25 mars 2004


Scène devenue normale : le feu est vert pour vous, mais un imbécile qui a grillé « la » rouge
est au milieu de l'intersection. Un de ces spécimens, croqué sur le vif, hier, sur le Plateau.
photo : Yvan Tremblay

Les feux rouges,
c'est pas pour les chiens !

Rouler dans les rues de Montréal est rendu un sport extrême. Rien à voir avec les nids-de-poule : c'est la faute des grilleurs de feux rouges.

Postez-vous à une intersection achalandée, juste pour le fun. Et comptez. Comptez le nombre de fêlés qui passent carrément sur « la » rouge.

C'est sidérant.

Et c'est surtout épeurant.

J'ai grandi en face d'une autoroute, à Laval, quand j'était p'tit, je comptais les autos. Hier, j'ai fait la même chose, pendant une heure, coin Papineau - Mont-Royal.

J'ai compté le nombre de bagnoles qui ont brûlé impunément, en direction nord-sud et sud-nord, le feu rouge.

Pas le jaune; le rouge. Le critère: je notais quand une voiture était dans le milieu du carrefour au moment où, en direction inverse, le feu était au vert.

Une heure d'observation : 42 fois les feux sont passés du vert au rouge. Eh bien je suis heureux de vous rapporter que, sur ces 42 fois, seuls 14 feux rouges n'ont pas été grillés!

Ça n'a rien de scientifique, mais ça signifie que 66 % du temps, il y a un fêlé qui passe dans l'intersection quand le feu est rouge, au mépris des chars qui ont droit de passage. Au mépris des piétons, aussi...

Tiens, qu'en pense ce Monsieur avec une canne qui s'apprête à traverser ?

- Y en a pas mal d'automobilistes qui brûlent les rouges, dit Jean-Claude Du Perron. C'est écoeurant...

Et, ajoute M. Du Perron, la situation ne va pas s'améliorer :
- C'est le printemps, le monde est malade sur les routes !

Plus fréquent qu'avant
C'est fou, mais me semble que ces grilleurs de feux rouges sont de plus en plus nombreux. C'est fou, mais me semble que quand j'ai commencé à conduire, il y a 14 ans, on voyait moins ça. Peut-être que je deviens gâteux, aussi, que j'oublie...

Mais il ne se passe pas une journée, ces jours-ci, sans que je sois témoin d'un viol de feu rouge par un fêlé du volant à une intersection achalandée.

Pas une journée où je crie dans ma tête à l'intention des piétons : « Tention...!!! quand un fêlé brûle la rouge.

Et non, le mépris des feux rouges n'est pas une affaire de jeunes fous roulant dans une Honda, casquette à l'envers sur le coco. Le premier char qui a grillé un feu rouge, quand je me suis posté coin Papineau - Mont-Royal ? Conduit par un p'tit vieux. Du genre à porter un chapeau brun en tweed à careaux... C'est bien pour dire.

J'ai peur
Personnellement, j'ai carrément peur, aux intersections. Quand je suis le premier en file, et que le feu vire au sert, je n'avance jamais sans jeter un coup d'oeil à gauche ; un autre à droite. On sait jamais.

Pire : moi, j'arrête aux jaunes. Au péril du cul de ma Jetta ! T'arrêtes au feu jaune, tu te fais doubler par les fous qui brûlent la rouge, surpris de te voir arrêter...

Des fois, j'ai envie de devenir Torontois. À Toronto, on cache des caméras dans les feux rouges de certaines intersections. Tu brûles la rouge ? Clic-clic, la machine photographie ta plaque. Et le facteur dépose un ticket dans ta boîte postale.

Six municipalités ontariennes espionnent ainsi les imbéciles du volant. Et plusieurs villes américaines.

Nombre de caméras aux feux rouges à Montréal ? Zéro. Nombre de fêlés qui en sont bien heureux ? Innombrables.


page mise en ligne le 25 mars 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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