Souvenirs

Épisode 1.14

 

À Magali

 

 

Floriane regarde l’immeuble qui se dresse devant elle en se disant qu’elle n’y retournerait pour rien au monde. Depuis son départ, elle est revenue souvent pour le regarder, mais à chaque fois, elle ne parvient pas à se dire qu’elle s’en ennuie. Elle baisse les yeux vers le trottoir sal en se demandant si Étienne reviendra aujourd’hui. Elle l’espère. Elle retient une exclamation de surprise lorsque son bébé se met à donner des coups vigoureux dans son ventre renflé. Finalement, elle pivote et part.

 

Maxime couche délicatement Maëlys dans un petit lit près du sien en faisant attention pour ne pas la réveiller. Il se redresse, puis pousse un soupir de découragement quand il voit deux yeux bleus s’ouvrir.

Maxime : Tu ne dors toujours pas petite coquine?

Il la prend et la serre doucement contre lui en déposant un chaste baiser sur son petit nez retroussé.

Maxime : Tu es la plus belle du monde, Maëlys! Oui! Je t’assure, ne me fais pas ces yeux-là! Je t’aime si fort! Pour t’endormir, que pourrait-on faire?

Il sonde l’enfant du regard.

Maxime : Ah! Je sais! J’ai une idée! Je vais te raconter l’histoire de Jasmine et moi. Bon, alors, on s’est connu à l’école par un ami commun et tout de suite, j’ai su que je l’aimais. Elle était si intelligente, amusante, douce et jolie que j’avais peur que quelqu’un la prenne avant moi. Je savais que ça ne serait pas facile, car elle était une fille de riche et elle se laissait plutôt désirer! J’ai commencé à lui faire la court, mais dès les premiers jours, elle m’a fait comprendre qu’elle n’était pas intéressée par un type dans mon espèce, que je ne la méritais pas, tu vois le genre, Maëlys? Bref, je me doutais que c’était un test pour voir si j’étais vraiment intéressé, alors j’ai continuer de flirter avec elle même si elle me résistait! Je lui offrais de petites douceurs et je lui montrais qu’elle avait de l’importance pour moi et, finalement, ça a marché! Elle a fini par me succomber! Je la comprends, faut dire, qui serait capable de me résister? Hein, Maë? Ensuite, on a multiplié nos rencontres, trouvant une foule de prétextes pour se voir et nous sommes sortis officiellement ensemble. Elle m’a présenté à ses charmants parents et elle a commencé à m’inviter aux soirées mondaines que les amis de ses parents organisaient pour se prouver qu’ils avaient des copains! C’était ennuyant et je n’y allais que pour elle! Que pour la voir dans de belles robes! Elle est si superbe ta maman, Maëlys. Un soir, on a fêté son adhésion à l’université Harvard, et la nuit même, tu as été conçue, ma poupounette. Ensuite, on a attendu ton arrivée avec impatience et je ne sais pas ce qui s’est passé… Notre amour qui était aussi resplendissant qu’un coquelicot s’est fané avec le temps. Son rouge vif nous a comme écoeuré, mais je crois que c’est parce que tu arrivais et qu’il fallait se préparer à te donner tout plein d’amour!

Maxime observe sa petite Maëlys qui respire profondément, les yeux clos. Un filet de bave descend de sa bouche pour couler le long de l’épaule nue de Maxime.

Maxime : Génial. Moi aussi je t’aime.

 

Floriane sort de la chambre de Samantha, l’air sentant le renfermé lui donnant mal à la tête, et elle s’assoit sur une chaise dans le couloir pour lire une revue pour femmes. Samuel la rejoint.

Samuel : Je m’en vais manger un petit quelque chose en bas, tu viens?

Floriane : Non, je vais rester près d’elle au cas où elle se réveille.

Samuel : Ok. Je te rapporte quelque chose?

Floriane : Non. Merci.

Samuel : Il faut manger, Floriane! Ton bébé doit avoir faim!

Floriane : J’ai eu un copieux déjeuner.

Samuel : Il est 4 heures et demie.

Floriane : Je m’en fiche, je te dis que je n’ai pas faim!

Samuel : D’accord. Bonne déshydratation.

Floriane lui sourit superficiellement.

Floriane : C’est gentil!

Elle se concentre de nouveau sur la revue, mais est bientôt interrompue par une jeune adolescente aux longs cheveux bruns et aux yeux bleus.

Amy (s'approchant) : Heu… Salut ?

Floriane (intriguée): Salut.

Amy (en baissant la tête) : Est-ce… euh en fait je me suis perdue... et je..

Elle cligne des yeux pour chasser l’eau qui inonde ses yeux.

 Floriane (s'adoucissant): Hé! Ça va?

Amy : Désolée je… (en s'essuyant les yeux). Je cherche la chambre 306.

Floriane: Tu n'es pas sur le bon étage... C'est le 2e ici. Viens, je peux t'accompagner.

Floriane se redresse péniblement en protégeant son ventre d’une main.

Amy : Attends, je ne veux pas te déranger… j'ai l'habitude, je trouverai.

Floriane: Ça ne me dérange pas! Je connais l'hôpital par coeur.

Amy (en souriant) : Oui moi aussi… mais je suis un peu… je ne vais pas très bien.

Floriane : Je comprends. Allez, viens! Tu me raconteras tout en chemin! Au fait, moi c'est Floriane.

Amy : Merci c'est sympa. Je m'appelle Amy.

Elles se dirigent vers l’ascenseur et Floriane appuie sur le 3e étage.

Floriane : Qu'est-ce qui se passe, dis-moi?

Amy (en la fixant, intriguée) : C'est ma grande sœur. Elle est malade et... on croyait qu'elle allait mieux.

Une vague de compassion submerge Floriane.

Floriane: De quoi elle souffre?

Amy : Elle a une tumeur au cerveau

Floriane: Oh! Je suis navrée. C'est grave? Je veux dire... très grave?

Les portes s’ouvrent et les deux filles sortent.

Amy : Je crois que cette fois oui… ce n'est pas la première fois qu'elle fait une rechute.

Floriane: Mais... est-ce qu'il n'y a pas des traitements contre ça?

Amy : Oui mais elle ne sera jamais vraiment guérie. Et elle ne veut pas faire de chimio.

Floriane: Ah! Bon! Et pourquoi ça?

Amy : Je crois qu'elle  veut profiter de ses derniers jours, sans être constamment hospitalisée.

Floriane: Oui, ça se comprend. Le 306, hein?

Amy : Oui. Et toi, pourquoi es-tu ici ?

Floriane aurait préféré ne pas se faire poser la question… Elle y pense si souvent qu’elle aimerait avoir une pose.

Floriane (triste): Pour ma meilleure amie...

Amy (compatissante) : Oh. Je suis désolée… Et elle aussi c'est grave ?

Floriane (avec un rire sarcastique): Oh! Elle va seulement mourir bientôt.

Elle essaie désespérément de masquer son trouble.

Amy (mettant une main sur sa bouche) : Oh…je…je ne voulais pas…je…

Floriane: C'est pas toi! Tu ne peux rien y changer, tu n'as pas à te sentir mal. Je... Je me suis faite à l'idée. Enfin, je crois. Tu crois qu'on peut accepter des choses aussi... aussi dures?

Amy (hochant la tête) : Non tu as raison. Il faut s'y faire.. et...et profiter des derniers instants. Mais.. c'est si grave que ça ? Je veux dire, on ne peut rien faire ?

Floriane : Absolument rien! À moins que les foutus scientifiques décident de faire quelque chose pour ce qui est... du...

Flo se racle la gorge, mal à l’aise. Que pensera Amy si elle parle de la maladie de Samantha ? Elle se fera sûrement des illusions et croira que Sam est une fille droguée qui se défonce au sexe !

D’un autre côté, Amy lui inspire vraiment confiance.

Floriane : … du Sida.

Amy : Ça doit être vraiment horrible pour elle. Et je suis d'accord pour ces foutus scientifiques...

Aucun commentaire négatif. Ses yeux n’ont même pas exprimé de dégoût.

Floriane: Ils ont des millions et ils ne trouvent jamais de solutions! Bon, enfin... chialer n'a jamais aidé personne.

Amy : Je suis tout à fait de ton avis. Il faut être forte dans les moments durs comme ceux-là...et ne surtout pas se laisser aller.

Floriane: Pas facile... Surtout quand je pense que les derniers instants que je vais passer avec Samantha vont être dans une chambre d'hôpital.

Amy : Oui je comprends…j'ai eu un ami qui a récemment été quelques semaines dans le coma et je ne pouvais pas supporter de le voir souffrir...et le fait qu'il ne m'entendait sûrement pas..

Floriane: Je suis certaine qu'il t'entendait. Il va mieux?

Amy (avec un léger sourire) : Oui, il va beaucoup mieux.

Floriane: Tant mieux! Voilà, la chambre 306... Hé! T'inquiètes, je suis persuadée que tu as encore beaucoup de temps à passer avec ta soeur... mais ne le gâche pas quand même. C'est...

Flo renifle. Bon sang qu’elle déteste faire sa sentimentale, mais c’est plus fort qu’elle.

Floriane :…C'est vraiment précieux le temps. Ça peut filer en une fraction de seconde, et on se rend compte qu'il ne reste plus rien... juste des souvenirs. Et c'est pas toujours réconfortant des souvenirs.

Elle se mordille la lèvre pour s'empêcher de pleurer. Elle a bien l’impression qu’elle a vidé toutes ses réserves d’eau ces derniers jours !

Floriane: Désolée! Je me laisse aller.

Amy (en mettant une main sur son bras) : Non, c'est normal ! Merci beaucoup de m'avoir aidée, tu es une   personne super, Floriane. Je suis… je suis vraiment contente de t'avoir rencontrée, même dans ces circonstances.

Floriane: Ouais. Bon... Je... J'y retourne.

Flo tourne le dos à Amy après lui avoir sourit de manière peu convaincante.

 

Jasmine a une demi-douzaine de livres ouverts devant elle et elle est absorbée par son ouvrage. Elle écrit de longues phrases dans un cahier bleu pâle comme une automate, l’air endormi. Son écriture est presque illisible tant sa main est épuisée de tout ce qu’il y a à recopier. Sa mère pénètre dans la chambre en lui apportant un verre d’eau et une pilule blanche.

Mère : Jasmine ? Tiens ! C’est pour tes migraines.

Jasmine avale la pilule à l’aide de l’eau, puis, elle se retourne et continue son travail à remettre pour le lendemain.

Mère : Je… Je croyais que tu avais prise de l’avance.

Jasmine : J’en ai pris aussi ! Il ne me reste que 5 pages à écrire.

Mère : Il est onze heures et tu te couches tard ces temps-ci. Vas donc dormir.

Jasmine : Désolée, je dois remettre ça pour demain et tu me fais perdre du temps, là.

Mère : Je trouve que tu travaille trop.

Jasmine : Je m’efforce de présenter des devoirs complets et bien faits, je ne vois pas où est le mal !

Mère : Jasmine, tu aurais du attendre encore un an pour te lancer dans des études aussi longues et aussi exigeantes.

Jasmine : Trop tard.

Mère : Mais tu as une petite fille, Jas ! Une petite fille qui, pendant ce temps, n’a pas de mère !

Jasmine : Maëlys a Maxime. Il est super avec elle, je le sais. Sors maintenant.

Mère : Bien.

Elle obéit, jetant un regard de regret à son unique enfant.

 

Floriane porte un verre aux lèvres de Samantha et elle attendit que cette dernière puise un peu d’eau avant de le retirer pour le poser sur la table mobile de bois. Une voix se fait entendre du cadre de la porte.

Amy : Floriane ?

Floriane sursaute, puis elle se tourne vers Amy.

Floriane: Amy! Entre!

Amy (lui souriant) : Je ne te déranges pas ? Je passais et je t'ai vue..

Floriane: Non, tu ne me déranges pas du tout! Quelle idée! Viens. J'ai quelqu'un à te présenter.

Amy : Oui bien-sûr !

Amy entre et aperçoit le maigre corps pâle de Samantha. Celle-ci est éveillée, mais paraît faible.

Floriane: Sam, je te présente Amy. Je l'ai rencontrée tout à l'heure. Amy, voici Samantha Marshall.

Amy (en s'approchant de la jeune fille) : Salut, je suis ravie de faire ta connaissance.

Samantha: Moi aussi. Ça va bien?

Amy : Oui, enfin ça peut aller.

Samantha passe sa langue sur ses lèvres gercées, puis sa tête bascule vers l'arrière tant elle est épuisée. Ses yeux se ferment.

Floriane: Comment va ta soeur, Amy?

Amy : Oh elle nous assure qu'elle va mieux, mais je sais qu'elle n'est pas très bien. Les médecins n'ont pas voulu me donner de diagnostic.

Floriane: Oh! Ça doit être bon signe, alors. Ils te le diraient si c'était mauvais, non?

Amy (baissant la tête) : Oui sûrement. Mais je ne me fais plus de souci pour Clare. Ma petite soeur… Elle ne prend pas tout ça très bien..

Floriane: Tu devrais le dire à tes parents... Ils vont s'en occuper.

Amy (en riant intérieurement) : Mes parents…ils ne sont jamais à la maison. C'est July qui s'occupe de nous.

Floriane: Moi mes parents sont chez nous, mais ils sont trop envahissants. Ils voulaient que je me fasse avorter!

Amy : J'aimerais que...que mes parents s'occupent de moi. Mais ils ne savent même pas que j'existe.. la seule chose à laquelle ils pensent c’est travailler..

Floriane: C'est dommage. J'imagine que c'est pire que moi... Les miens veulent mon bonheur, mais ils s'y prennent mal. Mais au moins, ils sont là.

Amy : Oui, je pense qu'ils doivent tout de même beaucoup t'aimer..

Floriane: Pas de la bonne façon. Ils ne me jugent pas assez mature pour prendre moi-même mes décisions. Tu as déjà parlé avec tes parents? Peut-être qu'ils ne s'en rendent pas compte.

Amy : J'ai essayé, mais ils ne comprennent pas. Pour eux, c'est normal.

Samuel entre dans le pièce à ce moment, portant un morceau de gâteau pour Floriane.  Samuel: Tu n'es pas la seule à avoir de tels parents. Salut, je suis Samuel.

Amy (ouvrant de gros yeux) : ..Sa...salut. Je suis Amy.

 

Maxime se lève de son lit -où il dort seul- après avoir entendu des coups frappés contre sa porte. Il se frotte la tête, encore endormi, et se dirige lentement vers la porte d'entrée en traînant des pieds. Les coups, impatients, se répètent. Maxime ouvre et grimace lorsque le soleil vient plomber dans ses yeux. Il met sa main en visière et constate qu'il se trouve en face d'un policier à l'allure grave.
Maxime : Heum... Salut.
Policier: Vous êtes bien Maxime?
Maxime: Oui, c'est moi.
Christian sort de sa chambre à cet instant et il rejoint son meilleur ami en fronçant les sourcils.
Christian (inquiet): Qu'est-ce qui se passe?
Maxime: J'en sais rien.
Policier: J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, Maxime.
Max retient sa respiration tandis que Christian, en arrière, reste impassible en attendant que le policier parle.
Policier: Nous... Nous avons retrouvé le corps de Jasmine ce matin, flottant sur l'eau.
Maxime: Oh! Mon Dieu! Elle va bien? Je peux la voir? Comment est-ce arrivé?
Christian baisse tristement les yeux.
Policier: Elle est... morte.

Maxime se redresse dans son lit, apeuré. À travers l’obscurité, il distingue les meubles de sa chambre et comprend qu’il a refait le même cauchemar. Pourquoi ce rêve vient-il sans cesse le hanter? Il espère que ce n’est pas prémonitoire. Il se donne comme devoir de téléphoner à Jasmine le lendemain. Un pleurnichement se fait entendre du berceau et il va retrouver une Maëlys au visage sillonné de larmes de crocodile. Pendant une fraction de seconde, l’idée insensée que Maë a fait le même rêve que lui, lui traverse la tête, mais il s’en débarrasse aussitôt. Trop peu probable.
 

Amy et Floriane sont assises sur le bord de l'eau, côte et à côte, et elles lancent des roches de temps à autre, pour meubler les silences.

Floriane  : Et puis? Tu as d'autres problèmes? Je veux dire... nous deux, on se ressemble,  mais, des problèmes d'ordre amoureux.

Amy (souriant) : Oh que oui…Tu ne peux pas savoir à quel point c'est compliqué en ce moment !

Génial ! Floriane adore écouter les histoires amoureuses des autres gens !

Floriane (blagueuse) : Un triangle amoureux? À moins que ce soit un carré ou un pentagone!

Amy (en rigolant) : Comment as-tu deviné ! En fait... je crois que je suis en train de…faire quelque chose qu'il ne faut pas !

Floriane (moqueuse) : En train? Mais tu me parles là! C'est pas interdit!

Amy : Bon.. en fait il y a Peter.. mais il y a Alex aussi.. mais il ne mais il ne montre pas toujours qui il est vraiment et ça me trouble…

C’est le temps de jouer à la psychologue !

Floriane: Et toi? Qui crois-tu qu'il est réellement?

Amy (souriant) : Pas ce qu'il montre. Pour les autres, il est égocentrique et manipulateur, mais je sais qu'il n'est pas comme ça. Il est…je ne sais pas comment t'expliquer.

Amy lève les yeux au ciel comme pour trouver les mots appropriés.

Amy : Il peut se montrer très compréhensif et vraiment gentil.

Floriane: Seulement envers toi ou envers les autres aussi?

Amy : Seulement avec moi...mais je crois qu'il a montré sa vraie nature à Ashley aussi. Sa…demi-soeur, mais ça c'est encore une longue histoire.

Floriane: Je vois... Et ce Peter?

Amy : Peter.

Elle semble intimidée par la question et Floriane s’en veut : peut-être a-t-elle été trop vite ! La réponse d’Amy ne se fait cependant pas attendre longtemps.

Amy : C'est un ami d'enfance qui est réapparu dans ma vie d'un coup, mais je crois que tout s'est précipité trop vite et... ça a tout gâché.

Floriane: Je vois. Alex. Ça sonne bien, Alex. Alex et Amy.

Amy éclate de rire.

Amy : Samuel.. c'est ton petit ami ?

Flo peut à peine réprimer sa folle envie de s’esclaffer.

Floriane: Non! Non, pas du tout! C'est un très bon ami. Il n'est pas mal, hein?

Elle sourit malicieusement à Amy.

Amy : Oui, c'est vrai ! Tu as quelqu'un dans ta vie ?

Floriane (faisant semblant de ne pas comprendre): J'ai plein de gens dans ma vie!

Amy (en souriant en coin) : Non je veux dire… tu as un petit ami ?

Floriane baisse la tête pour regarder le petit coeur qu'Étienne a dessiné sur sa main. Il n'est presque plus là.

Floriane: Non... Je ne sors avec personne.

Amy (en voyant qu'elle est troublée) : Tu.. tu veux m'en parler ? Tu as l'air de te braquer en parlant de ça…

Floriane: Oh! C'est peut-être parce que le père de mon enfant m'a larguée dès qu'il a appris la nouvelle.

Elle rit sarcastiquement.

Floriane (tentant d'y croire): Je m'en fiche

Amy (en fronçant les sourcils) : Je ne peux pas supporter ce genre de réactions qu'ont les garçons…ça me…tu sais le fait de ne pas prendre leurs responsabilités.

Floriane: Ouin. Il s'est excusé, mais ça n'arrange pas grand chose : mon bébé n'aura pas d'autorité masculine. Enfin. Peut-être.

Amy : Peut-être ? Tu es proche de quelqu'un en ce moment ?

Floriane: Heum... d'un ami, oui. Seulement, il n'y a rien de plus, nous sommes des meilleurs amis. Je l'adore, mais il a du partir et... je ne sais pas quand il reviendra.

Elle regarde confusément Amy.

Amy : Oh je comprends...souvent on se rend compte combien on aime quelqu'un que lorsqu'il n'est plus  là.

Floriane: Oui. Il me manque cruellement. On n'est pas des filles ordinaires, hein, toi et moi!

Amy lui sourit puis la fixe longuement.

Amy : On se ressemble beaucoup je trouve..

Floriane qui jusque là regardait ses souliers, se retourne lentement vers Amy.

 Floriane: Oui. Oui, c'est vrai qu'on se ressemble. Et puis, dieu sait pourquoi, je n'ai jamais été une grande bavarde, mais avec toi, c'est différent. Les mots sortent tout seuls... Peut-être parce qu'on se retrouve un peu dans les mêmes situations.

Amy : Oui, moi c'est pareil. Tu sais je n'ai pas encore parlé de mes sentiments pour Alex à mes amis, car je sais qu'ils le prendraient mal.. mais j'ai envie de me confier à toi, je ne sais pas pourquoi.

Floriane: C'est chimique!

Amy sourit de nouveau.

Amy : Est-ce que.. ça me fait bizarre de te parler de ça…mais est-ce qu'il t'est arrivé de te sentir tellement seule que tu parlais à quelqu'un qui n'existe pas ?

Floriane: Un journal intime, ça compte?

Amy : Oui je pense...je n'en ai jamais eu, mais tu noues une relation très forte avec non ?

Floriane: Sans doute. Pourquoi?

Amy : Parce qu'il m'arrive de parler à… un idéal que je me suis inventé pendant mes périodes difficiles.. et jusqu'à l'année dernière je pensais que j'étais folle ! Mais j'étais juste seule.

Floriane: Et maintenant? Tu lui parles encore à... cet idéal?

Amy : Non, maintenant que Lorie est là, je n'en vois plus le besoin...

Amy se mord la lèvre, cachant vraisemblablement quelque chose, mais tout ça échappe à la psychologue inexpérimentée qu’est Floriane.

Floriane: C'est bien que tu te sois fait une bonne amie. C'est sûr que ça aide à supporter les préoccupations. Quelqu'un a déjà dit : une joie partagée est une double  joie, un chagrin partagé est un demi-chagrin.

Amy : Oui. Lorie est vraiment formidable, mais je ne voudrais pas lui parler de certaines choses. Je ne veux pas qu'elle soit, déçue.

Floriane: C'est normal. On a tous notre jardin secret.

Amy : Eh oui...

Floriane: Je... J'ai cette stupide impression que l'on ne se reverra plus ou plus beaucoup, du moins. J'ai rencontré des gens tellement merveilleux durant ma vie, et quelque chose me sépare du trois quart d'entre eux. Bref, j'ai été contente... heureuse de te rencontrer.

Amy : Moi aussi.. Je crois aussi qu'on ne se reverra pas, mais je ne t'oublierai pas. Ca m'a fait du bien de parler avec toi Floriane.

Floriane: Moi aussi. Il y a les aventures d'un soir... et les amitiés!

Amy : Oui, et ce sont celles-là les meilleures.

Floriane: Moi non plus, je ne t'oublierai pas

Amy : Je crois qu'on doit se dire.. adieu.

Floriane : Oui, c'est juste. Adieu, Amy. Et merci

Amy : Merci à toi, Floriane.

Elles s'étreignent et disparaissent dans la nuit, les yeux embués.

 

Jasmine se tient dans l’entrée de la demeure de Christian et de Maxime, Maëlys dans les mains.

Jasmine : Ça va me faire du bien de passer un peu de temps avec elle !

Maxime : Tes études vont bien ?

Jasmine : Oui ! J’y consacre beaucoup de temps !

Maxime : Tu te reposes quand même, j’espère.

Jasmine : Rarement.

Maxime (d’un ton de reproche) : Jasmine…

Jasmine : Je dois y aller ! Je te la ramène dans deux jours.

Maxime : Entendu. Fais attention à toi.

Jasmine : Toi aussi.

Elle s’apprête à fermer la porte.

Maxime : Jasmine ?

Elle s’arrête et entre de nouveau.

Maxime : Tu vois des objections à ce que je vois d’autres personnes ?

Jasmine : D’autres personnes ? Tu veux dire, d’autres filles ?

Maxime : Ouais, ouais c’est exactement ce que je veux dire.

Jasmine : Non, ça ne me fait rien.

Ses yeux semblent dire le contraire.

Jasmine : Pourquoi ? Tu as rencontré quelqu’un ?

Maxime : Non. Non, pas du tout.

Elle semble soulagée.

Maxime : C’est que… pour le truc avec Tanya, l’ex copine de Christian…

Jasmine (souriante) : Oh ! Ça va ! Tu m’as déjà tout expliqué.

Maxime : Oui, c’est juste, mais… Même si ça avait été ma copine, qu’est-ce que ça aurait changé ? Je veux dire, nous n’étions plus ensemble.

Jasmine : Oui, heu… C’est que je trouvais ça rapide. On venait de rompre. J’avais peur que tu m’ai trompée avant, tu comprends ?

Maxime : Oui. Jasmine, ne t’en fais pas, je suis loin d’être prêt pour une nouvelle relation.

Jasmine : Moi aussi. Et je ne m’en fais pas.

Elle esquisse son petit sourire enfantin si mignon, puis elle quitte la maison.

 

Floriane marche dans la rue alors que des tonnes de souvenirs se fraient un chemin entre les dédales de son cerveau.

« Samantha: Ça baigne! Tu viens au match ce soir?
Floriane: Évidemment! Je vais encourager Olivier!
Samantha lève les yeux au ciel et elle ouvre sa case en prenant des livres.
Samantha: Nom de Dieu, Floriane! Combien de fois devrais-je te dire que ce goujat n'est pas fait pour toi? »

« Olivier: Qu'est-ce que tu dirais de passer à une autre étape dans notre relation?
Floriane: Déjà?
Olivier: Quoi! Ça fait deux semaines et demi que nous sortons ensemble! Tu veux attendre jusqu'au mariage peut-être? »

« Floriane: Il n'a pas mis de condom, Sam! J'ai oublié de le lui demander et il n'a pas mis de condom! Oooooh! Oh! Non! »

« Père: Nous t'écoutons mon poussin...
Floriane: Je... Je...
Mère: Vas-y! N'aie pas peur de parler!
Floriane: Je... Je suis enceinte! »

« Floriane (les yeux pleins d'eau): Papa, je t'en prie!
Carl: Tu vas m'écouter, Floriane! Tu as agis de manière complètement immature! Réalises-tu ce que tu nous dis ou ce n'est qu'une farce pour toi? Enceinte! Sais-tu tout le travail, tous les problèmes que cela provoque? »

« Floriane: Je ne suis plus rien! Je n'ai plus rien! Je n'ai plus ma vie, ma vie que j'adorais! On me l'a enlevé! Je me la suis enlevée! Tout est de ma faute! Vous vouliez l'entendre? Tout est de ma faute! Je le sais! Je m'en veux terriblement! Je devais choisir entre ma vie d'enfant et ma vie d'adulte. Il faut croire que j'ai fait le mauvais choix, mais il est trop tard, maintenant. Trop tard pour changer quoi que ce soit! J'ai bel et bien un enfant dans le ventre et si vous ne pouvez l'envisager, je vais partir! Je ne peux plus reculer! Je n'ai plus de fierté, je n'ai plus de dignité et bientôt, je n'aurai plus de respect! Qu'est-ce qui va me rester, hein? Il va seulement me rester cet enfant. Je l'aime déjà! Je l'aime déjà plus que tout au monde! Plus que toi, maman! Et plus que toi, papa! Je l'aime si fort! »

« Floriane: Qu'est-ce que tu essais de me dire? Je ne comprends pas.
Suzanne: Même si tu es jeune, je ne doutes pas que tu sauras capable d'aimer ton enfant, mais pour tout le reste... Comprends bien Floriane! C'est un humain qui ne sait rien de la vie! Tu dois avoir réponse à tout, tu dois trouve les mots... Tu dois imposer des limites... Cet enfant, il n'est pas encore vivant réellement... il ne respire pas. Ce n'est qu'un amas de cellules. Après quelques mois, on pourrait dire qu'on le tue, mais maintenant... Ce n'est pas trop tard et des bébés, tu peux en avoir des dizaines! Il suffit d'attendre. Fais des études, ai des bases solides avant de... d'être mère... »

Floriane: Comment, c'était pas sérieux! Je... Tu... On... Tu es sorti avec moi juste pour me baiser?
Olivier (calmement): Ce n'était pas sérieux et nous n'avons rien à faire ensemble.
Floriane (en pleurant): Quoi? Mais... Mais je me suis donnée à toi... Je t'ai donné la chose la plus personnelle qui m'appartenait! Et tu... Tu me laisses quand j'ai le plus besoin de toi?
Olivier: Tu es naïve, Flo. Trop naïve... Et si tu gardes cet enfant, sache que je ne l'élèverai pas avec toi. »

« Floriane: Je le garde.
Suzanne ferme les yeux, déçue.
Carl: Non! NoN! Je ne peux pas l'accepter, Floriane! Tu vas te faire avorter! Crois-moi! Je ne te laisserai pas détruire ta jeunesse! Non! J'appelle une clinique! »

« Floriane: C'était un accident!
Tanya: Ben voyons! C'est facile de dire ça! Après, tu peux tout mettre sur le dos d'Olivier! Qu'est-ce que tu espérais? Qu'il allait faire le bon garçon et accepter de devenir papa comme ça! En pleine adolescence! C'est ton erreur aussi et tu n'oses pas te l'avouer! Tu vas gâcher ta vie! T'as qu'à te faire avorter et comme ça, tu pourras recommencer à vivre!
Floriane: Je vis et j'ai choisi de vivre avec l'enfant! »

« Floriane: Quel jour sommes-nous?
Samantha: Qu'est-ce que ça peut bien faire...
Floriane s'assoit sur le sol et elle couvre son visage de ses mains.
Floriane: On est misérable! On n'a plus d'endroit où vivre et plus de travail! »

« Sam continue de parler seule, tandis que Floriane scrute les gens souriants qui conversent dans la partie <publique>. Son regard s'arrête sur un bel homme qui a entre 22 ans et 25 ans. Il fixe le sol, perdu dans ses pensées, et il ne semble pas se mêler à la foule. Quelque chose en lui attire Floriane. Il relève rapidement la tête, sentant qu'on l'observe, et son regard croise celui de Flo. Il lui fait un signe pour la saluer et elle l'imite. Étienne… »

« Floriane se retourne et elle se rend compte que le beau ténébreux qui l'a saluée hier soir la fixe. Il est couché et immobile, mais son regard est rivé sur elle. Ils se dévisagent longuement, puis le jeune homme l'invite à le rejoindre d'un signe de la main. Floriane obéit et elle va s'asseoir à côté de lui.
Floriane (chuchotant): Salut.
Étienne: Salut.
Floriane: Ça va?
Étienne: Ouais. Toi?
Floriane hausse les épaules signifiant qu'elle ne rayonne pas particulièrement de joie.
Étienne: Je vois.
Il tend sa main et Flo la serre vigoureusement.
Étienne: Étienne ou Éti.
Floriane: Floriane ou Flo. »

« Elle sort finalement du sentier sinueux et elle voit une cascade d'eau claire qui dégringole le long de roches sombres. La végétation plutôt mal entretenue s'emmêle et s'entremêle, haute et sauvage. Floriane sourit. Elle a trouvé un endroit qu'elle seule connaît. Elle pourra y venir quand bon lui semblera afin d'être seule et tranquille. »

« Éti assène un coup de poing sur la mâchoire de Jake et la lèvre de ce dernier commence à saigner. Furieux, il se lève et regarde Éti de manière provocatrice.
Jake: Tu veux te battre?
Étienne: JE VEUX TE TUER! SALOPARD! »

« Étienne recule vivement comme si quelqu'un l'a frappé à l'estomac. Il a tué un homme. Il a empêché un homme de mener le cours normal de son existence (existence qui aurait de toute façon été minable et malsaine).
Étienne: Tu es sûr? Il est bien mort?
Le jeune garçon prend de nouveau le pouls de Jake et il baisse la tête, navré.
Garçon: Aucun doute, mon vieux. »

« Samuel: Il aurait violé Sam!
Samuel passe un bras protecteur autour des épaules de son amie encore apeurée qui pleurniche.
Étienne: Tu sais ce qu'on fait aux mecs comme moi? On les envoie en prison! ON LES ENVOIE EN PRISON, PUTAIN! »

« Étienne sort du sentier qui mène à l'endroit secret de Flo et il ouvre des yeux tous grands lorsqu'il la voit, mi-nue.
Étienne: Je... Je... Je suis désolé!
Floriane tire sur sa serviette pour qu'elle couvre tout son corps et elle se relève en quelques secondes. Étienne virevolte pour s'éloigner.
Floriane: Ce n'est rien.
Étienne: Vraiment désolé! »

« Floriane: Je veux de l'argent.
Olivier se retourne lentement pour la regarder de haut. Étienne les rejoint, mais il reste derrière Flo.
Olivier (détendu) : Ah! Floriane, ça va?
La fille qui est avec lui se racle la gorge pour faire comprendre sa présence.
Floriane: Oui, c'est beau poupée, je t'avais remarquée, mais ce n'est pas à toi que je veux parler. »

« Olivier: Mais fous-moi la paix, nom de Dieu! Tu crois savoir qui est le père? Qui peut savoir qui est le père d'un putain comme toi?
Étienne se rapproche et il envoie son poing en plein dans la figure d'Olivier. »

« Samuel: Je suis un oiseau.
Floriane : Samuel? Tu as encore fumé? Qu'est-ce qu'on va faire de toi?
Samuel: Non! Je suis un poisson!
Floriane lève les yeux au ciel en se tapant le front d'une main, mais elle ne peut s'empêcher de rire.
Samuel: Je suis un marsouin.
Floriane lance un regard qui en dit long à Étienne.
Samuel: Flo?
Floriane: Mmmmm?
Samuel: C'est quoi un marsouin?
Floriane: J'en sais rien, Sam. »

« Olivier: Je ne suis pas venu pour te voir, bonhomme, alors reste loin de moi.
Étienne: Commence pas à m'insulter parce que je vais te  faire ravaler tes mots.
Olivier l'ignore et porte son attention sur Floriane.
Olivier: Flo, il faut que je te parle. Je peux? »

« Floriane: Comment as-tu su que j'étais ici Olivier et il y a combien?
Olivier: Je connais deux gars qui vivent ici et il y a 500$.
Floriane (en arrondissant les yeux): 500$!!! »

« Floriane: Tu as l'air nostalgique.
Étienne: Ne sort pas de trop gros mots, j'as aspiré beaucoup de fumée à cause des autres, mon cerveau s'embrouille.
Floriane rit et elle imite son ami en regardant les gens qui sont dehors.
Étienne: Regarde ces gens, Flo. Ils vivent sans crainte d'être vus et ils s'exposent aux regards de tous alors que nous devons rester cachés et vivre clandestinement dans ce petit immeuble de misère. »

« Samuel: Combien Flo?
Flo se met à compter rapidement les billets de 20$ et ça n'en finit presque plus. Plus le temps file, plus le sourire s'élargit sur la figure des copains.
Floriane: 1200$!!! J'ai 1200$! Yahou! Je les adore!
Samantha: On va faire du shopping!
Floriane: Pour le bébé.
Samantha : Oui! Oui! Pour le bébé, bien sûr. »

« Floriane: Tu promets que tu ne vas pas l'embrasser et la tripoter devant moi? Parce que sinon je rebrousse immédiatement chemin.
Samuel sourit de manière coquine.
Samuel: Je n'exagérerai pas. Ok? Mais il se peut que ma main se perde!
Floriane: Ouais! Ouais! Je vais la remettre sur la route moi ta main! »

« Tanya: Tu as raté ta vie, Flo, et ce n'est pas de ma faute. C'est quand même pas moi qui t'as foutue enceinte!
Floriane: Non, mais tu l'aurais fait si tu avais pu parce que tu sautes tout ce qui bouge!
Tanya: Va te faire...
Floriane: Mettre? Non! Ça c'est ton rôle!

Samuel: Pourquoi ça m'arrive à moi?
Floriane: Quoi!? Qu'est-ce qui t'arrive à toi? Absolument rien! Ta vie est loin d'être palpitante, ok? Cesse donc de te plaindre.
Tanya : Hé! Ben! Avec des amies comme ça, on n'a pas besoin d'ennemies.
Floriane (fixant Tanya): En effet.
Tanya: Oh! Lâche-moi avec ça!
Floriane: Pff! Je ne m'inquiète pas pour toi. Tu n'es pas du genre à te tourmenter l'esprit avec des problèmes aussi insignifiants que les miens.
Tanya lève les yeux au ciel.
Tanya: Ouais ben moi, quand je vais accoucher, ce ne sera pas sur le trottoir comme une chienne. »

« Floriane pleure tellement qu'elle ne peut pas placer un mot. Samuel lui frotte les bras et lui embrasse le front pour la réconforter.
Samuel: C'est fini! N'y pense plus. Elle n'a pas raison. »

« Samuel: Je ne prendrai plus de drogue.
Samantha: À partir de quand?
Samuel: De maintenant! Tout de suite! Là! »

« Samuel: Le loup et les sept chevreaux alors, même si je ne m'en souviens plus très bien. Alors... heum... C'est l'histoire d'une maman chèvre qui doit aller faire des courses et qui avertit ses enfants de ne pas répondre à la porte, au cas où ce serait le méchant loup qui veuille les dévorer. Elle dit : je mettrai ma patte contre la fenêtre et vu qu'elle est blanche, vous saurez que c'est moi. Elle s'en va donc, l'esprit en paix et le loup la voit partir. Il se dit donc : ah! ah! ah! Ses enfants sont seuls, je peux les manger tous jusqu'au dernier! Il se lèche les babines, se régalant à l'avance du somptueux festin qui s'offrira à lui. Il va frapper à la porte de la maison et il imite la voix de la mère : mes chéris! C'est moi, votre maman! Ouvrez-moi la porte. <Montre-nous ta patte!> hurlent les petits. Le loup pose sa patte brune contre la fenêtre et il entend les petits dire : Non, tu n'es pas notre mère, tu es le vilain loup! Le loup va donc chez le boulanger et il lui demande de recouvrir sa patte de farine pour qu'elle puisse paraître blanche comme celle de la maman chèvre. Il retourne à la maison et cogne de nouveau, en montrant sa patte dans la fenêtre. les sept chevreaux ouvrent donc la porte et sont surpris de voir que ce n'est pas leur mère. Ils courent se cacher, mais seul un réchappe à l'estomac du loup :...
Une larme coule le long de la joue de Samantha.
Samuel: Celui qui était caché dans l'horloge...
Étienne frappe le bras de Samuel pour lui faire remarquer que leur amie pleure sans bruit. Ils se penchent vers elle.
Samantha (faiblement): Le loup a mangé mon enfant. »

« Floriane: Oh! Non! Non! Éti, je... Pars pas! Tu vas me manquer, j'ai besoin de toi, tu le sais! Tu ne peux pas me faire ça! Je vais accoucher dans 2 mois! Il faut que tu sois là! Tu es mon meilleur ami!
Étienne: Je sais! Je sais! Ça me brise le coeur de faire ça, Floriane, je t'assure. Je me sens déchiré entre deux directions et je voudrais être à deux endroits en même temps. Je vais y aller, Flo, je vais aller dire au revoir à mon père et je te promets que peu importe s'il est parti ou non, je reviendrai à temps pour voir ta petite fille naître. »

« Floriane: J'avais peur de voir la réalité.
Samuel (perdu): Tu veux dire parce qu'elle n'est pas éveillée?
Floriane: Oui. C'est toujours le même scénario qui se produit dans ma tête : j'arrive et je vous entend hurler de joie, alors je me pose des questions et lorsque j'entre, Samantha est assise, rayonnante, et toi tu l'amuses en lui servant tes stupidités habituelles!
Samuel: Ça serait bien. Mon scénario est à peu près similaire. »

« À son grand regret, Étienne se relève, mais il lui tend la main. Elle la saisit et se relève également en le regardant, curieuse. Il lui fait un sourire -mais pas un sourire ordinaire!- un de ces sourires qui vous retourne tout à l'intérieur et qui vous fait oublier toutes vos préoccupations. Étienne l'entraîne sur la piste de danse improvisée et il la fait tourner avant de la ramener vers lui. »

« Étienne sort un stylo de sa poche et il enlève le capuchon à l'aide de ses dents. Il fait un petit coeur sur le revers de la main de Floriane avec "Éti" écrit en-dessous. Les deux êtres se dévisagent longuement, toute une gamme d'émotions semblent leur traverser les yeux.
Étienne: J'y vais. »

« Floriane: Sam! Explique-moi!
Samuel recule et va s'accoter contre le mur.
Samuel: Elle a contracté le SIDA, Flo. Ce salaud, il lui a donné le SIDA! Son organisme était déjà pas mal affaibli, mais ce n'était pas assez pour lui! Il a fallu qu'il la foute enceinte et qu'elle fasse une fausse couche par-dessus le marché! Et avec tous les coups qu'il lui a donné, avec toutes ces plaies qui se sont crées... »

En se remémorant tout cela, Flo a l’air pensif, un peu triste.

 

Max cale le reste de la bière et il dépose maladroitement la bouteille sur la table où de nombreuses autres bouteilles traînent, vides ou avec un fond. À côté de lui, Christian, aussi saoul, grille sa énième cigarette en chantonnant.

Maxime : Tu te souviens de Sharon?

Christian : Bon Dieu! Ça fait longtemps!

Maxime : On la voulait tous les deux.

Christian : On l’a eue tous les deux!

Maxime : C’était vraiment une traînée!

Christian : Tu te rappelle de Bridget?

Maxime : Ouais! Celle avait le tatou en cœur sur l’omoplate?

Christian : Oui! On a toujours été intéressé par les mêmes filles. Mais celle-là, j’avais été le seul à l’avoir! Ha! Ha!

Maxime : Tu n’as jamais aimé Jasmine.

Christian : Mentalement, non, mais j’ai jamais qu’elle n’était pas attirante.

Maxime : Hé! C’est quoi ton problème? Tu es intéressé? Parce que tu n’es pas du tout son genre!

Christian : Relaxe! Premièrement, qu’est-ce que tu en as à branler? Vous n’êtes plus ensemble et je suis pas du type à piquer l’ex de mon meilleur copain.

Maxime : Ouais, je sais. Pardonne-moi, ça doit être l’alcool.

Christian (moqueur) : Ça doit, oui! Tu es tellement habitué à en boire.

Maxime : La ferme! Je suis pas un saoulon comme certain!

Christian : Un saoulon!

Il éclate de rire, bientôt suivi de Maxime.

 

Floriane dort, son dos appuyé contre le mur blanc de la chambre d’hôpital. Dans ses rêves, elle revoit son amitié pour Samantha : les nombreuses fois où elles discutaient durant des heures en ignorant le film qu’elles s’étaient promis d’écouter, lorsque Sam avait fait irruption dans sa chambre à 4 heures du matin pour lui dire qu’elle n’était plus vierge, quand elles allaient s’acheter une immense barbe à papa bleue (Samantha ne mangeait que les bleues!), quand elles prédisaient l’avenir de l’autre en ajoutant de drôles de détails comme : il y aura un téléphone rouge dans ton salon du huitième étage!, lorsqu’elles s’amusaient à gonfler des condoms  qu’elles devaient cacher sous le lit quand les pas des parents s’approchaient de la chambre, lorsque Sam et elle-même travaillaient dans un restaurant et avaient un appartement, quand elles avait rencontré Samuel et Étienne, quand Samantha avait failli se faire violer par Jake le pervers, lorsque Samantha était partie avec le motard… Des lèvres se déposent sur le front de Floriane en la réveillant.

Floriane : Samuel!

Samuel : Tu as bien dormi?

Floriane : Oui. Ça fait longtemps que tu es là?

Samuel : Deux petites minutes, mais j’aime tellement voir une femme dormir.

Il lui fait son sourire séducteur, puis, tourne les yeux vers Samantha.

Samuel : Enfin, ça dépend laquelle.

Floriane : Je doute pouvoir me trouver une aussi bonne amie dans le futur. Jamais je ne l’oublierai.

Samuel : Moi non plus.

Samuel, délicat, pose une main sur le ventre de Floriane et il est heureux de sentir son bébé bouger.

Samuel : Hello, toi! J’ai hâte de te voir, tu sais, ne te fais pas trop attendre! Tu sais, tu vas avoir la maman la plus attentionnée et la plus aimante du monde. Tu vas être un enfant comblé.

Floriane : C’est gentil.

Samuel : C’est vrai.

Étienne (de l’embrasure): Oui.

 

FIN