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19 janvier 2006

Raleigh : Goodale pas prêt à agir

Le gouvernement canadien n'est pas prêt à statuer sur les recommandations du tribunal du commerce canadien d'imposer une surtaxe sur les vélos importés de Chine. Voilà une bien mauvaise nouvelle pour les dirigeants et employés de Raleigh à Waterloo, inquiets pour la survie de leur usine.

Michel Laliberté

Bien que le rapport du tribunal soit sur son bureau depuis quatre mois, le ministre des Finances et responsable de ce dossier, Ralph Goodale, n'a pas encore fait son lit. «Nous devons considérer les répercussions (d'une surtaxe). Le ministre va répondre en temps et lieu», a indiqué hier une employée du Ministère. «Il n'y a pas de délai réglementaire pour donner une réponse», a-t-elle fait remarquer.

Raleigh, tout comme Procycle à Saint-Georges en Beauce, s'adapte difficilement à l'envahissement de ses marchés par les produits de concurrents asiatiques, plus particulièrement de Chine. Les coûts de production dans ces pays étant une fraction de ce qu'on retrouve ici, leurs vélos se détaillent beaucoup moins chers que ceux made in Canada.

Par exemple, des vélos fabriqués en Chine se vendaient au détail 129 $ en 2004, selon les informations obtenues par les avocats de Raleigh. Cette année, le prix a chuté à 105 $. «On ne peut pas battre ça», a dit hier Jim Wilkinson, directeur de l'usine de Waterloo. Notons que 50 % des vélos produits par Raleigh sont vendus aux consommateurs entre 225 $ et 400 $.

Baisse des commandes
Les conséquences sur l'industrie canadienne de fabrication de vélos se font déjà sentir. Les commandes des grands magasins (Canadian Tire et Wal Mart) à Raleigh sont passées de 300 000 vélos en 2005 à 270 000 cette année, une baisse de 10 %.

Pendant ce temps, l'importation de vélos chinois a explosé: de 342 684 en 2004, elle attendra 580 411 cette année, une hausse de 41 %, estiment les avocats de Raleigh.

Raleigh a bien essayé de trouver de nouveaux marchés pour ses produits. L'entreprise commercialise depuis peu un vélo de montagne haut de gamme de 600 $. Mais seulement 2000 unités ont été produites en 2005. M. Wilkinson ne fait pas de cachette: à ce rythme, Raleigh ne pourra survivre et devra fermer son usine de Waterloo, entraînant la perte de 250 emplois.

Bataille du Bloc
Le candidat du Bloc québécois et député sortant Robert Vincent déplore la situation. Selon lui, le ministre Goodale a toutes les informations en main pour agir et ainsi rassurer les travailleurs de Raleigh.

«C'est d'une importance capitale pour Waterloo», a dit M. Vincent, rappelant que la ville a été frappée durement avant les Fêtes par la faillite de Meubles Roxton.

M. Vincent s'est rendu rencontrer la direction de Raleigh et ses employés hier en compagnie de Pierre Paquette, député de Joliette et porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international. Pour M. Paquette, la solution pour l'industrie canadienne du vélo est d'imposer des droits compensateurs sur les importations de bicyclettes de Chine. «Le ministre (Goodale) dispose des outils pour le faire. Je m'interroge à savoir pourquoi il n'a pas encore pris de décision. Pour les fiducies de revenu, il a été capable de prendre une décision rapidement alors que tout le monde s'attendait au prolongement du moratoire», a dénoncé l'économiste.

M. Paquette trouve d'autant plus étrange que le tribunal du commerce canadien a accéléré les procédures à la demande d'Ottawa pour entendre la cause dans un délai plus court. «La décision a été rendue. Alors qu'attend le ministre?», a-t-il lancé.

Le Bloc québécois entend faire pression sur le prochain gouvernement pour que des droits compensateurs de 30 % la première année soient imposés le plut tôt possible. Ceux-ci seraient de 25 % à la deuxième année et de 20 % la troisième. Cela laisserait le temps à l'industrie canadienne de vélos, a expliqué M. Paquette, de faire la démonstration que les prix des bicyclettes asiatiques sont artificiellement gardés bas. En d'autres mots, qu'ils ne reflètent pas leurs coûts réels de fabrication. Dans le jargon économique, c'est ce qu'on appelle du dumping.

La situation inquiète aussi le préfet de la MRC de la Haute-Yamaska et président du CLD, Paul Sarrazin. Présent hier à la conférence de presse du Bloc québécois, M. Sarrazin a promis d'apporter son aide. «On ne laissera pas tomber 250 emplois. Nous sommes une région forte et nous allons le démontrer», a-t-il assuré.


page mise en ligne par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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