîne au contraire le départ de nombreux ouvriers pour l'étranger où l'utilisation de nouvelles machines permet une production accélérée.

En 1768, La Manufacture est vendue à M. Laurent Fraissinet, négociant à Toulouse, qui l'exploite un temps pour le compte de la Marquise de Poulpry, héritère de l'immense fortune des Castanier.
En 1781 un rapport de l'Inspecteur des Manufactures signale que la production de la Bonde est très faible. En 1784, un autre rapport indique que la Manufacture n'a rien produit depuis 8 mois ; les ateliers sont alors fermés et la subvention annuelle allouée par les Etats supprimée.
Au XIXe siècle, l'usine abrite encore une filature, un foulon et des ateliers de finissage pour les négociants carcassonnais Mazeline puis Fabre. L'activité textile cesse vers 1885 et cède la place à une scierie qui fonctionne jusque vers 1950. Depuis, la Manufacture a eu différents propriétaires qui ont contribué successivement à la restauration des bâtiments.

La Manufacture de la Bonde s'articule aujourd'hui autour du corps de bâtiment principal déjà existant en 1680 et de bâtiments annexes rajoutés par Castanier en 1716. La clef d'arc d'une des portes a conservé l'inscription suivante : 21 avril 1716. Sur le gâble du porche d'entrée principale on peu encore voir, le titre de la Manufacture Royale gravé en lettres majuscules ; l'inscription a été partiellement amputée à la Révolution.
Dans le bâtiment Nord, où se trouvent aujourd'hui les chambres d'hôtes, étaient installés les habitations et les ateliers de la Manufacture. Dans le bâtiment Sud étaient aménagés la savonnerie, la teinture et le foulon (les draps sont passés entre des cylindres métalliques pour les comprimer et les rendre plus serrés). Au XIX siècle ce bâtiment a été transformé en scierie.
La terrasse du bâtiment Nord s'appelait "La Miranda" : elle surplombait la manufacture proprement dite séparée en grands "appartements" appelés "la cardas" (on y trouvait les outils à carder, à démêler, peigner), "les mesties" (machines à tisser) et "les débanels" (les dévidoirs qui servaient à dérouler du fil). Entre la rivière Dure et la petite route de Caudebronde, qui longe aujourd'hui le verger du Domaine, était situé l'étendoir "L'Esplendidor" où on faisait sécher les teints. Ce bâtiment est aujourd'hui séparé du Domaine par la petite route de Caudebronde. Dans l'actuel verger se trouvait le tendoir "las tendas".