31 mars 2003


Normand Vaillancourt, fonctionnaire à la Ville de Montréal, est payé tout l'été
pour inspecter à vélo les pistes cyclables de l'île. Des jaloux ?
photo : Alain Roberge

Un travail santé

Ronald King
rking@lapresse.ca

Imaginez les premiers beaux jours du printemps... Votre patron entre dans votre bureau et dit : « O.K., sors d'ici, prends ton vélo et va te promener sur toutes les voies cyclables de Montréal. Toute la journée. Tu reviendras au bureau au début de l'hiver. »

Et vous gardez le même salaire, bien sûr.

Le job idéal, pour certains. Un job santé, en tout cas. À la Ville de Montréal, il y a un employé qui occupe un tel poste : Normand Vaillancourt, 45 ans, père de trois enfants, cycliste et amateur de plein air. Formations en architecture et génie civil. Vaillancourt est fonctionnaire municipal depuis 1989 et il a été muté, il y a deux ans, au service qui supervise les voies cyclables. « Je n'ai pas d'auto, je n'ai pas de permis de conduire... alors on m'a dit, ben, va dans les vélos.

« C'est un travail passionnant qui offre le meilleur des deux mondes. Je fais des plans et réponds aux plaintes et aux suggestions pendant l'hiver. Le téléphone devrait d'ailleurs se mettre à sonner sans arrêt très bientôt. C'est la période clé l'année. »

Vaillancourt nous dit que les cyclistes ont le coup de téléphone facile.

« Il font des demandes, ils nous signalent les coins dangereux, ils nous suggèrent d'ajuster des parcours ou d'en créer de nouveaux. Il y avait un parcours en L par exemple, où les cyclistes ne se voyaient pas arriver et se rentraient dedans ! »

Alors, Normand Vaillancourt pédale jusqu'au lieu à problème et trouve une solution. Il fait ajouter des panneaux de signalisation, il ajuste des tracés, il cherche des moyens d'adoucir les tensions entre les automobilistes et les cyclistes...

« On parle beaucoup de santé dans la campagne électorale... Moi, je suis en faveur de la prévention par le vélo, par l'exercice. Et pour ça, il faut de bonnes voies cyclables sécuritaires.

« Les gens nous demandent des pistes dans de beaux endroits, mais ce n'est pas le plus important, à mon avis. Je cherche toujours à relier des pistes au transport en conmmun. Les gens peuvent pédaler jusqu'au métro et y laisser leur vélo pour entrer au centre-ville. Il faut que ça soit fonctionnel, il faut chercher à réduire la circulation automobile.

« Le plus agréable de mon travail est le dépistage. Choisir de nouveaux parcours qui vont servir à beaucoup de monde. Cet été, en va se concentrer sur l'ouest de la ville, le West Island, Pierrefonds... pour relier ce coin au reste du circuit. »

Tout n'est pas parfait dans nos rues - Vaillancourt est le premier à l'admettre -, mais il reste que Montréal est une ville choyée en matière de voies cyclables. Une des plus choyées au monde.

« C'est vrai, nous dit cet explorateur à deux roues, et nous gagnons plusieurs prix internationaux. À cause de nos pistes mais aussi à cause des événements comme le Tour de l'Île, un Tour la nuit, le Tour des Enfants. La Féria du velo épate les cyclistes du monde entier... »

Pour les gens de Rosemont, un piste commence à la fin de la rue Masson (à l'ouest d'Iberville) et longe une voie ferrée. Le paysage urbain, avec ses mystérieux entrepôts et usines, sa brique rouge et ses graffitis - « L'apathie transcende la réalité! » fait penser à New York.

Vingt minutes plus tard, sans avoir croisé une seule auto ou vu un seul feu de circulation, on atterrit dans la Petite Italie et au Marché Jean-Talon...

Par un bel après-midi d'été, c'est plaisant.


page mise en ligne le 31 mars 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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