Comparution devant le comité de discipline du Collège des médecins
Si le Docteur EPO veut revenir sur ses aveux de culpabilité, c'est parce que les conséquences qui en découlaient n'étaient pas claires, a-t-il plaidé hier.
Quatre mois après avoir plaidé coupable à 14 chefs d'accusation d'avoir prescrit et administré de façon inappropriée de l'orythropoïétine (EPO) à plusieurs patients, le Dr Maurice Duquette était de retour devant le comité de discipline du Collège des médecins, hier, pour tenter de changer son plaidoyer sur quatre de ces chefs, dont deux concernent la cycliste Geneviève Jeanson.
L'EPO est une substance dopante et interdite par les instances sportives internationales.
C'est la pertinence de cette requête précise de l'orthopédiste qui était débattue hier, et non le fond de l'affaire.
Pour justifier ce changement de cap, le nouvel avocat du Dr Duquette, Me Guy Cournoyer, a surtout remis en question le caractère libre et volontaire du plaidoyer enregistré le 10 novembre dernier par son client.
Le procureur du syndic du Collège des médecins, Me Jacques Prévost, s'est quant à lui appliqué à démontrer que Duquette savait très bien ce qu'il faisait et avait même convenu d'une sanction avec le plaignant.
Expliquer ensuite
À la barre des témoins, le Dr Duquette a expliqué qu'il n'avait jamais admis avoir administré de l'Eprex (nom commercial de l'EPO) à Jeanson. Il aurait plutôt choisi, sous les conseils de son ancien avocat, Me Jean-François Lepage (dont les services étaient fournis par son assureur), de plaider coupable aux 14 chefs d'accusation avec l'idée de tout expliquer ensuite, lors de l'audition relative à la sanction.
« Je voulais démontrer que je n'en avais jamais administré (d'EPO), a-t-il raconté. (...) Je ne plaiderai jamais coupable à cette accusation. »
Lettre de l'avocat de Jeanson
Et il y a toute cette histoire de lettre. Le 7 novembre, le Dr Duquette a reçu une lettre de l'avocat de Jeanson, Me Alain Barrette, l'enjoignant de bien peser et soupeser sa décision de plaider coupable aux chefs concernant sa cliente et sa responsabilité civile à l'égard de la réputation de la cycliste.
À la suite de cette réception, l'orthopédiste aurait voulu présenter une demande de remise au comité de discipline, une idée que son avocat aurait rejetée.
Le 10 novembre, le Dr Duquette plaidait coupable à tous les chefs d'accusation. Selon lui, des pressions diverses, provenant à la fois de la direction de l'hôpital où il travaillait, de ses propres patients et des journalistes l'auraient poussé à vouloir en finir au plus vite. « C'était devenu invivable », a-t-il dit.
L'ex-avocat du Dr Duquette, Me Jean-François Lepage, a toutefois indiqué hier que son client lui avait affirmé que la réception de la lettre de Me Barrette ne changeait rien à son plaidoyer.
Changement d'avocat
Par ailleurs, selon ce qu'il a raconté hier, le Dr Duquette avait déjà rédigé une lettre destinée à Geneviève Jeanson lui confirmant qu'il ne lui avait jamais fourni d'EPO, au moment où il a plaidé coupable, ce matin du 10 novembre.
L'intimé a expliqué avoir toujours hésité à plaider coupable sur les quatre chefs d'accusation en question. Le matin du dépôt de son plaidoyer de culpabilité, il a même fait part à Me Lepage de son désir de changer d'avocat.
« J'avais l'impression qu'il ne me croyait pas », a-t-il expliqué. Il l'a finalement remplacé après lui avoir offert de le congédier... puis de le réembaucher une semaine plus tard. Une déclaration qui en a fait sourciller plusieurs.
Me Cournoyer a finalement pris le dossier en main à la fin de novembre, ce qui l'a mené à aller rencontrer Jeanson face à face à son lieu d'entraînement, en Arizona, le 1er mars.
Le président du comité, Me François Samson, a convoqué les deux parties pour demain matin, alors que les avocats présenteront leurs plaidoiries quant à cette requête en retrait partiel de plaidoyer.
Pendant ce temps, Geneviève Jeanson, elle, en sera à sa deuxième journée à la classique Redlands, en Californie, sa seconde compétition de la saison.
page mise en ligne le 23 mars 2004 par SVP