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28 novembre 2005

Saiz avec l'eau du bain ?

Après le champion olympique du contre-la-montre, positif, après le septuple vainqueur du Tour de France, fortement suspecté, voilà donc le quadruple vainqueur de la Vuelta qui est convaincu de dopage. Si l'affaire Heras met une nouvelle fois à jour la gangrène qui ronge le cyclisme, c'est l'ombre de Manolo Saiz qui se profile. Le patron de Liberty Seguros, figure tutélaire du cyclisme espagnol et tenant d'un système où tout est permis tant qu'on n'est pas pris, est aujourd'hui en première ligne...

William Montjean

Attention, ça brûle ! Manolo Saiz qui disait mettre sa main au feu que Roberto Heras n'avait pas triché, aurait mieux fait de garder le silence. Depuis vendredi dernier et la confirmation du contrôle positif du coureur de Bejar à l'EPO sur la Vuelta, le charismatique directeur sportif espagnol se montre beaucoup plus discret. Pourtant, comme si de rien n'était, Saiz annonçait dimanche un rassemblement de son équipe du 13 au 16 décembre. "The show must go on" et le patron de Liberty Seguros, malgré les menaces qui pèsent sur l'avenir de l'équipe, ne semble pas avoir l'intention de se remettre en cause, lui le pourfendeur des acharnés de la lutte antidopage, notamment français, lui dont deux coureurs avant Heras avaient pourtant été mis en cause cette année, mis hors-course pour des paramètres anormaux, Nuno Ribeiro sur le Giro et Isidro Nozal, sur le Dauphiné. Deux avertissements passés par pertes et profits et aucun risque pour Manolo Saiz, du haut de sa suffisance, de voir son statut "d'autorité" du cyclisme remis en question...

Au contraire, Manolo Saiz, à l'instar de son coureur et malgré les évidences et une contre-expertise incontestable, continue de nier et de remettre en question la méthode de détection de l'EPO. "J'ai la conscience tranquille, dit-il. Les gens qui me connaissent et qui sont passés dans l'équipe connaissent mon travail et savent de quoi je suis capable". Le manager espagnol préfère chercher les raisons de cette situation dans "l'accélération que vit le sport qui doit offrir plus de spectacle chaque jour et dans le monde scientifique", d'où "un conflit d'intérêt"... Une explication nébuleuse pas franchement convaincante d'un dirigeant d'équipe dont la vision du cyclisme a certainement fait son temps...

Jusque là, tout allait bien...
Derrière le discours de façade nécessaire pour être politiquement correct ces dernières années, Manolo Saiz a toujours été de ceux qui freinaient des quatre fers face aux efforts de lutte contre le dopage. Des réticences, au nom de l'Association internationale des groupes sportifs, qui prennent aujourd'hui un écho embarrassant au moment où son leader est condamné. Car, jusque là, il avait été épargné alors que les plus grands noms du peloton étaient épinglés, de Tyler Hamilton, champion olympique à Athènes, à David Millar, champion du monde du chrono, contraint d'avouer sa consommation d'EPO, jusqu'à Lance Armstrong, au coeur d'une affaire qui sort de l'ordinaire mais qui laisse peu de doutes quant à sa tricherie, au moins lors du Tour de France 1999, en passant par les affaires qui ont entaché le Giro ces dernières années à travers Pantani, Simoni, Garzelli ou encore Casagrande...

Personne ne semble pouvoir échapper à l'implacable chasse aux tricheurs et pourtant les dopés continuent d'agir, inlassablement, espérant sans doute passer à travers les mailles du filet. Des coureurs qui sont évidemment responsables de leurs agissements mais qui sont aussi le fruit d'un système qui n'est plus acceptable aujourd'hui. C'est ce que laissait entendre samedi le directeur général de la Vuelta qui évoquait la possible complicité du médecin de l'équipe Liberty Seguros et donc, par conséquent, du manager. Ignacio Ayuso qui s'interrogeait sur le fait que "ni Heras ni l'équipe à laquelle il appartient, ne se sont accusés mutuellement. Personne n'a réclamé de dommages et intérêts comme cela devrait être le cas dans une telle situation. Si Heras n'a pas de médecin particulier, il devrait dénoncer les responsables de Liberty Seguros et si les responsables de l'équipe pensent le contraire, il devrait accuser le coureur." Une façon de mettre de l'huile sur le feu mais surtout la volonté de remonter jusqu'au bout la chaîne de la responsabilité. C'est le sponsor, qui, si, après avoir licencié Heras, décidait de se retirer et de laisser Saiz le bec dans l'eau, apporterait une manière de réponse...


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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