Résumé de la thèse de Tariq Stévart |
Site web mis à jour le 8/12/03 |
L’étude de la distribution des Orchidaceae en Afrique centrale atlantique est réalisée le long d’un transect qui s’étend sur 800 km de São Tomé dans le Golfe de Guinée, à la Réserve du Dja, au sud-est du Cameroun. Des inventaires ont été effectués à différentes échelles dans 5 zones situées le long de ce transect. La mise en culture in situ de 6168 Orchidaceae dans 9 ombrières a permis la collecte d’échantillons fertiles lors des floraisons. Nous avons ainsi identifié 3947 herbiers au rang spécifique ou inférieur. Ces échantillons représentent 361 taxons, répartis en 55 genres, dont 77% sont épiphytes et 23% terrestres. Parmi ces taxons, 35 sont nouveaux pour la science. Les milieux les plus riches en Orchidaceae sont les forêts denses matures (187 taxons), les formations secondaires (169 taxons) et les inselbergs (149 taxons). |
Etude taxonomique, écologique et phytogéographique des Orchidaceae en Afrique centrale atlantique |
Mots clés : São Tomé, Príncipe, Cameroun, Réserve du Dja, Guinée Equatoriale, Gabon, Monts de Cristal, Oyem, taxonomie, phytogéographie, chorologie, refuge forestier, effet de fœhn, épiphyte, phorophyte, inselberg. |
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A l’échelle de la Réserve du Dja, le paramètre qui explique le mieux la variabilité de la composition floristique des groupements épiphytiques est le phorophyte. Celui-ci représente près de 50 % de la variabilité expliquée par les paramètres considérés, à savoir le type de végétation, la distribution verticale selon le schéma de Johansson (1974), le type de phorophyte. Ce résultat suggère une forte relation entre les épiphytes et le phorophyte dans les régions à faibles précipitations. Comme le suggère le schéma proposé par Reitsma et al. (1992), les inselbergs abritent un grand nombre d’épiphytes facultatifs. Par contre, nous ne trouvons pas de similitude entre les groupements épiphytiques de la canopée et ceux des inselbergs. |
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Polystachya disticha |
Bulbophyllum lizae |
Microcoelia bulbocalcarata |
La distribution des plantes épiphytes à São Tomé et Príncipe est significativement corrélée avec celle des plantes terrestres. Cette corrélation varie fortement en fonction de la stratégie d’échantillonnage (grids, localités, intervalles d’altitude). Au sein de l’archipel les patterns de distribution des épiphytes et des terrestres sont similaires et s’expliquent par des paramètres environnementaux identiques. Si on considère les variations altitudinales de la composition floristique, nous n’observons pas de discontinuité entre la végétation de moyenne altitude et la forêt submontagnarde. Ceci suggère un passage continu entre ces deux types de végétation. L’interprétation de la distribution des Orchidaceae à l’échelle du domaine bas-guinéen a montré une similitude entre leurs aires de distribution et la carte de végétation de White (1983). Nous proposons de considérer les trois îles océaniques du Golfe de Guinée (São Tomé, Príncipe et Annobon) comme un domaine phytogéographique distinct et de les rattacher à la région guinéo-congolaise. La flore des Orchidaceae de São Tomé provient de Príncipe et dans une moindre mesure du Rio Muni (Guinée Equatoriale). Ce qui s’oppose à l’idée d’une origine indépendante de la flore des îles du Golfe de Guinée et à une migration de proche en proche le long de la chaîne volcanique camerounaise. La flore submontagnarde de São Tomé a dérivé de celle de basse altitude, plutôt que de celle de l’archipel afromontagnard. Ceci est prouvé par l’absence de discontinuité entre ces types de végétation et leur grande affinité réciproque. A l’échelle de notre transect, l’altitude, la continentalité et les types de végétation zonaux sont des paramètres significatifs qui expliquent la distribution des Orchidaceae. L’un des patterns de distribution observés pour ces plantes correspond à la localisation d’un refuge forestier signalé par de nombreux auteurs dans la zone qui s’étend au nord du Gabon et au Rio Muni. On peut expliquer la similitude entre ces régions par un effet de fœhn lié à la présence d’une chaîne de montagne le long de l’océan. Ce phénomène semble expliquer la distribution des épiphytes, aussi bien à São Tomé que dans cette zone de refuges forestiers.ont 101 présents à São Tomé et 64 à Principe. |