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De
Santiago à Puerto Montt (en bus)
De Puerto Montt à Puerto Natales (en bateau)
|
Île de Pâques(27°09'53"S 109°25'19"W) Santiago (33°23'35"S 70°47'09"W) Santiago (33°23'35"S 70°47'09"W) Puerto Montt (41°26'20"S 73°05'38"W) Total
= 916 km Puerto Montt (41°26'20"S
73°05'38"W) Puerto Natales
(51°24'00"N 72°19'00"E) Total = 1146 km Total = 5822 km |
Carte
détaillée de la région autour de Puerto Natales
Table des matières (cliquez sur les titres !)
42º27'40" SUD /
73º04'10" W / Vitesse 12 nœuds 1 mars 2004 / 21:35 (GMT - 3)
2 mars / 44º24 - 73º45 / 08:00
48º00' - 74º28' - 07:20 du matin
C'est Jean-Pierre qui rêvait de faire
des voyages en cargo et c'est lui qui m'en a donné l'idée. Alors j'ai fait un petit
bout de son rêve. Je le lui raconte dans une lettre de 18 pages qu'il recevra
bientôt…
Ne lui dites pas, laissez lui la surprise.
En voici des extraits...
Jean-Pierre,
[...]
Je suis donc à bord d'un bateau,
un cargo
aménagé pour le transport des passagers
(jusqu'à 180 je crois) et qui exploite une ligne entre Purto Montt et Punta
Arenas.
Un jour chez toi à Port-Vendres, je mélangeais les Incas et les Aztèques et
ma géographie des lieux était plus qu'approximative. Alors tu m'as ouvert un
livre ou deux, j'ai trouvé le lac Titicaca à la frontière entre la Bolivie et
le Pérou. Nous étions en novembre 2000. En mars 2001 j’étais au bord de ce lac
dans une petite ville bolivienne nommée Copacabana. J'étais seul évidemment. Ce
qui est bien en étant seul c'est que l'on est discret et que l'on peut écouter.
Là, près d'un bus, je repère 2 jeunes femmes - pas ploucs comme les
américaines. Tiens, elles sont françaises. Je le savais mais elles ne me
savaient pas français. Je me suis assis derrière elles dans le bus car nous
prenions le même bus. Les 2 sont devenues des amies.
[...]
Lors de mon dernier passage chez toi nous parlions de mon projet de
congé sabbatique. Et tu m'as parlé des cargos et des raisons qui ont fait que
tu voulais habiter près d'un port. Tu m'as passé un livre et j'ai pris des
adresses et des contacts. On avait aussi parlé de Papa et de la
possibilité qu'il meurt pendant que je ne serais pas là...
Je suis parti, il est mort, et je suis sur un cargo.
Impossible de penser à quelqu'un d'autre que toi, que lui, que mon ami
Jean, que Delphine et Magali, que Carinne que je retrouverai à mon retour... Tout
s'enchaîne.
[...]
Revenons à ce bateau. Il a vraiment été aménagé pour faire simultanément
cargo et « tourisme ». Il permet a de nombreux voyageurs de descendre
en Patagonie calmement en profitant de la beauté des paysages.
J'ai pris une couchette
en dortoir mais c'est très confortable. Le dortoir
se trouve sur un des pont supérieur et on a donc des hublots. Les couchettes
sont par groupe de 4, séparées par de fines cloisons sans porte. Les couchettes
au centre du dortoir n'ont pas de fenêtres mais, connaissant le truc, j'ai bien
demandé une couchette supérieure avec hublot (les meilleures).
Au pied de la couchette on a un grand placard individuel qui ferme à clé.
Les couchettes (matelas, draps et couverture) ferment avec un petit rideau et disposent
d'une lumière individuelle et d'une prise électrique. Ça sera une de mes
chambres les plus luxueuses de mon voyage !
Je suis arrivé à Puerto Montt (port de départ) par un bus de nuit depuis
Santiago. Directement je suis allé faire mon enregistrement à bord et j'ai
laissé mon sac à dos à l'équipage qui se charge de le transporter à sa cabine
de destination. Je suis ensuite allé à pied en ville. Une ville portuaire, des
nuages, du crachin, des odeurs de mer, bref, je n'étais pas dépaysé !
J'ai pris racine dans un bistrot près du port pour faire mon courrier
: 6 enveloppes avec [...].
Je fais donc mon courrier dans un bistrot, je vais poster tout mon bazar à
la poste en réclamant des timbres car les enfants ça collectionne les
timbres... Je fais 2 ou 3 courses et je retourne au port à 14:00 pour
l'embarquement.
[...]
Revenons à ce bateau. On embarque, on trouve nos couchettes (il y a aussi
des cabines privées pour les classes supérieures) et vers 16:30 nous partons.
Je partage mon carré de 4 avec Dennis un Australien dans les 55/60 ans et
Lutz, un Allemand dans les 40 ans.
Il y a un pub et un réfectoire. Les repas (ils font aussi végétarien) sont
de 8 heures à 9 heures puis de 12:30 à 13:30 et de 19:30 à 20:30. En libre
service. Vu le premier dîner, c'est simple mais très bon et très copieux.
Tous les jours des activités sont proposées : exposés sur la route et les
endroits traversés, films, ... je verrai au fur et à mesure.
[...]
Je suis dans la salle du réfectoire (où ils passent aussi les films), il
est 22:55 en heure locale.
A demain !
J'ai bien dormi mais il faisait trop chaud. La couchette est orientée dans
l'axe de roulis et pas de tangage comme c'est le cas sur les voiliers plus
petits. Ça fait bizarre.
Nous serpentons à travers des îlots minuscules. La navigation là dedans en
faisant le
point à l'ancienne devait être sport ! Je suis monté voir la passerelle
: elle
est vide ! Il y a juste un homme d'équipage qui jète un oeil su la mer
et le radar.
Il est 8 heures du matin et j'attends le lancement du petit-déjeuner. C'est
le repas que je préfère dans la journée, aussi bien au niveau du goût, des
odeurs que de l'ambiance.
Petit-déj, sieste-lecture, conférence
sur la faune que l'on verra en route, projection d'un documentaire.
Et voilà déjà l'heure du déjeuner. Dehors il fait beau mais le temps est
couvert. Cette nuit il a beaucoup plu.
Le réfectoire est à l'avant dernier pont du navire et avec de grandes
fenêtres. On voit donc bien dehors. Pour le moment le bateau navigue dans des
chenaux et la mer est donc très plate. Rien ne bouge.
Un an c'est long... mais un an de congés c'est très court ! Déjà je pars 10
mois et pas 12, ensuite je rentre 3 semaines au milieu, après j'ai des points
de rencontre autours desquels je m'organise [...].
Ensuite on saupoudre une ou deux semaines par-ci, par-là, des cours de yoga
en Inde. Ici en Amérique du Sud je veux prendre 3 ou 4 semaines de cours
d'Espagnol, quelques contraintes météo ou de transport... et ce sont des mois
entiers qui défilent !
[...]
C'est intéressant de réfléchir à ce à quoi on tient et à ceux à qui on
tient. T'aurais-je un jour écit une lettre aussi longue sans ce voyage ?
Je suis au « pub ». C'est bien car tous les espaces sont non fumeurs
sauf le pub à partir de 9 heures du soir. Dehors c'est couvert et il pleut. Je
travaille un peu mes conjugaisons d'Espagnol... Le système est en gros très
proche du français [...].
On est en plein dans le canal Pulluche (45º45'/74º20') et pour un gros
bateau comme nous c'est pas évident. Je suis SUR la table à carte car on est
admis sur la passerelle.
La plupart des passagers présents se tiennent coi. La musique a été coupée
et l'on entend que les corrections
données à la barre a coup de 1 ou 2 degrés à bâbord ou à tribord.
Evidemment un passager ne comprends pas et commence à poser des question à
celui qui pilote. Il est obligé de lui demander de se taire mais gentiment il
lui explique après où nous étions et pourquoi c'était dur. A aucun moment la
vitesse n'a été changée et on est resté à 12 nœuds.
On sort du passage difficile et on remet la musique !
Je suis étonné par la déviation magnétique qui est importante (15º55' E en
1985) mais qui varie très peu (3' W par an). Un membre de l'équipage me montre
que la déviation maximum dans cette région peut atteindre 18º !
Curieux de voir qu'ils utilisent des cartes comme nous. Mais ici pas
d'indications de marées ou de courants.
J'ai fini de dîner : salade de laitue et tomates, soupe aux champignons,
spaghettis à la béchamel (bolognaise pour les non-végétariens), semoule en
dessert et pain. C'était très bon.
Nous sommes désormais sortis des zones protégées et sommes en pleine mer au
nord du golf de Penas. La mer est agitée et il doit y avoir 5 beaufort. Ça
bouge et il faut faire attention en se déplaçant. Les passagers bouffent des pilules
anti mal de mer. Moi j'attends, on verra bien.
Je viens de passer près
d'une heure trente sur la passerelle.
Il y a de sacrées vagues mais c'est dur de se rendre compte tellement on en est
haut sur l'eau. J'ai compris qu'ils utilisent à la fois le GPS et le radar pour
se guider. Le GPS est trop imprécis dans les petits canaux.
J'aime pas les américains (des USA) mais sur ce genre de voyage on en
rencontre forcément beaucoup. Ce sont de ploucs. Sais-tu que les USA dépensent
à eux seuls plus que TOUS les autres pays réunis pour leur budget « défense »
(on devrait dire budget ATTAQUE vu à quoi ça sert...).
Mais il y a pire que les Américains sur ce genre de voyage, ce sont les
[...]. Coup de chance il n'y en pas à bord ! Il y a des Américains, des
Italiens, pas mal de Français, des Allemands, des Hollandais, des Flamands,
voilà ce que j'ai repéré pour le moment.
A demain !
J'ai pris ma douche (chaude et propre) et je suis de retour sur la
passerelle. On avance un peu plus vite (15.5 nœuds). On quitte le golf de Penas
pour entrer à nouveau dans les canaux en direction de Puerto Natales. Pas
de lever de soleil : c'est couvert et il pleut assez fort.
J'aime les levers de soleil, et les couchers aussi. C'est un spectacle
superbe dont je ne me lasse pas.
La mer est bien formée et le blanc des moutons se fond avec la grisaille et
la brume. On est pas loin des côtes mais on ne peut pas les voir. Il n'y a
qu'un homme sur la passerelle. Il attend la fin de son quart et il est fatigué
: il baille. Il a ouvert la porte de droite en plus de la porte de gauche pour
avoir plus d'air, il a mis la musique un peu plus fort. Visiblement il lutte
contre le sommeil, va de la table à carte au radar mais reste le plus souvent
debout.
Tout cela me rappelle Papa et Jean.
Jean, Philippe et moi. Un trio d'ami inséparable. Ce n'était pas évident de
savoir amis et inséparables, aucun de nous n'étant très expansif. Même entre
nous on se parlait peu et on partageait peu nos problèmes. J'ai beaucoup couru
avec Jean. Combien de centaines de kilomètres et d'heures avons-nous passer à
suer côte à côte ?
Tous les 3 nous avons fait du bateau ensemble. En fait depuis 20 ans nous
n'avons jamais navigué que ensemble ou quasiment, pas souvent mais presque
exclusivement. A l'image de notre amitié.
J'ai été témoin au mariage de Jean et je suis le parrain du fils de
Philippe.
De nous trois, Jean était celui qui naviguait le mieux. Il savait vraiment
bien régler un bateau et jouer avec les différentes possibilités pour bien
régler le creux de la voile et lui assurer un rendement maximum.
Jean n'est plus là. Je pense souvent au jour où Philippe et moi referons du
bateau ensemble, ensemble et amputé d'un tiers...
Le bateau de Papa a été une histoire bien différente qui a débutée en 1980
si j'ai bonne mémoire. Papa a été heureux avec son bateau et cela n'a pas
fondamentalement changé quoi que ce soit pour Maman, alors...
Mais je crois que tous les 4, Papa, Maman, Agnès et moi, on n'a jamais été
aussi content que Bengali existe que quand tu t'es mis à l'utiliser. Enfin ce
bateau avait une vraie utilité. [...]
Parfois Papa rentrait du Becquet et nous annonçait que le bateau avait bien
servi : alors nous étions contents. C'était un peu ta façon de nous donner des
nouvelles... via le loch qui affichait les nautiques !
C'est moi qui avait proposé le nom du bateau « Bengali ». C'était
le nom d'une boutique de vêtements et de lingerie rue Raymond-Losserand.
J'avais bien aimé le mot. Sans faire le rapprochement avec le Bengale et l'Inde
! Et sans même imaginer que j'irai là-bas un jour !
Il fait jour... j'imagine... C'est l'heure du petit-déj... je file !
Au menu : café, pain, porridge, fromage, oeufs brouillés, banane.
Un Français est venu me parler et je n'aime pas ça, c'est MON temps qu'il
m'a pris ! (en fait il m'a tout de même donné une piste intéressante pour des
cours d'Espagnol en Equateur dans la vallée de Pachabamaba) .
A 09:30 nous avons eu le briefing du jour sur la route et les activités.
Aujourd'hui on fait escale à Puerto Eden, un petit village. J'ai prévu de
descendre mais il ne fait vraiment pas beau.
Nous entrons dans le détroit
Anglais (48º58'/74º25'). Largeur 80m (en fait je me suis trompé ce
passage de 80m est bien plus tard mais c'était très étroit tout de même) pour
un bateau qui fait 122 m de long.
Passage de jour obligatoire, longueur maximum autorisée pour les navires :
180 m, un seul bateau à la fois.
En principe le Capitaine demande à tout le monde de quitter la passerelle
mais là il est resté très cool et nous avons pu rester.
On déjeune en avance car vers 13:00 nous arrivons à Puerto
Eden, le village de pêcheurs où nous faisons une halte-visite. Il tombe
des cordes.
Retour de Puerto Eden qui n'a d'Eden que le nom. Un village de pêcheurs
sans rue, la circulation (à pied) se fait sur des passerelles en bois.
De la pluie, la mer, des fuschias en pagaille, des bateaux... je me serais
cru au Becquet
!
Au retour on nous a servi un verre de vin chaud (que je n'ai pas pris).
Nous sommes allés à terre grâce aux bateaux des pêcheurs qui ont organisé les
navettes et qui trouvent ainsi un complément de rémunération (nous avons payé
3000 pesos soit 5$ pour aller à terre).
Notre navigation au total sera de 2 jours et 18 heures pour 815 nautiques,
c’est ce qui est affiché sur la passerelle.
IL FAIT SOLEIL ! Pourvu que ça dure car arrivé à Puerto Natales je veux
partir pour un trek de 10 jours mais je ne pourrais le faire que s'il fait
raisonnablement beau.
A bord, en plus du radar, des instruments et de l'équipage, nous sommes
protégés par la photo d'une vierge et du saint suaire de Turin , On n'est
jamais trop prudent...
On entre dans la crasse
à nouveau...
Il pleut franchement. L'officier de quart surveille la route entre 2 copies
de CD qu'il fait sur son PC. A droite et à gauche le canal est bordé de hautes
montagnes qui tombent à pic. Cela explique les fonds très profonds de plus de
100 m (parfois plus de 200 m) alors que les passages sont très étroits.
Le problème maintenant avec ce putain de voyage en bateau... C'est que cela me
donne envie d'en faire un plus grand !
Le « chenal », c'est à dire les arbres à droite et à gauche, fait
300 m de large.
Présentation sur l'argot et les idiomes chiliens
Plata = fric, argent
Pololo / Polola = petit(e) ami(e)
Pucho = clope
Top = le mieux (comme en anglais)
Gallo = un mec
Guagua = un bébé
Po = ne veut rien dire mais sert à ponctuer les
phrases
Pucha = exclamation de dépit ou d'inconfort
Caletta = plusieurs, un tas de
Caña = la gueule de bois
Guata = le bide
Guatón = un homme avec du ventre
Super = super !
Piola = discret, effacé
Ese huevito quiere sal = cet oeuf veut du sel...
quand un homme plait à une femme et réciproquement !
Mino / Mina = un bel homme (femme)
Al tiro = tout de suite (mais pas forcément)
Apperar = y aller (on y va !)
Atinar = bien réagir et vite
Bacán = cool
Bajón = avoir le blues
Buena onda = c'est bien (avoir de bonnes ondes).
Avec « mala » c'est le contraire.
Cachai = t'as pigé ?
Carrette = une fête
Churo = intéressant
Condoro = une erreur, une bourde
Copete = une boisson alcoolisée
Cuico = snob
De ahi = bientôt (mais ça peut être long...)
Ene = 'n' dans le sens de beaucoup
Engrupir = embobiner
Gamba = 100 pesos
Quina = 500 pesos
Luca = 1000 pesos
Heavy = bon, sérieux, important
Huevón = un pote, mais cela peut aussi être
péjoratif
Marroqueta = un genre de pain
Micro = un bus en ville
Ni ahi = se dit quand on n'est pas intéressé
Pacop = un flic (un poulet)
Pelar Cables = péter un plomb
Pichanga = une partie de foot entre amis
Le soleil
est de retour... et je suis de retour sur la passerelle. Avec mois sont
présents : un couple de Français, une dame Française dans les 60 ans, et un
officier de quart.
Les côtes sont à 400 m ou 500 m à droite et à gauche mais on a 1000 m de fonds
!
Avec le soleil, le paysage devient vraiment beaux et un peu irréels. On
commence à voir les premiers massifs enneigés et les glaciers.
Dernier dîner. J'aurais vraiment beaucoup mangé, moi qui ne fait souvent
qu'un repas par jour. Encore une fois, ce soir c'était excellent et, sans rire,
meilleur pour les végétariens !
Le temps change... tout le temps ! Pluie, soleil et nuages jouent à
cache-cache. Cela donne des éclairages superbes et de très beaux arcs en ciel.
La mer est parfois plate et parfois toute blanche.
Ce soir est organisé une partie de bingo (un genre de loterie), pas mon
truc.
Un thésard hollandais en biologie nous fait une présentation sur le Huemul
qui est le cerf des Andes du sud. Cet animal est en voie de disparition (d'où
sa thèse). C'était très intéressant.
Dennis, l'Australien était très original mais pas inintéressant. La
difficulté quand il se met à parler est de pouvoir partir !
Lutz, l'Allemand, était bien sympathique.
Tu vois pendant ce voyage j'ai aussi lu des choses sur le bouddhisme et je
m'y suis intéressé.
J'ai imaginé qu'en plus de la pollution atmosphérique, de la pollution
sonore, de la pollution par la lumière, de la pollution par les ondes (avec les
gsm par exemple), on avait aussi de la pollution mentale par les idées.
Chaque fois que l'on a une pensée négative elle nous freine vers le bonheur et
qui sait si elle ne pollue pas d'autres gens ?
Aussi j'essaye de comprendre l'origine de mes pensés négatives et, quand
elles surgissent malgré tout je cherche à les transformer en quelque chose de
positif. Par exemple, je ne veux plus me mettre en colère ni m'énerver, je ne
veux plus penser du mal des gens, fussent-ils Américains ou [...]. Quand bien
même ils viendraient me parler pendant mon petit-déjeuner !
C'est aussi intéressant de rechercher et de comprendre ce qui est important
dans la vie. Promouvoir un système de valeur, contribuer au bonheur des autres.
Ce sont ces 2 choses qui me paraissent les plus essentielles.
[...]
J'ai également beaucoup réfléchi à ce qui était matériellement important
pour moi. Je ne suis pas prêt à balancer tout ce que j'ai mis dans des cartons
avant de partir amis déjà c'est dans des cartons ou chez des amis !
Et puis les personnes ou les instants qui vous manquent. On décrit parfois
les « tours du monde » comme des plaisirs solitaires et égoïstes qui
font fi de la peine de ceux qu'on laisse « à la maison ».
Sans doute un peu [...].
Evidemment, avec Papa c'était différent, mais pouvais-je rester en
attendant qu'il meurt. C'est crûment dit mais la question ne pouvait pas
honnêtement se poser en des termes différents.
Je comprends qu'il en ait eu marre et qu'il ait choisi de partir... mais je
suis aussi surpris, lui qui semblait pouvoir surmonter toutes les épreuves. Je
n’ai pas une grande expérience du décès de proches : Lui et Jean. L'un
comme l'autre je continue à leur raconter des choses, à m'imaginer pouvoir
faire des choses avec eux... Et Jean, c'était il y a plus de 2 ans désormais.
Dans ce voyage, j'ai aussi beaucoup appris à être plus confiant. Je
pense que l'Homme est intrinsèquement bon... parfois il faut savoir
chercher et creuser longtemps. On aurait pu me voler mes affaires 100 fois !
Au dessus de moi j'entends le bingo. Je suis resté dans le réfectoire. Un
mec lit encore, 4 italiens tapent le carton, et moi je passe un moment avec
toi.
Il fait frisquet ce matin. Je suis sur la passerelle, tu t'en doutes... Le soleil se lève entre les montagnes et les nuages. La mer moutonne mais reste plate (quoique cela soit difficile à juger compte tenu que la passerelle est sans doute à au moins 10 m de haut). Nous naviguons dans un grand fjord.
Ce matin je me suis réveillé vers 06:30. Par sécurité je mets ma montre à
sonner à 07:00 mais je me réveille toujours avant. Je vais prendre une douche,
je m'habille et je me fait un café (j'ai un petit thermo-plongeur avec moi,
c'est très pratique), ensuite j'aime bien aller sur la passerelle.
J'y suis resté longtemps hier soir, jusqu'à minuit. C'était très
intéressant car nous avons dû attendre qu'un bateau qui remontait libère le
chenal. On a attendu en faisant un 360º dans l'eau mais sans changer de
vitesse et sans toucher au régime moteur ! On a croisé l'autre bateau, qui
était très long, à une vingtaine de mètres... très près ! De temps à autre, le
capitaine venait jeter un coup d’œil.
Nous passons le point le plus sud de notre route avant de repartir dans les
chenaux vers le nord et rejoindre Puerto Natales.
Hier j’ai un peu discuté avec les hommes de quart. Ici au Chili pas
question de louer un bateau (même à voile) sans permis. Par contre, pas de
limite à 9,9 CV pour les hors-bords.
Je n’ai jamais été aussi au sud.
Le bateau peut affronter des vents de force 10 ou 11 sans problème mais le
capitaine me dit que dans ces cas là, s’il peut, il préfère attendre un peu car
ce n’est pas bon pour les passagers et le fret
Il n’y a pas de barre sur la passerelle mais juste une molette horizontale
avec laquelle on affiche le cap à suivre. Tout est asservi.
Je viens de remarquer que quiconque entre sur la passerelle (y compris les
officiers) demande la « permission » en disant « permiso ».
Tout est donc asservi, comme sur les avions. Le pilote ne pilote plus un navire
ou son avion mais un modèle de celui-ci et se sont les ordinateurs qui prennent
le relais et qui font les actions nécessaires. Les avions de chasse modernes
seraient en fait impilotables à la main en direct.
On traverse un grain, hyper localisé mais fort ! Pas le genre de truc
agréable à la voile. On est encore loin du Horn mais déjà on se rend compte
combien ces régions peuvent se révéler inhospitalières.
Les glaciers sont désormais abondants. Ils ont des reflets bleu, la mer est
blanche de moutons entre les deux il y a les marrons et les verts foncés des
montagnes, au dessus, le gris et le blanc du ciel chargé. Dehors il fait 10º et
95% d’humidité.
Le baromètre est encore descendu (991) et si le temps ne se remet pas s’en
est fini de mon trek, je trouverais autre chose…
Point
le plus étroit
du trajet : 80 m de large, un seul bateau à la fois. Pour un bateau de 120 m de long
et de 20 m de large c’est VACHEMENT
ETROIT !
(Voir aussi les photos CIMG5304,
5305,
5306,
5308).
Présentation sur notre ville d’arrivée, Puerto Natales, et sur le parc
national du Torres del Paine où nous allons « tous » faire un trek,
vu que c’est la grande attraction à faire dans le coin. De plus le trek du
Torres del Paine est un des plus réputés dans le monde pour ses paysages.
Un dernier virage à gauche, cap au nord, et nous serons arrivés dans le chenal d’accès à Puerto Natales.
La question la plus fréquente que l’on me pose est de
savoir si je n’ai jamais le blues.
Alors si j’ai le blues… J’ai le blues quand je quitte un
endroit connu où je me sentais bien, j’ai le blues quand il ne fait pas beau,
ou qu’il fait froid, car je n’ai pas de confort et pas de chauffage. J’ai le
blues quand j’arrive dans un endroit que je connais mal, j’ai le blues quand je
quitte des gens que je commençait à connaître
J’ai le blues quand je sais qu’une lettre de 18 pages va
prendre fin, j’ai le blues quand je me demande si je vais lire de bonnes ou de
mauvaises nouvelles sur internet…
Mais quand je retrouve chaleur et confort, quand je passe
de bons moments, quand je rencontre des gens intéressants, quand je me réjouis
du bonheur des autres, alors j’apprécie pleinement.
Il pleuvait il y a 2 minutes, il fait soleil maintenant.
Mon sac à dos est fermé, la passerelle est fermée aussi… Le bateau arrive
au port.
Du pont nous sommes le point le plus haut de la ville.
C’est l’heure de refermer ces feuilles, je te retrouverai plus tard avec
les photos.
[…]
PAC