8 Févier 2002
|
Lettre d'Alain CONNAN
|
Alain CONNAN,
ancien commandant du " Rainbow Warrior "
et ancien président de Greenpeace France
Bonjour,
C’est à la demande de mes amis Bretons que je viens vous donner mon
point de vue sur le « couac » du défi français à Lorient.
Je suis né à LORIENT le 21 janvier 1933 au coin de la rue Brizeux
et du Quai de Rohan d’une très ancienne famille d’armateurs et agents
maritimes de cette ville. J’y ai fait mes études à l’Institution
St Louis et ai vécu les années douloureuses de la seconde guerre mondiale.
J’ai commencé à naviguer en Décembre 1949 en 1ère catégorie.
J’ai pris ma retraite anticipée le 21 Janvier 1983 en 20ème catégorie
après 18 ans de commandement sur toutes les mers du monde et sur tous les types de navires.
C’est en 1979 que je vais devenir adhérent à Greenpeace et si je prends
une retraite à 50 ans alors que je commande des paquebots à Marseille
c’est pour continuer à faire le même métier, mais bénévolement et à
d’autres fins.
J’en ai trop connu pour ne pas m’indigner de ce qu’on fait de la mer.
Je vais faire partie de toutes les grandes campagnes de Greenpeace,
comme Commandant et après 1985 je vais devenir aussi le porte parole
de cette organisation vers d’autres destinées (Afrique) et co-organisateur
de campagnes.
A la demande de Greenpeace International j’accepte de recréer Greenpeace
en France, en 1987, et en deviens le Président Fondateur.
A ce titre je ne tiens pas à laisser à d’autres le soin d’aller balayer
devant ma porte. Je vais donc prendre le commandement du Rainbow Warrior
(en Australie) avec lequel je vais entreprendre une longue campagne
d’information, d’explications, de rencontres dans le Pacifique sud et
bien entendu à TAHITI.
J’annonce clairement que je suis contre les essais nucléaires, non
seulement en Polynésie mais dans les autres pays du monde.
L’année suivante, tandis que nous avons un navire en URSS et des
équipes dans le Névada (cette information n’a jamais été diffusée
en France !) je rejoins à nouveau le Rainbow Warrior avec mon ami
Peter Willcox – Je suis cette fois co-organisateur de la campagne
avec les Néo-Zélandais et je vais entreprendre une action non violente
à Mururoa où je vais être fait prisonnier, ainsi qu’à Hao et à Papeete.
Dans le monde entier (dont mon vieil ami Théodore Monot à Paris) la
protestation va être grande et je suis relaché au bout de quelques jours.
J’ai été très bien traité par la Marine Nationale à Mururoa et par
la gendarmerie ailleurs. Je vais d’ailleurs pouvoir échanger des
idées avec certains officiers supérieurs.
Cette action va amener le Président Mitterand à arrêter les essais
nucléaires dans le Pacifique. Dans le même temps l’Antarctique est
déclaré parc International et il vient d’être signé un moratoire
sur la chasse à la Baleine. C’était les 3 grands sujets sur lesquels
j’avais travaillé. L’utopie était réalisée ! !
J’ai pensé alors qu’il était temps de passer la main pour ne pas
devenir un vieux con sur une passerelle.
Jusqu’en 1995 j’ai continué à assister aux assemblées mais dès 1993
avec des amis d’Air France, nous avions décidé de soustraire une
péniche française de la casse et d’en faire un navire hôpital au
Bangladesh. Autre expérience qui aura pris 8 ans pour arriver à son terme.
Vous pourrez la voir sur Thalassa le 15 février. La péniche-hôpital
est devenue opérationnelle en Décembre dernier.
Voilà mon parcours qui peut expliquer ce que je ressens avec cette
malheureuse histoire de la Coupe de l’America à Lorient.
(En 1986 j’avais fait partie de l’équipe du Défi 13 à Marseille
avec Yves Pageot, je sais donc ce que cela représente).
Avec mes sentiments les meilleurs.
Alain Louis CONNAN.
Le texte de la déclaration :
OUI au défi Français à Lorient
NON au défi FRAMATOME-COGEMA