Marie Allard
À l'école Saint-Paul, de Laval, voyager en bicyclette n'est pas permis, sauf pour les élèves de sixième année. «Nous devons assurer la sécurité des enfants», plaide Laurent Aubin, le directeur de l'établissement.
Bien que le taux d'obésité et d'inactivité physique des jeunes Québécois frôle la catastrophe, de nombreuses écoles semblent emboîter le pas et interdisent le vélo. «Plusieurs de nos 60 écoles primaires interdisent les bicyclettes, confirme Robert Goyet, directeur général adjoint de la Commission scolaire de Laval (CSL). Leur utilisation cause trop de problèmes: il faut installer un support, prévenir les vols et empêcher les élèves de se chiper des accessoires.»
Est-ce légal ? «À mon avis, une école ne peut pas faire de règlement à cet égard, répond Danièle Lamy, avocate de Vélo-Québec. Les règles de l'école ne peuvent pas s'appliquer en dehors des limites de son territoire.» Nul ne peut, non plus, exiger le port du casque, puisqu'il n'est pas prévu dans la politique sur le vélo du ministère des Transports. «Personne ne peut se placer au-dessus de la loi», souligne Me Lamy. L'école Saint-Paul, qui confisque les bicyclettes d'élèves qui se déplacent sans casque, pourrait voir cette pratique contestée.
«Il est probablement exact de dire que notre règlement ne s'applique pas une fois que l'élève est dans la rue, reconnaît M. Goyet. Il reste que pas un parent ne m'a fait part de son insatisfaction.»
Voilà qui n'est pas trop étonnant, quand on sait que dans l'ensemble des régions urbaines du Québec, seuls 1,5% des élèves de 15 ans vont à l'école à vélo, selon Statistique Canada. L'autobus scolaire (52%) et la voiture (10%) sont autrement plus populaires, mais moins efficaces pour brûler les calories avalées devant la télé.
«À en croire certains directeurs d'école et conseils d'établissement, le seul endroit où les enfants ne sont pas en danger, c'est dans leur salon, ironise Patrick Howe, porte-parole de Vélo-Québec. Une école a d'ailleurs enlevé le support à bicyclettes qu'elle mettait à la disposition des élèves pour agrandir le stationnement des professeurs !»
«Ces initiatives sont déplorables, puisqu'à force de faire peur aux enfants et aux parents, on néglige leur santé», souligne Me Lamy.
À la Commission scolaire de Montréal (CSDM), seuls quelques établissements situés aux abords d'artères très passantes - comme l'école Christ-Roi, dans Ahuntsic - interdisent les vélos, selon Claudette Lechasseur, porte-parole. «Les élèves se déplacent à pied, puisque nous avons surtout des écoles de quartier», fait-elle valoir. Heureusement, la marche ne semble pas encore avoir été proscrite par quelque conseil d'établissement que ce soit...
page mise en ligne le 8 mai 2003 par SVP