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L’île du Soleil
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La Paz (14°43'S 68°24'W) L’île
du Soleil
(16°01'22"S 69°01'58"W) Total = 160 km |
Table des matières
(cliquez sur les titres !)
C’est en novembre
2000 que j’ai fait plus ample connaissance avec le lac Titicaca. J’étais venu
passer quelques temps avec un de mes oncles très cultivé.
Nous en sommes
venus à parler des Aztèques et des Incas et puis de fil en aiguille du lac
Titicaca. Mon oncle a ouvert un livre, un vieux livre, et j’ai trouvé le lac,
posé sur la frontière entre la Bolivie et le Pérou.
C’est comme ça
que j’avais pris la décision d’y aller en 2001.
Merci
Jean-Pierre !
Ce lac est
fascinant et passionnant (voir les détails sur le site de l’Unesco).
Il est situé à 3810 m d’altitude, fait plus de 8500 km2 et est le plus
grand lac navigable à cette altitude.
On y va
facilement depuis La Paz. La destination
favorite côté Bolivien est l’île du Soleil (voir aussi autre photo satellite).
J’ai donc décidé
d’y retourner et de passer un peu plus de temps dans cet endroit, magique,
mystérieux et où l’air est si fin.
Mais il y a un
problème en ce moment pour y aller : les bloqueos... Kesako ?
La Bolivie est le
poulidor de l’Amérique du Sud : 2eme pays le plus pauvre et 2eme pays le
plus riche en ressources naturelles. Ça crée des tensions. Le gouvernement a
organisé un référendum le 18 juillet sur la politique énergétique du
pays : faut-il nationaliser les compagnie pétrolières, comment, à qui et
combien vendre le gaz, ...
Les campesinos –
les paysans – qui sont très pauvres ont un peu l’impression d’être sacrifiés
sur l’autel du capitalisme et de la mondialisation et ils trouvent que le gaz
est bradé.
Pour manifester,
ils bloquent les routes. Comme le pays est grand, peu peuplé et qu’il y a peu de
routes... c’est très facile à des paysans du coin de bloquer une route... alors
ils ne s’en privent pas et la Bolivie vit au rythme des « bloqueos ».
La route est bloquée alors on attend...
Je pars donc pour
le lac dans un bus de touriste surmonté d’un gros point d’interrogation :
il y aura-t-il des bloqueos ?
En chemin le
chauffeur se tient au courant via son téléphone et en échangeant des
informations avec les véhicules qui arrivent en sens inverse.
Pour rejoindre
Copacabana, le port qui désert l’île du Soleil, nous passons en bac
par le détroit de Tiquina. En y a rrivant,
les nouvelles ne sont pas bonnes : il y aurait des bloqueos entre Titquina
et Copacabana.
Finalement nous
décidons de passer tout de même. Il ne nous reste que 40 km à couvrir.
Les premiers
kilomètres se passent bien et soudain par le parebrise du bus nous voyons la
route couverte de cailloux : impossible
de passer.
D’autres
véhicules sont aussi là, bloqués. Mais pas de campesinos à l’horizon. En
compagnie de quelques personnes de bonne volonté je descend du bus et nous
commençons à déblayer la route pour passer. Il faut faire vite au cas où les
campesinos reviennent. Nous courrons
devant le bus en poussant, portant, tirant, les pierres sur le côté. Il faut
parfois se mettre à 2 ou 3 tellement certains cailloux sont gros.
Croyez-moi :
jouer les cantoniers en courant à 4000 m d’altitude est épuisant et le coeur
s’embale bien vite !
Nous passons
comme ça plusieurs bloqueos mais ne rencontrons pas de campesinos.
Enfin nous
arrivons a Copacabana. Et sachez que TOUS les « Copacabana » du
monde ont été nommé d’après celui-ci, celui du lac Titicaca !
Je retrouve cette
petite ville avec beaucoup d’émotion et j’embarque pour l’île du Soleil.
Le Soleil donne à
plein, l’air est très pur et on y voit à des dizaines de kilomètres de
distance. A l’horizon, le lac, les nuages et les cimes enneigées se mélange.
Je prends une chambre
et je pars me promener. Ici une croix
de paille souligne un sommet, par là on voit l’Ile
de la Lune par dessus quelques metres carrés de blé. C’est sublimement
beau et reposant.
Je rentre me
coucher avec le soleil.
Le lendemain matin
je ferme mon sac à dos et je pars à la nuit pour aller en haut du plus sommet
orienté à l’est de l’île.
Il y a 3 ans
j’avais rencontré là haut 3 habitants qui faisaient des offrandes au soleil
levant. Seront-ils là de nouveau ?
J’attend, le
soleil se lève mais je suis seul.
Le lac à l’air
immobile et me fait penser au Salar d’Uyuni.
La
lune et le soleil sont là. Et moi aussi. Il y a t-il plus
beau spectacle qu’un lever de soleil ? A chaque fois je me pose la
question...
Je sors mon
réchaud, bois
un café, et puis me remets en route.
En chemin les gamins
demandent invariablement à être pris en photos, et puis de l’argent, un bonbon,
un cadeau. Mes cadeaux à moi ce sont des chouchous pour les petites filles.
Je passe dans des
endroits féeriques,
devant des bateaux
ammarés par des marins d’eau douce à un vague caillou, j’assiste à de
petites scènes de la vie
courante qui sont plus touchantes les une que les autres.
Et puis j’arrive
au paradis, un gîte, là, tout
seul sur la plage. Je demande un mate
de coca et je m’installe pour travailler mes exercices d’espagnol. Ma
chambre avec sa vue
imprenable me rappelle celle que j’avais à Huang Hua et d’où je voyais
la grande muraille.
Un peu plus tard
dans l’après-midi je prépare quelques affaires : deux polaires, une veste,
un bonnet, ma frontale et une petite lampe de secours. Je sers mes chaussures
et je pars, j’ai rendez-vous
Rendez-vous avec
le soleil couchant.
Arrivé au nord de
l’île, je visite les ruines
incas qui s’y trouvent et cette étrange aire de pique-nique... en fait
une table
à sacrifice !
Le soleil commence
à baisser... c’est l’heure de faire la
course pour arriver au sommet avant que l’astre ne se couche.
Ça y est ! J’y
suis ! Et vraiment je me régale. Il y a-t-il plus beau spectacle
qu’un coucher
de soleil ? A ma droite il y a 3 petites îles en triangles et au
milieu d’elles une cité engloutie. Que de mystères dans cette région. Au milieu
de tout ça je suis fou de joie et tout
retourné (on croirait que je suis en freefly !).
J’ai déjà sorti
mes polaires, ma veste et mon bonnet, j’ajuste ma lampe frontale et je pars, je
rentre...
J’ai mis une
heure et demie pour retrouver ma chambre dans la nuit... façon marche commado !
Heureusement que la géographie de l’île est facile et que l’on peut marcher en
dehors des chemins... je me suis copieusement perdu !
Je me couche mais
n’arrive pas à m’endormir. Par la fenêtre ouverte je compte 4 étoiles filantes.
Au réveil, la douche
est sommaire ! Je n’ai pas osé me baigner dans le lac où la température de
l’eau est la même que celle de l’air : 15 degrés.
La dame de « l’hôtel »
vient me voir et me dit qu’il y a des problèmes. Elle parle Aynara, la langue
de Tiwanaku, et s’excuse de ne pas s’exprimer bien en espagol. Je lui demande
si elle me parle des boqueos ? Oui et non, cela n’est pas très clair...
Je pars en
direction du nord d’où je veux prendre un bateau pour l’île de la Lune située à
7 kilomètres de là. En arrivant au port j’apprends qu’il n’y a pas de bateau
pour l’île de la Lune mais que à 13:00 il y aura un bateau pour Copacabana.
Mais à 13:00 la
situation a changé : il n’y a plus de bateau du tout. Un couple d’américain
cherche aussi un passage... Un pécheur se propose de nous emmener pour 80 Bs.
Je mets mon espagnol qu travail et j’entame la conversation. D’abord je veux comprendre
pourquoi il n’y a pas de bateau. Ce sont les gens du village d’avant qui
bloquent le passage vers le nord car ils trouvent qu’ils ne retirent pas
suffisamment de profit du tourisme. Il y a 2000 habitants sur une île
paradisiaque et ils se dont des blocus entre eux.
Je discute agréablement
avec le pêcheur :
−
Mais pourquoi
vous vous pouvez passer ?
−
Parceque je
suis d’ici et que du nord vers le sud on peut passer.
−
Et c’est
combien le passage ?
−
80 Bs pour
tout le bateau.
−
Moi je
trouve que c’est cher...
−
C’est le
prix.
−
C’est le
prix quand il y a des touristes et pas de bateau
Son copain
commence à se marrer franchement.
−
Je trouve
que 60 Bs ça serait un bon prix.
Sur ce je lui
explique que l’île est super, et que je vais y rester un ou deux jours de plus.
−
Mais à 60 Bs
à 3, moi et les 2 américains, on partirait bien... Parceque si on reste, vous,
vous ne gagnez pas d’argent. A 60 Bs tout le monde est gagnant.
Le pêcheur ne
peut plus s’empêcher de sourire et me dit que c’est d’accord.
Ensuite si je
vous raconte ce qui c’est passé avec les 3 israéliens qui finalement veulent
partir avec nous... Sachez juste que les 2 américains et moi on a donné un
pourboire au pêcheur et que j’ai jugé plus intelligent de me taire pour ne pas
faire l’objet d’une élimination ciblée (c’est comme ça qu’il faut dire non ?).
Nous partons et notre
pêcheur
nous emmene effectivement au sud. En arrivant il y a de gros bateaux de
touristes... Je comprends mieux pourquoi la communeauté mécontente a choisi
aujourd’hui pour bloquer les passages... Il y a même un superbe
bateau façon inca mais mu par un moteur...
A Copacabana je
trouve une chambre extraordinaire avec vue sur la basilique
depuis la terrasse. C’est aussi un point de vue unique sur la grande place et
les gens
qui la traverse.
Le soir je
vais voir le coucher de soleil depuis un mont voisin. Et le matin je pars
visiter 2 sites archéologiques aux alentours.
Le premier site
se nomme « le tribunal de l’Inca » un curieux
rocher dans lequel les incas ont creusés des niches et des sièges. Evidemment
la dénomination de « tribunal »
est imagée car on n’en connaît absolument pas l’usage. J’ai failli ne pas voir
le site car c’était fermé mais une vielle femme et puis un homme m’ont indiqué
un passage possible sous le grillage...
Le deuxième site
est un observatoire
astronomique pré-inca. Des rochers naturels ont été utilisés comme une base
pour placer une pierre
plate sur laquelle les rayons du soleil, passant par des trous
artificiels creusés sur les rochers alentours, viennent frapper
au moment du solstice.
Etre sur des
sites comme ça, fermer les yeux et imaginer les gens de l’époque, imaginer
comment ils se sont organisés au fil des années pour faire des observations et
les mémoriser, imaginer comment ils ont trouvés les endroits où faire les
trous. Imaginer tout ça, moi ça me fait rêver.
Je rentre à mon hôtel
et je me renseigne... sur les bloqueos. « Hay bloqueos. Han dicho que hay »
me dit la fille de l’hôtel. Il y a des bloqueos et les bus de ce matin n’ont
pas pu passer.
Moi je veux
passer. Je lui demande une dizaine de cartes de visite, j’inscris dessus mon
nom et mon numéro de chambre et je pars en ville faire mon marketing. Je
distribue mes cartes en disant bien que le premier bus qui part je monte
dedans. J’ai fait rigoler pas mal de monde !
Vers 14:00 je
pars faire un tour de reconnaissance/vérification vers la place où se trouvent
les bus et là j’apperçoie le bus de l’hôtel Rosario. Un hôtel sérieux avec une
agence de voyage sérieuse : putain le bus est passé !
Je cours, il
reste un place. Je réclame 5 minutes.
Je cours à mon hôtel,
ça monte, je suis en tong et à 3800 m d’altitude pas facile... Je monte les 4 étages,
je ferme mon sac, je mes des chaussures que je lace bien serrées.
Je descend 4 à 4,
dis à la fille que je me tire.
Je cours, je
cours... Le bus est toujours là et je monte dedans... le dernier ! J’ai la
place à côté du chauffeur.
Je suis intrigué
par où allons nous passer ? Pourquoi ce bus a t-il réussi à passer ?
Le chauffeur, avec un sourire, m’explique qu’un peu d’argent ouvre des
portes...
Nous partons. Après
quelques kilomètres nous rencontrons le premier bloqueo mais pas de coampesimos
à l’horizon. Le chauffeur attrappe 2 bouteilles de soda et descend du bus. Au même
moment plusieurs campesimos sortent de derrières les rochers... Cinq minutes
plus tard, le chaffeur échange une poignée de main, remonte dans le bus et nous
passons.
Nous passons
plusieurs restes de bloqueos et une bonne demie-heure plus tard nous nous
trouvons devant un vrai
bloqueo...
Pas du tout comme
j’imaginais. Des hommes discutent, des femmes sont assises sur la route et
filent la laine. De temps en temps elles rapportent quelques cailloux. L’ambiance
n’est pas mauvaise. On peut passer à pied et des personnes du coin qui se sont
organisées avec des taxis ne s’en privent pas. Elles jouent à saute-bloqueo :
une fois le bloqueo franchi on reprend un taxi ou un micro, ou un bus, ou un
camion de l’autre côté.
Notre chauffeur
part discuter. Il revient une heure plus tard. C’est bloqué et c’est aussi désormais
bloqué derrière nous : nous ne pouvons plus avancer ni revenir à
Copacabana...
Ma décision est
prise : je vais passer à pied mais je ne me sens pas trop de le faire
seul. Je n’ai pas envie de faire de la provoque... pour une fois ! Je m’organise
pour faire équipe avec 2 boliviennes qui vont aussi à La Paz.
Et là, au moment
où nous allions nous mettre à marcher, elles me disent d’attendre et puis
quelques secondes plus tard me disent que nous allons passer !
Notre chauffeur
miraculeux a soudain débloqué la situation ! Nous ne passons pas pas la
route principale, il y a encore d’autres bloqueos, mais par un chemin superbe
qui longe les berges du lac.
Enfin nous
arrivons au détroit de Tiquina. On prends le bac
et on passe.
Sur la route qui
nous mène à La Paz nous rencontrons encore plusieurs résidus de bloqueos mais
ça passe sans problème.
Dans le bus un américain
a l’idée géniale d’organiser une collecte pour notre chauffeur miraculeux.
Nous arrivons à
La Paz sous la grèle et la neige mais nous sommes passé ! Et nous avons été
les seuls, depuis 3 jours tout est complètement bloqué.
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Normal
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