Le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA) se veut sans concession à l'orée de plusieurs échéances.
Les Jeux Olympiques en 2008 en Chine sont surveillés: "Il faut être conscient des risques", estime Dick Pound face "à une société qui n'est pas encore totalement ouverte". Quant au cyclisme, "l'UCI est en train de nier l'existence même du problème" de dopage. Et il lance: "Je suis prêt à créer des centaines de problèmes pour les tricheurs."
Q: La Chine, en organisant les Jeux d'été 2008 sur son sol, voudra accumuler les médailles. Comment être certain que des programmes de dopage ne seront pas mis en place par les entraîneurs ?
R: "En ce qui concerne la lutte contre le dopage, il faut être très conscient des risques. La Chine est une société qui n'est pas encore totalement ouverte. Mais pour les Chinois, ce serait mauvais signe si leurs athlètes se mettaient tout à coup à battre des records du monde aux Jeux, sans expérience, sans courbe régulière d'amélioration des performances. On sait qu'on n'arrive jamais au sommet sans une phase de progression visible."
Q: Comment se passe la collaboration de l'AMA avec la Chine ?
R: "Normalement. Nous avons envoyé récemment une mission aux Jeux nationaux de Chine, ça s'est bien passé. Ils sont très conscients des problèmes."
Q: Pourquoi l'AMA a-t-elle diligenté une enquête sur l'affaire Lance Armstrong, alors qu'aucune sanction n'est juridiquement possible ?
R: "Juste pour être certaine des faits. La presse affirme que de l'EPO a été détectée dans les urines d'Armstrong prélevées pendant le Tour de France 1999, mais nous ne pouvons prendre cela pour argent comptant. Nous avons donc fait notre propre enquête, auprès de l'UCI (Union cycliste internationale), d'Armstrong, du laboratoire concerné. Les uns ont répondu, d'autres non. Mais les conclusions de notre enquête seront rendues publiques, et nous saurons si Armstrong était dopé ou non."
Q: Le cyclisme est également confronté à l'affaire Héras, quadruple vainqueur de la Vuelta et contrôlé positif à l'EPO cette année.
R: "J'ai dit une centaine de fois déjà qu'il y avait vraiment un problème dans le cyclisme, et l'UCI est en train de nier l'existence même du problème. Nous, à l'AMA, nous avons la responsabilité de vérifier l'application du Code mondial antidopage, mais nous n'avons pas de pouvoir de sanction, malheureusement."
Q: Le Code prévoit la possibilité de contrôles a posteriori pendant huit ans. Est-il réaliste de vouloir modifier les palmarès et assumer les conséquences, notamment financières, de disqualifications des années après les épreuves ?
R: "Pourquoi pas? C'est l'un des points forts du Code, cette période de huit ans. Je ne vois aucune difficulté en principe. Et je suis prêt à créer des centaines de problèmes pour les tricheurs, j'en serais très content."
Q: La Fédération internationale de football (FIFA) n'a pas mis ses réglements en conformité avec le Code mondial antidopage. Quelles peuvent en être les conséquences ?
R: "Nous attendons un avis juridique du TAS (Tribunal arbitral du sport). Si le TAS confirme notre position, nous donnerons un délai à la FIFA pour adapter ses réglements. Si rien n'est fait à la date butoir, nous rendrons un avis de non respect du Code. Après cela, ce sera à chaque gouvernement de décider si la FIFA est plus puissante que les gouvernements ou non."
Q: Il est parfaitement irréaliste de penser que des gouvernements pourraient interdire ou annuler des compétitions de football.
R: "Peut-être, mais ils peuvent compliquer la vie de la FIFA, infliger des amendes, ou d'autres sanctions."
Q: Le nombre d'autorisations thérapeutiques d'utilisation (AUT) de produits interdits par le Code se multiplie. Est-ce une nouvelle forme de triche ?
R: Nous en avons des exemples. C'est tout de même une étrange coïncidence que des centaines d'athlètes souffrent d'asthme, notamment dans les pays développés, ce qui leur permet de prendre des produits prohibés favorisant l'oxygénation. C'est une des raisons pour lesquelles il nous faut un comité indépendant, avec un droit d'appel donné à l'AMA. Ce comité sera chargé de vérifier les diagnostics médicaux, de vérifier s'il n'existe pas d'autre traitement disponible, et s'il y a cohérence entre la quantité de produit
administré et la pathologie."
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