10 septembre 2003


Même avec un seul bras, Marc Breton se considère le gars le plus heureux du monde.
« Je pratique le sport que j'aime. Je pars pour les Jeux paralympiques et je me sens privilégié. »
photo : Bernard Brault

Un seul bras, mais deux bonnes jambes

Le 29 juin 1996, Marc Breton est sorti vivant, mais sérieusement amoché d'un terrible accident de voiture. Dans le métal tordu, Breton a laissé une partie de ses facultés mathématiques et chronologiques ainsi que la quasi-totalité de son bras droit. Il doit aujourd'hui consulter fréquemment son agenda, n'arrivant plus à se souvenir de son emploi du temps, par exemple. Un accident qui a évidemment changé sa vie à jamais. Mais pour le pire ou pour le mieux ?

« Moi ? Je suis le gars le plus heureux du monde, lance le cycliste de 31 ans. Je pratique le sport que j'aime et, grâce à ma rente de la SAAQ, mes brevets d'athlète et mes généreux commanditaires, j'arrive à vivre et à payer toutes mes dépenses de cyclisme. Là, je pars pour les Jeux paralympiques et je me sens privilégié. »

Avant son accident, Breton avait connu de belles années en cyclisme : participation au prestigieux Tour de l'Abitibi, victoires dans nombre de courses régionales et même une saison aux Pays-Bas, en 1990. Mais comme bien d'autres athlètes dont le calibre se situe juste sous celui des membres de l'équipe nationale, Breton avait délaissé le guidon pour aller gagner sa vie dans le marketing... jusqu'à ce que celle-ci bascule.

Après deux longues années d'hospitalisation et de réhabilitation, Breton a repris l'entraînement dans l'espoir de participer aux Jeux Paralympiques de Sydney, en 2000. Malheureusement, pendant un camp d'entraînement aux Etats-Unis, il a été victime d'une chute à haute vitesse et son genou gauche a subi le choc; le tendon rotulien a été sectionné et une intervention chirurgicale, suivie de plusieurs mois de travail en physiothérapie, a été nécessaire.

Malgré tout, Breton n'a pas démordu et il a triomphé aux Championnats canadiens handisport de 2002 pour gagner le droit de représenter le pays aux Championnats du monde, en Allemagne. Sur place, il a pu constater le fort calibre des athlètes internationaux et est revenu encore plus motivé.

En 2003, comme il n'y avait pas de championnats du monde, les meilleurs de la planète se sont tous rétrouvés à Prague pour les Championnats européens ouverts. Breton, mieux entraîné que jamais, y a obtenu des huitième et neuvième rangs en poursuite individuelle sur piste et au contre-la-montre sur route. Mais il espérait faire encore mieux.

« Je crois que Marc a alors reçu une petite gifle », se rappelle Louis Barbeau, directeur de la Fédération québécoise des sports cyclistes, et présent à Prague. « Je l'avais alors un peu confronté en lui disant que son passé d'athlète de compétition n'était pas grand-chose comparativement à celui de certains cyclistes présents. Je lui avais fait comprendre que ses victoires au Québec représentaient bien peu pour des gars qui avaient fait le Tour de France ou le Giro et qui comptaient déjà quelques années d'expérience dans l'handisport à la suite d'un accident. Parfois, les athlètes passant aux sports paralympiques à la suite d'un accident, s'imaginent qu'ils vont tout gagner facilement. Ils ne réalisent pas à quel point le sport pour handicapés est devenu compétitif ».

Heureusement, Marc aura eu sa leçon un an avant Athènes.

« Je connais mes adversaires à Athènes et j'espère rivaliser avec eux. J'aimerais améliorer mes résultats de l'an passé, dit-il. Je peux même m'approcher des podiums autant sur la piste que sur la route. »

Dès le lendemain de la cérémonie d'ouverture des Jeux, le 17 septembre, Breton sera en action et devra être prêt puisqu'il est inscrit au contre-la-montre et à la course sur route; ainsi qu'au kilomètre, à la poursuite individuelle et au sprint en équipe sur la piste.

« Avec les rondes de qualifications sur la piste, au kilomètre et à la poursuite, je devrais participer à un total de neuf courses, au cours desquelles je n'aurai pas le choix d'y aller à 100 %. Après, je vais prendre des vacances !»


page mise en ligne le 10 septembre 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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