17 février 2004

Les funérailles de Marco Pantani
se dérouleront mercredi

CESENATICO (AFP) - Les obsèques du champion cycliste italien Marco Pantani auront lieu mercredi ou jeudi, en fonction du permis d'inhumer qui sera délivré par le magistrat en charge de l'enquête sur son décès, a-t-on appris mardi auprès de la paroisse où se déroulera la cérémonie.

"Les funérailles doivent avoir lieu soit demain, soit jeudi. Nous attendons seulement le "nulla osta" (permis d'inhumer, ndlr) du procureur", a déclaré à l'AFP Barbara, secrétaire de la paroisse de Cesenatico, la ville sur la côte Adriatique dans laquelle résidait le coureur italien.

"Si ça arrive rapidement, nous ferons tout de suite une chapelle ardente dans l'église qui restera ouverte toute la nuit. Si le permis d'inhumer tarde, tout sera décalé d'un jour", a-t-elle ajouté.

Le magistrat Paolo Gengarelli de Rimini, une station balnéaire à une vingtaine de kilomètres de Cesenatico, où le corps de Marco Pantani a été retrouvé samedi, a affirmé pour sa part mardi matin qu'il délivrerait immédiatement ce document.

Les funérailles auront lieu dans l'église San Giacomo Apostoli, un petit édifice au bord d'un canal menant à la mer, enjambé par de nombreux petits ponts et où sont arrimés de petits voiliers.

L'église peut abriter environ 200 personnes et les places assises seront réservées à la famille et à l'entourage le plus proche du champion cycliste.

Selon les médias locaux, environ 30.000 personnes sont attendues aux funérailles et la cérémonie sera retransmise à l'extérieur avec des hauts-parleurs.

Certains passants s'arrêtent déjà pour demander des détails sur le déroulement des funérailles, a constaté l'AFP.

Marco Pantani a été retrouvé mort samedi dans un hôtel-résidence de Rimini, victime d'un oedème cérébral et pulmonaire, selon les premiers résultats de l'autopsie effectuée lundi.

Chef de bande, amateur de voitures de sport et de virées dans les boîtes de nuit, Marco Pantani misait sur des capacités de récupération stupéfiantes.

Deux semaines lui suffisaient pour effacer ses abus et retrouver sa forme physique. Deux heures de sommeil lui permettaient de récupérer d'une nuit blanche, assurent les journalistes sportifs qui l'ont côtoyé.

"Marco n'a jamais fait dans la demi-mesure, raconte Pier Bergonzi de la Gazzeta dello sport, considéré comme l'un des spécialistes du cyclisme en Italie. "Ses cheveux se sont faits rares, il les a rasés, ajoute-t-il. Il affichait un kilo de plus que son poids de forme: deux jours au régime pop-corn. Son test d'entraînement? Huit heures de bicyclette et une tranche de pastèque pour dîner."

Il a toujours voulu être le premier en tout. Même dans les excès. Ce qui lui a valu son surnom: le pirate. Et il l'a cultivé avec une allure très personnelle: oreille percée pour une boucle d'oreille, bandana assorti à ses maillots sur son crâne rasé, tatouages -un petit diable, symbole du Milan AC, son club de football favori, sur une épaule, un papillon sur la poitrine- et, à la fin, un petit bouc au menton.

"Mais sa vie a été une course d'obstacles", souligne Pier Bergonzi, en rappelant ses chutes dans le Giro en 1995 et 1997. "A chaque fois Marco remontait en selle", précise-t-il.

Jusqu'à ce maudit 5 juin 1999, lors de l'avant-dernière étape du Giro, à Madonna di Campiglio, alors qu'il avait course gagnée.

Un contrôle inopiné des médecins de l'Union cycliste internationale (UCI) lui a trouvé un taux d'hématocrite de 52% dans le sang, lorsque la limite acceptable est de 50%.

Exclu du Giro, suspendu, soupçonné de dopage et sous le coup d'une enquête judiciaire, il est devenu du jour au lendemain le mouton noir du cyclisme.

Tombé de son piédestal, il ne s'en est jamais remis. De cette date remonte la fin de sa longue histoire avec la blonde Danoise Kristine Johanson, "le seul amour de sa vie".

C'est à cette époque que commence son flirt avec les paradis artificiels, les beuveries et les tourments.

Le champion a sombré dans la dépression. Il s'est peu à peu coupé de sa famille, se repliant sur lui-même, convaincu d'être persécuté.

"Ils ne veulent punir que moi", disait-il à ses confidents. "Personne n'a réussi à me comprendre, même pas ma famille. Je me suis retrouvé seul", a-t-il expliqué dans ses derniers écrits.

Ses problèmes de drogue ont été révélés lundi au grand public par ses proches. La cocaïne était devenue sa compagne et une cure de désintoxication dans un centre créé en Bolivie par un religieux italien, don Pierino Gelmini, avait été planifiée. Le départ était prévu le 27 février, a précisé le curé au Corriere della Sera.

Pantani était devenu obèse. Il avait pris 20 kilos, son visage s'était bouffi. "Je ressemble à un taureau", avait-il dit à Mario Pugliese, un de ses amis d'enfance, lors de leur dernière rencontre, le 23 novembre dernier.

Son ultime fête a été son anniversaire, le 13 janvier. Ensuite Marco Pantani a coupé les ponts. Il est arrivé seul par le train le 9 février à Rimini, la station balnéaire voisine de la maison familiale de Cesenatico, et il s'est enfermé avec ses démons dans le petit hôtel-résidence où la mort l'a rattrapé, le jour de la Saint-Valentin.


page mise en archives par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
Qui sur SVP?