25 février 2003

Affaire de l'EPO :
le suspense perdure

Simon Drouin

Il faudra attendre plusieurs jours, voire quelques semaines, avant de savoir si les noms des patients du Dr Maurice Duquette, accusé par le syndic du Collège des médecins d'avoir prescrit et administré de l'Eprex ou érythropoïétine (EPO) de manière inappropriée, pourront être divulgués.

Hier, le comité de discipline du Collège des médecins a mis en délibéré sa décision quant à la pertinence de lever l'ordonnance de non-publication et de non-diffusion des noms de la dizaine de patients apparaissant dans la plainte contre le Dr Duquette. Parmi ceux-ci, figure une cycliste québécoise de haut niveau qui craint de voir sa réputation et sa carrière sérieusement entachées si l'ordonnance est levée.

Prononcée le 27 décembre dernier, l'ordonnance a par la suite été contestée par la Société Radio-Canada lors d'une audience qui s'est tenue le 12 février dernier. Hier, on pensait pouvoir connaître la décision du président du comité de discipline, Me François D. Samson, mais une requête de l'avocat de la cycliste de haut niveau, Me Alain Barrette, a retardé le processus.

Me Barrette a demandé au comité de discipline une période de grâce de 10 jours advenant la levée de l'ordonnance, ce qui lui donnerait le temps et la marge de manoeuvre nécessaires pour faire appel au Tribunal des professions. Me Samson devra aussi rendre une décision sur cette question.

Les débats d'hier ont par ailleurs porté sur une autre requête de Me Barrette, soit la possibilité pour sa cliente d'intervenir directement dans la cause du Dr Duquette, ce à quoi le syndic du Collège des médecins s'oppose formellement. Le président du comité a également mis cette question en délibéré.

La cycliste tient à faire la preuve que les deux plaintes qui la concernent directement sont sans fondement. Selon le syndic du Collège, le Dr Duquette aurait administrée à une reprise de l'Eprex à ladite cycliste à titre de « test diagnostique ». Or, la cycliste nie avoir reçu une telle médication et affirme ignorer te quel aurait pu être l'objet du prétendu test diagnostique ».

Dans sa requête en intervention, la cycliste dit vouloir faire la preuve, à l'aide d'un expert, que le niveau élevé du taux d'hémoglobine de certaines de ses formules sanguines s'explique par l'utilisation d'une tente hypoxique (ou tente à oxygène). Ces tentes, qui permettent de simuler les conditions atmosphériques en altitude, ne sont pas interdites par les organismes régissant le sport de haut niveau. Certains athlètes d'élite en font même la promotion.

En revanche, la prise exogène d'EPO (l'Eprex en est une appellation commerciale) est interdite notamment par l'Union cycliste internationale et le Comité international olympique. Hormone produite naturellement par le corps, l'EPO favorise le transport de l'oxygène aux muscles par une augmentation des globules rouges dans le sang. Au cours des dernières années, des enquêtes et des contrôles antidopages ont permis de révéler l'utilisation de l'EPO par des athlètes qui pratiquent des disciplines faisant appel à l'endurance.

De 1998 à 2001, le Dr Maurice Duquette, un orthopédiste montréalais, aurait possédé, prescrit et administré de l'EPO de manière intempestive et inapproprié à une dizaine de patients, selon la plainte du syndic du Collège des médecins.

Par ailleurs, ce qui n'a rien pour amenuiser les soupçons, le nom de l'entraîneur de la cycliste de haut niveau fait également partie de la plainte. Ce dernier se serait fait prescrire de « l'Époétine pour anémie par hémolyse ». (L'époïetine-delta est un nouveau produit utilisé depuis trois ans à titre expérimental pour les dialyses et la chimiothérapie. Elle stimule l'EPO naturelle, ce qui la rend incontrôlable. Il s'agirait du dernier cri en matière de dopage sportif.)

La cause proprement dite ne pourra être entendue tant que les décisions mises en délibérée ne seront pas rendues.


page mise en ligne le 25 février 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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