18 octobre 2003

Virage à droite au feu rouge à Montréal

Il faudra attendre
au moins trois ans

La commission chargée d'étudier la possibilité de permettre le virage à droite au feu rouge (VDFR) à Montréal donne son accord de principe à l'implantation du VDFR dans trois ans, à condition que Québec finance une série de mesures qui coûteraient environ 100 millions de dollars.

Après avoir reporté la remise de son rapport à trois reprises, la commission a rendu un avis partagé hier. Le président, Jeremy Searle, s'est en effet opposé à la proposition définitive, qui doit maintenant être approuvée par le comitéexécutif et le conseil municipal.

La commission propose donc d'autoriser le VDFR si Québec finance l'amélioration de la signalisation pour les piétons aux feux de circulation. La Ville et les deux ordres de gouvernement devront aussi supporter les coûts de modernisation des systèmes électromécaniques de commande des feux de circulation. Ces demandes ont pour but d'accroître la sécurité aux quelque 2300 intersections de la ville.

La commission suggère par ailleurs la mise sur pied d'une campagne d'information et souhaite connaître la situation du VDFR ailleurs au Québec. Selon le vice-président de la commission, Peter Yeomans, toutes ces mesures coûteront environ 100 millions de dollars. D'ici une éventuelle autorisation, le commission suggère par ailleurs d'installer des panneaux supplémentaires signalant l'interdiction du VDFR à Montréal.

Selon M. Yeomans, l'implantation du VDFR entraînera des économies d'essence et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément aux exigences du protocole de Kyoto. « Nous voulons l'implanter seulement si les conditions sont remplies, elles sont contraignantes et elles engagent les trois niveaux de gouvernement », précise-t-il.

Le président de la commission s'oppose quant à lui au VDFR à Montréal, même s'il approuve les recommandations sur la sécurité des piétons. « Si les automobilistes montréalais ne sont pas assez responsables pour respecter les piétons aux feux verts, ils ne le seront certainement pas pour les respecter aux feux rouges », croit M. Searle.

M. Searle estime que la commission se place en position de faiblesse en donnant son « accord de principe » au VDFR. « Le gouvernement provincial a le pouvoir d'implanter le VDFR avec ou sans notre accord, et c'est possible qu'il le fasse en oubliant les conditions », soutient-il.

Isabelle Mérizzi, porte-parole du ministre des Transports, souligne que le Ministère commentera les recommandations une fois qu'elles seront adoptées par le conseil municipal. « Nous sommes en train de faire nos propres estimations », a-t- elle ajouté. Les demandes financières de Montréal font sourciller le Ministère puisque l'implantation du VDFR ailleurs au Québec, en avril dernier, avait coûté 5,5 millions au total, selon Mme Mérizzi.

Ces recommandations ont d'ailleurs fait l'objet de vives critiques hier. La présidente du Groupe vélo (Vélo Québec, le Tour de l'Île de Montréal et Éditions Tricycle), Suzanne Lareau, croit néanmoins que le sursis de trois ans laissera le temps de démontrer les dangers du VDFR à Montréal. Mme Lareau critique également les arguments invoqués par les commissaires, notamment les économies d'essence.

De son côté, le chef de l'opposition, Pierre Bourque, qualifie cette commission de « bidon » et accuse les commissaires de « pelleter en avant » avec leurs recommandations. L'opposition accuse aussi l'administration municipale de ne pas tenir compte de l'opinion publique, qui s'était opposée majoritairement au VDFR lors de huit assemblées de consultation.

Jusqu'à maintenant, 40 personnes ont été blessées, dont 15 cyclistes, lors de 93 accidents avec dommages matériels, selon les dernières compilations du ministère des Transports sur le VDFR au Québec.


page mise en ligne le 18 octobre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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