10 juillet 2003

Où en est l'aménagement de la Route verte ?

André Désiront

Le Québec deviendra-t-il une grande destination cycliste? C'est le pari relevé par Vélo Québec qui lançait, en 1995, le programme désormais connu sous le nom de « la Route verte ». L'Autriche, qui avait mené à bien un projet similaire en aménageant la Route du Danube, qui traverse le pays d'ouest en est, accueille désormais entre 75 000 et 100 000 cyclotouristes étrangers chaque année, ce qui en fait une des premières destinations de vélo du monde.

Une fois complétée, la Route verte déploiera un réseau de 4300 kilomètres de voies cyclables qui traverseront le Québec de Gatineau à Gaspé, avec des bretelles vers l'Abitibi, le Lac-Saint-Jean, le Nouveau-Brunswick et plusieurs États américains. « L'objectif est de créer un lien cyclable entre les régions du Québec », explique Jean-François Pronavost, directeur de Vélo Québec. « Le tracé est aménagé, soit sur des pistes cyclables, soit sur des routes régionales dotées d'un accotement asphalté, ou encore sur des petites routes de campagne. Le dénominateur comun étant de proposer un parcours qui offre un maximum de sécurité aux cyclistes. » Et, naturellement, qui soit balisé par des panneaux de signalisation !

Le projet a germé dans l'esprit des permanents de Vélo Québec en 1992, pendant la conférence Vélo Mondial, qui réunissait à Montréal 650 représentants d'organisations cyclistes d'une trentaine de pays. Il a été mis en branle en 1995 et, trois ans plus tard, le ministère des Transports du Québec lui donnait un sérieux coup de pouce en acceptant de défrayer 25 % des coûts d'aménagement, à charge pour les municipalités et les MC de débourser le reste. « Cela constitue une formidable mesure incitative », note Jean-François Pronovost. Mais pour l'essentiel, la progression du réseau dépend toujours d'une volonté municipale au régionale. Lorsque les autorités locales sont sensibles aux retombées économiques générées par le cyclotourisme, les choses vont bon train. Mais dans les régions essentiellement agricoles, le projet suscite moins d'intérêt.

Une étude de la chaire de tourisme de l'UQAM évaluait, en mars dernier, que les retombées économiques de la Route verte devraient s'élever à 134 millions de dollars, en 2006, c'est-à-dire lorsque le réseau aura été complété. Naturellement, le gros de ces recettes touristiques sera généré par les cyclotouristes locaux. Vélo Québec estime qu'un demi-million de Québécois pratiquent le cyclotourisme. « Nous faisons la distinction entre cyclotouristes « sportifs » et « vacanciers », précise Jean-François Pronovost. Pour les premiers, qui sont environ 150 000, la pratique du vélo est la principale raison du voyage. Ils en font tous les jours. Les seconds sont les familles qui emmènent leurs bicyclettes en vacances. »

Les trois quarts de la Route verte - soit 3200 kilomètres - sont actuellement achevés. « Nous espérons, maintenant, que cet objectif ne sera pas affecté par les mesures budgétaires du gouvernement », dit Jean-François Pronovost.

C'est que l'équipe de Vélo Québec nourrit l'ambition de se servir de la route pour attirer ici les cyclistes étrangers. « Mais Il reste trop de tronçons incomplets; nous sommes encore incapables de soutenir la comparaison avec les grandes destinations cyclables », remarque le directeur de Vélo Québec.

Les grandes destinations internationales sont la Hollande, qui déploie un réseau de 19 000 kilomètres de pistes cyclables sur un territoire 50 fois plus petit que le Québec, le Danemark où 18 % des touristes visitent le pays à vélo, l'Allemagne, l'Autriche et le Royaume-Uni où l'aménagement d'un réseau cyclable de 10 000 milles (16 000 kilomètres) sera terminé en 2005.

Chez nous, plusieurs nouveaux tronçons de la Route verte viennent d'être achevés. On mentionnera notamment plusieurs segments dans la Baie des Chaleurs et la piste qui permet de traverser Laval, depuis le pont de l'île Perry, face à Cartierville, jusqu'au pont Athanasse-David, qui enjambe la rivière des Mille-Îles. Il ne manque désormais plus que quelques kilomètres, entre Bois-des-Fillon et Blainville, pour qu'un parcours cyclable ininterrompu relie Montréal à Mont-Laurier. Le secteur de Mirabel, dans la prolongation du parc linéaire du P'tit Train du Nord, au sud de Saint-Jérôme, a été complété l'an dernier. C'est aussi le cas de l'accotement asphalté de la route 138, entre Saint-Siméon et Tadoussac, ce qui permet aux cyclistes de rouler en toute sécurité entre Tadoussac et la piste du Petit Thémis, via le traversier entre Saint-Siméon et Rivière-du-Loup.

Sur la Rive-Sud de Québec, le parcours des Anses (qui ménage une vue superbe sur la capitale) a été inauguré il y a deux ans, permettant de rejoindre Montmagny depuis Montréal, via les Cantons-de-l'Est, avec une seule interruption de trois kilomètres, de Waterloo à Stukely-Sud.

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Information: www.routeverte.com . Les éditions du Tricycle éditent un « Guide officiel » de la route verte (19,95 $).

Les tronçons coups de coeur

> Le « Chemin du Roy » entre Trois-Rivières et Québec (la route 138).
> Le parcours de Montréal à Sherbrooke, via la Montérégiade, l'Estriade, le Chemin des diligences, etc...
> La vallée de l'Outaouais de Grenville à Gatineau (mais plusieurs tronçons ne sont cas complétés).


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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