L'histoire de La Bonde en real audio
Colbert, ministre de Louis XIV fonde au XVIIe siècle les manufactures
royales. Elles seules sont autorisées à produire certains objets d'art dont
elles doivent garder les secrets de fabrication.
Ainsi la manufacture
des Gobelins fabrique des tapisseries, celle de Sèvres de la porcelaine et
celle de Saint-Gobain des miroirs, comme ceux qui ornent la galerie des
Glaces au Palais de Versailles.
Malheureusement, le commerce de draps à destination du Levant doit faire
face à une situation de plus en plus difficile. La Manufacture Royale de la
Bonde voit alors alterner les périodes de crises et d'acalmies.
L'appât du profit pousse certains entrepreneurs, chargés de faire tourner
la Manufacture, à ne plus respecter les règlements institués par Colbert
concernant la qualité des draps. Ils fournissent des produits de qualité
inférieure en mélangeant notamment la laine vierge, à des laines provenant
de vieux draps et de vieux tricots. Les offres d'achat sont de moins en
moins nombreuses. Pour compenser le déficit les industriels diminuent le
salaire des ouvriers. Cette mesure, loin de résoudre la situation délicate
de la Manufacure, entraîne au contraire le départ de nombreux ouvriers pour
l'étranger où l'utilisation de nouvelles machines permet une production
accélérée.
En 1768, La Manufacture est vendue à M. Laurent Fraissinet, négociant à
Toulouse, qui l'exploite un temps pour le compte de la Marquise de Poulpry,
héritère de l'immense fortune des Castanier.
En 1781 un rapport de l'Inspecteur des Manufactures signale que la
production de la Bonde est très faible. En 1784, un autre rapport indique
que la Manufacture n'a rien produit depuis 8 mois ; les ateliers sont alors
fermés et la subvention annuelle allouée par les Etats supprimée.
Au XIXe siècle, l'usine abrite encore une filature, un foulon et des
ateliers de finissage pour les négociants carcassonnais Mazeline puis
Fabre. L'activité textile cesse vers 1885 et cède la place à une scierie
qui fonctionne jusque vers 1950. Depuis, la Manufacture a eu différents
propriétaires qui ont contribué successivement à la restauration des
bâtiments.
La Manufacture de la Bonde s'articule aujourd'hui autour du corps de
bâtiment principal déjà existant en 1680 et de bâtiments annexes rajoutés
par Castanier en 1716. La clef d'arc d'une des portes a conservé
l'inscription suivante : 21 avril 1716. Sur le gâble du porche d'entrée
principale on peu encore voir, le titre de la Manufacture Royale gravé en
lettres majuscules ; l'inscription a été partiellement amputée à la
Révolution.
Dans le bâtiment Nord, où se trouvent aujourd'hui les chambres d'hôtes,
étaient installés les habitations et les ateliers de la Manufacture. Dans
le bâtiment Sud étaient aménagés la savonnerie, la teinture et le foulon
(les draps sont passés entre des cylindres métalliques pour les comprimer
et les rendre plus serrés). Au XIX siècle ce bâtiment a été transformé en
scierie.
La terrasse du bâtiment Nord s'appelait "La Miranda" : elle surplombait la
manufacture proprement dite séparée en grands "appartements" appelés "la
cardas" (on y trouvait les outils à carder, à démêler, peigner), "les
mesties" (machines à tisser) et "les débanels" (les dévidoirs qui servaient
à dérouler du fil). Entre la rivière Dure et la petite route de
Caudebronde, qui longe aujourd'hui le verger du Domaine, était situé
l'étendoir "L'Esplendidor" où on faisait sécher les teints. Ce bâtiment
est aujourd'hui séparé du Domaine par la petite route de Caudebronde. Dans
l'actuel verger se trouvait le tendoir "las tendas".