9 juin 2003

Montréal
au rythme
du vélo

Raymond Gervais

Quelque 30 000 cyclistes, jeunes et moins jeunes, ont pris d'assaut hier les rues de Montréal dans le cadre du 19e Tour de l'Île. Une journée magnifique où la grosse boule jaune qui réchauffe et qui donne de la lumière, la même qui était absente lors du Tour des enfants, a brillé de tous ses feux.

On aurait voulu commander une plus belle journée que cela aurait été impossible. Le vent était à peine perceptible et la température était superbe pour faire du vélo, pas trop chaude, pas trop fraîche.

Une journée parfaite quoi! Sauf pour les automobilistes qui, chaque année, se font prendre au piège des rues bloquées. Les médias ont beau en parler des semaines à l'avance, publier le tracé dans les journaux et le diffuser à la télévision, c'est peine perdue. Hier, ils se sont butés par milliers aux barrages des policiers. Certains sont même devenus agressifs face aux bénévoles et aux cadets policiers qui leur interdisaient le passage. Heureusement, les policiers de la Ville de Montréal n'étaient jamais bien loin.

Chers automobilistes, dont je suis, habituez-vous; l'été commence et les festivals, les ventes de trottoirs, les marchetons et les courses de toutes sortes ne font que commencer.

Cela dit, le 19e Tour de l'Île n'a pas eu que de bons moments hier pour les cyclistes, il a aussi connu certains ratés, selon plusieurs.

Remorquages
Toutes les personnes interrogées par le représentant de La Presse, qui a lui aussi parcouru les 48 kilomètres à vélo, ont vivement dénoncé le stationnement de dizaines et de dizaines de véhicules en bordure de certaines rues du tracé. La rue Des Écores en est le plus bel exemple. On ne comptait plus les automobiles garées des deux côtés de la rue malgré l'interdiction de stationnement de 7 h à 19 h hier. Ces véhicules ont causé un effet d'entonnoir dans lequel devaient s'engouffrer 30 000 vélos. Certains accrochages sont survenus à cause du manque de civisme de la part des propriétaires de ces voitures. Boulevard Saint-Joseph, où le départ a été donné, les véhicules garés illégalement ont été remorqués et la police a donné une contravention à leurs propriétaires. Mais ceux qui n'ont pas été remorqués n'avaient pas de contravention sur le pare-brise.

Joëlle Sévigny, directrice générale de la Féria du Vélo de Montréal, organisme responsable du Tour de l'Île, a expliqué les dépanneuses ne disposaient que de 2 h 15 minutes pour enlever les véhicules garés illégalement et que la priorité été accordée aux grandes artères du départ. « C'est humainement impossible de procéder au remorquage de tous les véhicules », a confié Mme Sévigny.

Autre point dénoncé par certains cyclistes : la traversée du Complexe environnemental Saint-Michel sur une piste de poussière de pierres. Le passage de milliers de vélos a fait lever la poussière, qui est devenue suffisamment gênante pour forcer les cyclistes à se fermer la bouche. On ne parlera pas de la poussière sur les vélos, sur les sacoches et sur les verres fumés. Toutefois, le point de vue valait la peine.

Manque d'ambiance
Luc Larivière et sa compagne, Sylvie Saint-Germain, qui en étaient à leur septième Tour de l'Île hier, regrettent l'époque où l'on incitait les citoyens à décorer leur maison, à encourager les cyclistes sur leur passage et à animer le parcours. « Il manquait d'ambiance le long du trajet et dans deux des trois relais. Il n'y avait pas de musique, pas plus lors de l'arrivée au parc Sir Wilfrid-Laurier. C'est dommage, je trouve qu'il manquait un esprit de fête. Néanmoins, j'ai bien aimé me retrouver en roi sur mon vélo dans les rues de la ville », a précisé M. Larivière.

Martin Cossette et Johanne Parent étaient de leur côté très heureux hier de pouvoir enfin pédaler au beau temps. Ils participent au Tour de l'Île depuis 1999 et c'est la première fois qu'ils le font sans imperméable. Ils ont eux aussi dénoncé le manque d'ambiance le long du parcours.

Après 19 ans, le Tour de l'Île a obtenu ses lettres de noblesse et attire plusieurs centaines de touristes qui viennent à Montréal afin d'y participer. C'est le cas de John Lingg, un Suisse qui en était hier à sa cinquième participation. Il a aussi fait le Tour de nuit vendredi et reviendra à la fin de l'été pour faire l'excursion en Gaspésie.

Somme toute, la journée d'hier a été une réussite tant pour les organisateurs que pour les participants. Le départ s'est effectué avec une douzaine de minutes de retard, la police n'ayant pas fermé toutes les rues où le peloton passait. Une trentaine de participants ont décider d'abandonner le circuit en cours de route. Le moment fort de la randonnée a certes été la visite de la carrière Lafarge. Les organisateurs parlaient de pays lunaire. Il fallait avoir l'imagination fertile, mais les parois valaient la peine d'être vues.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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