LES CHOSES QUI M'ÉNERVENT TOME 2 |
Bien que j'en exprime peut-être le dédain avec un peu plus de doigté que dans mes textes d'antan, certains trucs qui m'entourent me tapent sur le système d'une façon constante. Laissez-moi en partager quelques-uns avec vous. Les malades de MSN Avec cette technologie qui rend notre vie semblable à un épisode des Jetsons, notre quotidien change drastiquement d'année en année. Je ne veux pas passer pour le vieux-jeu qui s'objecte à toutes les formes de progrès et d'avancement, mais je trouve que très souvent, les contacts humains sont limités par tous les nouveaux moyens que avons à notre disposition afin de communiquer. Parmi cet univers de messages textes et de courriels, le médium qui me purge plus que tout autre est MSN Messenger. Ne vous méprenez pas : il m'arrive parfois de moi-même utiliser ce pratique petit logiciel de clavardage. Je ne remets pas en question le côté utile de MSN Messenger pour rejoindre des co-équipiers de travail d'école, pour voir si il y a quelqu'un qui fait quelque chose ce soir, pour rejoindre quelqu'un qui ne réponds pas à son cellulaire ou même pour s'occuper lors d'une de ces soirée où on est un peu blasé, fatigué, mou. Mais bordel de merde suis-je le seul à penser que certains abusent ? Ces gens qui sont connectés à chacune des fois où je me connecte, ces autres qui ne se déconnectent jamais, qui préfèrent s'afficher "Absents" ou «Occupés» ou «Partis manger», sans oublier les étudiants pleins d'avenir qui clavardent pendant leurs cours, sur leur ordinateur portable.... «En cours de bio», selon leur statut. Vraiment ? Si tu es en cours, ÉCOUTE, sombre crétin ! Ou alors ceux qui s'installent devant le rayonnement cathodique de leur écran pendant des heures à CHAQUE soir après le travail / l'école. Il fut une époque à laquelle les gens s'appelait et allait prendre un café, se visitaient mutuellement, se piquaient une petite jasette face à face, les yeux dans les yeux. Suis-je le seul à regretter cette époque ? Le seul à être franchement dégouté quand j'appelle un ami et lui demande : «Alors qu'est-ce que tu fais ce soir?» et qu'il me répond «Je suis sur MSN, là.» ? J'ose espérer que non. Mais le pire, ce qui me donne mal à la tête rien qu'à le mentionner est ces imbéciles qui racontent leur vie dans leur pseudonyme. Un exemple ? Volontiers : %Fred-HEY-RicK% - Je t'aime ma belle Sophie ! 3 ans déjà ! Je vais à Drummond samedi ! Examen de philo lundi - ARGH ! - Parti chez le coiffeur Vous me pardonnerez sans doute mes excès de langage (vous n'avez pas vraiment le choix), mais je me contre-calice des détails des vies —oh combien palpitantes— des gens avec qui je clavarde. Il faut relativiser, bien sûr. Si quelqu'un a quelque chose d'important à transmettre à son entourage, qu'il utilise MSN est compréhensible et même intelligent, car il s'agit d'une publicité parfaite, étant donné l'immense popularité de ce moyen de communication. Mais je crois que la lacune n'est pas tant dans l'utilisation du pseudo comme publicité que dans la définiton de «quelque chose d'important» par les gens qui ont tendance à utiliser MSN Messenger à chaque minute libre de leur existence. Le fait que tel aime sa blonde, où il ira en fin de semaine, l'examen qu'il aura à passer (quel moment fort dans l'existence d'un être humain, HÉ!) sont des trucs qui n'ont NUL BESOIN d'être publicisés. Et qu'il soit parti chez le coiffeur en ce moment 1) est une raison valable pour qu'il soit déconnecté et 2) est un détail qui représente autant pour moi que les matières fécales que je laisse flotter sur l'eau du trône des besoins naturels qui orne ma salle de bain. Pourquoi ce désir d'exposer tout sur soi-même par le biais d'un média aussi impersonnel qu'Internet ? Pourquoi cet exhibitionnisme existentiel ? Pathétique... Bref, l'obsession de notre génération pour MSN Messenger me tape sur les nerfs. L'étiquette «Emo» Y a-t-il quelque chose de plus à la mode de nos jours que de dire à quel point "les Emos sont stupides" ? Mais bordel, qu'est-ce qu'un Emo ? Ah, vous voulez dire ces gens trop maquillés (hommes inclus) qui s'élargissent les lobes d'oreilles avec des contenants de pillules, qui portent des vêtements noirs et des jeans troués parcourus de messages et qui ont des cheveux noirs qui leur cachent le visage. D'accord, tout cela, c'est l'apparence physique. Et ensuite ? La réponse que les gens qui avouent tellement détester les Emos donnent généralement est que ces personnes se voient comme persécutées et sont supposément émotives et sensibles. Bonjour la généralisation ! Donc, tous les gens arborant le code vestimentaire décrit ci-haut sont, selon un rapport cause-conséquence apparemment infailible, des gens emotifs, sensibles, qui jouent à la victime. Quel joli lot de conneries ! Les gens qu'on se plaît à qualifier d'Emos ne sont pas plus ceci ou cela que le reste d'entre nous. Ils s'habillent et s'arrangent d'une façon particulière. Point. Le début de phrase «Je ne suis pas raciste, mais...» Quand un individu commence sa phrase d'une telle façon, le commentaire qui suivra le "mais" est invariablement, dans absolument 100% des cas, sans la moindre exception possible (je pèse mes mots) TOUJOURS un commentaire raciste. Il m'arrive parfois de me réveiller la nuit pour me demander pourquoi certaines personnes peuvent être aussi stupides. Dans quel esprit rongé par l'insipidité peut être née la supposition selon laquelle le simple fait de commencer une phrase en prononçant les mots «Je ne suis pas raciste, mais...» annule automatiquement la teneur raciste des propos qui vont suivre ? S'auto-proclamer non-raciste avant de parler ne rend pas le discours qu'on tient moins discriminatoire ! Si vous n'êtes pas raciste, pourquoi ce besoin de l'annoncer alors ? La crainte que ce que vous allez dire passe pour des paroles de Redneck n'est-elle pas un bon indice que ce que vous dites est teinté d'une nature ségrégationnelle ? Comment peut-on être aussi givré, je vous le demande ? Les gens qui se donnent un accent J'ai voyagé un peu. Je parle parfaitement deux langues. J'ai travaillé à la réception d'une auberge de jeunesse appartenant à une chaîne internationale. J'en ai entendu des accents. Beaucoup. Et même ici, à Montréal, j'ai pu être frotté à plusieurs ethnies, origines, cultures. Toutes ces rencontres et expériences ont enrichi la banque des accents que je suis en mesure de déceler. De plus, je l'avoue bien bas, j'adore certains accents, leur exotisme, leur richesse. Donc, au fil du temps, je suis devenu assez habile pour déterminer l'authenticité d'un accent. En général, je suis relativement doué pour distinguer celui dont les paroles sont teintées d'une saveur exotique de celui qui se donne un accent. Combien de fois ai-je vu ces jeunes adultes sur lesquels la culture américaine a une emprise palpable parler comme une version francophone de 50 Cent : «Yo, Gee... Le patn'ais est fuckin' funny, man.» Quelle flamboyante démonstration d'attitude ! Wow, digne d'un petit «je-veux-être-cool» pré-pubère (et que les immigrants, qu'importe leur origine, ne me fasse pas croire que c'est l'accent typique de leur pays natal). Ou encore ces Africains qui, enviant leurs amis haïtiens et pensant qu'étant donnés qu'ils sont Noirs aussi, personne ne verra la différence, se mettent à parler comme eux : «Yo, t'es fréquent, MAN !» Ou les pseudo-artistes qui se trouvent géniaux et donne un petit ton européen à leur discours. «Ces trucs-là sont ringards !» Merde ! Pouvons-nous simplement parler comme nous parlons et cesser de prostituer nos langues de la sorte ? Est-ce si difficile de vivre avec l'accent qui accompagne nos paroles depuis nos premiers mots ? Le café Tim Hortons Pourquoi diable la chaîneTim Hortons est-elle si fière de son café ? Suis-je le seul à trouver que du café filtré, c'est du café qui fait la job, mais du café tout ce qu'il y a de plus ordinaire ? Qu'est-ce que ces gens trouvent de si spécial à leur poudre brune qu'on peut acheter à l'épicerie ? Les endroits que l'on appelle généralement «cafés» ont des machines à expresso et concoctent des cafés brassés : des cappucinos, des lattes, des cafés mocha... et Tim Hortons fait du café filtré aromatisé. Wow. Je n'ai aucun problème avec le produit lui-même, en fait, car on parle de café régulier, pas plus mauvais qu'un autre, mais l'espèce de publicité comme quoi c'est de l'or brun m'irrite au plus haut point. Le mensonge est intrinsèque à ces éloges de leur produit normal. Prenez la peine de remarquer que les machines du Tim Hortons sont des machines filtreuse du type de celles qu'on retrouve dans les bureaux d'entreprises ou les salles d'attente. Frimeurs innocents... La prononciations marginale Une fois de temps à autres, il m'arrive de croiser des gens qui ont une habitude fort agaçante : celle de ne pas prononcer certains mots comme il se doit, mais d'une façon trop agaçante pour être tolérée. Exemple, ils diront : «J'ai une sugestion à te faire...» en prononçant un seul «g» (comme le «g» de «gênant») ou alors «Ce film est estraordinaire !» (oui, en substituant le son du «x» par celui du «s», tel que prononcé dans «stupide»). Il y deux fois la lettre «g» dans «suggestion» ou «suggérer». Je regrette d'apprendre aux personnes concernées par mes remarques qu'aucun de ces deux «g» n'est un «g» muet. On doit dire «sugue-jestion». De le même ordre d'idée, on doit dire «extraordinaire». Le «x» d'«extraordinaire», je vous dévoile la grosse primeur, se prononce comme un «x». Eh oui, il ne s'agit pas d'un de ces «x» qui se métamorphosent magiquement en «s». C'est une chose de faire des fautes d'orthographe en écrivant (une chose déplorable lorsque faite trop souvent, mais souvent pardonnable), mais c'est un tout autre truc de faire des fautes d'orthographe en parlant. Pas de syntaxe ou d'accord. D'orthographe. En parlant. Dans la médiocrité, on égale difficilement. Le pire dans tout cela ? La plupart des gens qui prostituent notre langue de la sorte sont conscients de cette lacune dans l'expression de leur vernaculaire et ne font rien pour la corriger. La preuve ? Il m'est arrivé, après avoir repris des gens, de me faire répondre : «Bah... J'en fous. Je parle comme je veux. J'ai toujours dis ça comme ça.» Je contiens alors avec hargne mon envie de couvrir ces individus d'insultes que je n'oserais pas écrire sur les pages de mon site web. L'omniprésence de l'anglais lâche dans le jargon du milieu des affaires «Eh, Alex, on se voit au meeting ce midi ! Oublie pas, après le coaching demain, on a un focus group, oublie pas d'imprimer les flip charts.» Je suis certains que tous ceux d'entre vous qui sont en contact de près ou de loin avec le milieu des affaires tiennent ou entendent ce genre de discours à profusion. Si je me trompe en ce qui vous concerne, j'en suis heureux. Je ne vois pas pourquoi quand on fait des affaires en français, avec des francophones et souvent pour des clients également francophones, on ne va pas jusqu'au bout de la logique en évitant d'utiliser l'anglais pour nommer certains trucs techniques. Certains termes ne possèdent pas encore une traduction universelle et exige une petite recherche («flip chart» par exemple. On peut parler de «chevalet de présentation» ou de «tableau de présentation»), mais ne venez pas me dire que de dire «meeting» au lieu de «réunion» vous fait épargner de la salive. Ou «focus group» au lieu de «groupe de discussion». Un petit effort, que diable ! Et qu'on s'entende, je ne parle pas de tous ces emprunts à l'anglais dans la langue parlée commune, du genre de «cool» ou «sharp», (même si, quand on y pense bien, eux aussi pourraient être remplacés par des équivalents français), je parle davantage des termes techniques ultra-spécifiques. La langue française étant reconnue pour sa spécificité, il est quelque peu ironique d'emprunter lâchement des mots et expressions à l'anglais de la sorte. Les caves qui étendent leur idiotie en la prenant pour de l'intelligence Je me ferai très spécifique ici. J'étais dans un cour d'université un jour et comble de malchance, deux zoufs assis juste derrière moi s'échangeaint des imbécilités. Je tentais de ne pas écouter leur futile conversation, mais quelques bribes parvinrent à mes oreilles quand même. Je vous en épargne les détails, car ce n'est que quelques moments plus tard que l'apogée de leur crétinisme fut révélée. Le prof, au milieu de son discours sur l'École de Francfort, prononce les mots suivants : «...ils tenaient compte des contextes social et politique.» Un des deux connard derrière moi, en s'adressant à son accolyte, reprends l'enseignant : «...sociaux...». Je ne pus m'empêcher de dire en me retournant légèrement «...social...». Dans la phrase du prof, le fait que les théoriciens dont il était question tenaient compte de deux discours, l'UN social et l'AUTRE politique a échappé au génie de ce crétin qui croit évident que pusieurs contextes sociaux dans un même pays à une même époque sont monnaie courante. Il n'y a pas grand chose de pire que quelqu'un qui reprend quelqu'un en se sentant fort et qui se gourre en fait comme un épais. Ceux qui se font la parole du sous-entendu Pendant qu'on y est, ce même imbécile a pu prouver que ses connexions manquent un peu de jus à une autre reprise. Alors que le prof, dans un moment d'humiliation relative, paraphrase Gerry Boulet : «Ayoye, tu m'fais mal...» Vous devinez la suite. Le cave de la rangée derrière, réalisant la référence au rockeur d'Offenbach une seconde après tout le monde et croyant sans doute que personne d'autre que lui ne l'a remarqué, complète : «...à mon coeur d'animal ! Haha !» Félicitations, innocent. Bra-vo. D'autres à venir |