Annie Fréchette et sa fille Emma se sont remises de leurs émotions.
photo : Denis Courville
27 juillet 2003
« Mais c'est dangereux des vélos, Monsieur,
ma fille aurait pu mourir,
j'aurais pu paralyser, c'est sûr ! »
Annie Fréchette
L'auteure habite à Candiac.
Une balade en vélo sur le canal Lachine s'est transformée en grand-petit malheur le jour de la Fête du Canada. Je roulais avec ma fille de 4 ans accrochée à moi dans son siège d'enfant et mon mari qui suivait à quelques mètres. Nous roulions tranquilles par cette belle journée, dans notre voie, ni trop vite, ni trop lentement, quand soudain, un fou furieux en vélo coupe littéralement la piste cyclable à une vitesse frôlant les 50 km/h (selon les témoins) et puis... BANG, un grand BANG !
Je ne me rappelle pas de l'impact, il a été si violent, je me rappelle que j'ai crié Emma, Emma ... je la pensais morte vous voyez ! Mon mari déjà juste à côté démêle la ferraille, tasse le fou furieux et retrouve ma petite poulette, encore assise dans son siège avec un peu d'huile dans les mains, un bleu sur la cuisse. Il me répond : ça va, Emma n'a rien, ne t'en fais pas ! C'est un véritable miracle ! Petit malheur ... je vous dis !
Moi, je me relève dans une marre de sang, je touche mon visage et je sens, je sens que je viens de perdre mes belles dents... Je n'ai plus de dents. Ce fou furieux m'a enlevé mes dents blanches et droites que j'avais si bien soignées au fil des ans... mon sourire, ma fierté ! L'ambulance me transporte à l'hôpital pour d'autres examens. Et c'est l'autre miracle, je n'ai rien, c'est JUSTE mes dents ! Petit malheur ... je vous dis !
Banal ? Tout le monde le pense. À commencer par le fou furieux et les policiers. Inutile de poursuivre Madame, c'est JUSTE vos dents. De plus, il est bienheureux social (lire BS), il est protégé, vous ne pouvez rien lui enlever, il n'a rien ! Je pense peut-être lui donner une contravention de 20 $ car c'est juste sur une piste cyclable. La SAAQ ? Et bien non Madame, car c'est juste un vélo qui frappe un autre vélo. Mais c'est dangereux des vélos, Monsieur, ma fille aurait pu mourir, j'aurais pu paralyser, c'est sûr ! Mais c'est juste vos dents Madame. Mon employeur aussi ne comprend pas. Elle a eu juste un accident de vélo, elle prendra ses messages sans problèmes et elle reviendra après-demain, c'est juste ses dents !
Mes dents, et bien après la chirurgie, elles sont brochées pour espérer leur guérison. Je ne peux pas manger pour six semaines et ensuite commenceront les visites chez mon dentiste. Nous avons calculé des dommages entre 10 000 $ et 20 000 $. Mes assurances personnelles sont limitées à 2500 $ par année car je fais partie des choyés de la société ! Mais il y a aussi le temps, je viens d'avoir une superbe promotion et dans le monde des choyés eh bien chaque minute compte vous savez, il y a tant de projets à réaliser, tant de responsabilités. Que se passera-t-il maintenant ?
Il faut arrêter ces fous furieux à vélo. Il faut avoir des moyens pour les punir. Je commence à trouver que dans notre beau Québec on protège beaucoup trop le bienheureux ! Ils sont des êtres humains et ils devraient au moins assumer leurs responsabilités ! Il faut des lois sur les pistes cyclables ! (Dans notre merveilleux système, un ivrogne qui en auto frapperait un enfant aurait le droit à de nouvelles dents).
Ce grand-petit malheur aurait pu être une tragédie. N'attendons-pas et réagissons ! Monsieur, Madame, des accidents de vélo peuvent être aussi graves que des accidents d'autos, et non, ce n'est pas juste des dents. SVP, un peu de justice, c'étaient mes belles dents à moi, mon large sourire, ma fierté !
page mise en ligne le 27 juillet 2003 par SVP
