2 juin 2004

« Du ski alpin en maillot de bain »

RIGAUD - On s'attendait à les écarts significatifs pour cette troisième étape du Tour du Grand Montréal, dont le parcours déjà accidenté avait été durci par deux ascensions supplémentaires de la montée Bourget. Transies par le froid et la pluie, les coureuses en ont plutôt été quittes pour une longue journée au bureau, qui s'est culminée par une arrivée massive au profit de l'Allemande Judith Arndt.

Après 117 kilomètres de course, Arndt, 27 ans, a placé son accélération à 200 mètres de l'arrivée, se détachant d'un groupe d'une trentaine de coureuses. Seule la Norvégienne Anita Valen a pu la suivre, prenant le deuxième rang dans le même temps que la gagnante. L'Espagnole Teodora Ruano Sanchon a complété le podium. Arndt a franchi le parcours en 3 h 36 m 10.

Grâce aux 10 secondes de bonification rattachées à la victoire d'étape, Arndt (Nurnberger) a mis la main sur le maillot jaune de meneuse, détrônant sa coéquipière et compatriote Petra Rossner, qui a fini 64e à 14 m 25.

Bessette frôle l'hypothermie
Quatrième du général au départ, Lyne Bessette a dû puiser au plus profond d'elle-même pour finir huitième de l'étape, à deux secondes de Arndt. Elle a ainsi grimpé d'un rang au classement (+12 secondes). Dans un état frôlant l'hypothermie, l'Estrienne a eu besoin d'aide pour regagner la camionnette de son équipe Quark à la fin de l'étape.

« Je voulais arrêter après 20 kilomètres tellement j'étais gelée. Je ne me sentais plus les bras ni les mains. C'était comme si je faisais du ski alpin en maillot de bain ! Ce sont les pires conditions de course que j'aie vues de toute ma carrière. Mais je ne pouvais pas arrêter ici (au Québec), je voulais finir », a commenté Bessette, qui peinait toujours à se réchauffer quelque 45 minutes après l'arrivée.

Deux coéquipières de Bessette ont abandonné en raison du froid, soit la jeune Québécoise Audrey Lemieux et l'Américaine Megan Elliott.

Gants de vaisselle
De son côté, Geneviève Jeanson (Rona) n'a pas trop souffert du froid malgré sa petite taille. La cycliste de 22 ans s'est classée 12e de l'étape à deux secondes de la gagnante. Faut dire que l'équipe Rona avait un « système secret » pour se garder les pieds au sec et que Jeanson avait enfilé des gants de vaisselle (!) pour se prémunir du froid et de la pluie.

« Toutes les filles riaient de moi au départ, mais quand je les ai vues avec les mains gelées pendant la course, c'est moi qui riais, a raconté Jeanson, qui pointe maintenant au 15e rang au général, à 22 secondes de Arndt. J'ai aimé ça même si j'étais gelée. Lundi matin, j'avais la gorge enflée et le nez bloqué, mais je me suis bien sentie aujourd'hui. Les conditions étaient difficiles, mais ça ne me dérangeait pas. J'aime mieux rouler dans ça pendant une course qu'à l'entraînement. »

Jeanson a convenu que l'étape avait été relativement tranquille. « Je ne pense pas que le parcours soit encore assez dur pour faire péter les affaires. Les filles attaquaient, se faisaient ramener et il n'y avait plus rien qui se passait. » La cycliste de Lachine a cependant précisé que la roue arrière glissait dans les endroits les plus escarpés, réduisant à néant les tentatives d'échappées.

L'étape d'hier a été animée part Amy Moore, (Quark), Helen Kelly (Rona) et Alison Wright (Nobili Rubinetterie), parties en échappée au 38e kilomètre. Après avoir largué ses deux partenaires de cavale dans la dernière des trois montées de Bourget, Moore, une Ontarienne, s'est faite avaler par le peloton à quatre kilomètres de l'arrivée.

Le Tour du Grand Montréal se conclut ce soir avec la présentation d'un circuit urbain à Terrebonne. Les quelque 70 coureuses franchiront huit boucles de 10 km.

Détentrice du maillot jaune, Arndt s'attend à une bagarre de tous les instants de la part de ses rivales canadiennes. « Ce sera plus difficile que la dernière étape du Tour de l'Aude parce que les filles sont moins fatiguées », a analysé Arndt, deuxième de cette course à étapes présentée en France plus tôt ce mois-ci.

Deuxième au général (+11 s), Dede Demet-Barry croit au contraire que la fatigue continence à taxer les coureuses. « Ce ne sera pas facile : le parcours est tout plat et ne favorise pas les attaques », a raconté l'Américaine, qui pourra néanmoins compter sur la présence de quatre coéquipières de T-Mobile, dont Amber Neben, bien placée au cinquième rang à 15 secondes. Arndt, elle, n'a plus que deux coéquipières de Numberger pour l'épauler.

Troisième à 12 secondes, Bessette garde espoir de déloger Arndt, son ancienne coéquipière (et surtout rivale) avec l'équipe Saturn. « Ce sera difficile, a-t-elle reconnu. Judith est l'une des meilleures coureuses au monde. C'est peut-être possible, mais ça va prendre des gros bras. » Qui sait, la gagnante de la version 2004 du Tour du Grand Montréal pourrait être déterminée par les bonifications en secondes (10, 6 et 4) attribuées aux trois premières de l'étape, comme ce fut le cas en 2003.


page mise en ligne le 2 juin 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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