6 février 2004


Alexandre Cloutier et Martin Gilbert ont dû faire plusieurs sacrifices pour améliorer leurs chances de
se rendre aux Jeux olympiques. Mais avant cela, c'est à Moscou qu'ils devront prouver leur mérite.
photo d'archives : Alain Roberge

Passer de campeurs à olympiens

Avec les moyens du bord, Alexandre Cloutier et Martin Gilbert tenteront de se qualifier pour les Jeux d'Athènes

L'an dernier, le duo formé d'Alexandre Cloutier et Martin Gilbert en a impressionné plus d'un par ses remarquables résultats en Coupe du monde de cyclisme sur piste.

Fonctionnant avec peu de moyens comparativement aux autres cyclistes internationaux, les deux athlètes de l'entraîneur Éric Van den Eynde ont mérité deux fois le septième rang en Madison(1) et terminé en 15e place aux Championnats du monde, alors que Cloutier était affaibli par la maladie.

À partir de la semaine prochaine, la folle course vers les Jeux olympiques prendra son envol à Moscou, ville hôtesse de la première étape de la Coupe du monde. Pour aller à Athènes, il suffit de terminer parmi les huit premiers duos aux Championnats du monde, disputés à Melbourne, à la fin du mois de mai; pour aller aux Championnats du monde, il faut accumuler des points aux cours des quatre étapes de la Coupe du monde; pour exceller en Coupe du monde, il faut idéalement s'entraîner ensemble sur piste et pour s'entraîner ensemble sur piste, il faut de l'argent...

Pour toutes sortes de raisons difficiles à comprendre, Cloutier et Gilbert ne sont toujours pas brevetés par Sport Canada. Grâce au programme Équipe-Québec et à Saputo dans le cas de Gilbert, les gars ont quelques dollars en poche et leurs équipements de vélo sont fournis par Guru (piste) et l'équipe Trek-Volkswagen (route). Mais pour l'entraînement extérieur en hiver, on fait appel au système D.

« Dès décembre, on a cherché des façons de nous entraîner sur piste, mais chaque solution avait son mauvais côté. Nous pensions nous acheter une vieille fourgonnette usagée et aller camper dans le sud des États-Unis, près d'une piste, mais nous ne voulions pas attacher pour 20 000 $ de vélos après un arbre, raconte Martin Gilbert. Finalement, ma grand-mère m'a parlé de sa filleule installée à Hawaii depuis des années. Cette cousine éloignée a accepté de me loger et de me nourrir. Je suis donc ici depuis deux semaines. »

Quant à Cloutier, il se « met en jambes » en Floride. « Quand j'ai reçu mon chèque d'Équipe-Québec, je me suis trouvé une fourgonnette usagée pour descendre ici. Je la gare chez un cycliste qui héberge d'autres cracks du vélo. J'ai couché quelques nuits à l'intérieur de celle-ci, mais comme je n'avais plus de gaz propane pour ma chaufferette, j'ai pris froid.

« Heureusement, une place s'est libérée dans la maison... »

En Floride et à Hawaii, nos deux campeurs de luxe font des simulations de courses Madison grâce à leurs computrainers, programmés par Van den Eynde, et leurs entraînements de volume sur route. « Ça fait du bien de rouler dehors parce que faire 3-4 heures de ski de fond à -30, comme au début du mois de janvier, ce n'est pas très agréable », de dire Gilbert en riant... bien installé près du Pacifique.

Mais les autres cyclistes internationaux se préparent comment, eux ?

« La majorité des Européens sont déjà à Moscou, où ils participent à une course de type six jours », explique Gilbert. « Et les bons duos colombiens et chiliens s'entraînent à l'extérieur sur leurs pistes », renchérit Cloutier.

Le duo québécois n'a pas vraiment d'attente pour l'étape de Moscou, mais espère un résultat parmi les huit meilleurs au Mexique, à la mi-mars. « Après de l'entraînement ensemble sur la piste de Fort Lauderdale, nous serons mieux préparés, indique Cloutier. Nous savons que ce sera difficile de nous qualifier pour les Jeux, mais l'objectif est atteignable. »

« Suffit d'être en santé, en forme, et un peu chanceux aux Championnats du monde », de conclure Gilbert.

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(1) La Madison, aussi appelée course à l'Américaine ou course aux points, est la plus spectaculaire des épreuves de cyclisme sur piste. Seize duos s'affrontent à une vitesse folle alors que les cyclistes se défoncent pendant deux ou trois tours avant de donner le relais à leur coéquipier. Des points sont accordés aux nombreux sprints intermédiaires, presque toujours endiablés, ainsi qu'à la fin de la course.


page mise en ligne le 6 février 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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