Bonne fête, M. Roméo Morin
Ronald King
M. Roméo Morin fêtera son 95e anniversaire demain à la Rôtisserie Saint-Hubert du boulevard Lajeunesse, « invité » par deux dames de Ahuntsic», son quartier depuis toujours.
M. Morin n'est pas un inconnu des pages sportives. C'est un cycliste légendaire qui a parcouru 325 600 kilomètres -monsieur Morin est un maniaque de chiffres -, les dix provinces canadiennes, les 48 États américains du continent et 27 des 31 États mexicains. Le 18 septembre 1947, à Vancouver, il était honoré à titre de premier Canadien à traverser le pays d'un océan à l'autre à vélo. Il aura finalement pédalé de l’Atlantique au Pacifique six fois.
« Je fais du vélo depuis 81 ans. J'ai acheté mon premier en 1927. Un BGA fabriqué à Saint-Étienne en France. Lors de ma tournée européenne, fai été reçu à l'usine de fabrication de Saint-Etienne. En 81 ans, j'ai eu seulement deux vélos, dont le premier qui m'a servi pendant 73 ans, et je ne me suis jamais fait voler. J'ai quatre systèmes anti-vol, trois chaînes et quatre câbles.
« J'ai fait tous mes voyages à mes frais, sans commandite. Je travaillais au Canadien Pacifique.
« J'ai aussi assisté à la grand'messe dans les 118 églises catholiques romaines de Montréal. Et chaque fois, je m’y suis rendu à vélo.
« Mais j'ai eu un accident il y a cinq ans et j'ai dû réduire mes activités de 50 % à 75 %. Je marchais au coin des rues Peel et de La Gauchetière, je revenais de voir un spectacle de chiens savants au Centre Molson, un excellent spectacle, et j'ai glissé dans la rue. Des passants m’ont sauvé, mais je me suis blessé au cou. »
Avez-vous eu le temps de vous marier, M. Morin ?
« Le 29 juillet 1967, l'année de l'Expo, j'ai épousé Marie-Paule Journault, du comté de l’Islet. Elle était la nièce du Père Émile Journault, vous vous souvenez de lui ? Non? Il y a une rue Émile-Journault, à Ahuntsic !
« J'avais 60 ans et elle 52 ans. Marie-Paule était cuisinière chez les propriétaires de La Presse à l'époque, la famille Berthiaume, mais pendant les 25 ans de notre mariage, elle n'a pas eu à travailler une seule journée.
« Maintenant, elle est décédée. Je suis né triplet, mais mes frères sont décédés aussi. Toute ma famille est décédée, les 11 autres enfants. Je suis complètement seul. Je n'ai pas d'enfants, ni de nièces, de neveux, de beaux-frères ou belles-soeurs.
« Alors je lis beaucoup. Je lis La Presse depuis 84 ans à tous les jours, soit depuis l'âge de 11 ans en 1919. La Presse coûtait deux sous à l'époque.
Saviez-vous que le 1er novembre 1979, La Presse avait 21 cahiers. C'est la plus grosse de son histoire. J'ai conservé tout ça... »
Bonne fête, M. Morin
page mise en ligne le 13 août 2003 par SVP