LA MODE
La marginalité existe-t-elle vraiment ?

Dans notre société, on parle beaucoup de tyrannie de l’image et des marques. J’aimerais apporter mon point de sur ce sujet qui est l’objet de nombreux questionnements et débats.

La mode est partout, dans pratiquement tous les domaines, toutes les sphères de notre société, ce qui ne devrait étonner personne, puisque nous vivons dans une société capitaliste. Elle peut être contournée dans certains domaines, mais assurément pas la totalité de ceux-ci. Prenons un exemple facile : la façon de se vêtir.

Je vais vous l’avouer sans honte : j’essaie de suivre la mode. J’aime bien me vêtir en suivant le style hip-hop, je préfère certaines marques à d’autres, je porte mes pantalons plus bas que la moyenne, j’ai plusieurs casquettes, etc. Je trouve cependant que ce style peut dépasser les bornes parfois, quand le fond de culotte est rendu aux genoux et quand la marque prend le dessus sur la beauté du vêtement.

Ce qui me fait rire, c’est les adeptes d’autres styles qui se disent marginaux. Le moment est venu que ces gens soient assommés par la vérité : être marginal dans la façon de se vêtir, c’est impossible.

Un individu décide de se révolter contre la tyrannie des marques et se met à acheter des colliers à pics et des chandails tout noirs. Cette personne se rendra vite compte qu’elle n’est pas la seule à se vêtir de la sorte. La raison ? Simple : il s’agit simplement d’une autre mode. C’est la mode de s’habiller en noir avec des colliers de pics. C’est une espèce de mode punk, si on veut. Mais c’est quand même une mode.

En fait, ne pas suivre la mode est devenu une mode.

Ceci est dû à un fait en particulier : aussitôt que quelqu’un se détache de la masse pour se lancer dans la marginalité vestimentaire vraie, c’est-à-dire se foutre totalement de tout de A à Z (beaucoup pensent qu’ils agissent ainsi sans que ce soit vrai), il sera immédiatement imité par quelques personnes, puis plus et plus et plus et finalement ça deviendra une mode. Oui, le premier qui s’est foutu de son habillement était vraiment marginal, mais lorsque tout le monde l’a imité, comment peut-il être différencié de tous les autres moutons qui ont suivi ? On ne peut le distinguer. Il n’est donc pas un marginal, il est « celui qui a parti la mode de se foutre de son habillement», d’où ma conclusion : la marginalité n’existe pas. Ne pas suivre la mode est devenu une mode.

L’exemple le plus désolant est celui des néo-hippies. Une très grande partie d’entre eux se disent marginaux parce que les marques ne les préoccupent pas. Ce n’est pas une question de marques, c’est une question de style. Il y a eu un premier hippie et tous les autres se sont dit « Hé, habillons nous comme eux, avec des foulards et des pantalons carottés ». Il y a une mentalité hippie, oui, mais il y a aussi l’habillement hippie, et je suis absolument certain que bon nombre de hippies dans l’habillement connaissent mal la mentalité qui est sensée aller avec leur style vestimentaire. Alors, arrêtez de crier haut et fort que vous êtes marginaux. Vous suivez simplement une autre mode (je m’adresse bien sûr à ceux qui tiennent ces propos, pas à ceux qui sont réalistes).

Alors peu importe quel style on adopte ou quelle attitude on a par rapport à la façon de se vêtir, on suit une mode. Que ce soit celle de n’acheter que des marques reconnues ou celles de s’habiller en supposé marginal, on suit une mode. Vaut mieux l’accepter et arrêter de se mentir. Et si la façon de se vêtir est le seul exemple qui me vient à tête quand je pense à l’omniprésence de la mode dans un domaine, je suis certain qu’il y en a d’autres, on n’a qu’à y réfléchir un peu. L’être humain est influençable, particulièrement pour l’apparence extérieure. Et je ne m’en cache pas, je subis une certaine influence. Et qui que vous soyez, vous en subissez une, peu importe laquelle.

Vous dites que non ? Votre naïveté me désole.
Vous le reconnaissez ? Alors peut-être ce texte aura servi à quelque chose.