11 décembre 2003


Ulysse et ses parents sur la place Tianammen, en Chine. L'attirail de la famille ne passe pas inaperçu.

Le tour du monde avec un enfant

Isabelle Audet

Ulysse était loin de savoir épeler « odyssée » le jour où il a entrepris un tour du monde de six ans avec ses parents. Âgé de tout juste 2 ans, il ne savait probablement même pas à l'époque prononcer ce mot. Aujourd'hui, il connaît l'orthographe des noms Thaïlande, Mozambique, Nicaragua et Canada, et surtout l'âme de chacun de ces pays.

Avant même sa naissance, Ulysse était prédestiné à une vie de globe-trotter. Ses parents, Sylvie et Alain Soulat, avaient déjà sillonné une partie de l'Europe, de l'Afrique et de l'Amérique du Sud sur un tandem. Elle infirmière, lui pompier, ils travaillaient un moment et finissaient toujours par repartir à l'aventure.

La naissance de leur fils allait-elle ralentir leur désir de voir le monde à vélo, ou à tout le moins les amener à voyager sur des sentiers balisés ? Au contraire ! Ils ont construit une remorque spécialement conçue pour créer un petit cocon à leur fils et hop ! en route vers l'Australie, l'Asie, l'Afrique, puis l'Amérique du Sud au Nord.

Leur mission : distribuer un message de paix aux peuples de la Terre. Grâce au soutien de commanditaires, ils sont partis en mars 1997 pour trois ans... puis quatre, et cinq, pour finalement ne revenir qu'en mars 2003.

« Nous voulions revenir en France à temps pour qu'Ulysse puisse commencer sa scolarité. Il a toutefois été à l'école par correspondance », explique Sylvie Soulat.

Mais ses plus grandes leçons, Ulysse les a apprises auprès des différents peuples qu'il a côtoyés. Dans le livre qu'ont écrit ses parents, Autour du monde avec Ulysse, les auteurs ont glissé une photo lourde de sens. Le garçon, de passage dans un village indien, grimace en voyant un enfant d'environ 5 ans frapper sur des pierres.

« Ulysse a demandé au garçon de venir jouer avec lui. Celui-ci lui a répondu qu'il ne pouvait pas, que son travail était de casser des pierres toute la journée. C'était une question de survie pour lui. Ulysse avait beaucoup de mal à comprendre », raconte sa mère.

Au hasard des rencontres, le jeune voyageur grandit et comprend que tous les enfants n'ont pas sa chance. Ainsi, il n'hésite pas à offrir son précieux panda de Chine en peluche à un compagnon du Kenya qui porte des prothèses aux deux jambes. « Lui, il ne pourra jamais courir comme moi », lance-t-il spontanément.

« Il a appris à jouer avec les enfants du monde au-delà des différences de chacun. Pour lui, tout le monde est pareil », affirme Sylvie Soulat, visiblement heureuse que son fils ait saisi le message de tolérance qu'elle et son mari ont répété tout le long de leur périple.

Vivre dans 35 pays en six ans et rouler 65 000 kilomètres dans une remorque n'a-t-il pas dérangé Ulysse, qui à continuellement dû replanter ses racines pendant tout le voyage ? « Au contraire ! Il a développé une capacité d'adaptation incroyable, a remarqué sa mère. Dès le départ, il s'est habitué au voyage et à sa nouvelle vie. » Quelques jouets, des feuilles, des crayons et des couvertures ont suffi à faire de sa remorque son monde à lui, qui restait le même malgré les kilomètres.

Le test du retour
Bizarrement, le plus difficile pour la famille, mis à part un bras cassé pour Ulysse en Bolivie, à été le retour en France, en mars dernier. « On était habitués à avoir des défis quotidiens, comme trouver l'eau pour boire, trouver la nourriture. Ici, on a tout et ça nous gêne. C'est beaucoup plus difficile de s'adapter à la vie facile !» affirme Sylvie Soulat.

Ulysse, toujours aussi flexible, n'a pas eu trop de mal à s'intégrer à sa nouvelle vie de sédentaire. Il va même chaque matin à l'école traditionnelle sans difficulté.

Riche de toutes ces années de voyage, il parle français, anglais et espagnol. Il peut aussi corriger un enseignant qui croit que personne ne parle anglais au Zimbabwe. Le garçon de 9 ans a cependant une petite faiblesse : la connaissance d'un monde ultra informatisé.

À l'école, l'enseignante a parlé d'une imprimante. Il a aussitôt demandé : Mais qu'est-ce que c'est, une imprimante ? Quand on voyage dans des pays où même une table et une chaise pour travailler ne sont pas des acquis, il y a un retour au monde moderne qui peut parfois être surprenant. Mais il sait s'adapter très vite. Je ne suis pas inquiète. »

Le seul soucis de la famille aujourd'hui : repartir. Ce devrait être pour bientôt. Cette fois, en route vers le Canada ! Et pour longtemps ! Sylvie, Alain et Ulysse attendent de pouvoir s'installer pour de bon au Québec... histoire de voyager de temps à autre en Amérique.

_____________________________________

Autour du monde avec Ulysse - une odyssée familiale à tandem, Sylvie et Alain Soulat, Éditions internationales Alain Stanké, 256 pages, 24,95.


page mise en ligne le 11 décembre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
Qui sur SVP?