Gilles Le Roc'h
MADRID (Reuters) - Tom Boonen, le nouveau champion du monde de cyclisme sacré dimanche, a offert son sourire et sa décontraction naturelle à des centaines de supporteurs venus spécialement pour lui, au moment de monter sur le podium.
Ce Flamand de 24 ans, considéré comme une star dans toute la Belgique depuis son doublé, au printemps dernier, dans le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, est bien un phénomène du cyclisme.
Tout ce qu'il semble désirer, il l'obtient et peu importe sa jeunesse, les manoeuvres de ses adversaires et les intérêts en jeu.
Pour mieux comprendre ce que dégage Tom Boonen, il faut se référer au sacrifice de Peter Van Petegem dimanche. Les deux hommes s'affrontent sans concession dans les classiques et ont en commun justement d'avoir signé ce doublé, Van Petegem en 2003, Boonen en 2005.
L'un, le plus vieux, porte toute l'année le maillot ennemi de la Davitamon-Lotto qui rêvait sans doute de voir vaincre son sprinteur australien Robbie McEwen et pourtant, sans se poser la moindre question, Peter Van Petegem a été le grand artisan du titre mondial de son compatriote.
C'est sans doute à cette autorité naturelle et indiscutable que se remarquent les vrais champions.
"J'avais de bonnes jambes, explique Peter Van Petegem, mais personne n'a les jambes de Tom Boonen. A trois kilomètres de l'arrivée, il fallait boucher 20 secondes sur les six échappés, et je l'ai fait, pour lui, pour mon pays !"
« Le bon choix »
Dans l'aire d'arrivée, le phénomène Boonen a été happé par sa propre popularité. Les officiels ont été débordés, les journalistes voulaient le voir immédiatement, de même que ses supporteurs accourant par hordes.
Un peu à l'écart, ne démentissant pas son habituelle réserve, Johann Museeuw jubilait.
"Vous le savez, j'avais désigné depuis longtemps Tom Boonen pour être mon successeur, mais Tom est bien plus fort que moi : il a gagné en un an ce que j'avais une carrière à obtenir !", dit-il.
"Le grand objectif de ma saison était le doublé Tour des Flandres - Paris-Roubaix. Rien de ce que je pouvais gagner après ne pouvait être à la hauteur de ce que j'ai réussi au printemps mais maintenant avec ce maillot arc en ciel sur le dos, je saisis la différence !", explique de son côté Boonen.
Sa course, il l'avoue, a été limpide.
"Parce que la Belgique disposait d'une très très grande équipe. Elle était tellement forte que je n'ai pensé qu'à moi. Je n'ai jamais gagné une course en me plaçant dans le sillage d'un adversaire, et je n'ai pas commencé aujourd'hui, explique-t-il.
"Alessandro Petacchi, je ne l'ai pas vu au cours des deux derniers tours. Les Italiens, dit-il pour faire référence au soutien apporté par d'autres coureurs à la Squadra Azzura, j'en ai compté 50 aujourd'hui, mais il en fallait plus..."
La fin de saison du nouveau champion du monde va certainement être riche en sollicitations et sans doute réalisera-t-il combien il a été judicieux de quitter la Belgique il y a un mois pour habiter la tranquille principauté de Monaco.
"Beaucoup de gens me soutiennent en Belgique, se justifie-t-il, et cela devenait impossible. Je suis parti à Monaco pour retrouver de la tranquillité et avec ce titre qu'il faudra assumer, je pense avoir fait le bon choix."
Sa saison est d'ores et déjà terminée puisque dans deux jours il sera opéré à Herentals des suites d'une occlusion intestinale dont il avait ressenti les premiers symptômes, il y a un an, pendant le championnat du monde à Vérone. Course dont il était l'un des favoris...
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