4 août 2003

Vancouver-Québec à vélo
pour améliorer le CHUL

Violaine Ballivy
Le Soleil

Le cycliste s'est pointé à l'arrivé avec le sourire et le maillot jaune des vainqueurs. Ce n'était pas Lance Armstrong sur les chics Champs-Élysées. C'était Michel Hébert, un médecin de Québec, dans le triste stationnement du CRUL. Autre décor, autres motivations : avec sa femme, Kathleen Stevens, il venait de consacrer les 40 derniers jours à pédaler les 5000 km qui séparent Vancouver de Québec pour doter la nouvelle urgence de l'hôpital d'une salle de famille et de deuil.

« C'est fini ! On a réussi! », criait le couple Hébert-Stevens quand il a pris le dernier virage en direction de l'entrée de la nouvelle urgence du CRUL, hier après-midi. Vite débarqués de leur vélos jaunes, ils se sont empressés d'embrasser leurs proches venus les accueillir. Ils serraient fort les mains des collègues, riaient, émus, comme s'ils ne réalisaient pas encore tout à fait qu'ils avaient bien termié de rouler. Qu'ils n'auraient pas, ce matin, à enfourcher leur bécane.

Parce qu'ils en ont vite pris l'habitude. Chaque matin, depuis le 22 juin, beau temps mauvais temps, ils ont franchi en moyenne 125 km par jour pour traverser le Canada en un peu plus d'un mois. Hier, les deux ne s'avouaient pas éreintés de tout cet effort, pas même des 128 km qu'ils avaient parcourus le matin depuis Trois-Rivières.

« Je ne suis pas fatiguée, je suis juste terriblement contente de retrouver la maison, disait Mme Stevens. « Ce n'était pas difficile de trouver la motivation. On le faisait pour les gens d'ici », renchérissait son mari.

Urgentologue depuis une vingtaine d'années, le Dr Hébert tenait à profiter de la construction d'une nouvelle urgence au CHUL pour humaniser les locaux et a décidé de récolter les fonds nécessaires à la construction d'une salle de deuil et d'une salle famille. « J'ai vu trop de médecins obligés d'annoncer une mauvaise nouvelle, un décès ou une maladie grave dans le corridor de l'urgence, sans aucune intimité. »

Bille en tête, jamais le couple n'a pensé abandonner. Pas même lorsque Kathleen Stevens a fait cinq crevaisons d'affilée, dont trois la même journée.

Ils ont continué aussi lorsque, près de Winnipeg, ils ont chuté, tous les deux. « Un chien est sorti de nulle part. J'ai voulu l'éviter, je suis entré en collision avec Kathleen, et nous sommes tombés », raconte Michel Hébert. Il en a été quitte pour un généreux don de peau au bitume des Prairies; Kathleen, pour quelques égratignures.

Puis ils ont survécu à ces journées où la route semble infinie dans les Rocheuses, par exemple alors que le prochain village était 800 km et qu'il fallait rouler, roule et rouler, avec l'angoisse de ne jamais savoir quand il serait possible de s'arrêter dormir. « Heureusement, les gens étaient très gentils. Ils nous accueillaient chez eux quand on leur racontait notre histoire, certains nous donnaient spontanément un billet de 10 ou 20 $, même s'ils ne viendront jamais se faire soigner à Québec. C'était merveilleux », se souvient le Dr Hébert.

Tellement que le couple se déclare prêt à répéter l'expérience. Mais pas ce matin. Ils reprennent déjà le boulot aujourd'hui, sans même se payer le luxe d'une journée de répit.

Les cyclistes ignoraient hier s'il avaient atteint leur objectif de 100 000 $. Toutefois, ils ne devraient plus en être très loin. Avant leur départ, leur butin s'élevait à 45 000 $ et le président de la Fondation du CHUQ, Michel Laberge a annoncé hier qu'il rehausserait de 30% le montant recueilli.

Les dons peuvent être encore versés directement à la Fondation du CHUQ au (418) 525-4385, ou sur le site Internet www.onroulepourvous.com, qui diffuse aussi un intéressant photo-reportage des péripéties quotidiennes du couple.


page mise en ligne le 4 août 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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