Lorsqu'il n'y a plus de passion

épisode 1.09

À mes 5 meilleurs amis

 

Samuel continue de se débattre dans l'eau glacée en criant comme un perdu qui voit que sa vie est menacée.
Floriane: Il faut faire quelque chose! On ne peut pas le laisser mourir comme ça! C'est inhumain!
Étienne commence à retirer ses chaussures, mais Floriane lui prend le bras en l'empêchant de continuer.
Floriane: NoN! Tu risques aussi ta vie si tu vas le chercher, même si tu es sobre. Y a-t-il des canots dans le coin? Ou des pédalos?
Étienne: On n'a pas le temps d'aller en chercher.
Ce disant, il se jète dans l'eau et nage jusqu'à son ami, mais il est encore très loin.
Samuel: AU SECOURS!
Étienne: Tiens bon, Sam! J'arrive!
Seulement, ils sont si loin l'un de l'autre qu'Éti doit s'arrêter à mi-chemin pour reprendre sa respiration. Il repart, mais à mesure que le temps file, il perd de la vitesse.
Samuel: AU SECOURS! VENEZ M'AIDER! JE VAIS CREVER!
Étienne: JE SUIS LÀ, SAM!
Samuel, épuisé, prend un dernier souffle et il se laisse couler dans les eaux sombres, les mains dirigées vers le ciel comme pour s'y accrocher. Des bulles d'air s'échappent de ses lèvres et remontent à la surface à l'instant même où Éti arrive.
Étienne: Samuel? Où es-tu mon vieux? Montre toi!
Étienne tape rageusement sur le liquide qui paraît noir et doré au clair de lune et il plonge en dessous dans le but de retrouver son ami. Les yeux plissés, il regarde partout autour de lui et il finit par voir une main inanimée.
Sur la rive, Floriane et les autres gars regardent le lac d'un air inquiet, attendant qu'Éti rebrousse chemin. Finalement, après de longues minutes d'attente, ils le voient, tirant Samuel et usant des dernières forces qu'il lui reste. Quelques gars vont dans l'eau pour aider leur ami et ils étendent Sam sur le sol pour ensuite se dévisager afin de savoir qui lui fait le bouche à bouche.
Floriane: Allez! Nom de Dieu! Grouillez-vous!
Un gars se penche finalement au-dessus du jeune homme et il lui fait la respiration artificielle à la manière d'un professionnel. Après quelques secondes, Sam recrache de l'eau et il roule sur le côté en gémissant. Flo, heureuse de le voir sain, s'assoit à côté de lui et le serre contre elle. Samuel se laisse faire, ne comprenant pas trop ce qui se passe tant il est sous l'influence de la drogue.

 

Gros plan sur la figure de Jasmine qui dort à poings fermés. Maxime dépose un doux baiser sur son front ce qui la réveille. Elle s'étire en ouvrant lentement les yeux et elle se tourne sur le côté en refermant les paupières.
Jasmine: Pourquoi me réveilles-tu?
Maxime: Comme ça... J'avais le goût de prendre le petit déjeuner avec toi.
Jasmine (grognonne): Tu es un grand garçon Max, tu peux manger seul, tu sais.
Maxime: Pas la peine de chialer. On a toujours fait ça.
Jasmine: Peut-être, mais je suis encore fatiguée.
Maxime la regarde étrangement et il sort de la pièce avec un haussement d'épaules.

 

Floriane prend une bouchée d'un bout de pain visiblement dur, puis, elle regarde Samuel et Étienne qui sont assis en face d'elle.
Étienne: Pourquoi fais-tu cette tête?
Floriane: Je n'ai plus d'argent, les gars.
Samuel : Ben... Nous non plus.
Floriane: NoN! Non! Tu ne comprends pas! Vraiment plus d'argent. Il ne me reste même pas un sous noir! Rien.
Ces deux amis baissent la tête, tristes pour elle.
Floriane: Merde, comment je vais faire. J'ai un enfant à élever, moi. Il faut que je me prépare à sa venue. Je ferais tout pour qu'il vive confortablement, mais je n'ai rien pour acheter le nécessaire! Il faut des couches, des biberons, des jouets, des bavettes... Je n'ai rien de tout cela.
Samuel: J'ai 15$... Je te les file.
Floriane: Merci.
Étienne: Moi j'en ai 8. Ils sont à toi.
Floriane: Ce n'est pas une fortune, mais c'est déjà ce quoi commencer les dépenses. Merci, je vous adore.
Samuel: C'est rien, voyons.
Étienne: Pourquoi tu ne téléphones pas à tes parents?
Floriane: Il n'en ai pas question! Ils vont essayer de tout décider à ma place encore et je ne peux pas accepter ça! C'est au-dessus de mes limites.
Étienne: Mais ils ne peuvent pas te demander de te faire avorter, ta grossesse est trop avancée.
Floriane: Non, mais ils vont m'empoisonner la vie et je n'y tiens pas tant que ça. Je vais essayer de me débrouiller sans eux.
Samuel: Compte sur nous. On va toujours être là pour toi.
Floriane: Merci les gars. Je vous le revaudrai.

 

Jasmine est couchée et elle est tournée de façon à ne pas voir l'autre côté du lit double aux couvertures blanches. Maxime entre dans la chambre et il s'allonge à ses côtés.
Maxime: Tu te couches tôt.
Jasmine: Tu n'es pas obligé de dormir maintenant.
Maxime: Bien, je le veux moi.
Jasmine: Tu es certain? Est-ce que tu t'es posé la question pour savoir si tu voulais encore rester éveillé ou tu as simplement pensé : Ah! Jasmine est couchée, je vais donc me coucher également!
Maxime: Qu'est-ce qui te prends? On a toujours fonctionné comme ça!
Jasmine: Oui, ben à ce qu'on dit, la routine, c'est la meilleure façon de détruire un couple.
Maxime: Je... Je comprends pas. Où tu veux en venir?
Jasmine se retourne pour lui faire face.
Jasmine: Nous sommes deux personnes distinctes, Max, alors arrêtons d'agir comme si ce n'était pas le cas.
Maxime: Mais nous sommes un couple.
Jasmine: Oui, un couple, pas des siamois. Je veux garder mon indépendance!
Maxime: Voyons donc! Tu es une femme totalement libre et indépendante!
Jasmine: On ne dirait pas! Nous sommes toujours collés, toujours ensemble alors que nous avons des amis différents, des loisirs différents, des tas de choses différentes! Nous devrions cesser d'agir comme si nous étions le chien de poche de l'autre.
Maxime: Mais je t'aime et je ne veux pas me séparer de toi.
Jasmine: Max! Je ne parle pas de séparation! Seulement, avant nous étions toujours ensemble et c'était normal parce qu'on se voyait moins, mais nous vivons ensemble maintenant! Nous n'avons plus besoin de nous serrer tout le temps et de faire comme si le reste du monde n'existait pas.
Maxime: Où...Où... Où veux-tu... tu en venir, Jas... Jasmine? Je ne saisis pas très bien.
Jasmine: Ne t'affole pas! Seulement, il y a une période pour chaque chose et maintenant, "Roméo et Juliette" c'est passé. Nous entrons dans quelque chose de plus sérieux.
Maxime: Mais je t'aime sérieusement, ça ne suffit pas ça? Et commencer quelque chose de plus sérieux, ce n'est pas faire disparaître le désir et la passion! Et chaque seconde que je passe loin de toi, c'est comme une séparation, Jasmine. Je ne vis que pour toi. Oui! Je sais! Je sais! Ce genre de discours, c'est du déjà vu, mais je suis sincère. Tu es ma raison de vivre, mon rayon de soleil et sans toi, rien n'a aucun sens! Je ne vaux plus rien. Tout ce qui compte c'est toi et je n'aimerai jamais une autre fille que toi. Tu es partout: dans mes pensées, dans mes rêves, même quand tu dors à côté de moi! Et puis pourquoi on ne serait pas encore " Roméo et Juliette"?
Jasmine: Parce qu'ils meurent! Parce qu'ils meurent et que s'ils étaient restés en vie, leur passion se serait éteinte. Il n'y a rien d'éternel, Maxime.
Maxime: Comment le sais-tu? Si tu ne m'aimes plus Jasmine, dis-le moi, mais n'essaie de me convaincre d'en faire autant!
Jasmine: Il ne s'agit pas de cela, Max! Cependant, la modération a meilleur goût.
Maxime: Mais comment puis-je modérer l'amour? Je t'aime à la folie moi et ça en sera toujours ainsi.
Jasmine: Tu as peut-être cette impression maintenant, mais crois-moi, tout cela va changer.
Maxime: Cette discussion est insensée! Ce n'est pas toi! Je suis dans un mauvais rêve!
Jasmine: Non, Max. Tu es dans la réalité.
Maxime se redresse, froid, et il sort de la chambre.
Maxime: Bien, dans ce cas, je vais écouter la télévision. Bonne nuit.
Il descend les escaliers, furieux.
Jasmine (pour elle-même): Bonne nuit, Max.

 

Floriane et Étienne sont collés sous une couverture et ils sont visiblement épuisés. Samuel, dans un coin, s'allume sont troisième joint et regardant les nombreuses bouteilles de bière vides qui traînent autour de lui. Quelques jeunes dansent et font la fête autour du feu en riant joyeusement.
Floriane: Je m'ennuie de Samantha.
Étienne: On s'en ennuie tous.
Floriane: Tu crois qu'elle va revenir?
Étienne: Évidemment! Elle t'aime trop pour te laisser en plan comme ça! N'aie crainte! Bientôt, elle re-pointera son long nez ici.
Ils sourient. Flo se colle davantage contre Éti qui passe un bras autour de ses épaules.
Floriane: J'ai froid.
Étienne: Oui, ces temps-ci, c'est normal. En plus, il y a des trous partout dans cette putain de baraque!
Floriane: C'est normal que je frissonne en-dessous de ton sac de couchage et de mes deux couvertures?
Éti hausse les épaules et il ferme les yeux. Samuel s'approche d'eux à quatre pattes.
Samuel: Je suis un oiseau.
Floriane : Samuel? Tu as encore fumé? Qu'est-ce qu'on va faire de toi?
Samuel: Non! Je suis un poisson!
Floriane lève les yeux au ciel en se tapant le front d'une main, mais elle ne peut s'empêcher de rire.
Samuel: Je suis un marsouin.
Floriane lance un regard qui en dit long à Étienne.
Samuel: Flo?
Floriane: Mmmmm?
Samuel: C'est quoi un marsouin?
Floriane: J'en sais rien, Sam.
Samuel: Ah! Je ne suis pas un marsouin alors! Je suis... Je suis...
Étienne: Il pourrait pas la fermer, j'essaie de dormir.
Samuel: Un chien!
Il se met à japper en frottant sa tête contre celle d'Éti qui lui flatte le dos en baillant et en frottant ses paupières closes. Samuel lui bave dessus et Éti se redresse brusquement en faisant sursauter Floriane.
Étienne: Putain, Sam! C'est dégeulasse!
Samuel fait comme s'il agitait la queue et Flo éclate de rire.
Étienne: Couché! Couché!
Sam appuie sa tête contre l'épaule d'Étienne et il ferme les yeux pour dormir profondément.

 

Maxime est dans l'embrasure de sa chambre et il regarde Jasmine qui dort paisiblement, ses cheveux blonds étincelant avec la lumière de la lune.
Maxime (chantant): There's a hero if you look inside your heart, you don't have to be afraid of what you are. There's an answer if you reach into your soul and the sorrow that you know will melt away.
Maxime regarde Jas encore quelques instants, puis il se dirige vers la chambre d'amis pour y dormir.

Jasmine se réveille lentement et elle regarde autour d'elle, surprise: Où est donc Max? Elle se lève -en s'étirant et en frottant ses cheveux emmêlés-  pour partir à la recherche de son amoureux disparu. Elle regarde dans la chambre d'invités et elle y voit son copain qui dort encore profondément. Elle baisse les yeux comme si elle réalisait ce qu'elle lui avait dit la veille et elle regrette visiblement. Elle s'approche du lit à pas feutrés et elle se glisse sous les couvertures pour se coller contre Maxime. Elle pose ses lèvres sur son oreille.
Jasmine (murmurant): Je m'excuse.
Max, dans un état somnolant, serre sa main pour lui montrer qu'il a compris, mais n'ouvre pas les yeux.

 

Floriane entre dans la bâtisse abandonnée en portant un bac de plastique gris rempli d'eau du lac. Elle s'en va dans un coin plus isolé; derrière une des colonnes, et elle lave ses vêtements avec du savon. Étienne et Samuel, portant leurs habits, la rejoignent et lui font de grands sourires.
Floriane: Je lave mes vêtements avant! Les vôtres passeront ensuite.
Les deux jeunes hommes posent leur linge sur le sol poussiéreux et ils courent vers la sortie en riant. Flo continue sa tâche, un petit sourire aux lèvres. Elle semble terriblement concentrée lorsque les gens autour se mettent à murmurer et faisant des gros yeux. Elle remarque que les gens cessent tout à coup de parler. Curieuse, elle lève la tête et aperçoit Samuel qui tient Samantha dans ses bras, Étienne derrière eux. Elle pousse un petit cri et se rue vers ses amis pour remarquer l'air triste que leur visage affiche. Samantha est couverted’hématomes, de bosses et de plaies et elle semble semi-consciente de tout ce qui se déroule autour d'elle. Les yeux à moitié fermés, elle tremble légèrement en s'accrochant à Samuel comme s'il était une bouée de sauvetage.
Floriane: Oh! Sam!
Elle pose une main sur le front de son amie et constate avec inquiétude que cette dernière est très chaude.
Floriane (criant à tous les jeunes): Il lui faut une débarbouillette d'eau froide! Allez! Il suffit d'aller la tremper au lac! Et des vêtements chauds! Et un bon feu! Et des tonnes de couvertures... Vous avez des bandages? Des guenilles! Un bac d'eau: la plus propre possible! Du désinfectant! Tout ce que vous avez!
Quelques jeunes sortent pour exécuter les ordres données et d'autres rassemblent leurs vêtements et leurs couvertures. Flo leur lance un regard reconnaissant tandis qu'elle guide ses trois amis près d'où trois garçons tentent d'allumer un feu.
Floriane: Samantha! Tu m'entends?
Samuel la dépose sur le sol et il la recouvre de sac de couchage et de couvertures de laine. Une fille, la respiration saccadée, les rejoint et tend une débarbouillette d'eau froide à Flo.
Floriane: Merci.
Fille: Ce n'est rien. Avez-vous besoin de quelque chose d'autre?
Samuel: Tu sais où on trouve du désinfectant?
Fille: Ben dans les hôpitaux et les pharmacies! C'est pas de la tarte! Je peux tenter d'en voler.
Elle s'éloigne rapidement.

 

Maxime se réveille et il se retourne vers Jasmine qui le regarde sérieusement.
Jasmine: Je m'en veux tellement, Max.
Maxime: Ça va. Ce n'était pas totalement faux.
Jasmine: Ouais... Moi aussi au début je croyais que l'extase des premiers mois pouvait durer toujours. Je me disais que nous ne serions pas comme les autres couples. Que nous deux c'était du solide -ce l'est encore- et que jamais ça en se fanerait ne serait-ce qu'un petit peu. C'était trop optimiste, mais c'était l'impression que j'avais. Je t'aime Max, mais différemment d'avant.
Maxime: Je comprends.
Jasmine: Et toi? C'est la même chose?
Maxime: Je ne pourrais pas dire. Je suis perdu pour l'instant. Mais je veux encore passer ma vie avec toi pour l'instant.
Jasmine: Oh! C'est trop!
Ils rient.

Max, Jasmine et ses parents sont autour de la table et ils dînent.
Père: J'ai une grande nouvelle à vous annoncer.
Mère: Et quelle nouvelle!
Maxime: J'ai hâte de savoir ça!
Père: Crois-moi, tu vas en être fort heureux.
Jasmine (déposant sa fourchette): Tant de mystères!
Père: Je vous ai acheté une maison! C'est très modeste, mais tout de même!
Jasmine fait un grand sourire à Maxime et elle porte son attention sur son papa.
Jasmine: Merci!!!
Père: Il y a deux étages étages en plus du sous-sol et il y a trois chambres: une pour vous, une pour le bébé et une pour les invités! C'est très bien!
Maxime: Wow!
Jasmine: Papa!
Je t'adore.
Elle se lève et va lui faire la bise.

 

Floriane, Samuel et Étienne sont autour de Samantha tandis que les autres jeunes ont déjà repris le cours normal de leur existence de débauche.
Floriane: Samantha?
Samantha ouvre lentement les yeux et elle dévisage ses amis pendant quelques secondes pour ensuite commencer à sangloter. Flo se penche et l'étreint longuement.
Floriane: Qu'est-ce qui s'est passé?
Samantha: Oh! Flo!
Floriane: Qu'est-ce qui s'est passé?
Samantha: Je m'excuse.
Floriane: Quoi?
Samantha: D'être partie.
Floriane: Ça va. Ne t'en fais pas pour ça, ça va.
Samantha: Non! Ça ne va pas! Je m'en veux! Je ne te referai plus jamais ça, Flo.
Floriane: Sam, pourquoi tu es blessée?
Samantha: Ce n'était pas l'homme de ma vie.
Elle rit jaune.
Floriane: Il te frappait? Il te maltraitait?
Samantha acquiesce lentement en refermant les yeux.
Samuel: Laissons-la dormir.

 

Un camion de déménagement se stationne devant une maison simple, mais jolie. Deux hommes imposants en sortent et se dirigent vers les portes arrières pour les ouvrir et dévoiler les meubles et autres. Une Cadillac s'arrête derrière le camion et Maxime, Jasmine et ses parents en descendent en regardant la demeure.
Jasmine: Oh! Papa! C'est super!
Elle étreint fortement son père en riant et elle saute comme une petite fille en se dirigeant vers l'entrée.
Maxime: Ça a l'air d'un beau quartier.
Mère: Ce l'est. Très tranquille.
Père: Et de plus, c'est près de chez nous, alors s'il y a le moindre problème, vous n'êtes pas trop loin.
La mère de Jasmine va rejoindre sa fille à l'intérieur de la maison en faisant attention pour passer derrière les deux homme baraqués transportant un divan.
Maxime : Je ne crois pas qu'il y ai de problèmes.
Père (le regardant en coin): Moi non plus.
Ils se sourient et pénètrent dans l'habitation.

 

Samantha est blottie contre Samuel sous cinq grosses couvertes de laine et un sac de couchage. Sa tête est appuyée sur l'épaule de son ami, mais ses yeux sont ouverts et elle regarde le feu qui danse devant elle, hypnotisée. Son visage compte plusieurs plaies et bleus. À leurs côtés,  Floriane et Étienne regardent les jeunes chanter en fredonnant les paroles qu'ils connaissent.
Samantha : Tu... Aïe! Tu m'en veux?
Samuel: De quoi?
Samantha: D'être partie. Sincèrement...
Samuel se mordille la lèvre et il fixe sa meilleure amie.
Samuel: Sincèrement, peut-être un petit peu. Tu ne m'as même pas prévenu, tu as juste filé, comme ça, comme si ce n'était pas important. Une chance que Flo t'as vu sinon on se serait horriblement inquiété -bien qu'on se soit inquiété là- tu y as pensé? J'aimerais savoir ce qui t'as traversé la tête!
Samantha esquisse un petit sourire triste et elle baisse la tête en jouant avec un bout d'une couverture verte.
Samantha: Tu dis un petit peu, mais j'ai l'impression que c'est plus que ça, hein?
Samuel : Peut-être Sam. On s'est vraiment fait du mauvais sang pour toi, il n'y a pas une seconde qu'on y pensait pas. Flo était ailleurs et elle s'en faisait vraiment beaucoup. Je crois que ce n'est pas trop demander que de l'épargner un peu.
Samantha secoue légèrement la tête et elle la tourne, les yeux remplis d'eau.
Samantha (un sanglot dans la voix): Je suis désolée.
Samuel
: Je sais.
Samantha: Oh! Sam! Je sais que j'ai mal agis! Je n'aurais jamais du faire ce truc de débile, mais je suis faite comme ça, tu le sais!
Samuel: Je le sais.
Samantha: J'aime prendre des risques, braver le destin, me sentir vivre! Je n'y peut rien, sinon je m'ennuie. Je ne suis pas faite pour rester toujours à la même place et faire toujours les même activités et baiser toujours avec les même gars.
Samuel: Ben, les gars, il y en a pas mal ici.
Samantha: Oui, c'est vrai, mais tout ceux qui m'intéressaient, je les ai eu... Je sais, je ne connaissais pas l'homme avec qui je suis parti et ça a mal tourné, mais ce n'est pas toujours comme ça! Il y a eu des fois où je suis partie à l'aventure avec des étrangers et où je me suis amusée. Je ne peux pas prévoir. Ok, Flo est ma meilleure amie, mais elle ne peut rien faire dans sa situation! Elle ne peut pas trop bouger, ni trop faire des folies, ni fumer, ni boire...
Samuel: Samantha, même si elle n'était pas enceinte, elle ne prendrait pas de drogue. Nous le savons tous les deux.
Samantha: Ok! Mais j'avais besoin de décompresser. Je voulais ne plus y penser pour quelques jours! Mais j'adore Floriane et j'adore son bébé!
Samuel: Alors montre-lui plus, elle pourrait en douter.
Samantha acquiesce lentement et se lève.
Samantha: Je vais me coucher.
Samuel la regarde s'éloigner.

 

Maxime descend les escaliers en se grattant la tête. Il porte un t-shirt gris et des boxers bleu marine fripés. Rendu dans la cuisine de sa nouvelle maison, il ouvre le réfrigérateur et hausse un sourcil en constatant qu'il n'y a que des oeufs, du beurre, une peinte de lait et des cornichons! Il sort le beurre et les oeufs et réussit à trouver une poêle dans une armoire remplie de chaudrons.
Maxime (murmurant pour lui-même) : Des tas de vaisselle, mais pas de nourriture. Logique.
Il met du beurre dans la poêle et attend qu'il fonde pour pouvoir y faire cuire des oeufs. Pendant ce temps, Jasmine le rejoint et elle ouvre le <frigo>.
Jasmine: Il n'y a pas grand chose.
Maxime: Ouais, j'irai acheter de quoi survivre tout à l'heure.
Jasmine sourit drôlement et elle va s'assoir à table en pianotant sur le bois d'acajou.
Jasmine: C'est bizarre.
Maxime: Quoi?
Jasmine: La façon dont tu parles... Avant, il n'y avait pas de <je>, juste des <on> et des <nous>. On ira faire l'épicerie, on fera ci, on fera ça...
Maxime: Ouais. Ça a changé.
Jasmine secoue la tête de manière quasiment imperceptible et elle fronce les sourcils comme si elle se souvenait de quelque chose.
Jasmine: Tu... Tu n'as pas dormi avec moi?
Maxime: Non, lorsque je suis monté, tu semblais si bien et tu prenais toute la place, alors je ne voulais pas risquer de te réveiller.
Jasmine: Ah. Bon.
Maxime prend une spatule et il pose un oeuf miroir dans une assiette qu'il apporte à Jas.
Jasmine: Merci.
Maxime: De rien.
Il virevolte pour aller préparer un deuxième oeuf. Jasmine mâche distraitement en cherchant quelque chose à dire. Soudainement, elle baisse les yeux vers son ventre et sourit en se retournant vers son copain.
Jasmine (doucement): Hé!
Max se tourne vers elle.
Jasmine: Approche.
Il obéit et la dévisage en attendant. Jas lui prend une main et l'oblige à se pencher pour poser sa main sur son ventre.
Jasmine: Tu le sens bouger?
Le visage de Max reste impassible un moment, puis son air s'attendrit et il se penche davantage en souriant.
Maxime: Oh! Mais... Il bouge, c'est fantastique!
Jasmine rit tendrement, ses yeux pétillants d'amusement.
Jasmine: Ça a commencé il y a deux jours.
Maxime (brusque): Deux jours? Et tu ne me l'as pas dit?!
Jasmine (surprise): Je... Heu... Je... Je n'y pensais plus, Max, ne te fâche pas.
Maxime : Tu n'y pensais plus? Mais c'est une étape importante!
Jasmine : Je le sais! Je m'excuse! Pardonne-moi, Maxime.
L'oeuf maintenant calciné dégage une fumée opaque et grise. Max cesse de dévisager sa copine et il accourt pour tout jeter.

 

Floriane est dans la bâtisse et elle va regarder par un trou dans une fenêtre pour savoir s'il fait beau. Il ne fait pas un soleil radieux, mais il ne pleut quand même pas: le ciel est gris pâle, annonçant une pluie pour plus tard peut-être. Floriane va rejoindre Samantha qui dort encore et elle dépose un baiser sur son front. Sam gémit, mais ne se réveille pas. Flo se dirige donc vers Étienne qui discute joyeusement avec une fille blonde et un garçon châtain.
Floriane: Salut.
Fille: Salut.
Gars: Salut.
Étienne: Hé! Salut! Ça va?
Floriane: Oui! Et toi?
Étienne: Ouais.
Floriane: De quoi vous parlez?
Étienne: D'anecdotes! Des choses que nous avons fait quand nous étions jeunes.
Floriane: Ah! Bon! Et c'est marrant?
Étienne: Très.
Floriane tourne la tête vers l'embrasure de l'entrée et sa bouche s'ouvre toute grande lorsqu'elle y aperçoit Olivier qui la fixe. Étienne, curieux, suit son regard et voit le jeune homme contre lequel il s'est battu. Flo et Éti se lèvent en même temps et ils s'approchent d'Olivier.
Étienne (menaçant): Qu'est-ce que tu fais ici, salaud? Tu veux encore que je te casse la gueule?
Samantha, enroulée dans une couverture, apparaît et, surprise, regarde la scène qui se déroule devant ses yeux écarquillés.
Olivier: Je ne suis pas venu pour te voir, bonhomme, alors reste loin de moi.
Étienne: Commence pas à m'insulter parce que je vais te  faire ravaler tes mots.
Olivier l'ignore et porte son attention sur Floriane.
Olivier: Flo, il faut que je te parle. Je peux?
Floriane, bête, hausse un sourcil.
Floriane (loin d'être sympathique): Bien sûr.
Olivier: En privé.
Floriane glisse son regard vers Étienne qui secoue négativement la tête comme pour dire de ne pas y aller, puis, elle scrute Samantha qui reste immobile.
Floriane: Ok. Sortons.
Ils sortent. Samuel arrive, seulement vêtu d'un boxer, et il baille exagérément pour ensuite observer ses deux amis, Samantha et Étienne, qui fixent le seuil désert.
Samuel: Heum... Il y a quelque chose que je devrais savoir?

Olivier et Floriane font quelques pas sur l'herbe humide et ils s'arrêtent pour se faire face.
Olivier: Floriane, je suis navré pour l'autre jour. Je sais bien que c'est moi le père de cet enfant, mais je ne comprends pas pourquoi tu veux le garder. Surtout après notre rupture, je veux dire, j'aime autant que ça soit clair, je ne t'aiderai pas à l'élever. Je suis trop jeune, mais il est quand même de moi et ça tu vois ça m'embête. Je ne suis pas pour laisser mon enfant mourir de faim, tu vois dans quoi tu vis! C'est lamentable.
Floriane: Je sais.
Olivier: Tu sais si c'est un gars ou une fille?
Floriane hausse les épaules.
Floriane: Je ne vois pas de médecin.
Olivier: Oh!... Ça... Ça fait combien de temps?
Floriane: 6 mois.
Olivier ressort plusieurs billets de sa poche et il les tend à Flo.
Olivier: Le but de ma visite. J'espère que ça va t'aider.
Floriane: Comment as-tu su que j'étais ici Olivier et il y a combien?
Olivier: Je connais deux gars qui vivent ici et il y a 500$.
Floriane (en arrondissant les yeux): 500$!!!
Olivier: Ouais, c'est assez? Enfin, il faut que j'y aille, Mel va être fâchée.
Bye.
Floriane: Bye.

 

Jasmine somnole sur un divan et Maxime prépare des hamburgers bien gras et des frites. On sonne à la porte. Maxime sourit et il se dépêche d'aller ouvrir. Jasmine se redresse, visiblement peu enchantée.
Maxime: Christian!!! Je suis super content que tu ai pu venir!
Christian: Hé! Max! Ça fait un bout.
Maxime: Quelques semaines tout ou plus.
Christian: Ouais, mais avant, on sortait tous les soirs pour courtiser les filles, tu ne te souviens pas?
Ils arrivent dans le salon où Jas les attend, un sourcil haussé.
Maxime (tout bas): Oui, je me souviens.
Christian: Jasmine! Ça va bien? Je suis ravi de te voir!
Il en met trop.
Jasmine (impassible): Moi aussi je suis folle de joie. On va manger, j'ai faim.
Maxime se tourne vers son ami qui semble vouloir dire : <oups!>. Les trois jeunes adultes s'assoient à table et commencent à manger les hamburgers silencieusement.
Christian (blagueur) : C'est toujours aussi bruyant?
Jasmine: Habituelle ce l'est, ça doit être parce que tu es là.
Christian (riant): Trop aimable.
Maxime: Heu... C'est bon?
Christian: Vraiment délicieux! Tu es un vrai chef!
Jasmine: Ce sont des hamburgers.
Christian: Quel sens de l'observation.
Maxime: Ouais et qu'est-ce qu'il y a de mal?
Jasmine: On ne fait pas des hamburgers quand on reçoit des invités.
Christian: Bien, vu la façon que tu me reçois...
Jasmine le fusille du regard le faisant ainsi taire.
Maxime: Mais, merde! C'est pas un président, c'est juste mon meilleur copain.
Christian (sarcastique): Ce ne serait pas possible d'être plus modeste?
Maxime: Désolé.
Jasmine: Tu as raison, ce n'est que ton ami.
Christian: Christian de par son prénom.
Maxime: Mais qu'est-ce qui te prend?
Christian: Rien! Qu'est-ce que j'ai fait?
Maxime: Pas toi!
Jasmine: Mais rien! Tu remarques quelque chose d'anormal?
Christian: Ah! C'est marrant! Elle est toujours comme ça?
Maxime: Ouais, depuis quelques temps.
Jasmine: Max!
Christian: Natalie était plus sympathique.
Jasmine
: Qui est Natalie?
Maxime (embarrassé): Personne.
Christian: Oui et bien, ce personne avait un corps de déesse!
Jasmine: Ah! Bon.
Christian: Allons Max! Je suis certain que tu t'en souviens! Tu bavais à chaque fois que tu la voyais.
Maxime : Christian, s'il te plaît, ferme-la.
Christian: Je faisais juste dire qu'elle était plus gentille...  Et plus jolie aussi.
Jasmine ouvre la bouche, fâchée.
Jasmine: Max n'a peut-être pas de goût pour ses copines, mais il en a encore moins pour ses amis!
Maxime: Non arrêtez! Ça risque de...
Christian: Ah! Bon! Il n'a pas un bon copain?
Jasmine: Tu parles! Tu es complètement ringard!
Christian secoue lentement la tête pour montrer qu'il a compris et il se lève en prenant son coat de jeans.
Maxime: Non, Christian, tu n'es pas obligé de...
Christian: Bye, Maxime. Je te rappelle.
Maxime: Oui, bien sûr.
Christian quitte.

 

Samuel finit de <snifer> une drogue et il éclate de rire en se laissant tomber sur le sol. Il se roule par terre et ferme les yeux en essayant de se mettre debout, mais il en est incapable. Il pose les mains par terre et il se pousse vers le haut en plaçant un genou sur le plancher, mais il perd l'équilibre et bascule par en avant. Il recommence à rire et se traîne jusqu'à une fille qui a aussi prit une drogue forte. Il détaille ses longs cheveux bruns retenus en un chignon mal fait, ses yeux barbouillés de crayon noir et son diamant dans le nombril, puis il s'approche davantage et lui embrasse la main. La fille soupire et sa tête se penche vers l'arrière. Elle prend une grande respiration et pousse Samuel pour qu'il s'allonge et ensuite, elle grimpe par-dessus lui et l'embrasse fougueusement dans le cou. Les yeux de Sam révulsent et il gémit presque de manière inaudible. Plus loin, deux hommes <gelés> sont près du feu et ils regardent la scène, impassibles.
Homme 1: Hé! C'est pas la fille qui a le sida, ça?
Homme 2: Ouais, c'est bien elle!
La jeune fille au teint fiévreux commence à détacher le pantalon de Samuel et celui-ci, complètement ailleurs, se laisse faire.

 

Maxime et Jasmine sont dans leur salon, face à face, et ils se disputent en criant.
Maxime: Mais bordel, c'est quoi ton problème?
Jasmine: Je ne suis pas capable de sentir ce type-la, ok?
Maxime: Mais c'est ridicule, tu ne le connais même pas!
Jasmine: J'en ai aucune envie d'ailleurs!
Maxime: Mais enfin! Qu'est-ce qu'il a de si mal?
Jasmine: Il n'a pas de manières, il est vulgaire!
Maxime: Peut-être, mais il est très drôle et très intéressant! On s'amuse avec lui et il a un bon fond, ok?
Jasmine: Il est bien caché son fond parce que je le trouve très désagréable!
Maxime: Je paris qu'il se dit la même chose de toi!
Ils se dévisagent, les joues en feu.
Maxime: Tu me caches quelque chose, Jas. Tu le connaissais.
Jasmine: Hein?
Maxime: Tu lui as demandé s'il était le fils de Bernard Camara, la première que vous vous êtes officiellement rencontré! (épisode 6)
Jasmine: Oh! Ça.
Maxime: Comment: Oh! Ça! Explique-moi!
Jasmine: Ben son père c'était celui qui tondait notre gazon! Tu te rends compte comme c'est un perdant ton ami? Son père est tondeur de gazon!
Maxime: Ça ne te ressemble ça, Jasmine. Je ne peux pas croire que tu dises ça! Il me semblait que tu n'étais pas ce genre de petit bourgeoise qui jugeait les gens selon leur classe sociale.
Jasmine regarde à l'extérieur et elle aperçoit un homme qui la dévisage, appuyé contre un tronc d'arbre. Elle le reconnaît. Elle le reconnaîtrait entre mille. Rick. Celui qui était à la soirée en son honneur lorsqu'elle avait été acceptée à Harvard (épisode 1). Jasmine s'évanouit.

 

Fin