J'EXÈCRE STÉPHANE LAPORTE Connaissez-vous le quotidien francophone La Presse? J’imagine que oui. Personnellement, sans y être abonné, je le lis assez souvent, que ce soit chez ma mère, dans un café ou plus particulièrement sur Internet. Il s’agit d’un journal d’une qualité très acceptable, cela va sans dire. Cependant, je ne vous cacherai point mon étonnement de voir comment ce célèbre journal réussit à faire cohabiter des têtes d’affiches dont la qualité du travail est si opposée. En effet, l’illustre Pierre Foglia (qui n’est pas seulement génial parce que les gens le disent, lisez-le) partage la salle de rédaction avec des pourritures telles que Natalie Petrowksi, passée maître à l’art du « j’aime, j’aime pas » et dont l’unique source est le jugement personnel de Natalie Petrowski. Les Richard Hétu, excellent correspondant aux États-Unis, se retrouvent devant la même machine à café que les André Pratte, piètre éditorialiste qui a depuis fort longtemps vendu son âme aux Partis libéraux, fédéral comme provincial. Mais bon. J’imagine qu’entre rigueur journalistique et popularité, il n’y a pratiquement aucun lien, après tout. Être excellent et méconnu est tout aussi probable qu’être nul et célèbre. Et la preuve vivante de cet adage est le dénommé Stéphane Laporte. Si vous ne le connaissez pas, vous n’avez aucune idée à quel point je vous envie. À tous ses fans qui lisent ceci : avant de crier sur tous les toits que l’expression de la haine que j’éprouve à l’égard du travail de cet individu n’est que du « bitchage » gratuit, je vous prie de porter une attention particulière aux raisons que j’invoque, aux comportements journalistiques de Laporte que je souligne comme étant les générateurs de ce sentiment d’animosité chez moi, sentiment qui fait vibrer quelques-unes de mes cordes sensibles. Stéphane Laporte est au journalisme ce que le Doc Mailloux est à la psychologie : il est très connu publiquement, mais ses compétences dans l’emploi qu’il exerce (ou exerçait, dans le cas du Doc) sont très limitées, voire totalement nulles. Il n’est tout simplement pas un bon journaliste et dans un monde où le degré de liberté que les rédacteurs en chef accordent à leurs employés auraient un lien avec leur compétence, il n’aurait pas sa propre chronique bi-hebdomaire, encore moins son blogue sur Cyberpresse. Dans un tel monde, il serait probablement relégué aux annonces classées ou à la chronique nécrologique. Ses écrits puent le sensationnalisme à plein nez et toute impression qui lui frôle la conscience semble être immédiatement convertie en article, sans que recherche plus approfondie soit effectuée. Cette façon de fonctionner est une excellente façon d’attirer l’attention, mais pour la rigueur et la justesse, on repassera. Pour illustrer ce dont je vous parle, voici quelques titres d’articles signés Stéphane Laporte, tirés de sa chronique ou alors de son blogue : - Les élections en 13 clins d’œil - L’Halloween électorale n’a pas eu lieu - Occupation triple avec Jean, André et Mario - Denis Lévesque, le king de LCN - Le DVD de Céline Dion - Le banquier de TVA ne fera pas banqueroute En lisant de tels titres en haut d’une page de journal, il est, selon mon humble opinion, difficile d'accorder une quelconque crédibilité à ce qui suit. « L’Halloween électorale », « Le king de LCN », pas fort... Et que dire des piètres références à la pop culture québécoise, du genre « Occupation triple avec… ». De tels titres donnent généralement une bonne idée de la teneur des propos, qui s'annoncent alors peu substantiels. En fait, je me demande même si M. Laporte a la moindre idée de ce que « substance » signifie. Et la pop culture n’inspire pas que des titres à ce cher Stéphane. Il y consacre même des articles entiers. Il est très difficile de concevoir qu'un journaliste puisse dédier une chronique au banquier à TVA, quand de nombreux débats de fond se tiennent dans notre société québécoise, ainsi qu'un peu partout dans le monde. « Le DVD de Céline Dion », est-ce que c’est cela que Stéphane Laporte considère comme un sujet de fond? Mais je dois avouer qu'à voir de quelle façon il traite des sujets qui sont un peu moins superficiels, je me dis qu’il est peut-être mieux de s’en tenir à Céline et Julie : Parce que les Français sont les rois du débat. Ils discutent et s’engueulent avec tant de vocabulaire et de classe, c’est mieux qu’un match de foot. - Stéphane Laporte à propos des élections présidentielles françaises de 20071 On s’est-tu déjà demandé à quoi ça sert, un fusil? Ça sert à tuer. Rien d’autre. Une cigarette, au moins, ça peut servir à calmer. Vous allez me dire qu’un fusil aussi, ça calme. Ça calme surtout celui qui est atteint par la balle. Mais ça le calme trop! Pourtant, on vend ça comme si c’était des petits pains au chocolat. - Stéphane Laporte à propos du contrôle des armes à feu 2 Vraiment? « On vend ça comme des pains au chocolat »? Où, quand, combien, où sont les SOURCES? Les impressions d’un ex de Julie Snyder ne m’importent guère. Je veux bien croire que beaucoup d’armes à feu sont vendues aux États-Unis, mais j’ai de la misère à croire que le Québec fasse si mauvaise figure en terme de quantité de fusils en vente libre. Je me trompe peut-être, cependant. Eh bien si c’est le cas, une PREUVE, un CHIFFRE, une STATISTIQUE qui révoque mon impression me convaincra aussitôt. Mais PAS une supposition qu’un chroniqueur de pacotille a sorti de nulle part. N’est-ce pas la base même du journalisme? Appuyer ses propos par des faits, pour que les lecteurs y accordent une certaine crédibilité, même s’ils ne sont pas en accord avec la thèse en soi? Aussi, il semblerait que Laporte doute des capacités intellectuelles de ses lecteurs. « Ça calme surtout celui qui est atteint par la balle. Mais ça le calme trop! » Sérieusement? Essaierais-tu subtilement de nous dire qu'un fusil peut tuer quelqu'un? NON! Vraiment? Sans toi, je me serais mépris quant au pouvoir d'une arme à feu, je crois. Et laissez-moi vous dire que rien ne s’améliore lorsque que M. Laporte se risque à partager quelques envolées philosophiques avec son public de matantes : Pourquoi ça fait autant de bien de parler de la température? Pourquoi quand il fait chaud, on sent le besoin de dire qu’il fait chaud. Comme si c’était un gros scoop. Comme si on était le premier à le savoir. - Stéphane Laporte 3 Pourquoi n’ai-je jamais pensé à cela? Je vais me risquer à tenter de répondre à cette épineuse question : peut-être est-ce parce que je m’EN CONTRE-CRISS! Qu’est-ce qui justifie que cet individu soit payé à écrire, alors qu’il rédige des trucs que n’importe qui pourrait penser et écrire dans le même registre, et ce, sans le moindre effort? Surtout, pourquoi les gens lisent Stéphane Laporte? Je n’en reviens tout simplement pas. Je pourrais m’arrêter ici et j’aurais exposé mon point de façon assez complète. Mais permettez-moi d’en ajouter un peu… Stéphane Laporte est aussi un collaborateur très impliqué dans le gros projet de notre ami Pierre-Karl Péladeau, j’ai nommé Star Académie. Il est membre officiel du jury et auteur de quelques chansons. Voici d'ailleurs un extrait des paroles de l’une d’elles : Je vais arrêter la guerre Arrêter les tanks et les hélicoptères Je vais arrêter la guerre Arrêter les missiles, les bombes nucléaires Il y a plein d'hommes qui font la guerre Et jamais personne non Pour la défaire J'vais changer l'monde avec une chanson Faire taire les canons Les armes et les avions J'vais changer l'monde avec une chanson Si tous ensemble Nous la chantons - Je vais changer le monde, Stéphane Laporte , 2003 4 J’aimerais vous dire que je blague, mais c’est véritablement ce qu’il a écrit. « Je vais changer le monde avec une chanson ». Je n’utiliserai même pas de sarcasme ici, ce serait trop facile. J’irai directement : je n’ai tout simplement jamais lu des paroles aussi peu subtiles, aussi faciles, aussi insipides. Je ne pensais pas que Stéphane Laporte puisse descendre aussi bas. Le fait même qu’il participe à une émission de télé-réalité marquée au sang de l’emblème de la convergence médiatique est un assez bon indice du niveau intellectuel de cet individu qui a une vie professionnelle des plus médiocres. Pas parce qu’il n’a pas réussi, car il semble évident qu’il est maintenant riche et célèbre. Non, plutôt parce que la qualité de tout ce qu’il a réalisé rôde tellement dans les bas-fonds, que sa réussite en est souillée. Un journaliste, un chroniqueur, un éditorialiste n’est pas tenu de rester objectif en tout temps, mais il doit présenter des faits véridiques objectivement s’il désire ensuite les teinter de son opinion personnelle. Non seulement Stéphane Laporte n’est-il pas un adepte de cette doctrine du journalisme honnête, mais il est aussi vraisemblablement obsédé par la superficialité du milieu du show business ulta-commercial québécois. Quand un chroniqueur qui a la chance unique de pouvoir écrire sur tout ce qu’il veut parle de ce qui passe à la télé, c’est qu’il n’a pas grand chose à révéler. Je vous laisse sur quelques-unes de ses blagues, qui sont bien sûr hilarantes et très recherchées : De Mario Tremblay à Pierre Cardinal, on peut dire que Patrick Roy est allergique aux bleuets. Harper s'associe à Schwarzenegger: Hasta la vista, Dion! Justin Trudeau veut se présenter dans Outremont. Il a toujours eu le goût du risque. Selon la revue Time, nous sommes la personnalité de l'année 2006. Est-ce qu'on peut le mettre dans notre C.V.? Les Américains occupent toujours l'Irak, mais au moins Mariepier a quitté Occupation Double. - Stéphane Laporte, archives du Blogue de Stéphane Laporte |
1. Laporte, Stéphane. « Le blogue de Stéphane Laporte : Les Français parlent et votent », Cyberpresse, 22 avril 2007, http://www.cyberpresse.ca/article/20070422/CPBLOGUES08/70422033&blogdate=20070422&cacheid=20070422 2. Laporte, Stéphane. « Il faut tuer les fusils », La Presse, 27 octobre 2002, http://www.cyberpresse.ca/article/20070416/CPBLOGUES08/70417109&blogdate=20070416&cacheid=20070416 3. Laporte, Stéphane. « Le blogue de Stéphane Laporte : Quatre saisons en une semaine », Cyberpresse, 20 avril 2007 , http://www.cyberpresse.ca/article/20070420/CPBLOGUES08/70420100&blogdate=20070420&cacheid=20070420 4. « Je vais changer le monde, Jean-François Bastien », 2003, Paroles.net http://www.paroles.net/chansons/30707.htm |
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