Une messagère assaillie
par la police par erreur
Nicolas Bérubé
France Vézina a eu la peur de sa vie hier quand une demi-douzaine de policiers antiémeute l'ont assaillie alors qu'elle était à vélo au centre-ville de Montréal.
Mlle Vézina, messagère à vélo qui travaille depuis deux ans pour la compagnie Quick, se trouvait au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Alexandre hier matin quand elle a été prise d'assaut par les forces de l'ordre.
« J'étais sur mon vélo et je parlais avec mon répartiteur dans mon wallkie-talkie quand les policiers sont arrivés par derrière et m'ont carrément attaquée », explique-t- elle.
Un policier lui a arraché son micro et l'a jeté par terre tandis qu'un autre a tranché son pneu avant à l'aide d'un couteau, dit-elle. Les policiers l'ont soulevée avec force et l'ont fait grimper à bord d'un camion identifié aux couleurs de la police de Montréal.
« Dans le camion, ii y avait d'autres policiers. Ils m'ont accusée d'être une éclaireuse. Je ne comprenais pas ce qui se passait, j'avais la chienne. »
Puis les policiers ont vu la pile de factures attachées à son sac en bandoulière et ont aussitôt compris leur méprise.
« Il y a un policier qui a dit : Hé, c'est pas une manifestante, c'est une vraie courrier. À partir de ce moment-là, ils ont été plus gentils avec moi », dit-elle.
Les policiers se sont excusés et lui ont expliqué qu'ils cherchaient à mettre le grappin au collet des leaders des manifestants. Ils lui ont dit que le Service de police allait payer pour son pneu lacéré. Puis ils l'ont relâchée; l'opération aura duré 15 minutes.
À peine sortie du camion, elle a raconté son histoire à un policier qui se trouvait sur place qui l'a encouragée à porter plainte. « Le policier traitait les policiers antiémeute d'imbéciles, et il m'a dit de déposer une plainte. Il m'a aussi dit que j'aurais droit à une compensation pour avoir été arrêtée pour rien », dit-elle.
C'est la première fois que France Vézina avait maille à partir avec les forces de l'ordre. « Je ne savais pas que les policiers avaient le droit de ramasser les gens dans la rue comme ça. »
Ian Lafrenière, porte-parole de la police de Montréal, a affirmé hier ne pas être au courant de l'affaire. Mais il a noté que la jeune femme a le droit de déposer une plainte. « Si elle croit avoir été victime d'un abus, je l'invite à porter plainte, et elle sera entendue. »
Elle compte effectivement déposer une plainte en déontologie policière dans les prochains jours.
Mlle Vézina savait que des manifestations avaient lieu au centre-ville cette semaine, mais elle affirme qu'elle n'y a jamais pris part, ni de près ni de loin. « Même si j'avais voulu y aller, je n'aurais pas pu, dit-elle. Je travaillais. »
page mise en ligne le 30 juillet 2003 par SVP