De larmes et de
blessures
épisode 1.11
Jasmine dort toujours dans les bras de Max, paisible, sans se rendre
compte que la porte de leur chambre est en train de flamber comme une vulgaire
allumette. Elle fronce les sourcils, renifle, puis (enfin!) ouvre les yeux.
Elle pousse un cri d'exclamation lorsqu'elle voit le feu et elle secoue Maxime
pour le réveille. Ce dernier se décide à ouvrir les yeux après quelques
grognements et il se dirige vers la grande fenêtre se découpant dans le mur de
leur chambre. À l'intérieur de son cerveau, tout se déroule à la vitesse de
l'éclair. Finalement, il saisit un chaise qu'il frappe 5 fois contre la vitre
avant de la faire éclater en mille morceaux. Il pousse Jas devant lui et il
regarde en bas pour savoir s'il peuvent sauter.
Jasmine: Max! Je ne peux pas! Je risque de perdre le bébé!
Maxime: Trouvons une solution rapidement...
Il regarde autour de lui, en proie à l'inquiétude de mourir ou de perdre le
bébé tant attendu. Il recule dans la chambre enflammée et protégeant son visage
avec ses bras.
Jasmine: Non! Max! Reviens! Je t'en prie! Maxime!
Il revient avec deux couvertures qu'ils nouent ensemble solidement.
Maxime: Tu vas descendre en te tenant bien fort après les couvertes, ok?
Rendue au max, tu sautes, mais prudemment. Compris?
Jasmine acquiesce rapidement et elle passe de l'autre côté de la clôture du
balcon pour ensuite descendre en s'agrippant après les draps blanc ivoire.
Rendue à quelques centimètres du sol, elle saute et lève sa figure vers son
amoureux qui entame sa descente.
Jasmine: Dépêche-toi, Maxime!
Il saute à un mètre du sol et atterrit en position accroupie. Lui et Jas
accourent chez les voisins pour téléphoner à la police.
Samantha et Floriane sortent du lac en courant et elles s'enroulent dans
leur serviette respective en frissonnant. Les passants les regardent comme pour
dire qu'elles sont dérangées de se baigner par un temps pareil!
Samantha (en enfilant ses jeans): Oui! Bien! Ils verront ce que c'est de
vivre sans douche!
Floriane: Il va falloir trouver une autre solution, Sam! C'est mauvais
et pour nous et pour nos bébés de nous exposer à un tel froid! On pourrait
attraper une hypothermie.
Samantha (enfilant son chandail de laine): Tu veux dire que nous
devrions arrêter de nous laver??? Tu n'es pas un peu dérangée?
Flo lève les yeux au ciel et mettant son col roulé vanille par-dessus ses
pantalons en denim de couleur noire.
Floriane: Non, mais nous pourrions prendre notre douche chez ton cousin,
Tom.
Samantha: Ok! Tu as raison. C'est ce que nous ferons la prochaine fois.
J'aime tes fringues... Enfin, je veux dire, pour une aubaine, c'est pas trop
mal.
Floriane: Merci.
Elles roulent leur serviette et la mettent sous leur bras pour ensuite se
diriger vers leur bâtisse en ruine.
Floriane: Et puis?
Samantha: Et puis quoi?
Floriane: Tu le gardes?
Samantha: J'en sais rien, je vais laisser les choses aller.
Floriane (outrée): Sam! On ne parle pas de n'importe quoi là! On parle
du fait que tu vas peut-être avoir un enfant! Redescends sur terre!
Samantha cesse de marcher et elle fait face à sa meilleure amie.
Samantha: Ça ne m'intéresse pas de me prendre la tête avec ça pour
l'instant, ok? Les choses sérieuses, c'est pas mon fort, même que ça m'ennuie.
Floriane: Alors fais-toi avorter! Si tu es pour continuer dans un tel
état d'immaturité, vaut mieux ne pas le mettre au monde, de toute façon, il ne
survivra pas.
Samantha: Et toi, Flo? Quelle vie tu vas lui offrir à ton bébé? Ce ne
sera guère mieux, crois-moi!
Floriane: Ben ça alors! Tu as du culot! Je n'en reviens pas que tu me
dises ça! Tu sais bien tout ce que j'ai sacrifié!
Samantha: Oui! Oui! Excuse-moi, je me suis emportée.
Floriane regarde sa copine en coin avant d'entrer dans le vieil immeuble.
Floriane: C'est quand que tu le dis à Sam et Éti?
Samantha(soupirant) : Bientôt.
Maxime sert Jasmine contre lui, cette dernière étant enroulée dans une
couverture de couleur bleu poudre. Le couple regarde les pompiers tenter
d'éteindre les flammes qui dévorent ce qui a été leur première maison.
Jasmine (les larmes aux yeux): Quand je pense à tout ce que nous avons
acheté pour le bébé. Tout ce qu'on a pris à Paris. La chambre, les jouets...
Tout a été détruit.
Maxime: L'important c'est que nous sommes en vie.
Jasmine: Je sais.
Les parents de Jasmine arrivent en courant et il étreignent leur fille en
l'embrassant sur le front chacun leur tour.
Mère: Oh! Ça va vous deux?
Maxime et Jasmine: Han! Han!
Père : Comment est-ce arrivé?
Max hausse les épaules sans lâcher sa maison des yeux.
Mère : Max? Tu as oublié d'éteindre le four? Ou un poêle? Tu n'as pas
éteint ta cigarette?
Maxime (fronçant les sourcils): Je ne crois pas non.
Pourquoi l'accuse-t-elle lui? Pourquoi pas Jasmine? Pourquoi pas un criminel
qui se baladait dans la rue?
Mère: Quand je pense à tous les cadeaux qu'il y avait à l'intérieur!
Max lève les yeux au ciel. Tous pareils dans cette famille de riches.
Père: Il va sans dire que vous venez habiter chez nous de nouveau. Nous
irons magasiner pour les vêtements et les effets personnels.
Un pompier s'approche d'eux.
Pompier: Enfin! Nous en venons à bout!
Mère: Comment est-ce arrivé?
Pompier: Je ne saurais le dire. Il faudra attendre l'arrivée des
enquêteurs. Nous vous contacterons dès que possible.
Le père de Jas prend un crayon et un papier et il écrit son numéro de téléphone
dessus, puis il le tend au pompier.
Père: Appelez-nous à ce numéro. Ils doivent maintenant se reposer et se
remettre de leurs émotions.
Pompier: Évidemment. Comptez sur nous, nous avons la situation en main.
Mère: Merci.
Pompier: Bye.
Père: Au revoir!
Samantha, Étienne et Floriane sont appuyés contre un mur et ils chantent
au son de la guitare d'Éti. Samuel arrive et il s'assoit devant eux, silencieux
et calme. Les trois amis cessent de chanter en le dévisageant. Sam soupire et
se décide à parler.
Samuel: J'ai pris une très grande décision qui pourrait vous rendre
contents, enfin je l'espère.
Floriane: Vas-y.
Étienne dépose sa guitare en fixant le visage de son meilleur ami.
Samuel: Je ne prendrai plus de drogue.
Samantha: À partir de quand?
Samuel: De maintenant! Tout de suite! Là!
Étienne: Ok! Ok! Calme-toi! Tu es sûr que tu ne rechuteras pas?
Samuel: Non! Absolument certain parce que vous serez là pour m'appuyer!
Samantha : Quoi?!?! Ce n'est pas dans mon contrat.
Floriane (reprochant Samantha du regard): Nous t'aiderons évidemment,
Sam. Comme de vrais amis.
Étienne: Oui.
Samuel: Merci! Je savais que je pouvais compter sur vous.
Jasmine boit une gorgée du café qui est disposé devant elle et elle
esquisse un sourire furtif à Maxime. Ce dernier semble déçu. Elle est ailleurs,
il le sait, et il n'est pas dans ses pensées, ça aussi il le sait. Autant il
l'était toujours avant, autant il ne l'est plus du tout. Jasmine a d'autres
problèmes, d'autres tourments et surtout, plus aucun amour pour lui à ce qu'il
comprend. Ça ne va plus entre eux et il se décide enfin à le voir, à
l'envisager. Plus aucune passion, juste une routine excluant toute émotion,
toute tendresse. Leurs mouvements sont machinaux et ils se pressent l'un contre
l'autre pour avoir l'air d'un couple, parce que c'est la chose à faire, mais
Max ne veut plus jouer à ce jeu. On sonne à la porte. La mère de Jas s'empresse
d'aller répondre et elle accueille en souriant les deux enquêteurs qui se
tiennent sur le seuil, un air grave sur le visage.
Enquêteur#1: C'est un incendie criminel, la fenêtre était en pièces
avant l'arrivée des pompiers... Ils l'ont remarqué.
Maxime (se levant): Non, c'est moi qui l'ai brisée pour sortir.
Enquêteur#1: Nous parlons de la fenêtre du salon.
Maxime (surpris): Oh! Mais qui...
Enquêteur#2: C'est ce que nous voulions vous demander. Aucun nom ne vous
vient à l'esprit?
Max secoue négativement la tête tandis que le visage de Jasmine prend une
expression apeurée.
Enquêteur#2: Autre chose, une pierre a été lancée après que la fenêtre
ai été cassée et quelque chose était écrit dessus.
Mère : Quoi donc?
L'enquêteur leur tend un sac de plastique dans lequel une pierre noircie est
enfermée. De la peinture blanche forme des mots qui accroissent la peur de
Jasmine.
<I'm back, Jas>.
Floriane marche dans la bâtisse et elle scrute les jeunes des yeux,
cherchant de toute évidence un de ses amis. Elle touche le bras d'un jeune
homme aux cheveux roux et il se retourne vers elle.
Floriane: Tu as vu Samantha?
Garçon: Qui?
Floriane: Samantha! Tu sais, de longs cheveux bruns, petite, jolie...
Le gars éclate de rire et il s'effondre sur le sol en tirant une <poffe>
de son joint. Flo lève les yeux au ciel.
Floriane : Oh! Seigneur!
Étienne arrive derrière elle et il pose ses bras autour de ses épaules, la
faisant ainsi sursauter. Elle virevolte pour lui faire face.
Floriane: Tu as vu Sam?
Étienne: Hé! Moi aussi je suis ravi de te voir!
Floriane: Désolée, je suis très heureuse de te voir!
Samuel les rejoint en enfilant un t-shirt gris pâle.
Samuel: Je n'ai rien touché hier et ce matin! J'ai de quoi être fier,
hein?
Floriane: Oui! Oui!
Étienne: Félicitations!
Samuel (hautain): Merci!
Il éclate de rire en essayant de replacer ses cheveux. Flo regarde tout autour.
Floriane: Sam?
Samuel: Mmmmm?
Floriane: Tu as vu Samantha?
Dès qu'elle finit de poser sa question, un cri retentit, provenant de derrière
une colonne, celle où dormaient avant Flo et Samantha. Tous les gens cessent de
parler tandis que Floriane, Étienne et Samuel se ruent vers cet endroit en
espérant que rien de grave s'y passe. La scène qui s'offre à eux est
inoubliable. Étienne ouvre la bouche toute grande, surpris et triste à la fois,
et il se retourne en serrant les dents. Samuel, lui, s'approche de Samantha et
il se laisse tomber à ses côtés, la figure dénuée d'expression. Pour ce qui est
de Floriane, elle pleure silencieusement, ses épaules étant secouées par ses
sanglots. Étienne la serre contre lui et il la force à regarder dans une autre
direction en flattant ses cheveux de couleur feu. Ses yeux navrés parcourent du
regard les cuisses de Samantha, où est posé un embryon mort. Samantha, épargnée
de cet atroce spectacle, est évanouie.
Jasmine et Maxime montent les escaliers et ils s'arrêtent pour se
dévisager rendus au sommet.
Maxime : C'était Rick?
Jasmine (surprise): Je... Je... Peut-être.
Maxime: Pourquoi il a fait ça?
Jasmine hausse les épaules.
Jasmine: Je l'ignore.
Maxime: Pourquoi tu le crains?
Jasmine (froide): Parce que.
Elle embrasse Max sur la joue et elle s'éloigne vers son ancienne chambre.
Jasmine: Bonne nuit Maxime.
Maxime: Toi aussi, Jasmine.
Ils entrent dans leur chambre respective (celle de Max étant la chambre
d'invités).
Floriane est couchée aux côtés de Samantha et elle lui masse
machinalement l'avant-bras, les yeux dans le vides. Samantha semble fixer un
point invisible qu'elle seule peut voir.
Floriane (chuchotant): Ça va aller, Sam. Tu vas voir, on va prendre soin
de toi et on va être si attentionnés que tu croiras que tu es une princesse.
Samantha reste toujours impassible.
Floriane: Je te jure, Sam. Tout est mieux ainsi, tu ne trouves pas? Tu
peux encore profiter de ta jeunesse et de ta liberté, c'est super.
Flo soupire devant l'absence de réactions de la part de sa meilleure amie.
Floriane: Tu en auras d'autres si tu le souhaites, et ce qu'il y a de
bien, c'est qu'ils pourront avoir un père. Cet enfant aurait été délinquant.
Oh! Sam! Parle! Parle! Je t'en supplie!
Étienne arrive derrière Flo et il regarde Samantha par-dessus son épaule.
Floriane: Sam! Réponds-moi.
Les larmes de Flo coulent sur l'épaule de Samantha, la laissant encore
immobile, les yeux s'obstinant à voir quelque chose qui n'existe pas.
Floriane: C'est mieux. Tout est bien, Sam. Ok? Tout est bien.
Étienne baisse les yeux, triste, puis il s'éloigne et va s'asseoir près de
Samuel qui est plongé dans ses pensées.
Étienne: Lâche pas, Samuel, mon vieux.
Samuel: Je n'ai rien pris.
Étienne: C'est bien. Il faut continuer comme ça.
Samuel: Elle a parlé?
Étienne: Pas encore, mais ça viendra. Ne t'en fais pas. Tu sais bien
comment est Sam!
Samuel (avec un petit sourire): Ouais. C'est une battante.
Étienne: Exactement. Maintenant, il suffit d'attendre.
Samuel: Attendre.
Étienne: Oui.
Maxime sort de la maison des parents de Jasmine et il embarque dans sa
voiture pour ensuite démarrer et partir en trombe. Jasmine, de sa fenêtre, le
regarde s'éloigner.
Maxime se stationne devant une maison simple et petite, mal entretenue.
Christian en sort en criant une injure à son père et il s'assoit du côté
conducteur en sortant son paquet de cigarettes.
Maxime: J'arrive pile on dirait.
Christian (avouant) : Tu peux pas savoir.
Christian monte le volume de la radio et il allume sa cigarette avec son vieux
briquet bleu cyan.
Christian: Ça n'a pas de bon sens comme ce vieux cinglé à l'esprit
complètement tordu est emmerdant.
Maxime: J'imagine que tu parles de ton père là.
Christian: Je ne sais pas qui est mon père, je te l'ai déjà dit ça. Je
suis un fils de putte.
Maxime: Peu importe, c'est lui qui t'héberge, c'est lui que tu dois
considérer comme ton père. De plus, vous avez des airs communs.
Christian (expirant la fumée): Ça s'appelle de la pauvreté, Maxime,
p-a-u-v-r-e-t-é.
Maxime: Arrête, je ne parlais pas de ça.
Christian: Tu es toujours avec ta nana?
Maxime : Ouais.
Christian: Pour longtemps?
Maxime : Je... Je crois pas.
Christian: Comme ça, tu as perdu ta maison.
Maxime: Ouais.
Christian: Dommage.
Autour du feu, la fête bat son plein comme à l'habitude, sauf que cette
fois-ci, Samantha n'y prend pas part. Elle est toujours dans un coin isolé,
traumatisée et dans un état second. Floriane dort à sa gauche et Étienne et
Samuel sont assis à sa droite, la consolant.
Samuel: Tu ne veux pas dormir, Samantha?
Étienne: Tu veux qu'on t'aide à t'allonger?
Elle ne répond pas.
Samuel: Alors, on va te conter une jolie petite histoire. Tu as une
idée?
Étienne: Aucune et toi?
Samuel: Le loup et les sept chevreaux alors, même si je ne m'en souviens
plus très bien. Alors... heum... C'est l'histoire d'une maman chèvre qui doit
aller faire des courses et qui avertit ses enfants de ne pas répondre à la
porte, au cas où ce serait le méchant loup qui veuille les dévorer. Elle dit :
je mettrai ma patte contre la fenêtre et vu qu'elle est blanche, vous saurez
que c'est moi. Elle s'en va donc, l'esprit en paix et le loup la voit partir.
Il se dit donc : ah! ah! ah! Ses enfants sont seuls, je peux les manger tous
jusqu'au dernier! Il se lèche les babines, se régalant à l'avance du somptueux
festin qui s'offrira à lui. Il va frapper à la porte de la maison et il imite
la voix de la mère : mes chéris! C'est moi, votre maman! Ouvrez-moi la porte.
<Montre-nous ta patte!> hurlent les petits. Le loup pose sa patte brune
contre la fenêtre et il entend les petits dire : Non, tu n'es pas notre mère,
tu es le vilain loup! Le loup va donc chez le boulanger et il lui demande de
recouvrir sa patte de farine pour qu'elle puisse paraître blanche comme celle
de la maman chèvre. Il retourne à la maison et cogne de nouveau, en montrant sa
patte dans la fenêtre. les sept chevreaux ouvrent donc la porte et sont surpris
de voir que ce n'est pas leur mère. Ils courent se cacher, mais seul un
réchappe à l'estomac du loup :...
Une larme coule le long de la joue de Samantha.
Samuel: Celui qui était caché dans l'horloge...
Étienne frappe le bras de Samuel pour lui faire remarque que leur amie pleure
sans bruit. Ils se penchent vers elle.
Samantha (faiblement): Le loup a mangé mon enfant.
Maxime et Christian se promènent dans un parc, suivant un sentier de
pierres grises et noires.
Christian: Alors, ça ne va plus du tout.
Maxime : Nope.
Christian: C'est quand la dernière fois que tu as fait l'amour avec
elle?
Maxime: Garde tes questions perverses pour toi!
Les deux jeunes hommes rient et lèvent la tête vers le ciel clair parsemé de
nuages presque transparents.
Maxime: Ce n'est plus comme avant. Nous ne retirons plus autant de
plaisir d'être en compagnie l'un de l'autre. Nous ne nous accordons plus de
petites attentions comme avant, la passion n'est plus là. Nous ne sommes plus
un couple et ça me désole.
Christian: C'est dur un enfant sur une vie de couple.
Maxime: Oui, mais ce n'est pas que ça. C'est comme si nous avons trop
été ensemble et qu'aujourd'hui, ça nous écoeure. Nous aurions du plus espacer
nos rencontres. Il paraît que la modération a bien meilleure goût.
Christian: Je le crois.
Maxime: Je n'aurais jamais cru me tanner de Jasmine. C'était
inconcevable il y a quelques mois de cela seulement.
Christian: Ne te fâche pas, mais tu l'aimais trop.
Maxime: Peut-être. Je l'aime encore, mais de manière... je veux dire, je
l'aime beaucoup.
Christian: Voilà la différence.
Floriane regarde Samantha tousser bruyamment et elle se lève, l'air
inquiet. Elle prend son journal intime et un crayon et elle fait un signe d'au
revoir à Étienne et Samuel qui prennent soin de sa meilleure amie. Elle sort et
se dirige vers son endroit secret qui est connu que d'elle et d'Éti.
Floriane est assise sur l'herbe jaune et elle est en train d'écrire son journal
:
J'ai un mauvais pressentiment. Je sens que je vais perdre des choses qui me
sont précieuses et qui me sont aussi vitales. Est-ce que je pourrai vivre sans
ces choses? Est-ce qu'elles sont aussi primordiales que je le crois ou elle
sont seulement agréables? J'espère que Samantha va se tirer de l'état
lamentable dans lequel elle est en permanence plongée. J'ai besoin qu'elle s'en
sorte. Je veux toujours garder Samantha, Samuel et Étienne à mes côtés.
Toujours. Étienne est celui qui m'aide le plus ces temps-ci. Il a toute sa tête
et il écoute tous mes problèmes sans me juger. Je l'adore.
Maxime rentre dans la maison des parents de Jasmine et il monte dans sa
chambre pour se changer. Il enfile une t-shirt blanc et il ôte ses jeans,
gardant ses boxers noires. Jasmine entre dans sa chambre, vêtue d'une jaquette,
et elle le dévisage.
Jasmine : Tu étais où?
Maxime: Au parc, avec Christian.
Jasmine (soupçonneuse): Toute la journée?
Maxime: Nous avons été dans une discothèque après.
Jasmine: Ok. C'était bien?
Maxime: Ouais, sympa.
Jasmine: Tu as rencontré des gens?
Maxime fronce les sourcils en s'engouffrant sous ses couvertures.
Maxime: Non, pas vraiment.
Jasmine (se détendant): Ok. Bonne nuit.
Maxime: Bonne nuit.
Elle sort et lui se penche pour éteindre la lampe posée sur sa table de chevet.
1 semaine plus tard...
Samantha tousse de plus belle et un amas de mouchoirs est visible à sa gauche.
Son nez et ses yeux sont rougis et d'énormes cernes foncées se dessinent sous
ses yeux bruns.
Samuel (inquiet): Elle doit avoir la pneumonie ou quelque chose du
genre! On devrait l'emmener à l'hôpital!
Samantha: Non! (toux). Je ne veux pas y aller.
Floriane : Pourquoi?
Samantha: Je veux rester ici.
Floriane: Bon, je vais prendre de l'air. Tu restes?
Samuel: Oui, t'inquiètes.
Floriane : Merci.
Elle sort et va rejoindre Étienne qui fume un joint.
Floriane: Salut.
Étienne: Hey! Il ne faut pas que Samuel voit ça.
Floriane: Non, en effet. Il a complètement arrêté, c'est génial.
Étienne: Ouais, il a de quoi être fier.
Floriane: Il est vraiment super : il est toujours au chevet de Samantha
et il s'assure qu'elle a tout ce dont elle a besoin. Il n'y a pas une seconde
qu'il la laisse.
Étienne: Ouais, c'est le meilleur d'entre nous trois.
Floriane: Ouais, c'est vrai ça.
Silence.
Floriane (avec un sanglot): Tu crois que c'est grave ce qu'elle a?
Étienne (sincère): Écoute, j'en sais rien. Ça n'a pas l'air d'aller
psychologiquement et physiquement, mais elle va s'en sortir.
Floriane: J'espère.
Ils se regardent avec un étrange scintillement. Ils détournent la tête
aussitôt.
Floriane: Je t'aime beaucoup, Étienne. Tu es le seul qui fasse que ma
vie n'est pas si pire. Samantha me tourmente souvent et Samuel m'inquiète -je
ne serai jamais sure qu'il n'a pas recommencé-. Une chance que tu es là.
Elle appuie sa tête contre l'épaule d'Éti.
Floriane: Je deviendrais folle sinon.
Étienne: Allons! Tu sais que je serai toujours là pour toi, Flo.
Floriane (murmurant): Ouais.
Maxime est seul dans son lit et il regarde le côté où Jasmine devrait
être normalement. Il pince les lèvres et ferme les yeux.
Jasmine se retourne et elle regarde la côté vide qui s'offre à elle. Elle
regarde une photo de Maxime et d'elle accrochée sur un mur et elle ferme les
yeux.
Samantha tousse très fort, à s'en déchirer le larynx! Samuel, inquiet,
éponge la sueur qui imbibe son visage et sa gorge.
Maxime et Jasmine se promènent dans la rue en discutant de tout et de
rien.
Maxime: Jasmine, je crois que nous devons parler sérieusement.
Jasmine: Je suis du même avis.
Maxime: J'ai... J'ai peur de ce qu'on va se dire.
Jasmine: Moi aussi, Maxime.
Maxime: Je... On... Ce n'est plus pareil entre nous.
Jasmine: Je suis d'accord. Complètement. Tout a changé! Notre couple n'a
rien à voir avec ce qu'il était il y a plusieurs mois. Toute cette tendresse me
manque, mais je crois que nous avons atteint un point de non-retour.
Maxime: Oui. Ça fait mal.
Jasmine: À moi aussi. Mais nous nous aimons beaucoup quand même, Maxime,
et cet enfant ne manqueras pas d'amour! Il aura ses deux parents et il vivra
heureux. Nous l'élèverons ensemble, nous nous verrons souvent, mais pas en tant
que...
Maxime: Qu'amoureux, je sais. J'en ai parlé avec Christian et je vais
m'en aller en appartement avec lui, ça fait longtemps qu'il veut quitter la
maison familiale. Cependant, je vais venir te voir très souvent et on se
téléphonera à tous les jours et tu me parleras du bébé et...
Jasmine (le coupant): Bien sûr. Tu seras là quand j'accoucherai et
t'inquiète, je ne t'oublierai jamais et tu seras toujours là de toute façon!
Elle s'approche tranquillement de lui et pose une main sur sa joue.
Jasmine: Tu as été le premier, Maxime. Nous sommes liés par ça et par
notre enfant.
Maxime: Ouais. Quand je pars?
Jasmine: Ça ne presse pas. Reste jusqu'à quand tu veux.
Maxime: C'est pas croyable.
Jasmine: Je me dis la même chose. Jamais on aurait pensé en arriver là.
Maxime: Ouais. Mais nous nous verrons beaucoup, hein?
Jasmine: Oui.
Ils se font une caresse et Jas éclate en sanglots, Max se retient.
Floriane et Étienne sont assis dans un café et ils discutent joyeusement
de tout et de rien. Il est environ 8 heures du soir et il fait plutôt noir.
Floriane: Au fait, pourquoi tu me paies un café? C'est dans ton budget?
Étienne: Oui, mes parents m'ont envoyé de l'argent.
Floriane: Pourquoi?
Étienne: Flo, j'ai à te parler sérieusement.
Floriane cesse de sourire et elle fixe son ami en attendant qu'il parle. Ce
dernier joue avec une serviette de papier et il boit la dernière gorgée de son
Capuccino.
Étienne: Mon père est mourrant.
Floriane: Quoi!?!? Mais! Qu'est-ce qu'il a?
Étienne: Il a le cancer des os et ma mère croit qu'il est en train de
vivre ses derniers mois ou ses dernières semaines. Bref, à 53 ans, il est à la
fin de sa vie.
Floriane: Je... Oh! Étienne! Je suis désolée!
Étienne: Ça va. Je suis parti de chez moi parce que je m'étais disputé
avec lui et depuis, je vis dans notre très cher immeuble, à 100 kilomètres de
chez moi.
Floriane: Ça doit être terrible de vivre avec ça sur la conscience,
mais, à propos de quoi vous êtes vous disputé?
Étienne: De sa maladie...
Floriane: Oh! Éti! Je... Je suis là pour toi, ok? Ne l'oublie pas.
Étienne prenant la main de Flo dans la sienne.
Étienne: Je le sais et notre amitié est très importante pour moi.
Floriane: Pour moi aussi.
Étienne baisse les yeux.
Étienne: Floriane, ma mère veut que je rentre chez moi pour aller voir
mon père. Pour que je vive avec eux jusqu'à ce qu'il meure, parce qu'il
s'ennuie de moi et il veut me voir avant son... départ.
Long silence où Floriane tente de ne pas pleurer.
Floriane: Oh! Non! Non! Éti, je... Pars pas! Tu vas me manquer, j'ai
besoin de toi, tu le sais! Tu ne peux pas me faire ça! Je vais accoucher dans 2
mois! Il faut que tu sois là! Tu es mon meilleur ami!
Étienne: Je sais! Je sais! Ça me brise le coeur de faire ça, Floriane,
je t'assure. Je me sens déchiré entre deux directions et je voudrais être à
deux endroits en même temps. Je vais y aller, Flo, je vais aller dire au revoir
à mon père et je te promets que peu importe s'il est parti ou non, je
reviendrai à temps pour voir ta petite fille naître.
Floriane (les yeux gonflés de larmes): Ok.
Étienne: Je te le jure, Flo. Cet enfant est très important pour moi. Tu
es très importante pour moi.
Floriane: Quand pars-tu?
Étienne: Dans 4 jours.
Floriane: 4 jours!
Étienne: Ouais.
Floriane: Ok.
FIN