De retour à Montréal
Richard Milo
Presse Canadienne
Montréal
Innocente ou coupable ? Seule Geneviève Jeanson le sait. De retour à Montréal, Jeanson prendra part à l'épreuve de la Coupe du monde de cyclisme qui aura lieu sur le mont Royal samedi, alors qu'elle est menacée d'une suspension qui pourrait la priver d'une participation aux Jeux olympiques d'Athènes. Jeanson, de Lachine près de Montréal, a omis de se présenter à un contrôle antidopage à la suite de la Flèche wallonne, une épreuve qui a eu lieu en Belgique, le 21 avril.
« C'est un oubli et c'est de ma faute », a-t-elle confié jeudi, alors qu'elle était présente à une conférence de presse en vue de la septième étape de la Coupe du monde féminine sur route de l'Union cycliste internationale (UCI).
« Les filles étaient toutes là. On était là. On est resté à côté de la ligne jusqu'à cinq, six heures. On parlait avec les gens mais personne n'y a pensé. C'est nono à dire. Je n'y suis pas allée. »
Visiblement inquiète et secouée, Jeanson a versé des larmes quand il lui a été demandé pourquoi elle ne s'était pas présentée au contrôle alors qu'elle devrait pourtant être vigilante, ayant éveillé des soupçons après avoir été exclue des championnats mondiaux à Hamilton en octobre 2003 en raison d'un taux élevé d'hématocrite.
De plus en matinée, le 21 avril, Jeanson avait échoué à un test de l'équipe médicale antidopage de l'UCI. Son taux d'hématocrite dans le sang dépassait la norme permise, mais une analyse de l'échantillon B l'a ensuite disculpée, lui permettant de prendre le départ de la course. Son taux s'est alors élevée à 44,9, «cinq points plus bas», a-t-elle noté.
« Le matin, a-t-elle raconté, je ne m'attendais jamais à ça. J'avais subi des tests quelques jours plus tôt. L'UCI a appelé pour dire qu'il y avait un problème, mais on savait que c'était impossible. Je savais que j'avais un taux normal et quand on m'a dit que le taux était de 49,5, j'étais en panique.
« Ils m'ont dit au revoir. Ils m'ont sacrée dehors. C'était dur. J'étais sûre que j'étais morte. Je pensais que ma vie était finie. Ils ont des machines à 500 000 $ et c'est impensable qu'il puisse y avoir un tel écart. Je ne comprenais pas. Je savais que c'était impossible. »
Jeanson, proclamée la cycliste féminine en Amérique du Nord en 2003 par le magazine VeloNews, devrait connaître son sort dans deux semaines environ. La décision sera prise par l'USADA (US anti-doping agency), qui recommandera la sanction appropriée à l'UCI.
« Tout est parti », a-t-elle indiqué, signalant que l'USADA lui a demandé des explications.
« J'ai reçu la lettre le 10 mai et j'avais jusqu'au 20 mai. Aucune décision n'a encore été rendue. Ils m'ont dit au 4 juin. »
À la suite de son «omission», Jeanson s'expose à une suspension d'un à six mois, mais si l'USADA juge que les circonstances justifient la clémence, elle ne recevra qu'un simple avertissement.
Jeanson, qui fait partie de l'équipe cycliste Rona, a pris la 30e position à la Flèche wallone.
« Ma tête était là mais j'étais tellement stressée, a-t-elle dit. J'étais vide d'énergie. »
Puis pour expliquer son omission, elle a rappelé qu'« après tout ce qui s'était passé le matin, c'était trop. »
Le signal du départ de l'épreuve de Montréal sera donné à 11h30, samedi. Jeanson pourrait se qualifier en vue des JO d'Athènes en terminant parmi les huit premières.
Pour le moment, elle n'entend pas abandonner malgré les tuiles qui s'abattent sur elle.
« Je vais finir quand je vais être tannée », a-t-elle tranché.
page mise en ligne le 27 mai 2004 par SVP