<%@ Language=JavaScript%> île de Pâques - Santiago - Puerto Montt - Puerto Natales

De Santiago à Puerto Montt (en bus)
De Puerto Montt à Puerto Natales (en bateau)

Île de Pâques(27°09'53"S 109°25'19"W)                    Santiago (33°23'35"S 70°47'09"W)
                                                                                                                      Total = 3759 km

Santiago (33°23'35"S 70°47'09"W)                           Puerto Montt (41°26'20"S 73°05'38"W)                                                                                                                                                                                                                                                                           Total = 916 km

Puerto Montt (41°26'20"S 73°05'38"W)                Puerto Natales (51°24'00"N 72°19'00"E)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Total = 1146 km

                                                                                                                      Total = 5822 km

Détail du parcours

Carte détaillée de la région autour de Puerto Natales

 

Table des matières (cliquez sur les titres !)

A Jean-Pierre

42º27'40" SUD / 73º04'10" W / Vitesse 12 nœuds 1 mars 2004 / 21:35 (GMT - 3)

2 mars / 44º24 - 73º45 / 08:00

15:00

17:30

20:20

21:50

48º00' - 74º28' - 07:20 du matin

08:00

11:25

12:00

15:10

16:20

16:30

16:55

17:15 - 49º33' / 74º27'

17:30

18:30

20:35

22:15

07:20 - 52º07' / 73º24'

07:30 - 52º09' / 73º19'

07:57

08:50

09:25 – 51º53’/72º58’

09:55

10:38

11:05

 

A Jean-Pierre

Le trajet en bateau (animé !)

 

 

C'est Jean-Pierre qui rêvait de faire des voyages en cargo et c'est lui qui m'en a donné l'idée. Alors j'ai fait un petit bout de son rêve. Je le lui raconte dans une lettre de 18 pages qu'il recevra bientôt…

Ne lui dites pas, laissez lui la surprise.

 

En voici des extraits...

42º27'40" SUD / 73º04'10" W / Vitesse 12 nœuds
     1 mars 2004 / 21:35 (GMT - 3)

Jean-Pierre,

[...]

Je suis donc à bord d'un bateau, un cargo aménagé pour le transport des passagers (jusqu'à 180 je crois) et qui exploite une ligne entre Purto Montt et Punta Arenas.

 

Et c'est un peu grâce à toi [...]

 

Un jour chez toi à Port-Vendres, je mélangeais les Incas et les Aztèques et ma géographie des lieux était plus qu'approximative. Alors tu m'as ouvert un livre ou deux, j'ai trouvé le lac Titicaca à la frontière entre la Bolivie et le Pérou. Nous étions en novembre 2000. En mars 2001 j’étais au bord de ce lac dans une petite ville bolivienne nommée Copacabana. J'étais seul évidemment. Ce qui est bien en étant seul c'est que l'on est discret et que l'on peut écouter. Là, près d'un bus, je repère 2 jeunes femmes - pas ploucs comme les américaines. Tiens, elles sont françaises. Je le savais mais elles ne me savaient pas français. Je me suis assis derrière elles dans le bus car nous prenions le même bus. Les 2 sont devenues des amies.

[...]

Lors de mon dernier passage chez toi nous parlions de mon projet de congé sabbatique. Et tu m'as parlé des cargos et des raisons qui ont fait que tu voulais habiter près d'un port. Tu m'as passé un livre et j'ai pris des adresses et des contacts. On avait aussi parlé de Papa et de la possibilité qu'il meurt pendant que je ne serais pas là...

Je suis parti, il est mort, et je suis sur un cargo.

Impossible de penser à quelqu'un d'autre que toi, que lui, que mon ami Jean, que Delphine et Magali, que Carinne que je retrouverai à mon retour... Tout s'enchaîne.

[...]

 

Revenons à ce bateau. Il a vraiment été aménagé pour faire simultanément cargo et « tourisme ». Il permet a de nombreux voyageurs de descendre en Patagonie calmement en profitant de la beauté des paysages.

J'ai pris une couchette en dortoir mais c'est très confortable. Le dortoir se trouve sur un des pont supérieur et on a donc des hublots. Les couchettes sont par groupe de 4, séparées par de fines cloisons sans porte. Les couchettes au centre du dortoir n'ont pas de fenêtres mais, connaissant le truc, j'ai bien demandé une couchette supérieure avec hublot (les meilleures).

Au pied de la couchette on a un grand placard individuel qui ferme à clé. Les couchettes (matelas, draps et couverture) ferment avec un petit rideau et disposent d'une lumière individuelle et d'une prise électrique. Ça sera une de mes chambres les plus luxueuses de mon voyage !

 

Je suis arrivé à Puerto Montt (port de départ) par un bus de nuit depuis Santiago. Directement je suis allé faire mon enregistrement à bord et j'ai laissé mon sac à dos à l'équipage qui se charge de le transporter à sa cabine de destination. Je suis ensuite allé à pied en ville. Une ville portuaire, des nuages, du crachin, des odeurs de mer, bref, je n'étais pas dépaysé !

J'ai pris racine dans un bistrot près du port pour faire mon courrier : 6 enveloppes avec [...].

Je fais donc mon courrier dans un bistrot, je vais poster tout mon bazar à la poste en réclamant des timbres car les enfants ça collectionne les timbres... Je fais 2 ou 3 courses et je retourne au port à 14:00 pour l'embarquement.

[...]

Revenons à ce bateau. On embarque, on trouve nos couchettes (il y a aussi des cabines privées pour les classes supérieures) et vers 16:30 nous partons.

Je partage mon carré de 4 avec Dennis un Australien dans les 55/60 ans et Lutz, un Allemand dans les 40 ans.

Il y a un pub et un réfectoire. Les repas (ils font aussi végétarien) sont de 8 heures à 9 heures puis de 12:30 à 13:30 et de 19:30 à 20:30. En libre service. Vu le premier dîner, c'est simple mais très bon et très copieux.

Tous les jours des activités sont proposées : exposés sur la route et les endroits traversés, films, ... je verrai au fur et à mesure.

[...]

Je suis dans la salle du réfectoire (où ils passent aussi les films), il est 22:55 en heure locale.

 

A demain !

2 mars / 44º24 - 73º45 / 08:00

J'ai bien dormi mais il faisait trop chaud. La couchette est orientée dans l'axe de roulis et pas de tangage comme c'est le cas sur les voiliers plus petits. Ça fait bizarre.

Nous serpentons à travers des îlots minuscules. La navigation là dedans en faisant le point à l'ancienne devait être sport ! Je suis monté voir la passerelle : elle est vide ! Il y a juste un homme d'équipage qui jète un oeil su la mer et le radar

Il est 8 heures du matin et j'attends le lancement du petit-déjeuner. C'est le repas que je préfère dans la journée, aussi bien au niveau du goût, des odeurs que de l'ambiance.

 

Petit-déj, sieste-lecture, conférence sur la faune que l'on verra en route, projection d'un documentaire.

 

Et voilà déjà l'heure du déjeuner. Dehors il fait beau mais le temps est couvert. Cette nuit il a beaucoup plu.

Le réfectoire est à l'avant dernier pont du navire et avec de grandes fenêtres. On voit donc bien dehors. Pour le moment le bateau navigue dans des chenaux et la mer est donc très plate. Rien ne bouge.

 

Un an c'est long... mais un an de congés c'est très court ! Déjà je pars 10 mois et pas 12, ensuite je rentre 3 semaines au milieu, après j'ai des points de rencontre autours desquels je m'organise [...].

Ensuite on saupoudre une ou deux semaines par-ci, par-là, des cours de yoga en Inde. Ici en Amérique du Sud je veux prendre 3 ou 4 semaines de cours d'Espagnol, quelques contraintes météo ou de transport... et ce sont des mois entiers qui défilent !

[...]

C'est intéressant de réfléchir à ce à quoi on tient et à ceux à qui on tient. T'aurais-je un jour écit une lettre aussi longue sans ce voyage ?

15:00

Je suis au « pub ». C'est bien car tous les espaces sont non fumeurs sauf le pub à partir de 9 heures du soir. Dehors c'est couvert et il pleut. Je travaille un peu mes conjugaisons d'Espagnol... Le système est en gros très proche du français [...].

17:30

On est en plein dans le canal Pulluche (45º45'/74º20') et pour un gros bateau comme nous c'est pas évident. Je suis SUR la table à carte car on est admis sur la passerelle.

La plupart des passagers présents se tiennent coi. La musique a été coupée et l'on entend que les corrections données à la barre a coup de 1 ou 2 degrés à bâbord ou à tribord.

Evidemment un passager ne comprends pas et commence à poser des question à celui qui pilote. Il est obligé de lui demander de se taire mais gentiment il lui explique après où nous étions et pourquoi c'était dur. A aucun moment la vitesse n'a été changée et on est resté à 12 nœuds.

On sort du passage difficile et on remet la musique !

Je suis étonné par la déviation magnétique qui est importante (15º55' E en 1985) mais qui varie très peu (3' W par an). Un membre de l'équipage me montre que la déviation maximum dans cette région peut atteindre 18º !

Curieux de voir qu'ils utilisent des cartes comme nous. Mais ici pas d'indications de marées ou de courants.

20:20

J'ai fini de dîner : salade de laitue et tomates, soupe aux champignons, spaghettis à la béchamel (bolognaise pour les non-végétariens), semoule en dessert et pain. C'était très bon.

Nous sommes désormais sortis des zones protégées et sommes en pleine mer au nord du golf de Penas. La mer est agitée et il doit y avoir 5 beaufort. Ça bouge et il faut faire attention en se déplaçant. Les passagers bouffent des pilules anti mal de mer. Moi j'attends, on verra bien.

21:50

Je viens de passer près d'une heure trente sur la passerelle. Il y a de sacrées vagues mais c'est dur de se rendre compte tellement on en est haut sur l'eau. J'ai compris qu'ils utilisent à la fois le GPS et le radar pour se guider. Le GPS est trop imprécis dans les petits canaux.

 

J'aime pas les américains (des USA) mais sur ce genre de voyage on en rencontre forcément beaucoup. Ce sont de ploucs. Sais-tu que les USA dépensent à eux seuls plus que TOUS les autres pays réunis pour leur budget « défense » (on devrait dire budget ATTAQUE vu à quoi ça sert...).

Mais il y a pire que les Américains sur ce genre de voyage, ce sont les [...]. Coup de chance il n'y en pas à bord ! Il y a des Américains, des Italiens, pas mal de Français, des Allemands, des Hollandais, des Flamands, voilà ce que j'ai repéré pour le moment.

 

A demain !

48º00' - 74º28' - 07:20 du matin

J'ai pris ma douche (chaude et propre) et je suis de retour sur la passerelle. On avance un peu plus vite (15.5 nœuds). On quitte le golf de Penas pour entrer à nouveau dans les canaux  en direction de Puerto Natales. Pas de lever de soleil : c'est couvert et il pleut assez fort.

J'aime les levers de soleil, et les couchers aussi. C'est un spectacle superbe dont je ne me lasse pas.

La mer est bien formée et le blanc des moutons se fond avec la grisaille et la brume. On est pas loin des côtes mais on ne peut pas les voir. Il n'y a qu'un homme sur la passerelle. Il attend la fin de son quart et il est fatigué : il baille. Il a ouvert la porte de droite en plus de la porte de gauche pour avoir plus d'air, il a mis la musique un peu plus fort. Visiblement il lutte contre le sommeil, va de la table à carte au radar mais reste le plus souvent debout.

 

Tout cela me rappelle Papa et Jean.

 

Jean, Philippe et moi. Un trio d'ami inséparable. Ce n'était pas évident de savoir amis et inséparables, aucun de nous n'étant très expansif. Même entre nous on se parlait peu et on partageait peu nos problèmes. J'ai beaucoup couru avec Jean. Combien de centaines de kilomètres et d'heures avons-nous passer à suer côte à côte ?

Tous les 3 nous avons fait du bateau ensemble. En fait depuis 20 ans nous n'avons jamais navigué que ensemble ou quasiment, pas souvent mais presque exclusivement. A l'image de notre amitié.

J'ai été témoin au mariage de  Jean et je suis le parrain du fils de Philippe.

De nous trois, Jean était celui qui naviguait le mieux. Il savait vraiment bien régler un bateau et jouer avec les différentes possibilités pour bien régler le creux de la voile et lui assurer un rendement maximum.

 

Jean n'est plus là. Je pense souvent au jour où Philippe et moi referons du bateau ensemble, ensemble et amputé d'un tiers...

 

Le bateau de Papa a été une histoire bien différente qui a débutée en 1980 si j'ai bonne mémoire. Papa a été heureux avec son bateau et cela n'a pas fondamentalement changé quoi que ce soit pour Maman, alors...

Mais je crois que tous les 4, Papa, Maman, Agnès et moi, on n'a jamais été aussi content que Bengali existe que quand tu t'es mis à l'utiliser. Enfin ce bateau avait une vraie utilité. [...]

Parfois Papa rentrait du Becquet et nous annonçait que le bateau avait bien servi : alors nous étions contents. C'était un peu ta façon de nous donner des nouvelles... via le loch qui affichait les nautiques !

C'est moi qui avait proposé le nom du bateau « Bengali ». C'était le nom d'une boutique de vêtements et de lingerie rue Raymond-Losserand. J'avais bien aimé le mot. Sans faire le rapprochement avec le Bengale et l'Inde ! Et sans même imaginer que j'irai là-bas un jour !

08:00

Il fait jour... j'imagine... C'est l'heure du petit-déj... je file !

Au menu : café, pain, porridge, fromage, oeufs brouillés, banane.

Un Français est venu me parler et je n'aime pas ça, c'est MON temps qu'il m'a pris ! (en fait il m'a tout de même donné une piste intéressante pour des cours d'Espagnol en Equateur dans la vallée de Pachabamaba) .

 

A 09:30 nous avons eu le briefing du jour sur la route et les activités. Aujourd'hui on fait escale à Puerto Eden, un petit village. J'ai prévu de descendre mais il ne fait vraiment pas beau.

11:25

Nous entrons dans le détroit Anglais (48º58'/74º25'). Largeur 80m (en fait je me suis trompé ce passage de 80m est bien plus tard mais c'était très étroit tout de même) pour un bateau qui fait 122 m de long.

Passage de jour obligatoire, longueur maximum autorisée pour les navires : 180 m, un seul bateau à la fois.

En principe le Capitaine demande à tout le monde de quitter la passerelle mais là il est resté très cool et nous avons pu rester.

12:00

On déjeune en avance car vers 13:00 nous arrivons à Puerto Eden, le village de pêcheurs où nous faisons une halte-visite. Il tombe des cordes.

15:10

Retour de Puerto Eden qui n'a d'Eden que le nom. Un village de pêcheurs sans rue, la circulation (à pied) se fait sur des passerelles en bois.

De la pluie, la mer, des fuschias en pagaille, des bateaux... je me serais cru au Becquet !

Au retour on nous a servi un verre de vin chaud (que je n'ai pas pris). Nous sommes allés à terre grâce aux bateaux des pêcheurs qui ont organisé les navettes et qui trouvent ainsi un complément de rémunération (nous avons payé 3000 pesos soit 5$ pour aller à terre).

 

Notre navigation au total sera de 2 jours et 18 heures pour 815 nautiques, c’est ce qui est affiché sur la passerelle.

16:20

IL FAIT SOLEIL ! Pourvu que ça dure car arrivé à Puerto Natales je veux partir pour un trek de 10 jours mais je ne pourrais le faire que s'il fait raisonnablement beau.

A bord, en plus du radar, des instruments et de l'équipage, nous sommes protégés par la photo d'une vierge et du saint suaire de Turin , On n'est jamais trop prudent...

16:30

On entre dans la crasse à nouveau...

16:55

Il pleut franchement. L'officier de quart surveille la route entre 2 copies de CD qu'il fait sur son PC. A droite et à gauche le canal est bordé de hautes montagnes qui tombent à pic. Cela explique les fonds très profonds de plus de 100 m (parfois plus de 200 m) alors que les passages sont très étroits.

 

Le problème maintenant avec ce putain de voyage en bateau... C'est que cela me donne envie d'en faire un plus grand !

17:15 - 49º33' / 74º27'

Le « chenal », c'est à dire les arbres à droite et à gauche, fait 300 m de large.

17:30

Présentation sur l'argot et les idiomes chiliens

 

Plata = fric, argent

Pololo / Polola = petit(e) ami(e)

Pucho = clope

Top = le mieux (comme en anglais)

Gallo = un mec

Guagua = un bébé

Po = ne veut rien dire mais sert à ponctuer les phrases

Pucha = exclamation de dépit ou d'inconfort

Caletta = plusieurs, un tas de

Caña = la gueule de bois

Guata = le bide

Guatón = un homme avec du ventre

Super = super !

Piola = discret, effacé

Ese huevito quiere sal = cet oeuf veut du sel... quand un homme plait à une femme et réciproquement !

Mino / Mina = un bel homme (femme)

Al tiro = tout de suite (mais pas forcément)

Apperar = y aller (on y va !)

Atinar = bien réagir et vite

Bacán = cool

Bajón = avoir le blues

Buena onda = c'est bien (avoir de bonnes ondes). Avec « mala » c'est le contraire.

Cachai = t'as pigé ?

Carrette = une fête

Churo = intéressant

Condoro = une erreur, une bourde

Copete = une boisson alcoolisée

Cuico = snob

De ahi = bientôt (mais ça peut être long...)

Ene = 'n' dans le sens de beaucoup

Engrupir = embobiner

Gamba = 100 pesos

Quina = 500 pesos

Luca = 1000 pesos

Heavy = bon, sérieux, important

Huevón = un pote, mais cela peut aussi être péjoratif

Marroqueta = un genre de pain

Micro = un bus en ville

Ni ahi = se dit quand on n'est pas intéressé

Pacop = un flic (un poulet)

Pelar Cables = péter un plomb

Pichanga = une partie de foot entre amis

18:30

Le soleil est de retour... et je suis de retour sur la passerelle. Avec mois sont présents : un couple de Français, une dame Française dans les 60 ans, et un officier de quart.

Les côtes sont à 400 m ou 500 m à droite et à gauche mais on a 1000 m de fonds !

Avec le soleil, le paysage devient vraiment beaux et un peu irréels. On commence à voir les premiers massifs enneigés et les glaciers.

20:35

Dernier dîner. J'aurais vraiment beaucoup mangé, moi qui ne fait souvent qu'un repas par jour. Encore une fois, ce soir c'était excellent et, sans rire, meilleur pour les végétariens !

Le temps change... tout le temps ! Pluie, soleil et nuages jouent à cache-cache. Cela donne des éclairages superbes et de très beaux arcs en ciel. La mer est parfois plate et parfois toute blanche.

 

Ce soir est organisé une partie de bingo (un genre de loterie), pas mon truc.

Un thésard hollandais en biologie nous fait une présentation sur le Huemul qui est le cerf des Andes du sud. Cet animal est en voie de disparition (d'où sa thèse). C'était très intéressant.

 

Dennis, l'Australien était très original mais pas inintéressant. La difficulté quand il se met à parler est de pouvoir partir !

Lutz, l'Allemand, était bien sympathique.

 

 

Tu vois pendant ce voyage j'ai aussi lu des choses sur le bouddhisme et je m'y suis intéressé.

J'ai imaginé qu'en plus de la pollution atmosphérique, de la pollution sonore, de la pollution par la lumière, de la pollution par les ondes (avec les gsm par exemple), on avait aussi de la pollution mentale par les idées. Chaque fois que l'on a une pensée négative elle nous freine vers le bonheur et qui sait si elle ne pollue pas d'autres gens ?

Aussi j'essaye de comprendre l'origine de mes pensés négatives et, quand elles surgissent malgré tout je cherche à les transformer en quelque chose de positif. Par exemple, je ne veux plus me mettre en colère ni m'énerver, je ne veux plus penser du mal des gens, fussent-ils Américains ou [...]. Quand bien même ils viendraient me parler pendant mon petit-déjeuner !

C'est aussi intéressant de rechercher et de comprendre ce qui est important dans la vie. Promouvoir un système de valeur, contribuer au bonheur des autres. Ce sont ces 2 choses qui me paraissent les plus essentielles.

[...]

J'ai également beaucoup réfléchi à ce qui était matériellement important pour moi. Je ne suis pas prêt à balancer tout ce que j'ai mis dans des cartons avant de partir amis déjà c'est dans des cartons ou chez des amis !

 

Et puis les personnes ou les instants qui vous manquent. On décrit parfois les « tours du monde » comme des plaisirs solitaires et égoïstes qui font fi de la peine de ceux qu'on laisse « à la maison ».

Sans doute un peu [...].

 

Evidemment, avec Papa c'était différent, mais pouvais-je rester en attendant qu'il meurt. C'est crûment dit mais la question ne pouvait pas honnêtement se poser en des termes différents.

Je comprends qu'il en ait eu marre et qu'il ait choisi de partir... mais je suis aussi surpris, lui qui semblait pouvoir surmonter toutes les épreuves. Je n’ai pas une grande expérience du décès de proches : Lui et Jean. L'un comme l'autre je continue à leur raconter des choses, à m'imaginer pouvoir faire des choses avec eux... Et Jean, c'était il y a plus de 2 ans désormais.

 

Dans ce voyage, j'ai aussi beaucoup appris à être plus confiant. Je pense que l'Homme est intrinsèquement bon... parfois il faut savoir chercher et creuser longtemps. On aurait pu me voler mes affaires 100 fois !

22:15

Au dessus de moi j'entends le bingo. Je suis resté dans le réfectoire. Un mec lit encore, 4 italiens tapent le carton, et moi je passe un moment avec toi.

07:20 - 52º07' / 73º24' 

Il fait frisquet ce matin. Je suis sur la passerelle, tu t'en doutes... Le soleil se lève entre les montagnes et les nuages. La mer moutonne mais reste plate (quoique cela soit difficile à juger compte tenu que la passerelle est sans doute à au moins 10 m de haut). Nous naviguons dans un grand fjord.

 

Ce matin je me suis réveillé vers 06:30. Par sécurité je mets ma montre à sonner à 07:00 mais je me réveille toujours avant. Je vais prendre une douche, je m'habille et je me fait un café (j'ai un petit thermo-plongeur avec moi, c'est très pratique), ensuite j'aime bien aller sur la passerelle.

 

J'y suis resté longtemps hier soir, jusqu'à minuit. C'était très intéressant car nous avons dû attendre qu'un bateau qui remontait libère le chenal. On a attendu en faisant un 360º dans l'eau mais sans changer de vitesse et sans toucher au régime moteur ! On a croisé l'autre bateau, qui était très long, à une vingtaine de mètres... très près ! De temps à autre, le capitaine venait jeter un coup d’œil.

07:30 - 52º09' / 73º19'

Nous passons le point le plus sud de notre route avant de repartir dans les chenaux vers le nord et rejoindre Puerto Natales.

Hier j’ai un peu discuté avec les hommes de quart. Ici au Chili pas question de louer un bateau (même à voile) sans permis. Par contre, pas de limite à 9,9 CV pour les hors-bords.

Je n’ai jamais été aussi au sud.

Le bateau peut affronter des vents de force 10 ou 11 sans problème mais le capitaine me dit que dans ces cas là, s’il peut, il préfère attendre un peu car ce n’est pas bon pour les passagers et le fret

Il n’y a pas de barre sur la passerelle mais juste une molette horizontale avec laquelle on affiche le cap à suivre. Tout est asservi.

Je viens de remarquer que quiconque entre sur la passerelle (y compris les officiers) demande la « permission » en disant « permiso ».

Tout est donc asservi, comme sur les avions. Le pilote ne pilote plus un navire ou son avion mais un modèle de celui-ci et se sont les ordinateurs qui prennent le relais et qui font les actions nécessaires. Les avions de chasse modernes seraient en fait impilotables à la main en direct.

07:57

On traverse un grain, hyper localisé mais fort ! Pas le genre de truc agréable à la voile. On est encore loin du Horn mais déjà on se rend compte combien ces régions peuvent se révéler inhospitalières.

08:50

Les glaciers sont désormais abondants. Ils ont des reflets bleu, la mer est blanche de moutons entre les deux il y a les marrons et les verts foncés des montagnes, au dessus, le gris et le blanc du ciel chargé. Dehors il fait 10º et 95% d’humidité.

Le baromètre est encore descendu (991) et si le temps ne se remet pas s’en est fini de mon trek, je trouverais autre chose…

09:25 – 51º53’/72º58’

Point le plus étroit du trajet : 80 m de large, un seul bateau à la fois. Pour un bateau de 120 m de long et de 20 m de large c’est VACHEMENT ETROIT !

(Voir aussi les photos CIMG5304, 5305, 5306, 5308).

09:55

Présentation sur notre ville d’arrivée, Puerto Natales, et sur le parc national du Torres del Paine où nous allons « tous » faire un trek, vu que c’est la grande attraction à faire dans le coin. De plus le trek du Torres del Paine est un des plus réputés dans le monde pour ses paysages.

10:38

Un dernier virage à gauche, cap au nord, et nous serons arrivés dans le chenal d’accès à Puerto Natales.

 

La question la plus fréquente que l’on me pose est de savoir si je n’ai jamais le blues.

Alors si j’ai le blues… J’ai le blues quand je quitte un endroit connu où je me sentais bien, j’ai le blues quand il ne fait pas beau, ou qu’il fait froid, car je n’ai pas de confort et pas de chauffage. J’ai le blues quand j’arrive dans un endroit que je connais mal, j’ai le blues quand je quitte des gens que je commençait à connaître

J’ai le blues quand je sais qu’une lettre de 18 pages va prendre fin, j’ai le blues quand je me demande si je vais lire de bonnes ou de mauvaises nouvelles sur internet…

Mais quand je retrouve chaleur et confort, quand je passe de bons moments, quand je rencontre des gens intéressants, quand je me réjouis du bonheur des autres, alors j’apprécie pleinement.

Il pleuvait il y a 2 minutes, il fait soleil maintenant.

11:05

Mon sac à dos est fermé, la passerelle est fermée aussi… Le bateau arrive au port.

Du pont nous sommes le point le plus haut de la ville.

C’est l’heure de refermer ces feuilles, je te retrouverai plus tard avec les photos.

[…]

 

PAC