23 mai 2003


Alexandre Cloutier et Martin Gilbert (à droite) roulaient au vélodrome de Bromont hier après-midi.
Dimanche dernier à Sydney, en Australie, ils se sont qualifiés pour la course à l'américaine des
Championnats du monde sur piste qui seront disputés à la fin de juillet à Stuggart, en Allemagne.
photo : Alain Roberge

Les deux font la paire

Dimanche dernier à Sydney, deux pistards québécois se sont qualifiés pour les Championnats du monde de cyclisme sur piste. En finissant au septième rang de la course à l'américaine à la dernière des quatre étapes de la Coupe du monde 2003, Alexandre Cloutier et Martin Gilbert ont conclu la saison au 13e rang du classement général, malgré deux zéro aux deux premières étapes. « Ce que ces gars-là ont accompli est pas mal plus admirable que bien des résultats qu'on a déjà admirés, affirme leur entraîneur, Éric Van den Eynde. Ils sont comme deux juniors qui viennent de monter dans la LNH et qui comptent cinq buts dans un match ! »

« Après notre course, on savait qu'on était septièmes et on a fait notre petit calcul du classement mondial, raconte Alexandre Cloutier. Mais on a attendu environ trente minutes avant de connaître le classement officiel, où il nous fallait terminer parmi les 16 premiers. On était fiers de notre course, mais disons qu'on était pas mal sur les nerfs. Quand le verdict a été annoncé, Éric en avait les larmes aux yeux. C'est son travail à lui qui venait d'être récompensé. Nous nous sommes serrés bien fort tous les trois. On savait qu'on venait de réussir quelque chose de difficile. »

* * *

Alexandre Cloutier a 29 ans et patauge dans le monde du cyclisme depuis son adolescence. Membre de l'équipe Trek-Volkswagen au Québec, il a participé aux Mardis de Lachine, aux Championnats canadiens, à des courses en Europe, aux États-Unis. Le hasard de la vie l'a même amené à devenir pilote de tandem pour Julie Cournoyer, une athlète souffrant d'un handicap visuel. Parmi sa collection de médailles et trophées, Cloutier compte trois médailes des Jeux paralympiques de 1996 et deux autres des Jeux paralympiques de Sydney. Breveté quelques années et commandité ici et là, il vivote du vélo.

À l'inverse, Martin Gilbert est un jeune de 20 ans qui a laissé le triathlon quand il s'est inscrit au programme sport-études (cyclisme) d'une école secondaire à Cowansville. Malgré son âge, Gilbert présente déjà une belle feuille de route. À 17 ans, il montre des dents au Tour de l'Abitibi et triomphe au Championnat canadien junior sur piste. À 18 ans, il est sacré champion des Mardis cyclistes et répète l'exploit l'été suivant. Premier de classe, il complétera un diplôme études collégiales en sciences de la santé en décembre prochain et se demande s'il fera son entrée à l'université en génie ou en médecine.

Ou s'il vivra du vélo pendant quelques années.

« J'ai pris goût à la course sur piste. Si en pouvait augmenter notre valeur pour des courses en Europe et gagner un peu d'argent, je pourrais mettre les études en veilleuse et m'y remettre dans quelques années. »

Réunis une fois en 2001 et au véritable travail ensemble depuis moins d'un an, les deux font la paire. Dans les courses à l'américaine, on se donne des élans en agrippant son coéquipier par le gilet à plus de 50 km/h sur une piste inclinée à plus de 40 degrés. Il faut que les deux gars se fassent drôlement confiance.

En novembre dernier, nous avons participé à une compétition Six jours au Mexique, poursuit Van den Eynde. On ne riait pas de nous... mais presque. Mais j'étais confiant. À chaque compétition, il y avait des points à améliorer et c'est ce qu'on a fait. Aujourd'hui, les deux gars sont plus que respectés. Cette semaine même, ils ont reçu des offres de trois compétitions présentées en Italie, en juillet ! Toutes les dépenses seront payées et une bourse est garantie. »

Assis dans son bureau du Stade olympique, Louis Barbeau, de la fédération québécoise, suit tout ce qui roule sur deux roues et est étonné. « Martin Gilbert, c'est un kid ! Il passe l'hiver au Québec à l'école et à l'entraînement sur rouleaux! Il n'a presque pas de soutien financier, dit-il. C'est un exploit ce qu'ils viennent d'accomplir. Deux fois septièmes, c'est pas un hasard. Il faut reconnaître le talent des deux gars et le travail d'Éric. »

Éric Van den Eynde, c'est le cerveau du vélo. Compétiteur avec son frère dans des courses à l'américaine et entraîneur au vélodrome de Montréal dans les années 80, Van den Eynde peut vous donner un cours complet de physiologie de l'exercice au téléphone, même quand vous le sortez du lit. Que Lyne Bessette soit n'importe où sur la planète, c'est avec son programme d'entraînement à lui qu'elle travaille.

Quand Cloutier et Gilbert sont en piste, il est tout près et indique à son cycliste au repos quelle stratégie adopter, tout en suivant celui qui file à 50 à l'heure du coin de l'oeil.

Malgré tout son bagage d'expérience, Cloutier s'en remet au coach. « Éric est extrêmement important dans tout ça. C'est lui qui y croyait le plus. Moi, je suis encore sur un nuage, mais lui, on dirait qu'il avait vu ça venir. Là, pour les Championnats du monde, il est crinqué au max

À lire également : Bromont : La Mecque du vélo sur piste.


page mise en ligne le 23 mai 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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