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29 juillet 2006

Landis, et après...

Après le cataclysme du contrôle positif du maillot jaune, le vélo joue son avenir. Les perspectives paraissent sombres. Tour d’horizon avec les acteurs du « milieu »

Frédéric Sugnot

Le vélo a-t-il encore une crédibilité sportive ?

Dans l’attente de l’examen de l’échantillon B des urines de Floyd Landis (lire ci-dessous), l’Américain est toujours le vainqueur du Tour 2006 et Oscar Pereiro Sio, son deuxième. Mais quoi qu’il arrive, le palmarès du Tour restera entaché. Comme ceux des années précédentes ? Daniel Baal, ancien président de la Fédération française de cyclisme (FFC), n’est pas loin de le penser. Hier, il estimait sur RTL que « le palmarès de ces toutes dernières années du Tour de France, au moins de ces dix dernières années, est aujourd’hui remis en cause. Aujourd’hui, je crois tellement peu aux résultats sportifs dans des épreuves comme le Tour de France que j’ai des doutes systématiquement. »

Le vélo a-t-il perdu l’attrait des médias ?

Longtemps porté par des plumes dithyrambiques, le vélo moderne se décrypte aujourd’hui à travers le Larousse médical. Si bien que la presse belge, si prompte à célébrer le sport national, s’interrogeait hier sur la manière de continuer à suivre un sport rongé par le mensonge. Extrait de la Libre Belgique : « Aujourd’hui, après coup et à chaud, on a envie de demander que cesse cette fumisterie pédalante qui dupe des milliers de "gogos" que nous sommes à nous enthousiasmer devant ce que nous croyons être des exploits sportifs et non pharmaceutiques. » Même écho en Allemagne où le vélo atteignait ces dernières années des sommets de popularité : « Ce sport grandiose sans patron et sans espoir apparent de réhabilitation végète et tourne petit à petit au ridicule », déplore le Süddeutsche Zeitung, journal de centre gauche.

Le vélo peut-il s’en sortir ?

À chaque scandale, c’est pareil. Chacun affirme que c’est un bien pour un mal et on repart pour un nouveau Tour. L’affaire Landis semble pourtant avoir révolté le milieu pour de bon. Ainsi Luc Leblanc, champion du monde en 1994, tranche dans le vif : « Floyd Landis doit être radié à vie du cyclisme. » Le jugement est du même acabit chez Cyrille Guimard, ancien - directeur sportif de Bernard Hinault dans les années quatre-vingt. À propos de Landis, Guimard dit : « Qu’il retourne chez les mennonites et qu’il continue à prier pour ne plus faire de connerie à l’avenir. » En dehors du bannissement à vie pour les fautifs, d’autres envisagent de mettre pied à terre et de réfléchir enfin à l’avenir du cyclisme. Ainsi, l’Allemand Hans-Michael Holczer, manager de l’équipe germanique Gerolsteiner, propose de « suspendre l’ensemble du cyclisme professionnel pendant six semaines ». Peut-être la vraie solution ?

Le vélo a-t-il encore un public ?

Montées de cols désertées, arrivées clairsemées (l’Humanité du 22 juillet), le dernier Tour de France a montré que le vélo était en train de perdre sa dimension populaire à force de tromperies. Certains le comparent au catch, tout puissant dans les années cinquante et à peine phénomène de foire commerciale aujourd’hui. Très clairvoyant au-dessus de la mêlée des réactions indignées, Éric Boyer, le manager de l’équipe Cofidis, estime ainsi : « Pour le cyclisme, il va y avoir des conséquences graves. Certains disaient qu’il y avait moins de monde sur le bord des routes. Maintenant, il faudra les faire revenir. » Même constat pour les audiences télé en chute libre. Néanmoins, France 2, le diffuseur du Tour en France, se dit solidaire du Tour. Mais pour combien de temps encore ? En coulisses à France Télévisions certaines voix grincent déjà «contre un spectacle tronqué et très cher à produire». Bref, l’argent public doit-il continuer à servir un spectacle vicié ? Daniel Bilalian, le patron des sports de France 2, estime que oui : « Notre position est simple, nous n’avons pas affaire aux propriétaires d’une compétition qui nous cacheraient des choses. On est entièrement solidaires. On est partenaires dans cette affaire, on le reste. »

En Allemagne, les programmateurs s’interrogent d’une manière plus radicale. Ainsi Nikolaus Brender, rédacteur en chef de ZDF, se dit prêt à cesser de diffuser le Tour : « Nous avons signé un contrat de diffusion pour une épreuve sportive, pas pour un show montrant les performances de l’industrie pharmaceutique. »


page mise en archives par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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