Pékin – La Chine (communiste)

Du 18 au 20 octobre 2003 (transmongolien)
Du 20 au 28 octobre 2003 (Pékin)

 

−            Alors tu es à Pékin maintenant ?

−            Oui, à « Beijing » comme on dit ici.

−            Et c'est bien ?

−            J'aime bien…

−            Tu fais quoi ? Tu as été Place Tian An Men ?

−            Oui, 3 jours après être arrivé. J’en ai un peu assez des lieux incontournables pleins de touristes… J'ai pris mon temps.

−            …

−            Ça fait quand même bizarre de marcher sur cette place, autour du mausolé de Mao (encore un grand dirigeant communiste formolisé), et de penser qu’en 1989 les chars sont entrés là, des coups de feu ont été tirés dans la foule et que 1000 personnes qui manifestaient pacifiquement sont mortes dans le sang et sous les balles.

−            …

−            Ça a dû être un sacré charnier. Imagine 1000 cadavres sur la place de la Concorde…

−            Et qu’as tu fait d’autres ?

−            Je me suis perdu au gré des hutongs, ces petites ruelles si caractéristiques de Pékin, mais en grand danger pour cause de « rectifications » liées aux travaux de « préparation » pour les jeux olympiques de 2008.

Je suis allé à l'ambassade de l'Inde pour faire ma demande de visa et en chemin je me suis arrêté longuement dans un grand parc.

Je suis allé à la grande poste pour voir si j'avais du courrier… mais il m'y en avait pas !

J'ai été visiter le muséum d'histoire naturelle. C'est très intéressant de voir comment le gouvernement communiste présente l'homme et son évolution. La moitié des panneaux est axée sur la reproduction et le contrôle des naissances !

J'ai recherché pendant des heures un théâtre (mon plan était complètement faux !) mais en arrivant on m’a dit « mei you » ce qui veut dire « non »… Il était fermé.

J’ai été dans des galeries d’art et sur un marche aux puces.

J’ai visité un temple Bouddhiste Tibétain. À lire les panneaux il est là et en bon état parce que le gouvernement communiste s’en est enfin occupé juste à temps…

−            Tu n’as pas l’aire d’aimer beaucoup les communistes !

−            Tu les aimes toi ?

−            Non mais quand même !

−            Quand même ! Après avoir été au Vietnam, en Russie et maintenant en Chine je peux te dire que non seulement ce type de régime est une faillite totale mais en plus que le niveau de mensonge, de dissimulation, d’enfermement moral, intellectuel et religieux est incroyable !

Même les sites Internet sont bloqués !

−            Non ?

−            SI ! Je n’ai plus accès a mon propre site, je ne peux pas faire des achats en ligne sur des sites américains, Hotmail marche un jour de temps en temps…

−            Et la Cité Interdite tu y as été ?

−            Non pas encore, voici encore un bel exemple : la Cite Interdite n’existe pas. Il faut dire « le Palace Museum ».

−            Et la grande muraille ?

−            Alors là, super ! Je suis allé à Huang Hua, un coin pas trop touristique. Il faut prendre le bus et ce n’est pas direct. J’ai dormi sur place, il n’y avait personne. J’avais une chambre avec vue sur la muraille ! Le jour de mon arrivée je suis allé marcher quelques heures dessus et puis…

−            Il parait que c’est le seul ouvrage de l’Homme que l’on voit depuis la lune.

−            Foutaises ! Pour y avoir été (sur la muraille, pas sur la lune) je peux t’affirmer que cela n’est pas vrai, et c’est d’ailleurs confirmé par la Nasa !

D’abord il n’y a pas une grande muraille continue mais des tas de petits bouts discontinus et éparpillés sur 5000 ou 6000 kilomètres. Ensuite la « muraille » est en grande partie en ruine et sous la végétation.

Là où je suis allé on marche à travers des arbres sur la muraille ! Et il y a des endroits où il faut escalader des parois verticales éboulées de 4 mètres de haut !

Comment veux tu que l’on voit cela depuis la lune ? Sans parler des nuages et de la pollution ! On aurait plus de chance de voir l’autoroute Paris-Caen, au moins c’est « blanc » continu et peu pollué ! Et puis si on voyait la grande muraille depuis la lune pourquoi n’en a-t-on jamais eu de photos ?

−            …

−            J’ai attendu le couché du soleil et puis le lendemain matin j’y suis retourné voir le levé du soleil ! La grande muraille est facilement accessible à plusieurs endroits, certains sont très touristiques et transformés en genre de Disneyland et d’autres sont comme là où je suis allé.

−            Et le soir que fais tu ?

−            Parfois je rentre tard : j’ai beaucoup visité de temples et de parcs, je marche beaucoup, ça fatigue ! Parfois je lis dans le salon de l’hôtel, j’écoute les gens ou je discute. Un soir je suis allé voir un spectacle d’acrobaties chinoises.

−            Le genre de chose que l’on voit dans les cirques ?

−            Oui c’est ce à quoi je m’attendais mais en fait c’était tellement beau et plein de grâce que j’en avais presque les larmes aux yeux ! C’est incroyable l’agilité et la difficulté de ce qui nous a été donné de voir.

J’ai aussi pensé à aller voir un opéra chinois mais pour en avoir entendu un petit bout dans un musée et pour avoir vu par la porte à quoi ça ressemblait, j’ai décidé de passer mon tour !

−            Tu as un hôtel confortable ?

−            Très ! Une chambre à 4 que je partage avec Deborah qui est hollandaise et Mr Yoon qui est coréen, des WC dans la cour et des douches tièdes également dans la cour.

−            Mais c’est pas confortable du tout ça !

−            Mais si c’est confortable ! Le lit est bien et la literie nickel, il y a une lumière pour lire, on dort la fenêtre ouverte, c’est orienté à l’est, il n’y a pas de bruit, l’hôtel est super-propre, le staff très agréable. Il y a une cuisine et des machines à laver, de l’eau chaude en permanence pour prendre du thé ou du café, Internet, une grande TV qui diffuse des DVD le soir, une table de ping-pong.

−            C’est à 15 minutes de Tian An Men et au cœur d’un hutong assez préservé…

−            Et les restos ?

−            Je suis allé dans 2 restos végétariens. Le deuxieme était un vrai délice. Je mange surtout des choses dans la rue : des fruits, des épis de maïs, du pain, du pain cuit à la vapeur et fourré avec plein de choses. Tout est très bon.

−            Alors t’as de la viande parfois !

−            Non je montre dans mon guide la phrase « je suis végétarien » !

−            Mais pourquoi es-tu végétarien ?

−            Parce que cela me convient mieux pour le moment.

Je viens de lire un livre passionnant : « le moine et le philosophe ». C’est un échange entre Jean-François Revel et Mathieu Ricard, son fils. Il se trouve que ce dernier, après avoir obtenu un doctorat de science, est devenu moine bouddhiste. Il est vraiment érudit car il traduit plein de textes et sert d’interprète au Dalaï Lama lors de ses voyages. Dans ce livre Mathieu Ricard explique que les êtres vivants – et donc les animaux – ont tous une conscience.

−            Oui… Plus ou moins.

−            Selon le bouddhisme nous sommes l’incarnation d’un flot de conscience. Toujours est-il que le moine fait ce rapprochement : il y a quelques siècles on se posait la question de savoir si les femmes avait une âme…

−            … Oui mais plus maintenant !

−            Laisse moi finir ! Au 18^ème siècle on considérait que l’esclavage était normal…

−            … Oui mais plus maintenant !

−            Un jour on considérera qu’il n’est pas normal de tuer un animal doté d’une conscience pour le manger.

−            Ah ben non !!!

−            Alors à moi de te répondre « pas encore… ».

Va aider une vache à mettre bas, aide son veau à grandir, tue le de tes mains, étripes le et mange le !