<%@ Language=JavaScript%> Le journal

La world team

Kolkata (22°39'17"N 88°26'48"E)                                                     Mumbai (19°05'19"N 72°52'05"E)                                                                                                                                                                       1668 km

Mumbay (19°05'19"N 72°52'05"E)                                                               Bangkok (13°54'45"N 100°36'24"E)                                                                                                                                                                       3013 km

Bangkok (13°54'45"N 100°36'24"E)                                                                            Khorat (14°34'N 102°02'E)                                                                                                                                                                         170 km

 

                                                                                                                      Total = 4851 km

 

Table des matières (cliquez sur les titres !)

Day 1 - Saut de masse sur Bangkok

Day 2 - En transit

Day 3 - 4 Hercules

Day 4 - Le Patron

Day 5 - Break off plan

Day 6 - Doute, doute...

Day 7 - Ils avaient dit qu'ils balanceraient la puree...

Day 8 - Doute quand tu nous tient

Day 9 -  Ou allons-nous ?

Day 10 -  L'espoir

Day 11 -  Moi j'y vais pas

Day 12 -  A portee de main

Day 13 - C'est foutu

Day 14 - MAGNUM

 

 

 

http://www.theworldteam.com/

Day 1 - Saut de masse sur Bangkok

C'est plus un evenement mediatique qu'interessant au plan parachutiste et c'est malheureusement plus dangeureux qu'utile... Le but ? Faire un GROS largage de parachutistes : plus de 600 voiles en l'air.

Les Thais de Bangkok sont tous au rendez-vous au bord de cette grande pelouse au centre de la ville. Des voiles on en verra : sur la pelouse, sur les rues avoisinantes, sur les toits des temples, dans les arbres, dans le fleuve...

Les Thais applaudissent aussi bien les quelques poses corrects que ceux qui se vautrent dans les turbulences.

Moi j'ai mal de voir tout ce gachis et tous ces risques inutilement pris. Je verrai un des parachutistes remonter involontairement de 4 ou 5 m avec une pompe prise au dessus d'un toit.

Sandro, un des piliers francais, repartira le lendemain la cheville en vrac...

Pourquoi faire ce saut de masse plutot que d'organiser quelques sauts de demonstrations sans risques ??? Peut-etre que la reserve ronde[1] que j'ai vu se poser derriere un des temples faisait elle partie d'une demonstration...

Day 2 - En transit

Un convoi de 14 bus, la route ouverte par la police, 400 personnes qui dejeunent dans un resto a l'ombre des arbres. Des parachutistes qui se retrouvent, d'autres qui se cherchent, les nouveaux qui cherchent des infos, les anciens qui comparent...

Patrick, le capitaine du secteur 3 qui rassemble des francais, des suisses, 2 belges et 2 italiens, parle "d'anticipation" et "d'organisation"...

Selon son estimation, 300 kg de plombs[2] aurait voyage dans les bagages jusqu'en Thailande...

6 blesses "graves" hier au saut de masse, et tant de bobos et de genous ecorches...

Day 3 - Quatre Hercules

Les sauts d’entrainement commencent.

16 moteurs a demarrer mais quel joli bruit dans mes oreilles. La raisonnance du souvenir des sauts de Vichy est plus difficile a accepter. L'ambiance de Vichy, les sauts, les soirees, les amours, la chaleur, les pliages... mais c'est mon choix : etre ici et ne plus sauter.

Je me suis integre dans l'equipe des Francais et j'ai trouve un boulot : plieur !

Je plie une voile toute neuve et tres glissante... pas un cadeau mais au moins je n'ai pas perdu la main !

Day 4 - Le Patron

Un equipier une fois trop haut et une fois trop bas sort de l'equipe. La pression monte. Deux autres personnes sont sous surveillance et doivent desormais faire un sans faute.

La qualite que je prefere chez un grand patron ce n'est pas sa capacite a couper des tetes mais son habilite a modeler une organisation ou chacun trouve sa place…

Patrick agit en patron et en manager. Il a une double responsabilite : d'une part avoir les meilleurs equipiers pour faire le record et d'autre part savoir gerer les gens individuellement afin que tous donnent le meilleur d'eux-memes et qu'aucuns ne restent au bord de la route.

La pression est mise et 2 ou 3 problemes sont pointes du doigt : pas assez d'agressivite en approche, freinage tardif, hesitation...

Deux permutations sont proposees a des membres du secteur 3 en difficulte.

Day 5 - Break off plan

Le plan de separation est presente ce matin dans le grand amphi. Ordinateur, presentation Powerpoint et animation 3D sont au rendez-vous (les plantages techniques aussi).

Le plan de separation est tres bien concu et tres convaincant pour eclater et ouvrir en securite... avec une formation de 372 personnes stable et formee... Quid d'une separation dans le chaos d'une rupture de la base ?

Premiers sauts a 200. Je plie toujours et tous mes clients sont contents, moi aussi.

Je fais bien plus attention a ces pliages la qu'a ceux que je faisais pour moi ! Je n'ai pas envie d'avoir un de mes "pliages"qui n'ouvrent pas dans l'axe ou bien qu'il faille liberer... Je passe soigneusement tous les caissons et les stabilisateurs et je fais des mises en POD aussi soignees que possible.

Day 6 - Doute, doute...

Les tentatives a 200 ont ete assez catastrophiques. Le taux de chute de la base est trop lent. Sweat-shirt et manchons sortent. On coud et on decoud les combinaisons. La pression reste sur un des equipiers mais les passages dessous sont passes sous silence au benefice du doute : la base es tellement lente...

Patrick maintient un esprit d'equipe et fait en sorte que le travail se fasse malgre tout : approches insisives, placement, respect des axes, intelligence dans les grips...

Sur le terrain les Thais s'adaptent vite. On peut se faire faire une combin en 24 heures, le kilo de plombs est vendu en sachet a 40 baths (moins d'un euro) et le cours des manchons s'envole !

Day 7 - Ils avaient dit qu'ils balanceraient la puree...

Les volontes positives de la veille au soir font place a un realisme de bon aloi : on n'enverra pas le 372 ce matin. Ouf.

La base n'est pas assez bonne et le « break off plan » en cas de cagade ne donne pas confiance a tout le monde...

Aujourd'hui on repete tout de meme le 372 et c'est grand... On sent que BJW en a lourd sur les epaules.

Entre les decolages de la wordteam, les F16 de l'armee Thai prennent l'air. Il fait 34 degres a l'ombre. Un saut a 222 est au briefing.

Jean-Pol Lintelo a ete un peu long a rentrer du saut car il s'est pose dans la prison de la ville !

Day 8 - Doute quand tu nous tient

Des sauts pas convaincants a 222, un temps qui s'alourdit (on frole les 38 a l'ombre l'apres-midi).

Les whackers exterieurs qui ne sautent pas s'ennuient... Patrick, bien soutenu par Didier, maintient tant bien que mal un bon esprit dans l'equipe. Mais le realisme a la francaise reste bien present...

Premier stand-by meteo. Gros orage le soir.

Et le soir je suis desole de voir ceux qui ont loue les services d'une professionnelle pour la semaine. Pas mon genre d'etre humain.

Day 9 - Ou allons-nous ?

Stand by meteo... Stand by meteo...

J'en suis a 42 pliages (avec que des clients contents) mais je ne plierais pas aujourd'hui...

Une delocalisation de la world team est envisagee mais la zone de saut est declaree impraticable par les capitaines qui sont alles la reconnaitre.

Un equipier de l'equipe francaise fait un lapsus et me parle du "boogie" (si c'est un boogie moi je prends une licence thailandaise et je saute !).

Un 372 decole et se repose une heure plus tard une fois le cunimb passe…

Sur la DZ nous avons de l'animation : un speaker Thai qui commente, on ne sait pas quoi mais il commente. Eprouvant. Un guitariste "country" Thai que je trouve bien sympathique. De la musique avec assez souvent les Beatles. Aujourd'hui pour mon plus grand bonheur on a meme eu My Generation des Who ! Mais qui l'aura remarque...

Rendez-vous demain a 8 heures.

Day 10 - L'espoir

Briefing du matin. Commentaire en guise de conclusion de Laurent Bouquet : "Ah...".

Le Rouille nous fait son petit speech pour la separation. A l'origine chaque vague devait deriver ensemble mais maintenant certains ont le droit de mettre les gaz plus tot.

BJW part pour l'embarquement avec un sourire force, il est seul malgre les 2 ou 3 lieutenants qui le suive. On a 6 heures de beau temps devant nous d'apres CNN, les americains ne prennent la meteo que sur CNN.

Un "372" decole (en fait un 369) et 318 personnes appontent ! Sans parler d'euphorie c'est tout de meme encourageant, surtout compte tenu de la construction de la figure qui permet de rajouter tres vite des lignes de skydivers deja construites...

 

Il y a trop de gens en mauvaise condition physique dans ce record. Quand je vois des gros en surcharge ponderale de 20 ou 30 kg qui rajoutent du plombs pour compenser leur manque de tonicite, quand je les vois manger des frites de chez Mc Do a midi alors qu'il fait 35 a l'ombre, je me dis que ceux ne peuvent pas avoir la niaque pour gagner. Les americains sont a la biere le soir et au vitamines la journee…

Le poser vent dans le dos me donnera raison : ils ne peuvent pas courir et soit se vautrent soit font prendre des risques a tout le monde en ne respectant pas l'axe de poser.

 

On part pour un deuxieme saut.

 

Au bord de la piste, Alexis tend l'oreille et la colle au ciel. au milieu du brouhaha et des F16 qui decollent, il m'annonce : "ils sont loin...". Un peu plus tard il ecoute le ciel a nouveau et hurle "jump run, jump run ! 20 seconds" et puis "Exit, exit".

 

339 appontes sur 366, on est a 92 pourcent mais c'est deja 12 pourcent de mieux que le precedent record...

 

Le secteur 3 francais/suisse/belge/italiens est complet et Patrick est content. Jerome s'est salement tordu le pied mais sautera quand meme, quitte a etre porte a la tranche par ses amis.

 

J'ai 6 pieges a plier.

Day 11 - Moi j'y vais pas

Elle fait partie du groupe des Francais et on la reconnait facilement a son chapeau de paille. Elle est irreprochable dans les sauts mais quand l'heure des debriefings arrive, quand le Rouille appelle les PTP (Pull-out Tracking Personel), alors Vovonne pousse son cri de guerre : "Moi j'y vais pas !".

 

Dure journee aujourd'hui : 3 decollages mais un seul saut et on finit par une enorme pluie... 

 

On en est a 6 tentatives et le secteur 3 pilote par Patrick a ete complet 5 fois sur 6 : premier ex-aequo.. Comme toujours, la peste vient de l'etranger : "il faudrait dire aux bleus de respecter les axes de derives - j'ai vu un rouge a ma gauche". Il esst vrai qu'un des secteurs est toujours en retard et ca commence a enerver...

Les americains enervent aussi avec leur auto-suffisance et leurs manies d'auto-motivation : « et-je tape-dans-les-mains-et-j'y-crois... ». Il y a pourtant un "cutural advisor" dans le team de l'organisation mais il n'a pas du passer l'option pour la gestion des irracibles gaulois... Il y a aussi un "general specialist" mais la il faut m'expliquer ce qu'est un specialiste de la generalite...

Day 12 - A portee de main

Mais putain ils vont le faire ce record ou pas ???

Au sol on commence a voir des membres de la World Team qui ne boitent pas et qui n'ont pas les bras en echarpe. C'est dur mais c'est une bonne nouvelle, cela veut dire que l'on commence a sortir des sauts les gens qui font des fautes.

Le record n'est pas loin mais aujourd'hui on joue de malchance : entre la meteo et des problemes d'avion, un seul saut est fait. Une fois de plus la base n'est pas complete.

Laurent Bouquet a eu son fils de 4 ans au telephone et vraiment il ne comprend pas pourquoi son Papa part si loin et si longtemps pour ne faire qu'un saut ou deux par jour.

Day 13 - C'est foutu

Aujourd'hui c'est la meteo qui n'est pas bonne, mais pas bonne du tout... Des seances de photos remplacent les tentatives.

Michel arrive au terrain avec un petit Bouddha, de l'encens et des bougies, nous montons un petit temple et faisons offrandes et prieres...

 

Didier met de l'ambiance, comme toujours. Il a toujours le moral et jamais une parole negative. Tout le monde l'aime bien sauf la fede, chercher l'erreur. Sa preocupation du moment est de rapporter en France un bel elephant en bois de 85 kg... mais de toute facon Didier sera a sa place dans les sauts et dans le record...

 

Des statistiques ont ete affichees :

- age moyen du participant : 42 ans

- nombre cumule de sauts de la World team : plus de 1,8 million !

- nombre de personnes ayant plus de 10 000 sauts : 36, dont 3 dans l'equipe Francaise (Didier, Patrick et Laurent)

 

Bon, allez, encore une journee sans saut et la meteo est mauvaise pour demain.

 

Le record est foutu... Dommage mais belle aventure tout de meme.

Day 14 - MAGNUM

Malgre les prieres de la veille, le temps reste pourri et les esprits maussades.

 

Moi j’ai fait mes petites statistiques :

-         le secteur de Patrick a ete complet 5 sauts sur 6 tentatives : premier ex æquo.

-         le secteur 6 n’a ete complet qu’une seule fois

-         la base n’a ete complete que 2 fois….

C’est pas comme ca qu’on fait un record…

 

Nous attendons presque 2 heures a l'hotel et puis nous partons pour le terrain.

BJW, le grand organisateur nous annonce un deplacement sur une DZ de degagement ou il ferait beau et ou la worldteam pourrait sauter en securite.

Cela veut dire deplacer 5 Hercules C130, 450 personnes, disposer des secours en cas de besoin, etc. Pas rien.

Un truc de fou, jamais cela ne marchera. Je fais parti du voyage en temps que plieur.

 

Et pourtant, il fait beau a l'arrivee.

Et pourtant la DZ est sautable.

Et pourtant les avions decolent.

Et pourtant la world team saute.

 

Il est 13:41. Du sol on voit tres bien la figure. Des blancs sont dehors, comme d'habitude.

Des rouges sont aussi dehors. Mais ca se construit. Les rouges rentrent petit a petit, et les blancs rentrent aussi... Soudain les quelques points en dehors de la figure ne sont a l'evidence plus que les videos qui filment pour les juges de la FAI.

 

Ca a l'air fait. CA A L'AIR FAIT ET CA VOLE ET CA DURE.

 

Au sol une euphorie nous gagne.

 

La world team se pose et les juges rendent leur verdict : un saut a 357 a ete effectue, complet et a ete tenu sans doute plus de 5 secondes.

 

C'est une performance extraordinaire...

 

 

 

 



[1] Les parachutes ronds ne sont plus utilises en France.

[2] En fonction des place dans la formation certains equipiers doivent mettre des ceintures de plombs, parfois jusqu'a 7 ou 8 kg...