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J'ai tenté de faire couiner les portes du bar en pénétrant dans la salle façon cowboy en plan panoramique et dobly surround mais mes deux bras muscles tendues n'ont récolté qu'un petit pssch des plus ridicule. Du coup personne ne s'est retourné pour mater la bête et je me suis dirigé vers le comptoir en faisant bien claquer les talons de mes tiagues mexicaines. Je me suis posté entre deux gonzesses penchées sur leurs whisky-coca. J'ai posé mes coudes et joué des doigts pour faire sonner mes bagues. Aigle américain à l'index, tête de mort au majeur. Croix celtique autour du cou, bracelets indiens au poignet droit, boucle de ceinture en forme d'étoile et chapeau de cowboy en feutre noir bien usé, j'avais tout de la machine à faire chavirer les cœurs et basculer les arrière-trains. Comme d'hab j'ai fais le mec qui remarque rien et j'ai réclamé une Corona au serveur qui m'a jeté un regard mi amusé mi consterné avant d'obtempérer. Encore un ch'tit con qu'y connaît rien à rien j'ai pensé en souriant l'air blasé et bien subtil. Coup d'œil à ma gauche et coup d'œil à ma droite. Les deux gazelles se la pête avec haussage de sourcils et moue coquine. Classique. Je me penche lentement vers celle qui se trémousse à ma droite et lui sourit sans montrer les dents. "Pff! Y fait bon se rincer le gosier!" Je murmure suave à mort. "Fous le camp, connard." Elle siffle super sèche avec ses grosses lèvres de coquine qu'en veut un max mais qu'ose pas le dire franco. Elle est trop impressionnée pour jouer franc jeu avec moi alors comme je me sens d'humeur miséricordieuse je lui mâche le boulot. "Allez vas, c'est bon poupée. Viens te faire pêter la rondelle à l'arrière de mon carrosse." La poufiasse m'ouvre de grands yeux choquée jusqu'à l'os et m'allonge une putain de baffe qui me fait perdre mon chapeau. J'hésite entre lui saisir la crinière et la forcer à me le ramasser gentiment avec excuses extra plates en option quand une main que je croirais bien celle de Hulk m'arrache à mes réflexions en même temps qu'à mon tabouret. "Dis-moi mon pote, il est au courant Dick Rivers?" Je n'étais pas tombé loin. L'est pas vert mais ces pectoraux auront bientôt raison de sa chemise, c'est une question de secondes. Le type pas trop cool. Le genre de monstre qu'avale la canette avec la bière qu'est dedans pour pas perdre de temps. "Hein?" Je m'étrangle très digne. "Dick Rivers, il est au courant que tu lui as piqué sa garde-robe?" Je souris à sa blague mais je ne dois pas être suffisamment convainquant parce qu'il me fait aussitôt don d'un gnon king size qui croise malencontreusement mon pif sur sa trajectoire. Je fais oumpf! et rebondis assez lourdement contre le comptoir. Inutile de se voiler la face, de rat en ce qui concerne mon adversaire, ce type me prend pour un Légo géant et va me démonter pièce par pièce. "Okay! Okay!" Je fais en reprenant mon souffle et mon équilibre. "C'est bon l'ami." "Vire-nous ce crétin." A soupiré une des salopes. "J'ai pas fini ma bière!" J'ai argumenté pendant que Godzilla me traînait vers la sortie sans ménagement. Bien obligé de reconnaître que j'avais marqué un point, il m'a libéré et est retourné au bar plus rapide que l'éclair pour récupérer mon verre. J'ai souris l'air encore plus serein et malin que tout à l'heure. Il s'est ramené vers moi et m'a projeté le contenu direct dans la gueule. "Maintenant tu l'as finis." Une fois dehors, j'ai soupiré en me palpant l'arrête du nez. Je me suis dirigé vers ma caisse. J'ai sortis mes clés mais c'était pas la peine vu qu'un petit malin avait forcé la serrure. Mon lecteur de CD avait fugué. Ca m'a bien fait de la peine. J'ai allumé une cigarette en prenant le volant et j'ai chantonné un truc trop cool pour compenser le manque de musique. J'ai mangé quelques bornes et me suis arrêté à la première enseigne amicale. J'ai claqué la portière en grimaçant bien énervé. La putain de tapette qu'avait niqué ma vitre et kidnappé mon lecteur n'aurait certainement pas eu la vie sauve si j'avais eu le bonheur de le surprendre à violer ma caisse. J'ai remonté le col de mon blouson et constaté que mes bottes étaient toutes salopées. J'ai lâché un gros molard et j'ai fait briller tout ça avec la manche de ma chemise. J'ai jugé le résultat et j'ai hoché la tête genre trop satisfait du boulot après quoi j'ai pénétré dans l'arène. |