Gilles Le Roc'h
MADRID (Reuters) - L'Australien Michaël Rogers est au contre-la-montre ce que le sprinteur espagnol Oscar Freire est à la route. Irrésistible et méthodique, le rouleur de Canberra a conquis une troisième fois consécutivement le titre mondial de l'effort individuel jeudi à Madrid.
Sa domination n'a même pas été contrariée par les deux autres coureurs accédant au podium, l'Espagnol José-Ivan Guttierez et le Suisse Fabian Cancellara.
Des quatre favoris, placés jeudi sur un pied d'égalité, Michaël Rogers, auteur d'une fin de course impressionnante, a été le seul à répondre à l'attente. Bobby Julich, 11e, n'a jamais trouvé le rythme à l'image de ce que fut sa performance dans le Tour de Pologne. Thomas Dekker, 35e, n'avait sans doute récupéré des efforts consentis le week-end dernier sur la montagne de Karpacz. Enfin Michaël Rich, 15e et rejoint dans le final par Michaël Rogers, a confirmé être sur le déclin et sans doute a-t-il compris qu'il n'atteindrait jamais son rêve arc-en-ciel, lui qui a collectionné quatre podiums en cinq ans dans cette épreuve.
Le principal adversaire pour Rogers s'est avéré être le Cantabrique José-Ivan Guttierez, un ancien champion du monde espoirs de la discipline, survolté à l'idée de s'imposer sur ses terres. "C'est un peu rageant," disait-il, après l'arrivée. "J'ai été en tête à tous les pointages intermédiaires mais pour finir je suis battu, et plutôt largement. J'ai passé un sale moment dans l'attente de l'arrivée de mes adversaires mais c'est la discipline qui veut ça." Troisième, à douze centièmes de la médaille d'argent, le Suisse Fabian Cancellara enrageait également, un peu moins que l'Espagnol.
Tout rate
"J'étais là pour obtenir une médaille," a dit le vainqueur du prologue du Tour de France 2004. "Je l'ai, mais c'est quand même dommage de passer si près de la médaille d'argent. "La grande satisfaction est de me dire qu'un jour, c'est sûr, je pourrai conquérir ce titre !"
Sur la plus haute marche du podium, Michaël Rogers était aux anges. Après un premier titre en 2003 sur tapis vert après les aveux de dopage de David Millar, un deuxième titre en 2004 à l'issue d'une saison de rêve, il n'est pas loin de penser que ce troisième sacre a été le plus difficile à obtenir. "C'est ma première victoire de la saison," dit-il. "Depuis le début de cette année, j'ai eu pas mal de problèmes et c'était un vrai pari que d'être à 100% de ma condition pour ce rendez-vous."
Une douleur au genou l'a en effet empêché d'être compétitif au printemps. Il est revenu, doucement, pour connaître la désillusion de perdre le Tour de Suisse le dernier jour en raison d'une erreur tactique et au profit d'Aïtor Gonzalez (Euskaltel). C'était au moment où il était l'objet de nombreuses convoitises, surtout de la part des formations Discovery Channel et T-Mobile. Il a choisi cette dernière pour les deux prochaines saisons et a connu une fin d'aventure compliquée avec son équipe actuelle Quick-Step et son manager Patrick Lefévère.
"J'ai totalement raté mon Tour de France, avoue-t-il. "Et il a fallu m'en remettre. Je vous le dis, mon approche de ce championnat du monde a été compliquée mais je pense m'y être fort bien pris. "Durant cette course, j'ai eu la sagesse de rester tranquille dans la première partie et de bien détecter les endroits où je devais produire mon effort dans la deuxième. Tout a bien fonctionné, je suis très heureux."
Comme Oscar Freire, triple champion du monde de la course en ligne, Michaël Rogers est un phénomène et à 25 ans il peut imaginer établir un record difficile à battre.
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