5 mai 2003

«Le phénomène du virage à droite
sur feu rouge me laisse ahuri!»

André Robillard
L'auteur habite Rock Forest

Quelqu'un peut-il m'expliquer ? Le phénomène du virage à droite sur feu rouge (VDFR) me laisse ahuri !

Il y a beaucoup de gens qui ont écrit sur le sujet en relatant des inégalités d'application du genre : pourquoi pouvons-nous tourner à une intersection et pas à une autre d'apparence similaire ?

En tentant d'être cartésien, j'ai plutôt essayé de comprendre les raisons motivant autant de restrictions dans l'application de cette nouvelle règle. Je n'en ai pas trouvé une seule et j'aimerais partager mon raisonnement avec vous.

Ce qui semble ressortir le plus dans les arguments « pro-restrictions » est la sécurité des piétons. Voici mon analyse :
1) Certains feux de circulation sont équipés de signaux destinés aux piétons mais sont quand même restreints pour le VDFR. Pourquoi ? Les piétons ont déjà l'accès à un passage en priorité en actionnant le mécanisme. Ils l'avaient déjà avant le 13 avril 2003. Ajouter le VDFR ne change absolument rien !

2) Parlons maintenant des feux de circulation sans signaux pour piétons. A-t-on peur de heurter les piétons en tournant à droite ? Les piétons vont vouloir traverser lorsque la lumière sera verte, pas rouge ! Donc le VDFR ne change encore absolument rien ! Mais j'ai tout de même fait le test suivant. Après avoir fait un arrêt complet, j'ai mesuré la vitesse de mon véhicule et j'ai atteint 15 km/h à l'endroit où les piétons pouvaient passer ! Vous conviendrez que ce n'est pas une vitesse nous enlevant la maîtrise de notre véhicule ! C'est même moins dangereux que d'autres situations déjà existantes. Voici un exemple (parmi des centaines) : vous-circulez à Sherbrooke dans la rue King Est, direction est, et vous tournez à droite sur la 8e Avenue (aucun feu de circulation ni d'arrêt obligatoire). J'ai mesuré ma vitesse au même endroit (où les piétons traversent normalement) et j'ai tourné à 25 km/h ! C'est plus vite, donc théoriquement plus dangereux ! Comme vous pouvez le constater, il existe déjà des manoeuvres (permises par le Code de la sécurité routière) plus périlleuses pour les piétons que le VDFR et personne ne s'insurge à cet égard !

Par conséquent, la sécurité des piétons ne peut être la vraie raison de ce phénomène. De toute façon, à certaines intersections, on peut difficilement trouver cinq piétons par jour traversant ce coin de rue. Par contre, la restriction empêche des dizaines de véhicules à l'heure de tourner à droite. Trouvez-vous ça efficace ? Comprends pas...

Je trouve déplorable que cette règle provinciale soit appliquée de façon discrétionnaire par les municipalités Le problème devient immédiatement un problème politique.

Essayons de raisonner un peu. En instaurant le VDFR, on croirait être en train de réinventer la roue et qu'on nage dans l'incertitude. Ça existe déjà dans les 50 États américains et dans les neuf autres provinces du Canada depuis des décennies. Cela prouve hors de tout doute que c'est sécuritaire et que les automobilistes et piétons sont aptes à partager la route. Je crois qu'on a peur pour rien. Oui, c'est du nouveau pour le Québec et la police est là pour appliquer cette nouvelle règle (comme toutes les autres déjà existantes), mais donnons-nous un peu de crédit quand même...

Il faut être conscient également qu'à Sherbrooke, comme partout ailleurs, il y a plus de véhicules sur le chemin qu'auparavant et que notre système routier ne peut évoluer aussi vite. Nos artères principales deviennent de plus en plus engorgées. C'est pour cette raison que je m'explique mal le refus, sans fondement, de tenter d'améliorer un peu le système.

Certaines personnes argumenteront qu'on économise que 15 secondes, en moyenne, par feu rouge et que ça ne représente pas un gros gain. À cela, je réponds : refusez-vous une augmentation de salaire de 1% de votre employeur parce que ce n'est pas très significatif ? Comprends pas...

Nous comparer avec d'autres municipalités ayant appliqué elles aussi un taux élevé de restrictions au VDFR afin de justifier notre médiocre décision ne fait que démontrer un manque de vision.

Travaillons ensemble contre l'inefficacité routière au lieu d'avoir peur de la peur. Ayons une ouverture d'esprit pour reconnaître que le VDFR a du sens et ne comporte aucun risque supplémentaire. La Ville de Magog l'a bien compris, elle...


page mise en ligne le 5 mai 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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