Les électeurs
français ont, par rejet de l'extrême droite, conservé
un chanoine au poste de Président de la République le
5 mai 2002. Jacques Chirac accumule pourtant les trahisons envers sa
haute fonction: fort cléricalisme, vénération aveugle
du chef de la secte du Vatican, affinités marquées envers
les éléments les plus réactionnaires du catholicisme
mais aussi moult mensonges et détournements d'argent consciencieusement
révélés par l'excellent Canard Enchaîné.
Le bref, et
nécessairement incomplet, curriculum vitae du papolâtre
Jacques Chirac:
1976: séjour à l'abbaye de Solesmes
Jacques Chirac démissionne de son poste de Premier ministre de
Valéry Giscard D'Estaing et va se ressourcer à l'abbaye
bénédictine de Solesmes.
1979: refus
de voter la reconduction de la loi Veil
La loi Veil de 1974 est soumise au vote pour sa reconduction mais Jacques
Chirac refuse de la voter au nom du «respect de l'enfant, de son
droit sacré à naître». Cette opposition au
contrôle des naissances se poursuivra tout au long de sa carrière
politique par ses amitiés avec le biologiste Jérôme
Lejeune et l'Opus Dei.
1994: Jacques
Chirac est membre de l'Association des amis du professeur Lejeune
Le biologiste Jérôme Lejeune fit partie de l'équipe
qui découvrit les causes du mongolisme en 1958 et obtint de nombreuses
distinctions dans le monde scientifique pour ses travaux dans le domaine
de la génétique. Mais il fut aussi un des plus ardents
opposants à l'avortement par la création en 1970 de l'association
Laissez-les vivre. Tous les moyens, y compris les plus violents, étaient
permis pour empêcher les femmes d'avorter. Les commandos antiavortement
sont donc les héritiers de l'illustre professeur. Cet "attachement
à la vie" et ses liens avec l'Opus Dei le prédisposaient
naturellement à une entente très cordiale avec le pape
Jean Paul II qui le nomma membre de l'Académie pontificale des
sciences et président de l'Académie pontificale pour la
vie lors de sa création. Il n'est alors pas surprenant que cette
académie comprenne une forte proportion de membres de l'Opus
Dei. Les convictions réactionnaires du scientifique outrepassaient
les limites du domaine purement personnel et interféraient avec
son activité médicale puisqu'il n'hésitait pas
à refuser des diagnostics génétiques prénataux
à des femmes enceintes afin qu'elles n'aient pas la tentation
d'avorter. La famille Lejeune crée le 25 mai 1994 l'Association
des amis du professeur Lejeune; elle a pour but de lutter contre l'interruption
volontaire de grossesse, la contraception, l'euthanasie, et est très
liée à l'Opus Dei. Jacques Chirac est membre de cette
association ce qui permet de mesurer à sa juste valeur ses affinités
avec l'Opus Dei et la frange conservatrice du catholicisme. Une fondation
est aussi créée, la Fondation Jérôme Lejeune,
ainsi que de nombreuses associations: l'Association pour la promotion
de la famille, Les femmes et les enfants d'abord, Secours aux futures
mères, L'attestation des défenseurs de la vie.
1995: Jacques
Chirac devient président de la République et nomme ses
collaborateurs de l'Opus Dei au gouvernement
L'accession au pouvoir de Jacques Chirac entraîne la venue au
gouvernement de nombreux représentants du catholicisme conservateur.
Un article de François Normand, paru dans Le Monde Diplomatique
en septembre 1995, en dresse une liste:
"Mme Colette Codaccioni, ministre de la solidarité entre
les générations, mère de cinq enfants et ancienne
sage-femme, se définit comme «chrétienne et pour
l'éducation à la vie»; Mme Elisabeth Dufourcq, secrétaire
d'État à la recherche, est l'auteur d'une thèse
sur les congrégations religieuses féminines, dont elle
a tiré un livre intitulé Les Aventurières de Dieu;
Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État aux transports,
est la fille de l'un des pères fondateurs du Mouvement républicain
populaire (MRP), parti catholique, et militante elle-même de leur
héritier : le Centre des démocrates sociaux (CDS) ; et
Mme Françoise de Veyrinas (CDS), secrétaire d'État
aux quartiers en difficulté, est issue d'une famille toulousaine
catholique militante. On peut s'interroger sur l'entrée au gouvernement
et dans les cabinets de deux personnes «proches» sinon membres
de l'Opus Dei : M. Hervé Gaymard, secrétaire d'État
aux finances, et son épouse, Mme Clara Lejeune-Gaymard, directeur
de cabinet de Mme Colette Codaccioni, fille du professeur Jérôme
Lejeune (décédé en 1994), fondateur du mouvement
antiavortement Laissez-les vivre, nommé par Jean Paul II au Conseil
pontifical pour la famille et membre de l'Opus Dei."
Noter que la Fondation Jérôme Lejeune fut déclarée
d'utilité publique en 1996 et qu'Hervé Gaymard, marié
à Clara Lejeune la fille de Jérôme Lejeune, était
par ailleurs administrateur de l'Association des amis du professeur
Lejeune.
1996 : visite
de Jacques Chirac au Vatican le 20 janvier
Au cours de cette première visite au Vatican depuis celle du
Général De Gaulle en 1959, Jacques Chirac a fait montre
de la plus grande servilité, abaissant la France au rang de disciple
de l'Eglise catholique. Jacques Chirac insista dans son discours sur
le caractère chrétien de la France voulant persuader de
sa nature intrinsèque et inséparable:
""Fille aînée de l'Eglise", la France l'a
été par sa fidélité catholique, par son
dynamisme missionnaire et aussi, pour reprendre l'expression de Sa Sainteté
Jean XXIII, par "l'admirable lignée de Saints" issus
de notre sol. Une grande part de notre patrimoine est d'abord l'illustration
d'une ferveur religieuse."
On apprend un peu plus loin que les valeurs humaines universelles sont
héritées de la Bible:
"Rencontrant les Français dès le début de
Son Pontificat, et tout récemment encore, dans Son adresse aux
catholiques de France, Votre Sainteté les exhortait à
la fidélité. Fidélité aux engagements personnels.
Mais aussi fidélité à l'Eglise et fidélité
à la France, à sa mission, aux principes de dignité,
de solidarité humaines hérités de l'Evangile."
L'adresse au pape est systématiquement faite par l'utilisation
de la majuscule dans "Vous", "Votre"..., marque
supplémentaire de soumission d'un personnage élu par le
peuple à un despote dont le pouvoir ne résulte d'aucune
légitimité démocratique. C'est en filigrane que
le président Chirac fait allusion à la doctrine papale
sur les questions relatives à la vie, une déférence
qui ne manquera pas de réjouir les éléments les
plus réactionnaires de l'Eglise:
"Il n'est pas, Très Saint-Père, de sujet touchant
la vie de l'homme en société que Vous n'ayez abordé
à l'occasion des grands textes qui ont jalonné Votre Pontificat.
Qu'il s'agisse de la paix, des droits de la personne humaine, de sa
liberté, de la famille et de l'éducation, toujours s'expriment
Votre vigilance et Votre exigence."
Le discours se termine sur la sainte alliance de la France et du Vatican:
"Voilà pourquoi, Très Saint-Père, nos efforts
se rejoignent. Voilà pourquoi la France et le Siège Apostolique
ont vocation à travailler ensemble, toujours plus étroitement,
pour ancrer la justice, la sérénité et la paix
dans le cœur des hommes."
et conclut par des vœux de prospérité à la
dernière dictature d'Europe:
"Profondément encouragé, dans la tâche difficile
que m'ont confiée les Français, par l'accueil toujours
bienveillant de Votre Sainteté, je forme les vœux les plus
fervents pour Sa personne, pour le succès de Sa prochaine visite
en France et pour l'accomplissement des desseins de Son pontificat."
Ces propos sont à rapprocher de ceux, identiques dans la soumission
volontaire, prononcés par l'ambassadeur de France au Vatican
en juin 2000.
En récompense
de ses bons mots et de ses agenouillements répétés
devant le pape, Jacques Chirac a été intronisé
chanoine d'honneur en la basilique Saint Jean de Latran. A quoi JC a
répondu par un autre discours édifiant. Il y amarre la
France au joug de l'Eglise:
"Mon émotion est faite du souvenir des liens historiques
qui, depuis Pépin le Bref et Charlemagne, unissent la nation
française à la première Eglise de la chrétienté.
Ici, plus que partout ailleurs, la France se souvient de son titre de
«fille aînée de l'Eglise»"
pour ensuite ignorer la séparation de l'Eglise et de l'Etat:
"Ma présence se veut aussi, Eminence, le gage de relations
fécondes, de relations à poursuivre et nourrir entre la
France et le Saint-Siège en même temps qu'entre l'Eglise
et l'Etat."
et se féliciter de son titre de chanoine:
"Ce titre d'honneur traditionnel qui, depuis, vous l'avez rappelé,
le Roi Henri IV, rattache le Chef de l'Etat français à
votre vénérable chapitre, j'y vois le vivant témoignage
d'un passé prestigieux. J'y vois aussi l'assurance d'une constante
et réciproque amitié, le signe de la fidélité
qui nous unit."
1996 et 1997:
les visites du pape
septembre
1996 : pseudo anniversaire de Clovis. Accueil de Jean Paul II par Jacques
Chirac à Tours (déclaration du 19 septembre 1996). Voir
le compte rendu du livre de Pierre Bergé L'affaire Clovis.
août 1997: Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique.
Accueil de Jean Paul II par Jacques Chirac (déclaration du du
21 août 1997). Voir l'analyse de Bruno Courcelle.
1997 : Bernadette
Chirac présente ses excuses pour son absence au 20ème
anniversaire de la réquisition de l'église Saint Nicolas
du Chardonnet par la Fraternité Saint Pie X
Les 20 ans de l'installation des intégristes catholiques à
Saint Nicolas du Chardonnet à Paris ont été fêtés
par une extrême droite bien représentée le 2 mars
1997. L'abbé Laguérie y a donné une messe où
il a réitéré les appels à une reconquête
des églises. Parmi l'assistance figuraient Bruno Gollnisch, secrétaire
général du Front National, ainsi que le comédien
Jacques Dufilho. Mais une absente de marque a néanmoins jugé
bon de s'excuser pour son absence: Mme Bernadette Chirac. La réquisition
par la force de l'église Saint Nicolas du Chardonnet en 1977
est l'exemple à suivre pour tous ces croisés.
2000: Jacques
Chirac présente ses vœux au pape pour ses 80 ans (Zenith
24 mai 2000)
" Très Saint-Père,
Au moment où Votre Sainteté va fêter son 80e anniversaire,
je voudrais lui dire mon profond attachement et les vœux que je
forme pour la poursuite de son pontificat. Notre monde, déchiré
par les conflits, marqué par l'incompréhension et parfois
la haine de l'autre, a toujours le plus grand besoin, Très Saint-Père,
de votre message de paix, de fraternité, d'exigence humaniste
et éthique. Je souhaite que Dieu donne à Votre Sainteté
la force d'être, demain comme aujourd'hui, une lumière
parmi les hommes. Je vous prie d'agréer, Très Saint-Père,
l'hommage de mon profond respect et l'assurance de ma fidèle
et déférente amitié."
La référence à un "Dieu" imaginaire est
inacceptable pour le Président d'une République laïque.
2001: participation
à des cérémonies religieuses en qualité
de chef d'Etat
Jacques Chirac a participé à deux cérémonies
religieuses en septembre 2001 en hommage aux victimes des attentats
islamistes aux USA et de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse.
Au delà de l'aspect clérical, on peut s'interroger sur
l'utilité de ce genre de manifestation qui relève plus
du spectacle, d'un recueillement de mise en scène, que d'une
action constructive qui s'attacherait à résoudre les origines
véritables de ces catastrophes.
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