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Punta Arenas (Chili)

Ushuaia (54°50'36"S 68°17'45"W)                                                              Punta Arenas (53°00'10"S 70°51'17"W)                                                                                                                                                                                      

                                                                                                                           Total = 265 km

 

Table des matières (cliquez sur les titres !)

Un peu de géographie

Arrivée à Punta Arenas

La dictature des Mamies

Les dimanches sont merdiques partout

Non, tout n'est pas pourri à Punta Arenas !

Extraordinaires vues du ciel

 

Un peu de géographie… et d’histoire

Pour quitter la Terre de Feu et revenir sur le continent (voir carte détaillée) il n’y a pas vraiment de route directe. D’ailleurs la plupart du temps la route est une piste non bitumée.

La Terre de Feu est comme une grande île séparée du continent par le détroit de Magellan. Quand on va de Ushuaia (Argentine) à Punta Arenas (Chili), on remonte tout droit vers le nord pour passer ce détroit à Punta Delgada en utilisant un bac (et pas un pont)… Les 265 km à vol d’oiseau se transforment alors en 654 km et 12 heures de bus.

Bref… je n’avais rien compris… Mais en prenant ce bac j’étais ému. J’imaginais Magellan, au début du 16 ème siècle, avec ses gros bateaux, en train de s’enfoncer dans ce bras de mer sans vraiment savoir où cela le mènerait… Il pouvait très bien se retrouver dans une position très délicate au fond d’un cul de sac sans place ni fonds pour manœuvrer…

Magellan était parti d’Espagne le 20 septembre 1519 avec 5 bateaux et 241 hommes d’équipages. Il arrive au Brésil en janvier 1520, descend le long de la côte et cherche ce passage qui évitera de doubler le Cap Horn (Cabo de Hornos). Il trouve le détroit en octobre 1520 et continue de l’autre côté avec 3 des 5 bateaux seulement. J’ai vu des cartes qui datent de la fin du 17 ème siècle, plus de 150 ans après Magellan… et leur imprécision fait frémir…

En mars 1521 Magellan meurt assassiné aux Philippines. Un seul navire rentrera en Espagne, le Victoria, le 6 septembre 1522 avec 18 hommes de l’équipage initial seulement…

 

Au plan de la géographie c'est aussi amusant de remarquer combien le Chili est âpre à defendre ses revendications sur le territoire antartique. Il faut dire que le Chili, l'Argentine et le Royaume-Uni reclame une portion du territoire qui est au deux tiers commune au trois pays... Ainsi il n'y a pas une carte du Chili ou de l'Argentine qui n'exhibe fièrement son morceau de camembert antartique, jusqu'au pôle sud.

En consequence, le Chili est également très fier de célébrer le point central de son territoire qui est à mi chemin entre la frontière nord avec le Pérou et... le pôle sud ! Ce point "central" est voisin de Punta Arenas qui pour nous est une ville située tout à fait dans le sud du pays... Affaire de point de vue.

 

Dans le même ordre d'idée, il n'y a pas une seule carte de l'Argentine qui ne fasse figuer les îles Malouines comme faisant parti de leur territoire. Les Chiliens, plus diplômates publient des cartes qui indique pour les îles Malouines "admistré par le Royaume-Uni et revendiqué par l'Argentine".

Arrivée chez les Mamies

Le bus s’arrête. J’ai compris où nous étions : à 13280 km de Paris, pas très loin de la place d’armes. J’ai sélectionné 2 ou 3 hospedaje possibles. Je prends à tout hasard quelques uns des prospectus que l’on nous tend aimablement.

Il fait un grand soleil, très blanc, déjà bas sur l’horizon.

Je récupère mon sac à dos et je pars a pied.

 

J’entre dans la première hospedaje. Je la croyais bien située au bord de la mer mais elle est surtout au bord d’une route très passante. Mauvaise pioche. De toute façon après 2 minutes d’appels infructueux, la « réception » reste vide.

La deuxième hospedaje (un des prospectus) ne me propose qu’une chambre sans fenêtre et ça j’ai déjà donne (ça va une nuit mais pas 5) ou bien un lit dans une chambre minuscule, bordélique et occupée par des « jeunes filles » assez négligées (ça va une nuit mais pas 5…).

La troisième hospedaje est complète mais me donne l’adresse d’une quatrième.

La quatrième ne répond pas quand je sonne…

 

Surgit une Mamie bougon d’une voiture.

Elle me demande… je ne comprends rien mais elle me demande forcement si je cherche une hospedaje…

            Nena est malade (je comprends) mais vous pouvez venir chez moi (je devine)

            Vous avez aussi des chambres ?

            Oui, là.

On entre. Elle monte l’escalier difficilement. C’est peut-être parce qu’elle a mal qu’elle est bougon ? Comme la sorcière de Kirikou…

            C’est combien la nuit ?

            5000 avec le petit déjeuner.

            Oh ! C’est cher !

Que n’avais pas déclenché… J’ai droit a tout l’historique de ses tarifs et de ceux de la Nena…

            Je ne souhaite pas le petit-déjeuner… On peut utiliser la cuisine ?

            Non

Et merde…

            Je peux voir la chambre ?

            5000 sans le petit-déjeuner et avec la cuisine

La chambre est petite, avec 2 lits, mais propre. La Mamie est vraiment très bougon et on failli aller au clash, je prends sa piaule et demain je me casse si ça ne va pas.

            Merci c’est très bien… Merci beaucoup…

            Vous restez combien de temps ?

            Je compte rester 4 ou 5 jours

            Alors 4500…

conclue-t elle avec un vrai sourire !

 

La salle de bains est correcte et la cuisine aussi. Il y a un salon commun avec une télévision, j’aime bien regarder les nouvelles, ça me fait faire des progrès en Espagnol…

Elle me tend une clé, marche conclu. A peu de choses près cela me rappelle mon premier entretien avec mon boss (j’espère que c’est toujours mon boss…) ça avait failli tourner vinaigre avant qu’on ne se soit dit bonjour…

Mère Teresa a raison il faut sourire tous les jours à au moins 5 personnes que l’on ne connaît pas…

Je croyais que cette hospedaje n’était pas marquée dans mon guide… mais lecture faite elle s’y trouve ! C’est apparemment plein de ici, curieux… Le lendemain un français de Toulouse m’explique que Nena s’est cassé le col du fémur, que l’hospedaje de Nena est dans le guide du routard et que c’est l’hospedaje d’en face qui à récupéré les locataires de Nena…

Tout s’explique !

La Mamie-bougon disparaît de la scène et s’est une Mamie-têtue qui arrive…

Mon compagnon de Chambre s’appelle Omar, il est péruvien et travaille ici.

Arrivée réussie.

La dictature des Mamies

La Mamie-têtue me demande ce que je veux pour le petit-déjeuner… Je lui explique que j’ai pris SANS le petit-déjeuner mais AVEC la cuisine. Faut pas déconner le petit-déjeuner est mon repas préféré de la journée et je me fais un plaisir de le préparer moi-même. En plus ce que je préfère au petit-déjeuner c’est le pain frais et j’ai horreur des croissants et du beurre (ça gâche le goût du pain).

Mamie-têtue n’a pas l’air très contente…

Le lendemain matin je pars faire mon footing et au retour la mamie-têtue me dis que mon petit-déjeuner est prêt…

 

La guerre est-elle déclarée ?

Alors je lui explique :

            Non merci, je ne prends pas le petit-déjeuner

            Oh ! Mais si il est prêt, il y a tout sur la table

Tout c’est à dire des gâteaux, des croissants, du beurre… et pas de pain frais !

Je m’isole une demie-heure dans ma chambre, j’avais de la couture a faire, je vais prendre ma douche… je me dis qu’elle va comprendre.

Non ! Elle me coince au sortir de la douche… Nouvelles explications… Résignée elle conclue que si je n’en veux pas ce n’est pas un problème. Elle ne le débarrassera que vers midi, si jamais j’avais changé d’avis…

Du coup elle m’a tout de même un peu gâcher le mien… Enfin j’avais tout de même MON pain frais, acheté lors du footing, et de la confiture de rhubarbe de Patagonie : je crois que c’est la meilleure du monde…

 

Un peu plus tard je me décide à affronter la Mamie-têtue pour avoir une bassine pour laver mon linge. C’est dur à expliquer car d’une part pour un slip, une paire de chaussettes, un t-shirt et un pantalon hors d’âge, je n’ai pas besoin de faire une machine… et d’autre part je ne sais pas dire « bassine » : je sais dire « verre » et c’est tout alors une bassine cela donne dans mon espagnol à moi « une chose comme un grand verre pour laver mon linge ». Je me dis qu’avec un peu d’imagination on doit pouvoir comprendre…

Mais c’était sans compter avec la Mamie-têtue… qui me montre sa machine à laver ! Après de nombreuses explications elle me donne enfin un bassine, résignée…

Le soir je trouve mon linge en train de sécher dans la cours. Mamie-têtue arrive et avec un sourire me dit qu’elle a lavé mon pantalon…

La guerre est-elle déclarée ?

 

Le lendemain matin, je pensais avoir gagné la partie, mais je rentre de mon footing pour me heurter à la Mamie-bougon.

Avec un sourire carnassier, vampiresque même, elle m’annonce que… mon petit-déjeuner est prêt.

Alors je lui explique :

            Non merci, je ne prends pas le petit-déjeuner

            Oh ! Mais si il est prêt, il y a tout sur la table

Tout c’est à dire des gâteaux, des croissants, du beurre… et pas de pain frais !

            Non, non merci, vraiment, je ne prends pas le petit-déjeuner

            Oh ! Mais si ! Je te l’offre…

            Non, non merci, vraiment, je ne prends pas le petit-déjeuner

J’ai coupé court, foncé dans la douche et je suis sorti, sans café, sans pain frais…

La guerre est-elle déclarée ?

 

Putain de Mamies, où suis-je tombé ?

Les dimanches sont merdiques partout

Punta Arenas, ses rues à angles droits autour de la place d’armes, ses cafés pas sympas, ses 2 musées que l’on visite en 2 heures…

Et voilà comment je me retrouve un dimanche comme un dimanche.

Putain !

Le dimanche c’est le jour du Seigneur et cela devrait être le plus beau jour de la semaine mais… il n’y a pas un jour plus merdique sur terre que les dimanche… on traîne, on cherche a s’occuper en slalomant entre les choses qui sont fermés, on se met a claquer du pognon bêtement ou à manger pour passer le temps… Avec un peu de chance on a voir un film pourri.

Putain !

On peut passer un dimanche merdique partout… même a Punta Arenas au bord du détroit de Magellan.

 

Mais je connais des endroits où les dimanche ne sont pas pourris… En Asie, là où le catholicisme n’est pas la religion dominante. Les dimanche sont là-bas des jours presque comme les autres. Presque aussi bons que les autres…

 

Lundi matin je découvre qu'il n'y a pas que les dimanche qui soient merdiques à Punta Arenas... l'excursion que je devais faire à 10:00 est annulée faute de participants... Je me retrouve donc planté là avec rien à faire ni à voir...

A 10:30 j'étais dans le bureau de Lan Chile pour prendre un vol pour Santiago.

A 11:00 j'achetais un billet de bus pour l'aéroport.

A 11:30 j'étais chez mes Mamies pour prendre congé.

 

Ah mais !

 

C'est quand même plus facile de déménager vite fait quand on a qu'un sac à dos à faire, que la vaisselle se limite a une casserole et un mug, que la bibliothèque ne contient que 2 livres, qu'on a pas d'enfants, etc, etc... !

 

Donc : JE ME CASSE !

 

J'en oublie de faire la photo traditionnelle de ma chambre, cela doit être la première qui me manque depuis que je suis parti.

Les Mamies, qui n'avaient pas de monnaies, ont même eues 500 pesos de propina !

Non, tout n'est pas pourri à Punta Arenas !

J'ai tout de même aimé des choses à Punta Arenas.

 

Un curieux temple hindou à Shiva... On se demande ce qu'il fait là. J'ai essayé d'en savoir plus ou de le visiter mais sans succès.

 

Le cimetière se visite et m'a bien plut. Il y a des tombes assez majestueuses comme celle du baron José Menéndez qui celon Bruce Chatwin ressemble à au monument Victor-Emmanuel à Rome...

C'est curieux de lire ces inscriptions, les dates, les épitaphes, et d'essayer de reconstituer l'histoire de ces morts...

Un jeune homme en tenue de militaire avec une arme automatique à la main est mort à 25 ans... Dans quelles circonstances ?

Une jeune femme de 26 ans, mariée, est morte en 1976... A ses côtés il y a un bébé de 5 jours mort 5 jours après elle. C'est une tombe de famille. Serait-elle morte du fait de la naissance ?

 

Du coup j'ai pensé à cette tombe à côté de laquelle j'étais en novembre en ayant froid. Je ne l'ai pas encore vue terminée.

 

J'ai aussi été intrigué par le style architectural de beaucoup de maisons qui font très Le Corbusier ou Bauhaus... J'ignore pourquoi. Nous sommes sur la péninsule de Bronswick et pour moi se sont des mots, des sons, des images qui se mettent à danser dans ma tête.

 

Mais finalement ce que j'ai le plus aimé ici ce sont mes 2 Mamies avec leur maison proprette, leur gentillesse dictatoriale, leur espagnol où je comprend un mot sur 50... Comment se fait-il que 2 Mamies comme ça aient une hospedaje pour backbackers ? Sont elles soeurs ? Qui voient elles passer dans leur maison ? Que pensent-elles du bordel qu'elles retrouvent parfois dans les chambres ou la salle de bains !

 

Etonnantes Mamies !

 

Retenez l'adresse si vous passez dans le coin : Hospedaje Mireya Boliviana 375 Fono : 247065

Elles n'ont pas d'email !

Extraordinaires vues du ciel

L'avion qui m'emporte vers Santiago survole le "campo de hielo sur" et coup de chance je suis assis du bon côté.

 

Le Campo de Hielo Sur (champ de glace du sud, CHS en espagnol, SPI en anglais) est la plus grande étendue de glace sur Terre après les pôles nord et sud. C'est de là que partent tous ces glaciers majestueux que j'ai vu depuis le trek du Torres del Paine, principalement le glacier Grey (voir le récit du trek), ainsi que le Perito Moreno (voir le récit de El Calafate).

Je vous renvoie d'ailleurs à ce site chilien sur la glaciologie qui est passionnant, très complet et qui comporte même des vidéos.

 

Alors de l'avion je revois le glacier Grey le long duquel j'ai marché, je revois les tours (Los Torres del Paine), les Cuernos, celles qui sont sur les bouteilles de bières...

Et puis j'ai la chance de voir aussi le Périto Moreno.

 

Mes photos numériques relèvent plus de l'annecdote compte tenu de leur qualité médiocres mais quelles vues extraordinaires j'ai eu depuis là haut...

Je repense au trek et à Karel. C'est lui qui le premier m'a parlé de ces grands champs de glace.

Karel. C'est lui que je retrouve par hasard à mon hôtel de Santiago le soir même !