11 novembre 2003

fond puisse être entendue, le Dr Maurice Duquette, par la voix de son avocat Me Jean-François Lepage, s'est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation après en être venu à une entente avec le syndic du comité de discipline, qui agit comme procureur dans le dossier.

Les chefs d'accusation concernent 11 patients du Dr Duquette, pour la plupart des personnes âgées qui ont subi une chirurgie pour un remplacement de hanche au de genou. Au moins deux patients sont reliés au monde du cyclisme, soit la cycliste et son entraîneur.

Une ordonnance de non-accessibilité et non-publication, délivrée le 27 décembre et renforcée le 24 février, empêche les médias de révéler l'identité des patients en question. À la suite de l'aveu de culpabilité du Dr Duquette, une nouvelle demande de levée de l'ordonnance sera présentée ce matin au comité de discipline par Me Marc-André Blanchard, avocat représentant La Presse, Radio-Canada et The Gazette.

Me Lepage, avocat du Dr Duquette, et Me Jacques Prévost, procureur du syndic, se sont également entendus sur la sanction à recommander, soit une radiation temporaire de quatre mois et une limitation de la pratique de certaines activités médicales, notamment dans des gymnases. En fin de compte, il reviendra toutefois au comité de discipline de trancher sur la sanction appropriée et ce, après le dévoilement de la preuve en vue de la sanction par Me Prévost et les arguments de Me Lepage. Aucune date n'a été fixée à ce sujet, mais chose certaine, ça ne se déroulera pas cette semaine.

Avant l'enregistrement du plaidoyer de culpabilité, Me Alain Barrette, avocat représentant la cycliste et son entraîneur, avait demandé en matinée des ordonnances additionnelles visant à empêcher la diffusion de tous les éléments de preuve, de tout plaidoyer du Dr Duquette et de toute décision du comité concernant ses clients. Cette demande a été rejetée.

Au sujet de la cycliste québécoise, le syndic du comité de discipline reproche au Dr Duquette d'avoir omis d'inscrire à son dossier l'administration d'une dose d'Eprex (une des appellations commerciales de l'EPO) « comme test diagnostique ». Le procureur du syndic, Me Prévost, a cependant soutenu hier avoir des preuves que la patiente en question en aurait reçu « plus d'une fois ».

Selon un autre chef d'accusation, l'entraîneur de la cycliste s'est lui-même fait prescrire de l'EPO par le Dr Duquette, le 20 décembre 1999.

L'enquête du comité de discipline a été lancée à l'hiver 2001 après que la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) eut informé le Collège de la possibilité que le Dr Duquette ait agi de manière répréhensible. Une cycliste avait signalé aux dirigeants de la FQSC que le Dr Duquette avait laissé planer la possibilité de lui fournir des substances interdites à la suite de la Coupe du monde sur le mont Royal, en mai 2000.

Présent à l'audience d'hier, le directeur général de la FQSC, Louis Barbeau, s'est réjoui de la demande commune des avocats voulant que la sanction inclue une limitation de pratique médicale par le Dr Duquelle dans les milieux sportifs.

« Il y a une première étape de franchie : le médecin est hors circuit », a signalé M. Barbeau, qui doit maintenant se pencher sur le cas de la cycliste en cause.

« Maintenant, il va falloir prendre charge du dossier, a-t-il convenu. Ce qui est clair, c'est que ça ne peut pas s'arrêter là. Ce ne sera pas une action isolée; on va contacter l'Association cycliste canadienne et le Centre canadien pour l'éthique dans le sport pour étudier la possibilité d'imposer des sanctions. » Au Canada, la prise d'EPO est passible d'une suspension de deux ans.

M. Barbeau se demande si les faits mentionnés dans le dossier du Dr Duquette pourront être utilisés dans un contexte sportif. « Je ne sais pas dans quelle mesure on peut présenter ces faits-là. Est-ce recevable hors du contexte des audiences du comité de discipline ou si ça se limite à ça? Je l'ignore. Ce sont des choses qu'on devra vérifier auprès du Collège. »

Pratiquant à l'hôpital Fleury, dans le nord de Montréal, le Dr Maurice Duquette fait également de la consultation dans un cabinet situé au sous-sol d'un chic hôtel lui appartenant, Le XIXe siècle, sis au 262, Saint-Jacques Ouest, dans le Vieux-Montréal. Orthopédiste, il est spécialisé dans la pose de hanches artificielles. Les faits reprochés se sont produits entre 1998 et 2001.


page mise en ligne le 11 novembre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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